Nature & Progrès, avec ses collègues européens, membres de PAN Europe, se penche sur la problématique des PFAS. Ces polluants éternels se retrouvent dans les pesticides chimiques et leurs métabolites comme le TFA polluent nos eaux dans des proportions préoccupantes.
Nos études aboutissent à la même conclusion : Pour stopper la contamination de notre alimentation et de nos eaux, il faut agir en amont et interdire les pesticides PFAS en Belgique!
- 1ère étude : des résidus de PFAS dans les fruits et légumes, en Belgique et en Europe.
- 2ème étude : Contamination généralisée de l’eau par le TFA, un « produit de dégradation à vie » non réglementé des pesticides PFAS
- 3ème étude : le TFA – polluant éternel, aussi dans l’eau que nous buvons. Une interdiction rapide des pesticides PFAS et des gaz fluorés pour garantir des eaux saines
Découvrez les ci-dessous.
Les substances per- et polyfluoroalkyles ou PFAS, connues sous le nom de « polluants éternels » en raison de leur persistance exceptionnelle ont été délibérément introduits par l’industrie dans des pesticides avec l’ajout d’atomes de fluor pour augmenter leur efficacité. Cette introduction délibérée d’un groupe trifluorométhyle (-CF3), améliore en principe les propriétés hydrophobes (hydrofuges) et lipophobes (répulsives aux graisses) des pesticides de synthèse et donc renforce leur stabilité. Nature& Progrès et PAN Europe ont réalisé une étude pour rendre compte de l’ampleur de ces pesticides PFAS dans nos champs et dans nos assiettes. Notre étude a porté à la fois sur l’exposition des consommateurs belges et européens aux résidus de PFAS par leur consommation de fruits et légumes, et sur la commercialisation des pesticides PFAS en Belgique.
Les principales conclusions sont les suivantes :
- Des résidus de 31 pesticides PFAS différents ont été détectés dans les fruits et légumes de l’UE entre 2011 et 2021 ;
- Le nombre de fruits et légumes contenant des résidus d’au moins un pesticide PFAS dans l’UE a quasi triplé en 10 ans ;
- En 2021, les fruits cultivés en Europe tels que les fraises (37 %), les pêches (35 %) et les abricots (31 %) étaient particulièrement contaminés, contenant souvent des cocktails de trois à quatre PFAS différents dans un seul fruit ;
- Les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche, l’Espagne, le Portugal et la Grèce sont les principaux producteurs d’aliments contaminés par les PFAS au sein de l’UE, tandis que des pays comme le Costa Rica, l’Inde et l’Afrique du Sud sont, pour l’UE, les principaux exportateurs d’aliments fortement chargés en PFAS.
- En Belgique, les données limitées disponibles ont tout de même permis d’observer une contamination inquiétante des fruits et légumes belges (poires (15%), poivrons (56%), aubergines (39%), ou importés (bananes (40%), melons (20%), brocolis (9%) par un ou deux PFAS dans un même échantillon.
- En Belgique, en 2021 (dernière année disponible), 30 substances actives PFAS étaient autorisées et mises en circulation.
- De 2011 à 2021, les pesticides PFAS, dont les plus commercialisés sont des candidats à la substitution (CFS) qui auraient dû être éliminés progressivement depuis 2015, ont au contraire augmenté de 20%, avec plus de 220 tonnes commercialisées en 2021.
- Toute proportion gardée, sur base de la surface agricole utile, la Belgique consomme deux fois plus de pesticides PFAS que son voisin, la France.
L’exposition délibérée, chronique et généralisée des consommateurs européens à des cocktails de pesticides PFAS dans les fruits et légumes est inquiétante. Ces pesticides font l’objet d’une approbation par nos régulateurs pour être commercialisés et délibérément lâchés dans l’environnement. Les ventes de ces produits en Belgique sont en augmentation sur les dix dernières années et aucun engagement politique ferme et contraignant n’ayant été pris à ce jour pour stopper ces PFAS. Les agriculteurs ne savent généralement pas qu’ils pulvérisent des polluants éternels sur leur culture, cela n’est pas mentionné sur l’étiquette et l’industrie se garde bien d’en faire la publicité. Les limites maximales de résidus (LMR) détectées dans l’étude sont peut-être conformes aux limites légalement fixées, mais que cela ne dissipe en rien les inquiétudes aucune évaluation des effets cocktails (combinaison des substances) n’est concrètement prise en compte pour mesurer le risque d’exposition réel sur l’environnement et sur la santé.
