Cet article est paru dans la revue Valériane n°172

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Par Mathilde Bayon,

animatrice

chez Nature & Progrès

L’agriculture bio, c’est notre avenir à tous ! La preuve de ses multiples vertus pour la biodiversité, le climat, la santé et les sols est désormais apportée par le monde scientifique. Elle pourra couper court à toute discussion futile et ouvrir la voie, enfin, à la transition de nos systèmes alimentaires vers des horizons plus durables, plus enviables, pour notre santé et celle de la Terre.

 

L’année dernière, l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologique français a réalisé une méta-analyse nommée « Quantification des externalités positives de l’agriculture biologique ». Elle dresse un état des lieux et documente les multiples effets bénéfiques de l’agriculture biologique. Du modèle français à la Belgique, il n’y a qu’un pas que nous avons décidé de franchir en comparant les données.

 

Décortiquons et enrichissons cette étude, diffusons ses constats et ses conclusions vers le monde agricole, vers nos politiques et vers les consommateurs. Car ces derniers ont, eux aussi, le pouvoir ; celui de changer leur assiette, de faire évoluer la société, de sauver la planète.

 

La bio, amie de la biodiversité

A l’échelle mondiale, sur les 50 dernières années, les populations sauvages de mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens ont décliné de près de 70 %.

 

Les causes du déclin

L’érosion de la biodiversité s’explique par plusieurs facteurs. Les pollutions rendent l’environnement hostile et altèrent la disponibilité des ressources alimentaires et les capacités reproductives. Les perturbations climatiques engendrent des modifications des aires de répartition des espèces tels que des mouvements migratoires. L’exploitation directe des organismes et des ressources par la chasse et la pêche, ainsi que le changement d’utilisation des terres – disparition, altération, fragmentation des habitats – induisent inexorablement une diminution de la biodiversité. Enfin, les espèces exotiques envahissantes rentrent en compétition avec les espèces indigènes et peuvent modifier la chaine alimentaire. Les changements dans l’utilisation des terres et l’exploitation directe seraient responsables de plus de la moitié de notre impact sur la biodiversité. L’agriculture y joue un rôle majeur en raison des vastes surfaces qu’elle occupe et de son expansion continue. La biodiversité cultivée – variétés et races domestiquées – perd également du terrain.

 

Plus de diversité, plus d’individus

Toutes cultures et espèces confondues, les parcelles en agriculture biologique favorisent une augmentation de la diversité des espèces (+20 %) et du nombre d’individus (+30 %).

Les pratiques agricoles utilisées en bio sont à l’origine de ces bénéfices. L’étude de l’ITAB met en avant l’implication majeure des produits phytopharmaceutiques (PPP) dans le déclin des populations d’invertébrés terrestres, d’oiseaux, d’amphibiens et de chauve-souris par empoisonnement, diminution des ressources trophiques et perturbation endocrinienne. Il convient de rappeler que le bio est le seul modèle agricole garantissant une culture totalement exempte de PPP chimiques de synthèse – de loin, les plus nocifs – avec un système de contrôle rigoureux.

En comparaison avec la fertilisation minérale utilisée en agriculture conventionnelle, la fertilisation organique nourrit la biodiversité du sol : nématodes, vers de terre et microorganismes bactériens et fongiques. La diversification végétale, recherchée en bio, induit une augmentation de la biodiversité à l’échelle parcellaire : +61 % avec l’agroforesterie, +31 % dans le cas de rotations de cultures et +31 % avec l’insertion de couverts végétaux.

 

Des habitats sains

La biodiversité des espaces agricoles dépend des pratiques, mais aussi des éléments semi-naturels tels que les prairies, les haies et les bandes enherbées qui abritent des espèces spécifiques et contribuent à l’hétérogénéité du paysage. En Europe, les surfaces occupées par des éléments semi-naturels sont comparables entre les différents modes de production. Cependant, plusieurs hypothèses suggèrent que la qualité des habitats est supérieure en bio, en raison de la moindre toxicité des intrants et de la fréquence réduite de leur application.

 

Plus d’auxiliaires

Dans le cas des agroécosystèmes et concernant la pollinisation et la régulation naturelle, il est établi que la diversité des communautés induit une augmentation des services écosystémiques. Les parcelles en bio présentent des niveaux d’infestation d’insectes ravageurs et de pathogènes équivalents ou inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle, témoignant d’une régulation efficace sans pesticides, sauf pour les adventices, qui sont plus nombreuses en bio.

Les données mondiales disponibles montrent qu’en moyenne, les gains de biodiversité dans les parcelles en agriculture biologique sont équivalents aux pertes de rendement par rapport aux parcelles en agriculture conventionnelle, soit environ 20 %. L’étude recommande de combiner la réduction de l’intensité des pratiques agricoles avec le développement de l’hétérogénéité des paysages et l’intégration d’éléments semi-naturels pour protéger la biodiversité dans les espaces agricoles.

 

Lire la suite : La bio répond aux changements climatiques

 

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