Les effets du réchauffement climatique à l’usage de ceux qui n’y croyaient toujours pas…
Si, à l’avenir, nos « draches nationales » sont amenées à s’intensifier et à devenir plus régulières, comme le prévoit le GIEC, les solutions pour en limiter les dégâts sont en revanche connues depuis belle lurette. Voici donc quelques pistes pour contrer inondations, coulées de boue et, de manière générale, adapter radicalement notre territoire aux nouveaux aléas climatiques…
Par Marc Fasol
Introduction
Hasard de calendrier ? Peu après les crues apocalyptiques qui ont frappé notre région à la mi-juillet, tombe le rapport d’évaluation du GIEC. Il est sans appel. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat publie ses conclusions, les sixièmes déjà depuis 1990. Elles confirment ce que tout le monde redoutait depuis quelques temps : un peu partout dans le monde, incendies, pluies diluviennes, pics de chaleur extrêmes, sécheresses et autres aléas climatiques vont désormais s’enchaîner et se déchaîner sur notre continent à un rythme et à un niveau sans précédent !
- Plus de doute, ces dérèglements climatiques sont bien imputables à l’activité humaine, voilà qui n’excuse plus l’inaction ;
- Ces catastrophes n’épargnent plus personne, ni les pays pauvres, ni les pays riches. Elles nous concernent donc tous, petits et grands ;
- La crise climatique que nous connaissons est, hélas, irréversible : il n’y a plus de retour en arrière possible, faudra faire avec !
A l’avenir, ces phénomènes météorologiques – que certains qualifient encore volontiers d’ »exceptionnels », « du siècle », voire même « du millénaire » – deviendront la norme. Et ce qui était jusqu’ici inimaginable devient réalité. Le tableau brossé s’assombrit tellement pour notre futur qu’il plonge de plus en plus de citoyens dans l’éco-dépression. Un phénomène nouveau, ressenti surtout chez les jeunes – la « génération Greta »-, lié aux échecs répétés, voire à l’inaction des Pouvoirs publics, le plus souvent aux mains de Boomers (1) qui peinent à prendre les mesures adéquates pour y faire face !
Faire peur ne sert à rien !
Les professionnels de la communication le confirmeront : surfer sur les superlatifs, comme le fait la presse, en ressassant pour la Xe fois les records de chaleur, le débordement invraisemblable des pluviomètres ou encore les courbes affolantes des graphiques climatiques, ne sert pas à grand-chose. Agiter le « spectre de la fin du monde » pousse les gens à se cabrer, à se résigner ou à s’enfermer dans le déni. Ce n’est hélas pas comme cela qu’ils changeront fondamentalement de comportement. La plupart, persuadés qu’ils ne peuvent de toute façon rien y changer, attendent de voir ce qu’il adviendra avant de se décider enfin à réagir. Qui sait ? Peut-être que la technologie va nous sauver ? Malgré l’extrême urgence officialisée par le GIEC, les activités humaines continuent donc, encore et toujours, à fonctionner comme avant, poussées par les diktats de la sacro-sainte croissance économique.
Inutile de s’étendre davantage sur la manière de désamorcer la bombe climatique, la solution en amont est connue de tous depuis belle lurette : pour limiter le réchauffement à +1,5°C – réchauffement qui augmente les risques d’inondations -, il nous faut limiter drastiquement les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone. A cet égard, tous les espoirs seront reportés une nouvelle fois sur la prochaine COP 26, programmée pour ce mois de novembre, à Glasgow. En aval, il faudra désormais faire avec… et donc s’adapter. Eh oui, vous lisez bien : s’adapter !
