Plan Bee : bilan de 3 années en faveur de la biodiversité

Plan Bee visite publique 2022

© Nature & Progrès : visite publique Plan Bee 2022

Comment favoriser la biodiversité, produire une eau exempte de résidus de pesticides et avoir une agriculture rentable ? C’est à cette question que Nature & Progrès a voulu répondre dans le cadre du projet Plan Bee.

Encourager un système agricole exempt de pesticides chimiques de synthèse en parallèle à l’implantation de mesures accueillant la biodiversité et de ressources florales est primordial ! L’intégration de cultures mellifères/entomophiles (sarrasin, bourrache, moutarde, fleurs sauvages, etc.) dans les assolements agricoles testée sur les terrains Plan Bee s’est avérée rentable tout en nourrissant nos pollinisateurs et auxiliaires des cultures qui sont des solutions pour pouvoir se passer des pesticides.

Comme elles sont de bons indicateurs de notre environnement, durant 3 ans, des abeilles mellifères & solitaires ont sillonné 5 sites d’étude Plan Bee, des sites de captage d’eau de la Société Wallonne des Eaux. Elles ont permis d’évaluer l’état de l’environnement proche et éloigné en matière de pesticides et ressources florales. Elles offrent ainsi aux acteurs de la protection des ressources en eau, une méthode de signalisation des sites à risques de contamination par les pesticides.

Objectif 1 : augmenter l’(agro)-biodiversité

L’objectif principal du Plan Bee est d’étudier la faisabilité agronomique, apicole et économique d’implanter des cultures mellifères sans pesticides sur de grandes surfaces pour produire du miel et des produits dérivés tout en favorisant l’entomofaune sauvage. Une collaboration apiculteurs/agriculteurs a été développée pour diversifier les produits agricoles. Les cultures mellifères peuvent être valorisées en semences, farines, huiles, condiments, engrais verts, etc. Les arbres, haies et autres vivaces constituent aussi des ressources pour la production de miel et l’accueil de la faune. La demande de miel étant plus grande que l’offre en Wallonie, il est important de favoriser ces cultures mellifères et l’apiculture wallonne. De plus, des grandes zones non-agricoles comme les sites de captages d’eau peuvent aussi être des lieux de biodiversité et servir de ressources alimentaires pour les abeilles.

Résultat : Ces premiers essais sont encourageants ! Nature & Progrès continue à œuvrer afin de développer l’agriculture biologique, les alternatives aux pesticides et diversifier les produits agricoles par l’implantation de cultures mellifères.

Objectif 2 : évaluer l’état de l’environnement à l’aide des abeilles

Le second objectif du Plan Bee était d’étudier l’état de notre environnement à l’aide des abeilles mellifères et osmies (abeilles solitaires). Un environnement sain est indispensable pour leur survie. Les abeilles mellifères ont un rayon de butinage de l’ordre de 3 km alors que les osmies ont un rayon de butinage de 300 m. Les secondes nous donnent donc l’état de l’environnement sur une plus petite distance. Quelles fleurs les abeilles ont-elles butinées [1] ? Quels sont les résidus de pesticides relevés par les abeilles sur les différents sites Plan Bee ? [2] Les résultats ont ensuite été comparés avec les analyses de résidus de pesticides retrouvés dans les eaux de captage [3] et dans le sol [4]. Cela a permis de déceler les contaminants auxquels une population (humaine, d’abeilles) est effectivement exposée. En ce compris les « effets cocktails » de ces contaminants dont les risques toxiques sont évalués individuellement alors que leurs effets devraient être analysés ensemble.

Résultat 1 : de nombreux résidus de pesticides en régions de grandes cultures…

Des résultats marquants en termes de présence de pesticides ont été observés en comparant les sites dont les environnements sont très différents : Orp-Jauche, une région de grandes cultures où les céréales, pommes de terre, betteraves et autre légumes plein champ conventionnels sont bien présents et Ciney, une région de terres d’élevage où les prairies et cultures céréalières (de plus en plus bio) dominent.

Dans le pain d’osmies , nous avons retrouvé à des concentrations élevées principalement des résidus d’herbicides pour les différents sites, excepté à Ciney où les herbicides sont à l’état de traces. Il s’agit surtout d’herbicides appliqués en culture de betterave, pomme de terre, légumes, céréales, maïs ou fruitiers et du tristement connu glyphosate. Quelques résidus de fongicides ont été retrouvés à des concentrations élevées (à Orp-Jauche, Thiméon et Ciney) principalement là où il y avait du colza ou des céréales proches des hôtels d’étude. En termes de résidus d’insecticides, nous avons des insecticides utilisés en fruitiers ou pommes de terre qui reviennent souvent à l’état de traces ou à de concentrations plus élevées à Orp-Jauche.

Les abeilles mellifères ont butiné une diversité de plantes plus importante que les osmies étant donné leur période de butinage plus étendue et leur rayon de butinage plus élevé. Néanmoins, nous constatons que de nombreuses plantes ont été butinées par les deux. Elles ont donc pu partager leurs ressources.

Dans leur pollen et pain d’abeille , nous avons observé principalement des résidus de fongicides et herbicides à des concentrations élevées et parfois supérieures à la Limite Maximale de Résidus (LMR) autorisées dans le pollen destiné à la consommation humaine, mais également des résidus d’insecticides. Il s’agit en général des mêmes molécules que celles retrouvées dans le pain d’osmies avec en plus des pesticides appliqués en été. A Ciney, les résidus de pesticides étaient nettement moins nombreux et à l’état de traces.

