Le temps des récoltes hivernales

Cet article est paru dans la revue Valériane n°170

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L’hiver est proche, mais le potager peut encore offrir bien du plaisir au jardinier amateur, ainsi que de précieuses récoltes de légumes d’hiver.

Que peut-on laisser en pleine terre sans trop risquer les dégâts de gel ?

Quelles couvertures de sol utiliser pour protéger les cultures ?

Comment préparer les parcelles et la serre pour la prochaine saison ? 

S’ils semblent avoir triste mine en hiver, les choux de Bruxelles gagnent en saveur après les premières gelées

Conserver en extérieur

Nos hivers, de plus en plus doux, offrent plus de possibilités de conserver nos légumes d’hiver en pleine terre, ce qui nous évite la problématique du stockage dans des caves qui sont de moins en moins fraiches.

• Les choux pommés, frisés ou de Bruxelles supportent assez bien le gel. Toutefois, des écarts importants de température découlant d’une nuit froide suivie d’une belle journée ensoleillée peuvent générer l’éclatement de la pomme, source de maladies. Évitez cet écueil en couchant vos choux pommés vers le nord.
• L’épinard et la mâche ne craignent pas l’hiver, mais la mise en place d’une protection de feuilles mortes ou autre paillis ne peut que leur être favorable.
• Les céleris à côtes et raves ne supportent que de très faibles gelées nocturnes. Il est conseillé de supprimer les drageons du bulbe ainsi que les feuilles basses des céleris raves pour renforcer la plante et éviter les maladies. Butter la racine protège des premières petites gelées. Les céleris à côtes gagnent à être protégés de voiles de forçage, si nécessaire en plusieurs couches. Je rentre chaque année en serre deux plants que je replante avec la plus grosse motte de terre possible. C’est mon assurance en cas de gel trop violent.
• Le cerfeuil, le cresson et la claytone de Cuba supportent généralement bien les rigueurs de l’hiver, mais une couverture de feuilles mortes leur est bénéfique. En cas de fortes gelées, ajoutez plusieurs couches de voiles d’hivernage.
• Le poireau, le salsifis et la scorsonère ne craignent guère la rudesse de l’hiver, mais une protection de feuilles mortes à leur pied facilitera la récolte lors des gelées.
• La carotte, le panais et le radis d’hiver ne supportent que de petites gelées. Lors de gels plus importants, une bonne couverture de feuilles mortes ou autres paillis, voire la pose d’un voile d’hivernage, devraient suffire.

Choux verts frisés sous la neige

Couvrir le sol

La couverture du sol est une constante en permaculture ou en bio. En plus de protéger nos cultures des intempéries et des gelées hivernales, elle préserve la vie du sol, cette vie intense qui assure nos réussites culturales futures. Dans la nature vierge de toute intervention humaine, le sol n’est jamais nu. Il est en permanence recouvert de déchets organiques divers, tel que des feuilles mortes et du bois mort, mais aussi des cadavres et des déjections d’animaux et d’insectes. Tentons d’imiter le mieux possible cette nature si parfaite en installant, tout au long de l’année, une couverture épaisse.

Cette protection peut être assurée par des matériaux biodégradables non polluants.

• Les classiques sont les feuilles mortes, de préférence passées au broyeur ou sous la tondeuse à gazon pour une meilleure tenue au vent et une meilleure dégradation sur le sol.
• Les restes de légumes, tels que fanes et épluchures.
• La fauche d’engrais vert peut rester sur le sol pour le protéger.
• Le produit de la taille de vos haies et fruitiers passé au broyeur fera merveille pour enrichir et protéger votre terre.
• La paille est un classique, mais elle est souvent porteuse de semences d’adventices.
• Le commerce propose des matériaux divers pour couvrir votre sol. Cette solution, en plus d’être onéreuse, est rarement garantie sur la qualité bio.
• Les cartons non colorés et débarrassés de collants et agrafes ont également leur place comme couverture efficace. Attention aux colles qui sont souvent utilisées dans les cartons ondulés.

Préparer la suite

L’hiver est le moment privilégié pour faire le point sur la saison écoulée, pour analyser le pourquoi de ce qui n’a pas donné satisfaction et engager les mesures correctrices nécessaires. C’est également le bon moment pour faire le plan de notre potager pour la saison prochaine en tenant compte des principes élémentaires de rotation des cultures. C’est sur base de ce plan que l’on va déterminer les zones demandant une terre plus riche (céleris, choux, cucurbitacées, pommes de terre, tomates) que l’on va couvrir d’une bonne couche de compost (2 kg/m²). Un apport de cendre de bois apportera la potasse nécessaire aux légumes racines et fruits. La terre ayant naturellement tendance à s’acidifier, l’épandage raisonné d’un amendement calcaire riche en chaux et en magnésium permettra d’approcher la neutralité (pH 7). Ayez la main légère (100 à 150 g/m²) car une terre trop calcaire ne se rééquilibre qu’après plusieurs années.

Si vous avez la chance de disposer d’une serre, c’est le moment d’entreprendre le grand nettoyage des vitres à l’eau claire additionnée d’un peu de vinaigre pour son pouvoir dégraissant et désinfectant. Si votre serre est sans cultures, profitez-en pour la désinfecter. Dans une coupelle, déposez l’équivalent d’une tasse de soufre en poudre. Mettez-y le feu, après avoir fermé toutes les ouvertures. Laissez consumer toute une nuit, ensuite, ventilez. Ne respirez en aucun cas les vapeurs qui sont corrosives.