Stop au Glyphosate !
L’herbicide le plus utilisé dans le monde
Le Glyphosate est un dossier complexe et qui a fait couler beaucoup d’encre, à chacune des étapes du processus d’approbation – autorisation. Et, ce n’est pas fini
La balle à nouveau dans le camp des Etats Membres. Nous demandons à la Belgique de ne pas ré-autoriser les herbicides à base de glyphosate.
Le 26 novembre 2023, la Commission Européenne a annoncé qu’elle ré-approuvait la substance active du Gyphosate pour 10 ans, nonobstant l’absence de majorité qualifiée au Conseil Européen, en première et en deuxième lecture et malgré les nombreuses insuffisances relevées par l’EFSA – Autorité européenne de sécurité alimentaire – dans le cadre de l’évaluation des risques. Certains se félicitent que cette approbation européenne comprenne néanmoins certaines restrictions et points d’attention. Ainsi l’approbation prévoit-elle que les Etats membres, dans l’évaluation des risques des produits, seront vigilants à l’exposition dus consommateurs par les résidus de glyphosate, la protection des eaux souterraines dans les eaux sensibles, la protection des petits mammifère herbivores, etc. Pour Nature et Progrès et PAN Europe, ces restrictions sont insuffisantes, et au vu de la règlementation européenne sur les pesticides, visant en priorité à protéger la santé des citoyens et l’environnement, les demandes d’autorisation de renouvellement des herbicides à base de glyphosate devraient être purement et simplement refusées par les autorités nationales.
Les industriels disposaient d’un délai de 3 mois pour faire une demande de ré-autorisation des produits à base de glyphosate dans les pays dans lesquels ils souhaitaient poursuivre la commercialisation. En Belgique, plusieurs produits n’ont pas fait l’objet de cette demande et seront donc retirés de la vente. Les Etats membres disposent d’un an à dater de la demande de renouvellement pour finaliser l’évaluation des risques et décider de renouveler l’autorisation, ou pas.
Aussi, sur la base d’un document de guidance élaboré par PAN Europe visant à mettre en avant les arguments scientifiques et juridiques aux mains des Etats pour rejeter les demandes d’autorisation, Nature et Progrès, a écrit en juillet au Comité d’agréation des PPP, un courrier demandant à la Belgique de ne pas renouveler les produits à base de glyphosate.
La société civile s’attaque à la décision d’approbation du glyphosate au niveau européen.
Dans le même temps, PAN Europe, soutenu, entre autres, par Nature et Progrès a également intenté un recours contre la décision d’approbation de la Commission européenne de réapprouver le glyphosate, parce qu’elle ne respectait pas la législation en matière d’évaluation de la toxicité de la substance active du glyphosate. Conformément à la procédure légale, une cette demande de révision interne reprend tous les motifs d’illégalité de la décision, et détaille en quoi l’approbation de la CE ne respecte pas les règles sur l’évaluation des risques telles qu’elle s’impose à la CE (évaluation de la cancérogénicité, toxicité à long terme, perturbation endocrinienne, etc). Face à la décision de refus de la Commission européenne de revoir sa copie le 26 juin 2024 sous prétexte qu’elle est conforme à la législation européenne, PAN Europe finalise maintenant un recours à la Cour de Justice de l’Union Européenne (à introduire avant le 26 août 2024).
Pourquoi l’extension du glyphosate elle est-elle une aberration ?
- Il est classé « cancérigène probable » : en 2015, le glyphosate a été classé « cancérigène probable » pour l’Homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Selon ces experts, les pesticides à base de glyphosate sont génotoxiques et induisent un stress oxydatif tant chez l’Homme que chez l’animal de laboratoire.
- Il n’est pas sélectif : il détruit toutes les plantes qui sont pulvérisées. Si le glyphosate est utilisé dans les champs cultivés, les plantes voisines mourront également à cause du brouillard de pesticide.
- Son processus d’évaluation a souvent été critiqué : par exemple, de nombreuses études scientifiques démontrant la nocivité ne sont pas prises en compte (découvrir un exemple récent).
- Beaucoup s’en passent déjà : de nombreux propriétaires de jardins, jardiniers écologistes, gestionnaires d’espaces verts publics et agriculteurs bio prouvent qu’il est possible de s’en passer.
Y a-t-il du Glyphosate dans le lait maternel ?