–> Les osmies comme les abeilles mellifères ont été exposées à des pesticides appliqués sur des cultures attractives aux pollinisateurs mais également des pesticides appliqués sur des cultures non attractives. Cela suppose qu’en plus d’une contamination directe du pollen, une contamination du pollen butiné via des dérives de ces pesticides sur plantes voisines ou à travers des plantes indésirables s’est produite.

Résultat 2 : certains de ces résidus de pesticides se retrouvent également dans les eaux de captage

Plusieurs pesticides détectés dans les substrats d’abeilles (ou leurs métabolites) ont également été détectés dans les eaux de captage et le sol, et y sont persistants. Certains ont déjà été retirés du marché, d’autres y sont toujours. Il faudra attendre plusieurs années pour que certains pesticides appliqués dans le passé disparaissent de nos eaux de captage. Il est grand temps d’interdire ceux qui sont encore sur le marché.

Toutes les substances retrouvées dans les substrats d’abeilles ne sont pas systématiquement recherchées dans l’eau. Une analyse doit être réalisée pour voir si ceux-ci peuvent arriver jusqu’aux nappes d’eau souterraines pour éventuellement étendre les recherches. Certaines se trouvent sur la liste des 12 pesticides dangereux pour la santé de l’Homme ou l’environnement pour lesquelles l’Europe a demandé des candidats à la substitution.
Le Plan Bee vient de prouver que les abeilles sont un indicateur de l’environnement intéressant pour jauger la présence de pesticides dans l’environnement et ainsi signaliser les sites à risques de contamination. Les abeilles sont nos alliées, protégeons-les !

Mettons en avant les alternatives aux pesticides !

Les alternatives aux pesticides chimiques de synthèse sont déjà bien développées chez nos agriculteurs wallons. Il reste néanmoins encore de nombreuses terres à libérer et à aménager avec des ressources florales. La meilleure issue pour réduire les coûts d’assainissement de l’eau, ce sont : des producteurs faisant le pari d’une production sans pesticides et des apiculteurs qui collaborent pour augmenter les rendements, éclairés par les structures de soutien existantes et soutenus par des consommateurs soucieux de leur santé et de leur environnement.

[1] Analyses réalisées par le Centre Apicole de Recherche et d’Information (CARI) et le Centre wallon de Recherches agronomique (CRA-W)
[2] Analyses réalisées par le CRA-W
[3] Analyses réalisées par la SWDE
[4] Réalisées par le CRA-W et l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP)

Fin des dérogations pour les néonicotinoïdes : c’est bien mais Nature & Progrès en veut plus

abeilles néonicotinoïdes

© Adobe Stock, tous droits réservés (abeille néonicotinoïde)

Le Ministre fédéral de l’Agriculture David Clarinval a enfin posé un geste pour l’environnement : fini les dérogations abusives pour les semis de betteraves à sucre enrobés de néonicotinoïdes, ces pesticides tueurs d’abeilles. Nature & Progrès et PAN Europe (Pesticide Action Network Europe) saluent la démarche mais en veulent plus. Nous attendons du Ministre qu’il mette un terme aux dérogations fournies pour l’exportation de semences traitées aux néonicotinoïdes ainsi que toute dérogation aux restrictions européennes sur les nouveaux néonicotinoïdes. 

Cela fait vingt ans que Nature & Progrès agit pour protéger les abeilles des dégâts occasionnés par l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes, malgré l’entêtement du secteur betteravier et des autorités. Au terme de nombreuses actions, trois insecticides tueurs d’abeilles (le thiaméthoxame, l’imidaclopride et la clothianidine) ont finalement été interdits par l’Europe en 2018, suivis en avril dernier par le sulfoxaflor, insecticide au même mode d’action susceptible d’occasionner les mêmes dégâts environnementaux.

La Belgique a honteusement passé outre ces interdictions, les autorisant en plein champs sous le régime des dérogations… Il était temps que le pays s’aligne sur les décisions européennes adoptées dans l’intérêt de l’environnement et des polinisateurs !

En Belgique, l’enrobage des semences de betteraves sucrières par des néonicotinoïdes est chose courante en agriculture conventionnelle pour lutter contre la jaunisse de la betterave transmise par les pucerons. Un problème évitable pour la biodiversité lorsque l’on sait que des alternatives efficaces existent.

Si un pesticide nuit aux insectes polinisateurs, qu’est-ce qui justifie que la Belgique l’autorise ailleurs ?

Si le Ministre de l’Agriculture montre le souhait de ne plus polluer le pays, il serait logique de prendre les mêmes mesures à l’extérieur. Pourtant, deux autorisations d’urgence (Thiamétoxam et Imidaclopride) vient une nouvelle fois d’être octroyée pour le traitement et l’exportation de semences traitées aux néonicotinoïdes vers des pays tiers, dont les pays européens. Comment se satisfaire d’une victoire aussi peu glorieuse ?

En 2022, SOS Faim a lancé la campagne choc « Interdits ici, exportés là-bas : mortels partout ! ». Elle se penche sur la question des exportations de pesticides interdits et le rôle majeur que joue la Belgique dans ce commerce toxique et immoral, causant, dans le monde, un désastre humain et écologique.

Qu’en est-il des autres pesticides interdits plus récemment comme le sulfoxaflor ?

