Abeille morte

© Adobe Stock, tous droits réservés

Communiqué de presse repris sur le site de PAN Europe

Lors de la réunion du conseil AGRIFISH du 28 juin, une grande majorité des États membres a soutenu la proposition de la Commission européenne de fixer le niveau acceptable de dommages causés par les pesticides aux colonies d’abeilles domestiques à 10% de mortalité. Alors que les politiciens affirment que l’accord de 10% est un succès politique, PAN Europe pense que cet accord continuera à nuire aux pollinisateurs européens et aux insectes en général. Ceci est en opposition avec la stratégie de la biodiversité de l’accord vert européen.

Suite au scandale autour de l’intoxication de milliers de ruches à travers l’UE avec des insecticides néonicotinoïdes, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait proposé en 2013 une nouvelle méthodologie pour améliorer l’évaluation des risques sur la toxicité des pesticides sur les abeilles. À l’époque, les experts des États membres s’étaient accordés sur une réduction maximale de 7 % de la taille des colonies d’abeilles mellifères due aux pesticides. Le « Bee Guidance Document » n’a jamais été approuvé par les ministres de l’agriculture de l’UE, car ils craignaient que cette approche ne retire trop de pesticides du marché. La décision du Conseil AGRIFISH met donc un terme à une saga de huit ans au cours de laquelle les États membres n’ont cessé de refuser de progresser dans l’amélioration de l’évaluation des risques liés à la toxicité des pesticides pour les abeilles. La précédente évaluation des risques datait de près de 20 ans et avait été en partie co-écrite par l’industrie des pesticides elle-même.

Martin Dermine, responsable des politiques de santé et d’environnement à PAN Europe, a déclaré : « Nous sommes très inquiets car autoriser une réduction de 10% de la taille des colonies d’abeilles domestiques signifie que nous acceptons un impact important de l’utilisation des pesticides sur les insectes. Cela permettra de maintenir sur le marché des pesticides qui sont un des principaux moteurs du déclin des pollinisateurs en Europe« .

En 2013, à l’issue d’une démarche scientifique, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) était parvenue à la conclusion qu’après une exposition à un seul pesticide, une colonie d’abeilles domestiques pouvait survivre jusqu’à une réduction de 7% de la taille de la colonie.

Martin Dermine d’ajouter : « L’approche est biaisée : les États membres et la Commission européenne fondent leur décision sur un scénario d’exposition unique alors que dans la vie réelle, nos pollinisateurs sont exposés quotidiennement à des cocktails de pesticides et autres produits chimiques toxiques. Il est également prouvé que les pesticides augmentent la sensibilité des abeilles aux agents pathogènes. Cet aspect n’est pas du tout pris en compte« .

PAN Europe avait demandé une « réduction acceptable » de 5% maximum pour tenir compte du manque de protection lié aux nombreuses lacunes de l’évaluation des risques.

Martin Dermine de conclure : « La Commission européenne et les États membres créent ici une situation d’inégalité de traitement : alors qu’un apiculteur sera obligé d’accepter qu’un autre agriculteur tue jusqu’à 10% de ses abeilles en utilisant des pesticides, que dirait un producteur de porcs si ses porcelets perdaient 10% de leur poids d’un jour à l’autre chaque semaine ?« .

La Commission européenne s’est engagée à commencer à restaurer la biodiversité en Europe d’ici 2030 dans le cadre de la stratégie pour la biodiversité du Green Deal. PAN Europe, conjointement avec environ 200 organisations en Europe dont Nature & Progrès, plaide pour une agriculture respectueuse des abeilles et sans pesticides dans le cadre de l’initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » qui a recueilli plus de 600 000 signatures dans toute l’UE.

 

La position de Nature & Progrès

Nature & Progrès est également très active dans ce dossier. Nous ne voulons plus d’une production alimentaire qui exploite la nature ou qui comme ici « évalue / gère » les dégâts qu’elle crée sur le milieu naturel. L’Homme et la nature doivent vivre en symbiose ! De plus, nous avons interpellé les parties prenantes de ce dossier pour qu’elles tournent le dos à une tolérance d’un certain pourcentage de destruction des ruchers.