Pour les sinistrés interrogés sur place juste après les événements tragiques de cet été, passé l’effroi et la consternation, la colère se mêle à l’incompréhension. Aux micros des journalistes, les mêmes rengaines ressortent en boucles : « Ah, tout ça à cause du barrage d’Eupen qui, saturé, n’a pas joué son rôle d’écrêteur de crues« . Moïse, le barragiste, n’aurait donc pas rempli son devoir de retenue des eaux. A moins que ce ne soient les barrages de castors (sic !) qui auraient cédé avec la « vague »… En attendant le verdict de la Commission d’enquête parlementaire qui doit faire toute la lumière sur les responsabilités, manquements et/ou dysfonctionnements de l’administration en matière de prévention et de coordination des secours, il est de bon ton de désigner le lampiste de service. Jusqu’ici, il n’était pas rare de pointer du doigt l’entretien – le curage – défaillant des cours d’eau, voire les amas de branchages, responsables de ces débordements récurrents. A Dinant, ce serait carrément le bassin d’orage qui, lui, n’aurait pas été nettoyé convenablement…
Un territoire bien plus résilient
Parmi les nombreuses personnalités politiques à avoir visité les lieux après la catastrophe, seule Céline Tellier, Ministre de l’environnement pour la Région wallonne, semble être suffisamment clairvoyante pour saisir l’ampleur du problème de manière holistique : « il est grand temps d’intégrer les risques climatiques dans toutes les politiques publiques… et pas seulement pour ce qui concerne les inondations. Par ailleurs, on ne peut se contenter de modeler la nature à coup de béton, comme on le fait généralement. Dorénavant, les autorités ont un rôle clé à jouer dans la gestion de tout le territoire face aux nouvelles réalités du changement climatique.«
Eléments de solution n°1. Un territoire résilient aux pluies diluviennes se doit, dorénavant, d’être le plus perméable possible. Or la Belgique compte parmi les pays les plus imperméabilisés d’Europe : 7,2% du territoire wallon sont aujourd’hui étanchéisés – pour 12,9% en Flandre ! Grignotés sur les précieuses terres agricoles et naturelles, ils le sont hélas de manière irréversible (2). Mieux : hors contrôle, le phénomène se poursuit encore et toujours… à raison de trois hectares par jour, soit douze kilomètres carrés par ! Il est donc grand temps d’apaiser cette boulimie consommatrice d’espace, particulièrement forte en zone périurbaine et autour des villages, les fameux étalements « en pattes d’araignée ». Le problème ? Les « zones d’habitat », au Plan de secteur, ont été définies in tempore non suspecto, c’est à dire du temps de bon-papa, à une époque où l’imperméabilité des sols ne constituait pas une préoccupation majeure.
Par ailleurs, comme les événements météorologiques extrêmes – à savoir de longues périodes de sécheresse alternant avec des précipitations record, telles que nous les avons connues récemment – ont tendance à se multiplier avec le réchauffement global de la planète, ils auront forcément, à terme, un effet sur la vitesse de recharge – le réapprovisionnement – de nos nappes phréatiques. Or il faut savoir que cette recharge se fait en hiver et très peu en été, période propice aux écoulements de surface. Et donc aux glissements de terrain, comme vécus de manière apocalyptique, cet été, en Allemagne…
Par ordre de décroissance, ce sont les forêts qui jouent le mieux le rôle de percolateur pour les eaux pluviales… Pour peu qu’elles soient naturelles, avec différentes strates de végétation – arborescente, buissonnante, herbacée et muscinale. Et qu’il ne s’agisse pas de simples plantations d’arbres sans aucune végétation de couverture au sol, à l’image des mornes et lugubres étendues d’épicéas, cultivés en monoculture, souvent balafrées de drains qui accélèrent plus encore l’évacuation des eaux. D’après le WWF (3), celles-ci devraient tout simplement être proscrites !
"La faute aux cultos" ?
Si les prairies régulent l’infiltration des eaux de pluie et assurent leur rétention, il faut savoir que ces terres, une fois mises en culture, en absorbent deux à trois fois moins. Or, avec la fermeture des petites exploitations et la diminution du nombre d’agriculteurs au profit des grandes exploitations industrielles dont la superficie n’arrête pas de s’étendre, on assiste progressivement à la disparition de nos prairies : en trente-cinq ans, la Wallonie a perdu 23% de ses prairies permanentes !
Avec des sillons de plus en plus longs, certains champs de maïs font jusqu’à huit cents mètres de long. Lors d’orages violents, l’eau qui s’écoule entre les rangées de maïs, de betteraves ou de pommes de terre, y acquiert rapidement de la vitesse, se charge de sédiments pour former des coulées boueuses qui s’épandent alors sur nos routes, traversent les villages pour s’engouffrer dans les avaloirs… Les stations d’épuration, vite débordées, se déversent à leur tour directement dans nos rivières. Le désastre est total !