Nature & Progrès et PAN Europe sont également préoccupées par la possible autorisation temporaire de cet insecticide de type néonicotinoïde utilisé en betterave, et tout aussi nocif, sinon plus car appliqué par pulvérisation. La Commission européenne a limité son utilisation aux serres permanentes en avril 2022. Le Ministre pourrait néanmoins décider d’octroyer de nouvelles dérogations au sulfoxaflor en 2023 comme il l’a déjà fait cette année. En soutenant la décision de restriction européenne, le Ministre reconnaissait pourtant qu’un risque pour les abeilles lié à l’utilisation du sulfoxaflor en plein air ne pouvait pas être exclu.

Vers des moyens de lutte alternatifs

Les dérogations, octroyées sous la pression de l’industrie sucrière pour garantir ses rendements, ont donné un faux message aux agriculteurs betteraviers : il n’existerait soi-disant pas d’autres solutions que les néonicotinoïdes pour protéger leurs cultures.

Or, les alternatives aux néonicotinoïdes sont diverses et reposent en grande partie sur la combinaison de plusieurs méthodes préventives, associées à des mesures bien connues en bio, comme celles utilisées par les producteurs de la coopérative belge Organic Sowers (Orso). Pour préparer la culture à affronter ces menaces, les producteurs d’Orso utilisent notamment la technique du faux semis, l’allongement des rotations – de cinq à sept ans – et l’intégration de cultures de printemps et d’automne. Le choix d’une variété plus résistante aux maladies est fortement préconisé – même s’il n’y a pas encore de véritables variétés résistantes, comme on peut les trouver en pommes de terre avec les variétés robustes, par exemple.

Les étapes à venir

En 2019, 2020 et 2021, Nature & Progrès et PAN Europe ont déposé 3 recours devant le Conseil d’Etat contre les dérogations successives de néonicotinoïdes interdits au niveau européen mais autorisés en Belgique. Conformément aux demandes des 2 associations, le Conseil d’Etat a demandé l’avis de la Cour de Justice de l’Union européenne pour mieux clarifier les limites du système de dérogations, et notamment la possibilité d’en fournir tous les ans ou bien de fournir des dérogations pour des pesticides supposés interdits car hautement toxiques. Après l’avis de l’Avocate générale de septembre dernier, un arrêt de la Cour est attendu pour le 19 janvier. Après ces dates, l’affaire reviendra devant le Conseil d’Etat qui devra trancher sur la validité des dérogations de néonicotinoïdes en Belgique.

 

Les grandes dates de l’histoire des néonicotinoïdes

  • 2001 : les premières recherches sur la toxicité des néonicotinoïdes sur les abeilles sortent. La toxicité de l’imidaclopride est reconnue pour la première fois.
  • 2006 : l’indifférence des pouvoirs publics belges amène Nature & Progrès à organiser une grande journée d’étude à Namur. L’association renouvelle sa demande d’application urgente du principe de précaution et de suspension immédiate de l’imidaclopride sur tout le territoire belge.
  • 2007 : A la Direction Générale de la Santé des Consommateurs de la Commission européenne, on se dit prêt à revoir les méthodes d’évaluation, sur un avis “d’expert”. Un groupe de travail « Risques des pesticides pour les abeilles » se réunit. Trois malheureux citoyens apiculteurs se retrouvent en face de sponsors qui ne sont autres que BASF-Agro, Syngenta, BayerCropscience, etc. Les sous-groupes (dont 2 des 3 présidents sont issus de compagnies phytopharmaceutiques) comptent au moins deux participants issus desdites compagnies.
  • 2012 : enfin, un groupe de travail de l’EFSA rédige un avis scientifique constatant que la toxicité des pesticides mis sur le marché n’a pas été correctement évaluée.
  • 2013 : Suite à l’avis de l’EFSA sur les risques associés à l’utilisation de trois néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame), la Commission européenne interdit le 29 avril 2013 leur usage pour les cultures attractives pour les abeilles. Collaborant désormais avec PAN Europe, Nature & Progrès se réjouit de la décision européenne. Leur utilisation par les particuliers n’est désormais plus non plus autorisée.
  • 2015-2016 : la France et l’Allemagne interdisent les néonicotinoïdes. La Belgique, elle, discute toujours, forte d’un secteur betteravier pour qui le devenir des abeilles importe peu.
  • 2018 : l’EFSA publie enfin une évaluation montrant que la plupart des utilisations de néonicotinoïdes présentent un risque pour les abeilles sauvages et mellifères. Les États membres de l’UE adoptent la proposition de la Commission interdisant 3 néonicotinoïdes : clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxame. Bien entendu, une interdiction européenne d’utiliser un pesticide est toujours assortie d’une possibilité de dérogation… Le Ministre fédéral de l’Agriculture de l’époque, Denis Ducarme, autorisa dans la foulée, sur la base de la dérogation de cent vingt jours, les trois néonicotinoïdes incriminés en cultures de betteraves, chicorées, carottes et laitues… C’en est trop pour Nature & Progrès et PAN Europe. Les associations déposent une requête en annulation de la dérogation Ducarme. C’est la justice qui tranchera !
  • 2022 : après 3 années consécutives de dérogations, en novembre 2022 une nouvelle ère s’ouvre sans néonicotinoïdes en Belgique. Affaire à suivre !

PAN Europe et Nature & Progrès introduisent un recours en justice contre les autorisations systématiques des pesticides les plus toxiques en Belgique

abeille morte pesticide

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Les ONGs belge et européenne Nature & Progrès et PAN Europe ont conjointement demandé au Conseil d’Etat belge qu’il suspende immédiatement l’autorisation de deux insecticides à base de Cyperméthrine. Pour les ONGs, ces autorisations ne sont pas conformes à la réglementation européenne sur les pesticides. Les autorités belges exposent systématiquement et sans fondement légal les citoyens et l’environnement à de nombreuses substances particulièrement toxiques pour lesquelles des alternatives existent.