En avril 2014, l’association américaine Moms Across America (MAA) et Sustainable Pulse ont diffusé (1) les résultats d’analyses de Glyphosate, matière active du Roundup, herbicide le plus vendu au monde, réalisées dans le lait de 10 mères américaines ainsi que dans les urines d’adultes et d’enfants américains.
Les concentrations en Glyphosate dans les urines étaient d’environ 8 fois supérieures à celles trouvées lors d’une enquête similaire effectuée dans 18 pays de l’Union européenne par les Amis de la Terre Europe (2) en 2013. Cette différence de concentration peut s’expliquer. L’ exposition est bien plus élevée pour le citoyen américain que pour le citoyen européen à cause de l’augmentation importante aux USA de l’utilisation du Glyphosate sur des cultures alimentaires génétiquement modifiées pour être résistantes au Glyphosate ainsi qu’à cause de la consommation directe de ces organismes génétiquement modifiés par le citoyen américain.
Dans le lait maternel, MAA a trouvé des niveaux élevés de Glyphosate dans 3 échantillons sur les 10 testés (76 µg/l, 99 µg/l et 166 µg/l) bien que la substance ne soit pas lipophile (3). MAA y voit une indication de l’accumulation potentielle du Glyphosate dans le corps humain, ce qui, jusqu’à présent, a toujours été réfuté par les autorités publiques et par l’industrie de la biotechnologie. Pourtant, du glyphosate a été retrouvé, au Danemark, dans les intestins, le foie, les muscles, la rate et les reins de vaches de boucherie (4) et dans divers tissus de porcelets malformés (5).
Les analyses de lait, effectuées pour MAA aux Microbe Inotech Labs à Saint Louis dans le Missouri, sont destinées, selon cette organisation, à susciter des études scientifiques pour clarifier la question de la bioaccumulation du Glyphosate dans le corps humain et dans le lait maternel en particulier.
La question est d’importance dans le contexte particulier du processus de ré-autorisation du Glyphosate actuellement en cours dans l’Union Européenne. L’enjeu est également crucial dans le contexte de la classification par le Centre International de Recherche pour le Cancer (CIRC) de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) du Glyphosate comme « cancérigène probable », classification contestée par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) (6).
Aussi, en réponse au MAA, le 23 juillet 2015, M. McGuire (7), professeur associé à la Washington State University, déclarait lors d’une conférence de la Federation of American Society for Experimental Biology que, selon son étude non encore publiée, ni le Glyphosate ni ses métabolites ne sont présents dans le lait maternel. Et ce même si les 41 mères considérées avaient des niveaux détectables de Glyphosate dans les urines. Selon McGuire (8), la méthode analytique utilisée par Microbe Inotech Labs pour MAA serait inappropriée.
Il est toutefois utile de préciser que l’analyse des 41 échantillons de lait fut faite dans les laboratoires de Monsanto (8) à Saint Louis par une méthode mise au point par Monsanto. Les résultats furent vérifiés par Covance Laboratories présentés par McGuire comme totalement indépendants de l’Université et de Monsanto. Pourtant, E. Grossman (9) écrivait dans Civil Eats le 30 juillet 2015 que Covance laboratories a effectué à de nombreuses occasions des tests pour Monsanto.
Selon E. Grossman, il existe très peu de données sur l’exposition de l’homme au Glyphosate. Le Glyphosate n’est inclus ni dans le programme d’analyses de résidus des denrées de la Food and Drug Administration (FDA) ni dans le programme de biomonitoring des Centers for Disease Control and Prévention (CDC).
Il existe un réel besoin d’une science réellement indépendante et hautement crédible relative aux résidus de Glyphosate, aux niveaux d’exposition de l’homme, aux concentrations en Glyphosate dans les divers organes et tissus chez l’homme et l’animal.
L’US Environmental Protection Agency (EPA) prévoit de mener sa propre enquête sur la contamination du lait maternel par le Glyphosate et MAA avec d’autres ONGs annonce la mise en route d’une vaste étude de biomonitoring dont les résultats seront publiés en 2016.
Ceci est heureusement une histoire américaine. Le citoyen US est plus exposé au produit pesticide de par l’importance de la superficie de cultures Roundup résistantes cultivée et de par le fait qu’il consomme directement ces organismes génétiquement modifiés gorgés de Roundup et de Glyphosate.
Restons toutefois vigilants en Europe.