Pas étonnant qu’après le déluge, les agriculteurs soient régulièrement pris pour cibles de leurs riverains exaspérés. Or de nombreux cultivateurs se disent de plus en plus préoccupés par le problème des dérèglements climatiques. Avec des pertes de rendement dues aux sécheresses, aux canicules, aux grêles tardives et autres inondations, ils se retrouvent souvent en première ligne. Ils savent également que les indemnisations dans le cadre des « calamités agricoles » seront de plus en plus soumises à conditions, tandis que, pour leur part, les sociétés d’assurance se montrent de plus en plus réticentes à couvrir des risques étroitement liés aux changements climatiques.
Pour que les surfaces agricoles retiennent un minimum terres et eau, il serait plus sage de restaurer le bocage. Il faut donc replanter des haies autour de parcelles dont l’étendue devrait aussi être revue à la baisse. Le bocage qui étoffe le maillage écologique du paysage est bien connu pour ses propriétés anti-écoulements et antiérosives. Le projet « Yes, we plant » visant à replanter quatre mille kilomètres de haies champêtres – environs cinq cent mille arbres ont déjà été plantés sur mille kilomètres – va évidemment dans ce sens et sert d’exemple, même si l’opération semble dérisoire par rapport aux centaines de milliers de kilomètres perdus lors des opérations de remembrement agricole des années cinquante. Parmi les autres mesures agri-environnementales favorables, notons encore les couvertures hivernales du sol, les tournières enherbées, les chemins agricoles bi-bandes, etc.
"Zones d’Immersion Temporaire" (ZIT)
Eléments de solution n°2. L’idée ici n’est plus d’appliquer un carcan de béton au caractère rebelle des rivières mais bien de composer avec la nature. Le principe des « ZIT » est justement de laisser déborder un cours d’eau tout en cadrant ses débordements. La rivière entre en crue comme elle l’a toujours fait, mais uniquement dans des zones prévues où les dégâts sont moindres, le plus en amont possible des zones habitées. Un type de bassin d’orage 2.0, en quelque sorte, mais beaucoup plus eco-friendly.
Le petit village frontalier de Willemeau, au sud de Tournai, par exemple, était fréquemment touché par d’importantes inondations. Récemment, deux ouvrages de rétention des eaux y ont été réalisés. Après étude hydrologique, le Service Public de Wallonie n’a donc pas opté pour le classique bassin d’orage en béton. Dans le « ZIT », l’eau s’étale sur de grandes superficies végétalisées et dissipe son énergie lors des fortes précipitations, épargnant ainsi les zones urbanisées. Ces aménagements s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Hors crues, le site devenu biologiquement très intéressant, est ouvert au public pour l’observation des oiseaux d’eau et du milieu aquatique…
Contrairement à Louvain qui a été épargnée grâce à ce genre de réalisation, la ville de Wavre a été dramatiquement impactée par les inondations de juillet dernier. Au cours des années septante, le fond de vallée humide, occupé par de vastes marécages, a été asséché pour permettre l’implantation d’un vaste zoning commercial. Avec l’augmentation des pics de pluviosité, l’erreur écologique se paie cash aujourd’hui. Plusieurs grandes entreprises dont un célèbre parc récréatif bien connu en ont fait les frais…
Le reméandrage des rivières
Une analyse des cartes de Ferraris – qui datent de 1770 – montre qu’à l’époque, la plupart de nos rivières méandraient paresseusement au fond des vallées. Les crues étaient même attendues par les paysans qui se félicitaient de pouvoir ainsi engraisser leurs prairies. Mais, pour accélérer l’évacuation des eaux, optimiser l’agriculture, on a cru bon, dans les années septante, de les rendre rectilignes, en corsetant les cours d’eau. Le problème des débordements, apparemment résolu en tête de bassin, aggravait en réalité inévitablement les inondations plus brutales en plaine, fragilisant au passage les digues qui y avaient été construites et laminant le lit majeur. On essaie aujourd’hui de faire marche arrière… Tout est fait pour ralentir au maximum l’écoulement des eaux en amont, histoire de réduire l’impact sur les zones urbanisées en aval.