Martin Dermine, directeur exécutif de PAN Europe a commenté : “La cyperméthrine est une substance réputée particulièrement toxique pour les abeilles et les espèces aquatiques, et hautement suspectée de perturbation endocrinienne chez l’humain.

Sous la pression de plusieurs Etats membres, la substance a été renouvelée pour sept ans de plus par la Commission européenne en 2021, à la condition que sa mise sur le marché soit désormais plus strictement régulée.

Marc Fichers, secrétaire général de Nature & Progrès Belgique a expliqué : “Depuis son renouvellement européen, la cyperméthrine a été identifiée par l’UE comme appartenant à la catégorie des pesticides les plus dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement. Ces substances ne peuvent être autorisées par les Etats membres dans un produit pesticide que lorsqu’il a été démontré qu’elles ne peuvent pas être remplacées par une ou des alternatives plus sûres pour la santé humaine et l’environnement.”

Dans les autorisations attaquées (voir les pages web phytoweb dédiées: APHICAR 100 EW et SHERPA 100 EW), les autorités belges n’ont pas pris la peine de conduire d’évaluation comparative du produit contenant la cyperméthrine et des alternatives chimiques et non chimiques disponibles. Contrairement à ce que leur impose le Règlement européen, elles ont renoncé à l’idée même d’une substitution de ces produits, qui ont à la place été autorisés sur un spectre large de culture dont des céréales, des choux et les vignes.

En raison de la toxicité de la substance, les ONGs ont déposé auprès du Conseil d’Etat une demande de suspension en extrême urgence de ces deux autorisations.

Salomé Roynel, chargée de campagne chez PAN Europe a conclu : “La procédure belge est conçue pour empêcher toute forme de substitution de ces pesticides les plus toxiques par des alternatives plus sûres. Nous demandons au Conseil d’Etat belge de sanctionner cette pratique qui est contraire à la réglementation européenne sur les pesticides et expose donc sans fondement légal les citoyens et l’environnement à cette substance particulièrement toxique, comme à tant d’autres”.

La procédure belge dénoncée par les ONGs est décrite dans des lignes directrices nationales qui, en plus de transposer les recommandations européennes, créent une série de conditions nationales dans lesquelles la Belgique pourrait se soustraire à son obligation de substitution des pesticides les plus toxiques.

En mai 2022, la Belgique s’est illustrée comme l’Etat membre dans lequel les résidus de ces pesticides les plus toxiques sont les plus fréquemment retrouvés.

Contexte

La cyperméthrine est une substance insecticide appartenant à la famille des pyréthrinoïdes. Elle est largement utilisée en agriculture pour lutter contre un large spectre d’espèces dont les pucerons, les chenilles, les charançons et les mouches.

La substance a fait l’objet d’une première approbation au niveau européen en 2005 pour 10 ans. A la suite de retards récurrents dans sa procédure de réévaluation, sa période d’expiration a été prolongée cinq fois, jusqu’à son renouvellement en 2021 en tant que substance dont on envisage la substitution.

En Belgique, la cyperméthrine est utilisée sur un grand nombre de céréales dont le froment, l’orge, l’avoine, l’épeautre et le seigle – ainsi que sur les légumes (dont les choux et les pommes de terre), la vigne et les plantes ornementales. Les autorités compétentes belges n’ont jamais appliqué la substitution ni pour cette substance, ni pour aucune autre.

La cyperméthrine a été listée par PAN Europe parmi les 12 substances les plus toxiques, pour lesquelles l’ONG réclame une interdiction immédiate.

Du nouveau en janvier 2023

Suite à la demande de suspension déposé en extrême urgence en décembre, Nature & Progrès et PAN Europe, rejoints par Bond Beter Leefmilieu, poursuivent leur requête devant le Conseil d’Etat pour que soient annulées deux autorisations d’insecticides à base de cyperméthrine, une substance létale pour les abeilles et très toxique pour les espèces aquatiques. Il s’agit aussi d’un perturbateur endocrinien pour l’être humain qui réduit les niveaux d’hormones stéroïdiennes et cause des dommages à la reproduction. Identifiée en 2021 comme très toxique par l’Union européenne, la cyperméthrine, en tant que pesticide dit « candidats à la substitution », ne peut être autorisée qu’en l’absence d’alternatives plus sûres. Or, les autorités belges n’ont ni évalué les possibilités de substitution ni démontré que des alternatives (chimiques ou non chimiques) n’existent pas ou ne sont pas adaptées. En Belgique, la cyperméthrine est notamment autorisée en pomme de terre contre le doryphore et contre le criocère des céréales. Pour Nature & Progrès, PAN Europe et Bond Beter Leefmilieu ces autorisations sont illégales et doivent donc retirées.

La Wallonie doit garantir des conditions d’utilisation des pesticides à même de protéger sa population

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Le Bio inscrit son histoire dans le refus d’une agriculture chimique. En Belgique, les producteurs et consommateurs de Nature & Progrès ont été partie prenante de cette évolution. Animés par un idéal commun, ils ont alerté contre les dangers d’une agriculture chimique, fait connaitre et progresser l’agriculture biologique. Mais malgré le développement du Bio, les dérives de pesticides de synthèse s’accumulent dans l’environnement et contaminent l’air, les sols et les lieux de vie.