C. Wattiez, Dr. Sc.
- 1. http://www.momsacrossamerica.com/glyphosate_testing_results
- 2. HOPPE H.W . 2013 Determination of Glyphosate residues in human urine samples from 18 European countries. Medical Laboratory Bremen, D-28357 Bremen/Germany, unpublished test report MLHB-2013-06-06 of 12 June 2013. http://www.foeeurope.org/sites/default/files/glyphosate_studyresults_june12.pdf
- 3. Une substance lipophile est une substance qui a des affinités pour les graisses.
- 4. Krüger M et al, 2014, Detection of Glyphosate residues in animals and humans, J.Environ. Anal.Toxicol, 4 :2
- 5. Krüger M et al, 2014, Detection of Glyphosate in malformed piglets, J.Environ. Anal.Toxicol ,4 :5
- 6. Cf article “Le glyphosate et le Roundup seront-ils re-autorisés au mépris de la santé publique?
- 7. http://www.sciencedaily.com/releases/2015/07/150723133120.htm
- 8. Monsanto : multinationale productrice de Glyphosate, de Roundup ainsi que d’organismes génétiquement modifiés résistants au Glyphosate et au Roundup.
- 9. Journaliste et écrivaine américaine spécialisée dans les sciences environnementales
Pourquoi Infrabel utilise-t-elle le glyphosate pour désherber les chemins de fer ?
Les voies de chemin de fer sont empierrées. Pour des questions de facilité de circulation, il est d’usage de désherber avec du glyphosate. C’est un herbicide efficace qui détruit toutes les plantes qu’il touche. Infrabel demande et obtient ainsi chaque année des dérogations pour pouvoir utiliser le produit.
Pourtant, les alternatives existent ! La SNCF (Société nationale des chemins de fer français) a d’ailleurs développé un train désherbeur performant qui pulvérise de l’acide pélargonique (extrait de géranium). Dans cette démarche non chimique, il est également nécessaire de tolérer une partie d’enherbement.
Pour notre santé et celle de la terre, il est important de renoncer à tout emploi de pesticides chimiques de synthèse sur les voies de chemin de fer. Ces dernières traversent des zones naturelles riches en biodiversité qu’il convient de protéger.
Lien glyphosate-OGM
Le glyphosate n’est pas un pesticide comme les autres. Outre le fait d’être le plus utilisé dans le monde, il est aussi la pierre angulaire de toute la stratégie de l’industrie des organismes génétiquement modifiés (OGM) à utilisation agricole. En effet, environ 80% des plantes transgéniques actuellement cultivées ont été modifiées pour être résistantes à un ou plusieurs herbicides – le glyphosate en grande majorité.
Etudes prouvant la toxicité du glyphosate
- Au cours des 27 dernières années, la biomasse d’insectes volants en Allemagne a chuté de 76% (Anglais)
- Diminution de 15 % de la population d’oiseaux en Allemagne sur les 10 dernières années (allemand)
- Les populations d’oiseaux sont particulièrement en déclin, et pas seulement dans les milieux agricoles et bâtis (français)
En route vers les alternatives
Les alternatives aux herbicides, dont le glyphosate, sont nombreuses, comme les différents producteurs rencontrés lors des rencontres en ferme ont pu en témoigner au cours des 5 dernières années. Pour les découvrir, n’hésitez pas à consulter nos brochures techniques et comptes-rendus.
(archive) - Glyphosate. L’Europe presse les Etats à voter la ré-approbation de la substance active la plus controversée au monde.
Prochainement, la Belgique et les autres Etats Membres de l’UE auront à se prononcer sur la proposition de ré-approbation du glyphosate. Prolongée fin 2022 pour un an seulement, afin de disposer du temps nécessaire à l’analyse du dossier, la Commission a déposé en juillet 2023 une nouvelle proposition de ré-approbation pour 15 ans du glyphosate. Mais, sur le fond, comme sur la forme, cette approbation est inacceptable …
En 2017, la Belgique avait voté contre l’approbation du glyphosate, mais la majorité européenne l’avait emporté. Un pas en avant. En 2022, le ministre Clarinval, au nom de la Belgique, a voté pour un renouvellement d’un an ! Un pas en arrière. Ce délai d’un an visait à laisser le temps aux autorités européennes d’analyser le dossier et les études les plus récentes. Alors que les rapports se sont multipliées ces dernières années pour dénoncer la toxicité sur la santé et les dégâts pour l’environnement, L’EFSA – European Food Security Agency – chargée de fournir un rapport d’évaluation et la Commission européenne ont profité des vacances et de la rentrée pour mettre sur la table, la ré-approbation de la substance active la plus contestée. Procédure anti-démocratique et contestée sur la forme, car tous les documents permettant d’analyser le dossier ne sont pas distribués aux parties prenantes, en temps utile. La Commission voudrait ainsi faire voter l’approbation au comité des 11-12 octobre. D’ici là, la société civile n’aura pas eu le temps d’accéder et d’étudier tous les documents et les études du dossier. Les ONGs parlent de procédé anti-démocratique.