Divers travaux réalisés sur la Haute-Sûre ou encore sur l’Eau blanche à Nismes – le projet Walphy – sont particulièrement démonstratifs. La végétation des bords de rives y régule les crues et en atténue les pics. Tandis que la végétation herbacée ralentit la vitesse du courant, la plus rigide, comme les saules et les aulnes qui retiennent les berges, joue le rôle de « peigne », en arrêtant les bois-morts responsables des embâcles à hauteur des arches de pont.
De manière générale, les milieux aquatiques en bordure de rivière, comme les prairies marécageuses, les bras morts et les méandres avec leurs zones plus profondes, possèdent naturellement de nombreux atouts pour réduire le risque d’inondation. Mettre à profit leurs caractéristiques hydrologiques, tout en limitant le recours du génie civil aux seuls secteurs urbanisés, permet à la fois d’apporter une réponse judicieuse en matière de prévention, sans en altérer le bon fonctionnement.
Malgré tous les efforts qui seront fournis à l’avenir, il n’y a cependant guère de miracle à attendre. Le but ici est d’abord de réduire le bilan humain et matériel. Les solutions d’ingénierie écologique, comme le recul des digues, les travaux de « renaturalisation » du milieu « rivière », la reconnexion des cours d’eau avec les zones humides adjacentes, dès lors qu’elles subsistent encore – car 80% d’entre elles ont disparu ! -, restent des outils complémentaires. Plus coûteux, les travaux du génie civil devraient se limiter dorénavant aux seuls secteurs urbanisés. De plus, comme ils dégradent souvent le paysage, ils ne devraient être vraiment réalisés qu’en dernier recours…
Des villes plus "poreuses" !
Eléments de solution n°3. En zone urbaine, l’imperméabilisation des surfaces loties reste un sacré problème. Hormis le maillage vert et bleu développé dans la capitale, certaines mesures devraient pouvoir se développer davantage au coeur des autres villes. Comme le recours systématique aux matériaux perméables – dalles à trous – pour l’aménagement des aires de parking, l’aménagement de toitures végétalisées pour les grandes surfaces commerciales, etc. Hélas, ces mesures demeurent relativement peu, voire pas du tout appliquées en Wallonie. Ailleurs, certains sites industriels désaffectés – le long de la Meuse liégeoise par exemple – ne pourraient-ils pas être reconvertis en zones d’immersion ?
Dans les zones sinistrées, les constructions déjà existantes situées en « zone inondable » posent aussi problèmes. Pas question de reconstruire les maisons détruites de Pepinster aux mêmes endroits. Sauf que relocaliser les habitants dans les zones à moindre risque ne se fait pas du jour au lendemain, surtout lorsque les personnes concernées y sont parfois elles-mêmes réticentes. Il n’y a qu’à voir avec quelle obstination, les vacanciers réinvestissent, d’année en année, les mêmes emplacements de « camping sur pilotis », le long de l’Ourthe. Une fois que les assurances ont remboursé, finalement, on oublie vite…
Beaucoup ne sont pas non plus conscients du danger. Ne leur répète-t-on pas, encore et toujours, que ces crues sont « exceptionnelles » ? Déclarations rassurantes de la part de nos politiciens qui, entre nous, détestent aborder tout sujet anxiogène, mais qui pourraient à terme s’avérer mortifères car mensongers. La notion du risque climatique est encore loin d’être bien ancrée chez tout le monde. Et le coup de semonce vaut autant pour les bureaux d’architectes, les études notariales que pour les décideurs en charge de la délivrance des permis. Combien de logements encore récemment construits et vendus en zone d’aléa d’inondation ? Combien de garages souterrains conçus et planifiés en dépit du bon sens, condamnés à être inondés chaque été ? Gageons que les événements tragiques de ce mois de juillet servent de piqûre de rappel pour une réforme en profondeur de l’aménagement du territoire, axée davantage sur la résilience.
Les questions qui font débat… ou qui fâchent !