Si l’industrie de la chimie fabrique des produits de plus en plus toxiques (quelques dizaines de grammes à l’hectare pouvant suffire à éradiquer insectes et adventices), elle a jusque-là lamentablement échoué à innover pour contenir la migration de pesticides à risque hors des lieux de traitement.

En Belgique, l’irresponsabilité de l’industrie face aux dérives de leurs produits se combine à une administration permissive vis-à-vis des pesticides liés à des nombreuses maladies chroniques comme les cancers, ainsi qu’à des effets sur le système immunitaire, le développement cérébral, la thyroïde et les maladies neurodégénératives.

Des mesures anti-dérives qui ne protègent pas la population

L’exposition environnementale (non alimentaire) de la population wallonne aux pesticides a été analysée entre 2016 et 2018 (Propulppp et Expopesten). Les résultats de ces études ont confirmé la présence de pesticides à usage agricole dans les lieux de vie des wallons (cours d’écoles, salles de classe, jardins privés et habitations). Les enfants vivant dans des zones d’expositions sont contaminés par des insecticides perturbateurs endocriniens pouvant induire des problèmes de développement cérébral, autisme, obésité, diabète et cancers.

La campagne de biosurveillance wallonne menée en 2021 a révélé que plus de 90% des adultes et adolescents participants était contaminé par un produit de dégradation (métabolite) d’insecticides neurotoxiques susceptibles notamment d’altérer le développement cérébral du fœtus et d’affecter les apprentissages et le comportement ultérieur des enfants. Le glyphosate, interdit d’usage dans la sphère privée depuis juin 2017 (toujours utilisé par Infrabel pour désherber les chemins de fer), a été retrouvé dans un quart des échantillons. D’autres pesticides, bien qu’interdits depuis plusieurs décennies, ont également été détectés chez 20% des participants.

Comment en finir avec la dérive de pesticides hors des zones de traitement ?

Nature & Progrès s’investit pour mettre un terme à la contamination de nos paysages et de nos lieux de vie. Une cause partagée par d’autres organisations de protection de l’environnement comme nos partenaires wallons et européens : Canopea (ex IEW) et Pesticide Action Network Europe (PAN Europe). Ensemble, nous agissons sur deux plans :
– auprès des autorités fédérales pour les conditions d’autorisation des pesticides les plus nocifs
– auprès des autorités wallonnes pour les conditions d’utilisation de ces pesticides

Au fédéral, Nature & Progrès dénonce les conditions d’autorisations de pesticides nocifs pour la santé et l’environnement

Nature & Progrès intervient régulièrement pour dénoncer les autorisations abusives des pesticides les plus dangereux pour l’environnement et la santé et pour lesquels aucune mesure de réduction du risque n’est compatible avec les pratiques agricoles. C’est le cas du sulfoxaflor, un insecticide très toxique pour les abeilles, dont l’autorisation a été conditionnée à la gestion des plantes adventices visitées par les abeilles. Mais est-il réaliste d’attendre des agriculteurs qu’ils contrôlent la floraison des plantes adventices avant chaque pulvérisation ?

Avec PAN Europe, nous avons intenté trois actions en justice pour nous opposer aux dérogations d’insecticides interdits : les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Celles-ci sont toujours en cours et ont été portées devant la Cour de justice de l’Union européenne.

Au niveau wallon, Nature & Progrès déplore une ambition de mise en œuvre très insuffisante

Bien que les grandes lignes encadrant l’utilisation des pesticides aient été définies dès 2018, Nature & Progrès déplore une ambition de mise en œuvre largement insuffisante :

  • les pulvérisations de pesticides sont interdites lorsque la vitesse du vent est supérieure à 20 km/heure alors que même les fabricants de pesticides les déconseillent au-delà de 18 km/heure
  • de même, la pulvérisation est interdite autour des lieux fréquentés par les publics sensibles mais rien n’est prévu pour les lieux d’habitation : un enfant est donc plus protégé dans une cour de récréation que dans son jardin ! De plus, les dit lieux n’ont pas encore été définis !

Conscients des manquements liés aux conditions d’utilisation des pesticides en Wallonie, nous avons contacté, dès son entrée en fonction, la Ministre wallonne de l’Environnement pour qu’elle organise la révision de cet Arrêté. A minima, nous souhaitons que soient précisées les conditions d’utilisation des pesticides et une interdiction de leur usage près des lieux d’habitation et de fréquentation par les publics sensibles.

Inquiets par la lente avancée de ce dossier et par le risque que cette révision ne soit plus possible sous cette législature, nous avons contacté la Ministre pour l’informer de l’urgence de continuer le travail entamé par ses prédécesseurs afin de rendre effectif l’Arrêté d’utilisation des pesticides et d’enfin garantir une gestion des conditions d’utilisation des pesticides.

Nature & Progrès s’interroge sur les modalités de contrôle des mesures anti-dérives en région wallonne

Le contrôle du respect de la mise en œuvre des conditions d’utilisation est également de la responsabilité de la ministre de l’Environnement de la Région wallonne.

Nature & Progrès a donc récemment adressé un courrier à la Ministre, lui demandant des précisions sur :

  • les modalités du contrôle de l’utilisation des pesticides
  • la manière dont ces mesures de prévention sont mises en œuvre par les utilisateurs de pesticides, notamment les mesures anti-dérives et le respect des distances de traitement
  • la mise en œuvre de conditions de protection des zones refuges pour l’entomofaune (haie, surface semée de plantes mellifères) en bordure de parcelles traitées
  • les résultats des contrôles effectués auprès des utilisateurs de pesticides durant les deux dernières années
  • la mise en place de mesures concrètes de protection de l’environnement et de la biodiversité

Il est également temps de responsabiliser les firmes fabricants les pesticides quant à la dispersion de leurs produits dans l’environnement : si la dérive d’un pesticide ne peut être contrôlée, ce pesticide ne devrait tout simplement pas être autorisé.