En 2020, l’UE s’est engagée à interdire tous les PFAS inutiles en Europe, mais les pesticides à base de PFAS ont été exclus de cette proposition de restriction universelle, sur la base de l’hypothèse erronée qu’ils étaient déjà suffisamment réglementés en vertu des normes européennes sur les pesticides, quod non, comme le démontre notre étude. Ils passent à travers les mailles du filet, malgré leurs risques pour l’environnement et même la santé (perturbation endocrinienne, reprotoxicité, etc).
Nature & Progrès réclame de toute urgence la suspension et l’interdiction de ces pesticides PFAS qui ne devraient plus être autorisés si l’esprit de réglementation européenne sur les pesticides qui est de protéger les citoyens était respecté. Ils conduisent à la pollution de l’environnement et à l’exposition intentionnelle des consommateurs jour après jour, alors qu’ils ne sont absolument pas indispensables à notre agriculture. Des alternatives aux pesticides chimiques de synthèse, en ce compris les pesticides PFAS existent. Il est temps de les déployer!
NOTE
L’étude porte sur les fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle. Elle se fonde sur les données officielles de surveillance des résidus de pesticides dans les aliments provenant des États membres, qui ont été échantillonnés de manière aléatoire afin de refléter fidèlement l’exposition représentative des consommateurs de l’UE.
- Une analyse a été réalisée au niveau européen (après agrégation de toutes les données nationales), ainsi qu’au niveau de huit États membres différents (Autriche, Belgique, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Pays-Bas, Espagne). Elle est publiée in extenso en anglais en collaboration avec Ecocity, Ecologistas en Acción, Magyar Természetvédők Szövetsége (Les Amis de la Terre Hongrie), Générations Futures, Global 2000 (Les Amis de la Terre Autriche), PAN Allemagne, PAN Pays-Bas et Nature & Progrès Belgique. Report, Toxic Harvest: The rise of forever pesticides in fruit and vegetables in Europe
- Une version spécifique à la Belgique en français, reprenant également les données européennes et les données belges, au niveau des résidus dans les fruits et légumes et de la commercialisation des pesticides PFAS pour la Belgique est disponible en français : Des pesticides PFAS dans nos champs et dans nos assiettes.
Des pesticides PFAS dans nos champs et dans nos assiettes
Une analyse a été réalisée au niveau européen (après agrégation de toutes les données nationales), ainsi qu’au niveau de huit États membres différents (Autriche, Belgique, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Pays-Bas, Espagne). Elle est publiée in extenso en anglais en collaboration avec Ecocity, Ecologistas en Acción, Magyar Természetvédők Szövetsége (Les Amis de la Terre Hongrie), Générations Futures, Global 2000 (Les Amis de la Terre Autriche), PAN Allemagne, PAN Pays-Bas et Nature & Progrès Belgique. (hyper lien vers l’étude du PAN actif dès demain) Report, Toxic Harvest: The rise of forever pesticides in fruit and vegetables in Europe
Une version spécifique à la Belgique en français, reprenant également les données européennes et les données belges, au niveau des résidus dans les fruits et légumes et de la commercialisation des pesticides PFAS pour la Belgique est disponible en français
Contamination généralisée de l’eau par le TFA, un « produit de dégradation à vie » non réglementé des pesticides PFAS
Suite à une étude européenne sur la présence alarmante des métabolites de PFAS dans les eaux, Nature & Progrès et Pesticide Action Network Europe demandent une action politique rapide et efficace pour stopper cette pollution chimique délibérément passée inaperçue.
Une étude exploratoire conjointe de 23 échantillons d’eau de surface et de six échantillons d’eau souterraine provenant de dix pays de l’UE, menée par des organisations membres du Réseau européen PAN Europe (Pesticides Action Network) dont Nature & Progrès Belgique a révélé des niveaux alarmants de TFA (acide trifluoroacétique), un « produit chimique éternel » peu connu et largement non réglementé. Le TFA est un produit de dégradation connu des pesticides PFAS, des gaz F et d’autres produits chimiques à vie (PFAS). Les concentrations trouvées dans les échantillons d’eau sont en moyenne de 1 180 nanogrammes par litre (ng/l). Ce chiffre est 70 fois plus élevé que la concentration moyenne de tous les autres PFAS examinés combinés (17,5 ng/l), y compris les PFAS bien connus qui constituent des points d’attention tels que l’APFO et le PFOS.