Sur le fond, l’utilisation des herbicides à base de glyphosate en Europe et de par le monde continue de progresser, alors même que l’on parle de transition environnementale et restauration de la nature dans l’hémicycle européen. Et pour cause, tous les voyants sont au rouge qu’il s’agisse de biodiversité animale ou végétale, de pauvreté des sols ou de pollution des eaux. Mais, l’Europe n’en a que faire … Elle s’apprête à faire voter pour le renouvellement d’un des herbicides les plus massivement pulvérisés en Europe !! Nonobstant les alertes des chercheurs et bureaux d’étude indépendants, la volonté des citoyens d’interdire la substance (pétition de 2021 ayant réuni plus d’un million trois cent mille signatures), le caractère probablement cancigérigène du glyphosate confirmé par d’éminentes autorités scientifiques indépendantes, les autorités européennes proposent de repartir pour un tour. Pourtant des alternatives aux herbicides chimiques. Une autre façon de produire est possible, mais il faut se donner les moyens de cette transition.
Il est inadmissible que notre gouvernement, sous la pression de lobbys et d’agriculteurs conventionnels qui craignent de ne pouvoir faire autrement, vote « Pour » la ré-approbation. Interpellez le Ministre Clarinval.
Le fédéral a en effet voté en faveur de la décision de la Commission européenne d’autoriser l’herbicide jusque fin 2023, et ce malgré le malaise autour de cet herbicide et en dépit de l’avis scientifique du Conseil supérieur de la santé qui recommandait en 2020 de ne pas attendre l’expiration de l’autorisation (15 décembre 2022) pour mettre fin à l’utilisation du glyphosate.
En 2017, en plein « Monsanto papers », le Ministre belge de l’Agriculture de l’époque avait voté contre son renouvellement pour 5 ans, justifiant sa position par la nécessité d’entamer une transition vers une agriculture sans glyphosate. Cette période transitoire arrivant aujourd’hui à échéance, la Belgique aurait dû s’opposer à la prolongation du glyphosate. A l’inverse, le Ministre actuel, qui se défend d’avoir informé le Ministre de la Santé de sa position, ne s’est pas concerté avec la Ministre de l’Environnement ni avec l’ensemble du gouvernement belge.
De plus, le 12 février 2020, 3 associations européennes (Corporate Europe Observatory, PAN Germany et Global2000) ont publié les résultats d’une recherche mettant en avant le fait qu’un laboratoire allemand (LPT-Hamburg) ayant réalisé des études réglementaires sur le Glyphosate fait l’objet d’une instruction pénale pour fraudes, suite à des dénonciations d’employés et une enquête de la télévision publique ARD. Ces révélations rendent encore plus suspectes les conditions d’analyse du dossier de réévaluation du Glyphosate en 2017. En effet, au moins 14% des études fournie par Monsanto proviennent de ce laboratoire. Nous estimons donc qu’il y a un important manque de fiabilité du système. Cette fraude remet en cause l’ensemble de la procédure d’évaluation des pesticides.
Si la vente de pesticides est de la compétence de l’autorité fédérale, les régions peuvent toutefois prendre l’initiative d’interdire l’utilisation de certains pesticides sur leur territoire :
- En Région Bruxelles-Capitale : les pesticides contenant du glyphosate ont été interdits en 2016 pour les professionnels et les particuliers
- En Wallonie : l’utilisation du glyphosate est interdite pour les particuliers depuis le 1er juin 2017
- En Flandre : voir la page #StopGlyphosate de Velt
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« Chers citoyens, allez à la rencontre des agriculteurs de votre région et conscientisez-les ! Chers agriculteurs, bannissez ces produits et répondez à la demande des citoyens ! C’est tout bon pour notre santé et pour notre environnement.«
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