Une agriculture sans glyphosate : le quotidien des agriculteurs bio

Culture BIO mélange trèfle blanc-dactyle-luzerne (alternatives au glyphosate)

© Nature & Progrès, mélange trèfle blanc-dactyle-luzerne (alternatives au glyphosate)

En 2017, Nature & Progrès lance la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides ». Elle vise à réunir les agriculteurs.trices, les citoyen.nes et les expert.e.s qui partagent la conviction qu’une agriculture sans pesticides chimiques est possible. Les rencontres en ferme organisées par l’association offrent un espace d’échange et de partage de connaissances autour des techniques alternatives à mettre en place pour se passer, entre autres, d’herbicides chimiques de synthèse comme le glyphosate.

Avec plus de 400 tonnes pulvérisées en Belgique en 2020, le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le pays et aussi dans le monde (l’utilisation massive de variétés génétiquement modifiées pour résister au glyphosate n’y est pas pour rien). Pourtant, de nombreuses études montrent la nocivité de cette substance pour l’être humain et pour l’environnement. En plus des risques pour la santé (l’herbicide est classé cancérogène probable depuis 2015 au niveau de l’OMS), les concentrations de glyphosate dans l’environnement endommagent la vie du sol (microbiote, vers de terre), les écosystèmes aquatiques, les abeilles et les animaux d’élevage.

Si Nature & Progrès plaide tant pour une Wallonie délivrée des pesticides, c’est parce que l’agriculture sans pesticides fonctionne : les agriculteurs Bio le prouvent au quotidien. Alors, à quand la sortie définitive du glyphosate en Belgique au profit de méthodes alternatives non chimiques pour lutter contre l’apparition de « mauvaises herbes » de plus en plus résistantes aux herbicides ?

Les « mauvaises herbes », la préoccupation principale des agriculteurs

Une mauvaise herbe, ou adventice, est une plante indésirable envahissant les cultures et les prairies. Elle concurrence les plantes cultivées et cause un préjudice économique à l’agriculteur qui s’emploie à les détruire. La gestion des « mauvaises herbes » sans herbicide est la préoccupation principale des agriculteurs qui envisagent une transition vers le Bio. En effet, le passage d’un système conventionnel – où toute repousse de « mauvaises herbes » est systématiquement éliminée par un traitement herbicide – à un système où le seuil de tolérance aux adventices est plus élevé peut faire peur.

Si dans les prairies, les grandes cultures (céréales, colza) ou l’arboriculture fruitière, la présence d’adventices peut être bénéfique (augmentation de la biodiversité, support pour le développement de la faune auxiliaire, etc.), la rigueur est de mise en maraichage ou dans la production de semences lorsque les récoltes et la transformation sont mécanisées. Dans ce cas, la « propreté » de la parcelle doit être maximale pour éviter des soucis lors de la récolte et de contamination de la production.

Pourquoi les agriculteurs conventionnels utilisent-ils du glyphosate ?

Le glyphosate est un herbicide total qui agit « efficacement » sur les adventices vivaces comme le chiendent, le chardon ou le rumex. Il est absorbé par les feuilles et véhiculé jusque dans les racines qu’il tue.

Les agriculteurs bio, en revanche, se passent du glyphosate. Ils s’appuient sur toute une série de pratiques agricoles pour gérer ces indésirables et éviter leur dispersion et multiplication : rotations longues, couverts végétaux, nettoyage du matériel agricole, fauchage avant floraison, cultures intercalaires ou intercultures, travail mécanique, pâturage, bonne gestion de la fertilisation, etc.

Concrètement, quelles sont les alternatives ?

En prairie

Une prairie correctement pâturée ou entretenue (hersage, ébousage, fauche, fertilisation, sursemis, etc.) ne laisse pas de place aux plantes indésirables et n’a donc pas besoin d’être renouvelée ! Si toutefois la prairie doit être renouvelée car trop envahie de mauvaises herbes, des moyens mécaniques existent comme le labour.

En cultures (après moisson)

Un travail mécanique du sol directement après la moisson avec un déchaumeur à dents permet aux chaumes hautement carbonés de se décomposer. Ensuite un couvert (interculture) pour combler les vides sera appliqué. Les cultures de seigle, d’avoine, de chanvre, ou de mélange de céréales couvriront suffisamment le sol pour étouffer les potentielles adventices. Dans le jargon, on les appelle des « espèces concurrentielles » parce qu’elles accaparent les ressources (lumière, azote, eau) dont les adventices ont également besoin pour se développer.

Après la récolte, les semis de radis chinois, de phacélie, de trèfle d’Alexandrie Tabor, de moutarde brune permettent de réduire la croissance des adventices. Ces espèces offrent une bonne couverture végétale (foliaire) pendant la période entre deux cultures (l’interculture). Les germes d’adventices resteront dans l’ombre et n’auront par conséquent pas assez de lumière pour se développer. En cas d’envahissement important, le sarrasin au printemps puis de l’avoine ou de la moutarde permettent d’inhiber la germination de certaines mauvaises herbes.