En Belgique, nous avons choisi de prélevé un échantillon dans la Mehaigne, une rivière wallonne qui sillonne le plateau de la Hesbaye. Si la Mehaigne a été choisie parmi toutes les autres rivières belges, c’est parce qu’elle sillonne une région à forte densité agricole, loin des hauts lieux de l’industrie chimique ou pharmaceutique.
Parmi les 23 échantillons européens prélevé, la Mehaigne est la troisième rivière la plus contaminée au TFA (taux de 2500 ng/l).
TFA, le polluant éternel dans l’eau que nous buvons.
Interdire les pesticides PFAS et les gaz fluorés pour garantir une eau saine en Europe.
Après une analyse des eaux de surface, à travers l’Europe, nous avons entamé l’examen de la teneur en TFA des eaux que nous buvons (eau du robinet et eau en bouteille). Les résultats de ces tests européens sont préoccupants, et dans la lignée des résultats de la contamination des eaux de surface, ce qui est logique, puisque les mécanismes classique de traitement des eaux ne permettent pas de filtrer ce PFAS a chaine très courte, qu’est le TFA. Ainsi :

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Colloque: « Pesticides PFAS, état des lieux et pistes de solution »
Le 17 janvier 2025, se déroulait notre colloque « Pesticides PFAS, état des lieux et pistes de solution ». Un colloque d’experts réservé aux responsables politiques, administratifs et acteurs du secteur.
Les PFAS sont partout dans notre quotidien, ils sont également pulvérisés en quantité dans les champs, comme herbicides, fongicides ou insecticides par les agriculteurs qui ignorent qu’il s’agit de PFAS. Les citoyens sont exposés à travers leur alimentation quotidienne et nos eaux sont polluées de façon quasi irréversible, comme l’ont montré Nature et Progrès et PAN-Europe, dans trois études publiées cette dernière année.
Les conséquences de l’utilisation de ces pesticides PFAS et de la présence des métabolites (produits de dégradation) de ces pesticides, comme le TFA (acide trifluoroacétique), doivent aujourd’hui être prises à bras le corps par les régulateurs, à tous les niveaux de pouvoir, chacun dans sa sphère de compétence.
Le flufénacet et le flutolanil sont en cours de non-renouvellement, mais qu’en est-il des autres substances ?
Nature et Progrès propose de faire le point en présence d’experts lors d’un colloque à destination des responsables politiques, administratifs et des acteurs du secteur. Cette rencontre vise à dresser un état des lieux de la règlementation en la matière et à mettre en perspective des pistes de solution (législative et technique) pour enrayer la diffusion de ces substances dans notre environnement et protéger notre santé.
Retrouvez les interventions du colloque du 17 janvier « Pesticides PFAS, état des lieux et pistes de solution »
En savoir plus sur les alternatives aux PFAS ? Découvrez notre projet « Wallonie sans pesticides! » https://www.natpro.be/wallonie-sans-pesticides/
Dernières actualités liées aux pesticides PFAS
Vente de pesticides PFAS en Belgique : L’administration révèle des chiffres en nette augmentation.
La semaine pour « les Alternatives aux Pesticides », du 20 au 30 mars, nous rappelle pourtant que les pesticides ne sont pas une fatalité.
L’Europe vote enfin l’interdiction d’un pesticide PFAS : le Flufenacet sur la touche. Un pas dans la bonne direction.
Ces 11 et 12 mars, les Etats membres de l’Union européenne se sont réunis et ont voté l’interdiction du Flufénacet, un pesticide PFAS, largement utilisé depuis 2004 en Belgique et en Europe qui se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA) et qui a récemment été reconnu comme « perturbateur endocrinien ».
Un tournant dans l’histoire des pesticides PFAS : flufénacet, flutolanil ; aujourd’hui autorisés, demain interdits ?
Ces 4 et 5 décembre, les Etats membres de l’Union européenne décideront du sort du flufénacet, un pesticide PFAS, largement utilisé depuis 2004, qui se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA). Classé récemment comme « perturbateur endocrinien » et présentant un risque élevé de contamination des eaux à l’acide trifluoroacétique (TFA), la Commission européenne (CE) prend ses responsabilités et propose le non-renouvellement de cet herbicide dont les ventes ont atteint 63 000 kilos rien qu’en 2021 en Belgique. Cette dernière a indiqué qu’elle suivra la CE. Le flutolanil, fongicide utilisé notamment pour les pommes de terre et également émetteur de TFA, devrait connaitre la même destinée.
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