En agriculture, deux facteurs essentiels aggravent la problématique actuelle. Le premier est l’extension de la culture de la pomme de terre pour laquelle le risque érosif est extrême. Or, en vingt ans, la superficie consacrée à cette culture a doublé, passant de vingt à quarante mille hectares. Ces cultures étant « sous contrat » avec le transformateur, l’opération n’est vraiment profitable, pour le producteur, que si la parcelle est vaste. Il n’est donc pas rare de voir plusieurs voisins s’associer pour former de gigantesques monocultures couvrant jusqu’à vingt-cinq hectares ! Le second est la perte des prairies : le secteur de l’élevage étant en crise, de nombreux éleveurs se sont tournés vers les grandes cultures, même dans les régions herbagères. La perte de quinze mille hectares en quelques années pose d’important problèmes climatiques – avec d’énormes émissions de CO2 -mais aussi d’érosion et de qualité de l’eau potable dans les nappes phréatiques, due au lessivage des nitrates. Des règles ont été imposées au niveau européen mais la Wallonie a toujours opté pour la solution minimaliste, en refusant de protéger de nouvelles zones où le risque érosif est pourtant élevé.
Concernant le secteur forestier, le WWF, dans un communiqué récent, a pointé LA cause aggravante dans le bassin de la Vesdre : la gestion déplorable des pessières – les monocultures d’épicéas – en amont de la zone sinistrée. D’où levée de boucliers de la filière forêt-bois ! Info, intox ? Analysons leur « droit de réponse » tenant lieu de réquisitoire contre l’association écologiste… Selon les forestiers, le drainage en forêt serait totalement interdit depuis 2008 par l’article 43 du code forestier. Si les erreurs – choix sylvicoles inappropriés, plantations intensives d’épicéas, drainages – sont reconnues et assumées, elles auraient surtout été commises au cours des deux siècles précédents. Quelques rapides questions posées à des entrepreneurs forestiers suffisent cependant pour comprendre que l’entretien des fameux drains – voir photo – représente, aujourd’hui encore, une activité forestière non négligeable dans l’Hertogenwald, mais surtout… qu’ils sont régulièrement recreusés ! Ces travaux ne sont pas interdits mais seulement « soumis à notification » – article 5 de l’AGW.
La fédération des entreprises signataires fait également remarquer que le Plan de gestion des risques d’inondation (PGRI) 2022-2027 de la Wallonie, actuellement soumis à enquête publique, ne reprend aucun élément qui permette d’identifier une quelconque pratique sylvicole, ou des cultures spécifiques, comme un facteur favorisant les inondations. Les PGRI, en effet, se sont concentrés sur l’imperméabilisation des sols, voire un peu sur les zones agricoles, mais pas du tout sur les forêts. Décentrées des zones densément peuplées, elles furent considérées, à tort, comme non-problématiques. Dans la vallée de la Vesdre toutefois, où les surfaces agricoles sont marginales, les forêts constituent bien la principale superficie contributive de la crue. Or elles n’ont pas retenu l’attention du PGRI, ce qui est regrettable, d’autant plus que les voiries forestières y jouent un rôle majeur, accélérant le flux d’écoulement des eaux de ruissellement. Pire : ces dernières font toujours l’objet d’importantes demandes de soutien financier pour la nouvelle PAC, prévue en 2023.
A propos du choix de l’essence épicéa, c’est bien connu : plantée en milieu trop humide, cette essence de montagne pousse mal et ne doit sa survie qu’aux drainages réalisés jadis. Mais le pire est à venir : les scientifiques prédisent que ces arbres ont très peu de chance d’arriver à leur terme d’exploitabilité, dans soixante ans, à cause… de l’évolution du climat ! L’adaptation de nos modes de gestion forestière aux effets de la crise climatique est donc une urgence. Fallait-il un drame de cette ampleur pour que la classe politique s’en soucie enfin et prenne le problème à bras le corps ?
Notes
(1) « OK boomers » est une expression péjorative employée pour tourner en dérision les jugements dépassés des baby boomers, nés durant les « trente glorieuses », c’est-à-dire les années cinquante à septante.
(2) « Etat de l’Environnement wallon ». Janvier 2018. ULB – IGEAT – ANAGEO, 2015. Cartographie des surfaces imperméables en Wallonie (CASIM). Rapport final. Etude réalisée pour le compte du SPW-DG03 – DRCE.
(3) Voir : Monocultures d’épicéas favorisant le ruissellement : « leur suppression est une vraie solution pour faire face aux inondations futures » (rtbf.be)