En cultures (pour détruire une culture précédente avant de semer)

Un travail mécanique du sol sera réalisé. Plusieurs machines sont possibles :

  • Déchaumeurs : entre deux cultures, les interventions de déchaumage sont assez efficaces sur le rumex. Les outils à dents recourbées permettent d’extirper les rhizomes de chiendent, relativement peu profonds, et de les faire sécher en surface. Ces méthodes ne sont cependant pas efficaces sur le chardon ou le liseron. Sur chiendent et rumex, elles peuvent s’avérer satisfaisantes uniquement si la parcelle n’est pas trop infestée.
  • Vibroculteur : travail superficiel du sol avec des dents vibrantes,
  • Herse: engin permettant un travail superficiel du sol. Des griffes grattent le sol et permettent d’éliminer les plantules de mauvaises herbes.
  • Cultivateur : outil qui permet d’ameublir le sol.
  • Charrue : travail profond du sol (seulement si fortement envahi).

Le faux semis est une méthode consistant à préparer le sol afin de stimuler la germination des semences de mauvaises herbes en dormance. Les plantules d’adventices sont éliminées de façon mécanique avant que celles-ci se reproduisent et se dispersent dans le sol.

Les rotations longues, c’est-à-dire l’alternance de différentes cultures sur une même parcelle pendant plusieurs années, sont des pratiques courantes en Bio. En plus de limiter la pression des adventices, les rotations permettent d’améliorer la structure du sol et d’enrichir sa fertilité. L’implantation de prairies temporaires pluriannuelles dans la rotation, en particulier de luzerne, et des fauches répétées épuisent les réserves souterraines des vivaces et permettent d’éradiquer efficacement ces adventices, en particulier les chardons.

En cultures, pour détruire des couverts végétaux
  • Roulage faca : permet un premier hachage du couvert
  • Le broyage : hachage du couvert végétal favorisant la minéralisation
  • Mulchage avec un travail superficiel du sol en utilisant un déchaumeur scalpant efficacement la surface du sol
  • Le labour
  • Les espèces gelives : utilisation de plantes sensibles au gel (exemple : moutarde) qui ne nécessitent pas un traitement chimique pour être détruites (détruit par le gel)
  • Le roulage classique (cambridge, crosskil,…) favorise la sensibilité des espèces au gel
En cultures (avant émergence de la nouvelle culture)

Le travail mécanique par des outils de précision est la meilleure alternative qui permettra d’éviter l’application du glyphosate sur un sol nu.

Le faux semis : méthode efficace consistant à préparer le sol afin de stimuler la germination des semences de mauvaises herbes en dormance. Les plantules de mauvaises herbes sont éliminées de façon mécanique avant que celles-ci ne se reproduisent et se dispersent dans le sol.

En cultures (localement entre les lignes des cultures)

Les cultures intercalaires : les vides entre les lignes de cultures sont comblés par une autre culture ne laissant pas de place aux plantes indésirables. La plantation, par exemple, de trèfles blancs entre les rangées de maïs est une bonne association qui permet aux mauvaises herbes de ne pas pousser et au sol d’être dans une condition idéale de fertilité.

Le désherbage mécanique avec des outils de précision éliminant les plantes indésirables entre les lignes de culture est une autre option.

Sources : certaines des explications techniques ont été recueillies auprès de Patrick Silvestre, conseiller technique en grandes cultures chez Biowallonie asbl. D’autres proviennent des propos recueillis auprès des producteurs accueillants lors des rencontres en fermes bio. D’autres informations techniques proviennent du dossier « La maîtrise des adventices : comment fait-on en bio ? », Patrick Silvestre, Itinéraire BIO 40 – mai/juin 2018.

L’Europe prolonge l’autorisation du glyphosate avec l’appui de la Belgique

Malgré les alternatives au glyphosate, la Belgique soutient son autorisation jusqu’à fin 2023. L’Europe va donc prolonger l’autorisation du glyphosate d’un an avec l’appui de la Belgique. Le fédéral a en effet approuvé la décision de prolongation de la Commission européenne malgré le malaise autour de cet herbicide et en dépit de l’avis scientifique du Conseil supérieur de la santé qui recommandait en 2020 de ne pas attendre l’expiration de l’autorisation en cours pour mettre fin à l’utilisation du glyphosate.

En 2017, en plein « Monsanto papers », le Ministre belge de l’Agriculture avait voté contre son renouvellement pour 5 ans. Il avait justifié sa position par la nécessité d’entamer une transition vers une agriculture sans glyphosate. Cette période transitoire arrivant aujourd’hui à échéance, la Belgique aurait dû s’opposer à la prolongation du glyphosate.

Nature & Progrès demande l’interdiction du glyphosate

Nature & Progrès demande aux membres du gouvernement de tenir leurs engagements, conformément à l’accord de gouvernement, et d’adopter une position cohérente et ambitieuse en soutenant activement l’interdiction du glyphosate en Belgique et dans le reste de l’Europe, et la promotion des alternatives non chimiques auprès des agriculteurs.

1.901

producteurs BIO en Wallonie (chiffre qui a doublé ces 10 dernières années)

+ 1 ha

agricole sur 8 est maintenant bio
(représentant 12 % de la SAU)

15 %

de fermes sont sous contrôle bio en Wallonie,
soit une ferme sur sept

Ecoutez Bernard Brouckaert de la Ferme bio de Moranfayt, producteur Nature & Progrès qui se passe du glyphosate depuis toujours !

