Cet article est paru dans la revue Valériane n°170

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Par Sylvie La Spina,

rédactrice en chef

Cette année, nous avons décidé de mener une grande enquête sur les possibilités de transition de l’alimentation collective vers des produits bio et locaux. Les écoles, maisons de repos, hôpitaux et autres collectivités sont des acteurs de première ligne de l’alimentation solidaire et durable, pour notre santé et celle de la Terre. Dans ce dossier, nous étudions les leviers qui permettraient de faciliter cette transition.

 

Ne serait-il pas temps de mettre en place une politique alimentaire ambitieuse et transversale, en imposant et en finançant une alimentation bio locale dans les collectivités ? Une telle mesure, si elle peut paraître onéreuse, cumulerait une multitude de retombées positives en matière de santé publique et environnementale, en créant de l’emploi local, tout en favorisant la solidarité.

Partie 3 : Vers une politique alimentaire ambitieuse ?

 

Le manque de moyens financiers, que ce soit pour l’achat des produits de qualité, la valorisation et la formation du personnel de cuisine ou l’investissement dans les infrastructures, freine la transition alimentaire des collectivités. N’est-il pas temps de développer une politique alimentaire ambitieuse et résolument engagée vers l’agriculture biologique et locale ?

 

Investissons les moyens publics dans une politique alimentaire ambitieuse © AdobeStock

 

Les collectivités constituent un levier-clé de la transition alimentaire et de son accessibilité pour le plus grand nombre. Le secteur a évolué de manière défavorable ces dernières décennies. La pression financière a généré une détérioration de la qualité des repas. Le nombre de repas pris dans les écoles s’est réduit. Des cuisines ont fermé, passant le relais à des sociétés de catering. Certaines écoles ont même cessé de proposer des repas. Le secteur de l’alimentation collective a besoin d’une transition, de pouvoir valoriser l’origine et la qualité de ses produits, la saveur de ses repas.

Le prix des ingrédients bio locaux semble être le premier obstacle des acteurs de l’alimentation collective, même s’il ne représente, in fine, que l’équivalent de cinquante centimes par repas. L’offre bio locale est bien développée et organisée, et peut globalement répondre à la demande des collectivités, à part les plus grandes sociétés de catering qui demandent des volumes trop importants. Les règles des marchés publics, passage obligatoire pour l’approvisionnement des cantines publiques, sont une réelle entrave aux collaborations avec les producteurs bio locaux. Enfin, passer en bio local signifie de changer une manière de fonctionner bien ancrée dans la formation et dans les habitudes des professionnels.

Plusieurs solutions ont été identifiées au cours de cette étude, et mériteraient d’être réfléchies et approfondies par nos pouvoirs publics. La plus ambitieuse, qui permettrait de donner un élan à la filière bio locale, serait d’imposer une part – et à terme, la totalité – d’ingrédients bio locaux dans les repas préparés par les collectivités. Une intervention publique pour favoriser l’accès à des repas bio locaux dans les écoles, en se basant par exemple sur les principes de solidarité de la sécurité sociale alimentaire, permettrait un engagement des parents, augmentant la part de repas pris à l’école, et permettant d’atteindre les volumes nécessaires à une meilleure balance économique de la filière. Si ces mesures semblent coûteuses, elles sont accompagnées de nombreuses plus-values : amélioration de la santé publique et environnementale, création d’emploi local, renforcement des filières agricoles, etc. Ne serait-il pas temps de décloisonner les budgets publics pour mettre en place une politique alimentaire ambitieuse et transversale, pour notre santé et celle de la Terre ? Chez Nature & Progrès, nous le croyons !

 

 

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