Cet article est paru dans la revue Valériane n°171
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Par Sylvie La Spina,
rédactrice en chef
chez Nature & Progrès
Souvent encore considérés comme de simples supports pour la culture ou la construction, les sols sont exploités de manière intensive. Pourtant, ces dernières décennies ont révélé leur vraie nature : véritables écosystèmes vivants, ils remplissent des rôles multiples et cruciaux pour l’équilibre de l’environnement et pour nos vies : alimentation, santé et bien-être.
Quelles sont les menaces pesant sur notre terre nourricière ? L’état des lieux réalisé par l’Europe et celui réalisé par la Région Wallonne sont alarmants. Comment peut-on la protéger ? Ce dossier constitue la première étape de notre enquête. Qui protègera nos sols… Et comment ?
La terre est notre vie
« La terre est notre vie », témoigne un citoyen dans un sondage sur les questions d’accès à la terre organisé par Nature & Progrès en 2015. « La terre est la base des ressources indispensables à la vie », écrit un autre participant. « La terre, c’est la nourriture, l’espace et aussi l’énergie », lit-on encore. Cette prise de conscience de l’importance d’un sol en bonne santé est récente et se propage. En 2023, une proposition de directive européenne (2023/0232) sur la surveillance des sols énonce, dans son premier considérant :
« Les sols constituent une ressource vitale, limitée, non renouvelable et irremplaçable, jouant un rôle crucial pour l’économie, l’environnement et la société. »
Selon l’Organisation des Nations Unies, les sols abritent plus de 25 % de la biodiversité mondiale. Plus de 40 % des organismes vivants des écosystèmes terrestres sont associés directement aux sols au cours de leur cycle de vie. Cette biodiversité, qui fait un sol vivant, est à l’origine des nombreux systèmes écosystémiques remplis par les quelques centimètres ou mètres de terre se trouvant sous nos pieds.
La terre est le support de croissance et de nourriture des plantes, base de la pyramide alimentaire. Sa fonction nourricière devrait à elle seule suffire à garantir sa protection. Des sols en bonne santé sont indispensables pour garantir l’auto-suffisance alimentaire de l’humanité. Il s’agit d’un argument développé dans la proposition de directive européenne : « Les sols fertiles revêtent une importance géostratégique car ils nous garantissent l’accès à des denrées alimentaires en quantité suffisante, nutritives et abordables à long terme. »
Le concept « One Health » (« Une seule santé »), né au début des années 2000, reconnaît le lien étroit qui existe entre la santé de la planète et celle des humains et des animaux. Le lien entre santé du sol et santé humaine est clairement établi : qualité nutritive de l’alimentation, captation de polluants, climatisation face aux vagues de chaleur, valeur récréative et liée au bien-être physique et mental, etc.
Les sols sont un allié indispensable dans l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques et à la crise de l’eau. Un sol en bonne santé filtre, absorbe et retient l’eau comme une éponge, participant à la constitution des ressources en eau douce de qualité. Il joue un rôle tampon lors des crues et des sécheresses. Lorsqu’il est préservé et bien géré, le sol peut stocker entre 11 et 38 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an en Europe.
Tous ces services écosystémiques mettent en avant le rôle fondamental de nos sols dans les nombreux défis de l’humanité : assurer nos besoins primaires, tels que l’alimentation et la santé, en contribuant à rendre notre planète vivable, notamment face aux enjeux climatiques. La protection des sols est primordiale pour notre bien-être à tous. Un bien commun à préserver.
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