« Chers citoyens, allez à la rencontre des agriculteurs de votre région et conscientisez-les ! Chers agriculteurs, bannissez ces produits et répondez à la demande des citoyens ! C’est tout bon pour notre santé et pour notre environnement.« 

Stop au glyphosate : choisissons les alternatives pour notre santé et celle de la terre

glyphosate

© Adobe Stock, tous droits réservés (glyphosate)

Le 14 octobre 2022, la Belgique a participé aux discussions européennes sur la prolongation de l’autorisation du glyphosate pour une année supplémentaire. Faute de la majorité nécessaire, la décision a été reportée. Mais l’on sait que la Belgique a voté pour la prolongation, ce qui choque Nature & Progrès ! Un second vote a lieu ce mardi 15 novembre. La Belgique restera-t-elle sur sa position sachant que le glyphosate a été classé comme « cancérigène probable » par l’Organisation mondiale de la Santé ? Faut-il d’autres preuves ? De nombreuses études récentes prouvent la toxicité de ce poison.

En juin 2022, un rapport de l’Health and Environment Alliance (HEAL) a révélé que l’évaluation de l’UE sur le glyphosate rejetait toute preuve scientifique liant ce pesticide au cancer. Des études fournies par l’industrie des pesticides elle-même soutiennent clairement une classification du glyphosate comme « cancérogène probable ». Mais malgré toutes les preuves scientifiques, les autorités de l’UE n’ont jusqu’à présent pas réussi à classer le pesticide de synthèse le plus utilisé au monde.

La situation en Belgique

En 2017, au moment du renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour une période de 5 ans, notre ancien Ministre fédéral de l’Agriculture Denis Ducarme avait voté « contre » et plaidé pour un « phasing out ». Il avait justifié sa décision par le fait que ce temps allait être mis à profit dans le développement des alternatives. Cette période arrivant aujourd’hui à échéance, il est normal que la Belgique s’oppose à la prolongation de l’autorisation du Glyphosate.

Le vote de cette semaine concerne la prolongation de l’autorisation actuelle pour un an dans l’attente d’une décision sur sa ré-autorisation dépendante des résultats de l’évaluation scientifique toujours en cours. Prolonger l’autorisation du glyphosate jusqu’à fin 2023 serait une très mauvaise nouvelle pour la nature et la santé.

Le Ministre fédéral de l’Agriculture David Clarinval ne peut décider seul du sort du glyphosate en Belgique. Interrogé après le premier vote par des députées de la Chambre, le Ministre avait annoncé avoir respecté le protocole entre lui et le Ministre fédéral de la Santé. Nature & Progrès avait alors adressé des courriers aux autres Ministres compétents au niveau fédéral et wallon pour les informer de la prise de position du Ministre sans concertation préalable.

Le Glyphosate est déjà interdit pour usage personnel

Marc Fichers, secrétaire général de Nature & Progrès : « Preuves scientifiques et alternatives sont déjà disponibles pour interdire cet herbicide. Monsieur le Ministre David Clarinval, où en est la Belgique dans l’élimination progressive du glyphosate en agriculture promise en 2017 ? ».

En plus des risques pour la santé, les concentrations de glyphosate dans l’environnement endommagent les écosystèmes aquatiques, le microbiote du sol, les vers de terre et même les abeilles. A quand la sortie définitive du glyphosate en Belgique ? Pour rappel, il est déjà interdit pour les particuliers. Son usage est limité aux professionnels.

Les alternatives existent et fonctionnent !

Si Nature & Progrès plaide tant pour une Wallonie délivrée des pesticides, c’est parce que les alternatives existent. Les agriculteurs bio le prouvent au quotidien !

En Bio, la lutte non chimique, sans glyphosate ou autre herbicide, contre les plantes indésirables repose sur différentes méthodes préventives et communes à tout type de culture. Leur combinaison permet d’optimiser la résilience des cultures face aux adventices pour éviter le recours au désherbage, qu’il soit mécanique ou chimique. Les gestion des « mauvaises herbes » est l’une des préoccupations principales des agriculteurs en Bio même si le seuil de tolérance aux adventices est plus élevé qu’en agriculture conventionnelle. Un certain niveau de présence d’adventices peut même être bénéfique (augmentation de la biodiversité, support pour le développement de la faune auxiliaire, etc).

Nature & Progrès demande au gouvernement fédéral de tenir ses engagements, conformément à l’accord de gouvernement, et d’adopter une position cohérente et ambitieuse en soutenant activement l’interdiction du glyphosate en Belgique et dans le reste de l’Europe.

Déréglementation des nouveaux OGM agricoles : Science ou Business ?

Nouveaux OGM

Nouveaux OGM © Adobe Stock, tous droits réservés

Un nombre important de scientifiques européens actifs dans la recherche en biotechnologie font activement pression pour déréglementer les nouvelles techniques d’édition des gènes. Alors que, dans le même temps, ils ont des intérêts directs ou indirects et non divulgués dans la commercialisation de plantes dérivées de ces techniques via des brevets, des demandes de brevets ou des liens avec les multinationales monopolistiques.

Ces multinationales à présent de plus en plus fusionnées entre elles sont au nombre de 3 : Corteva, Chemchina et Bayer-Monsanto. Elles commercialisent, sous brevets, à la fois pesticides, OGM et semences. Ces conflits d’intérêts sont répertoriés dans un nouveau rapport réalisé par GeneWatch et Corporate Europe Observatory (CEO). Il est publié par le groupe des Verts/ALE du Parlement européen et intitulé : « Behind the smokescreen. Les intérêts particuliers des scientifiques de l’UE qui font pression pour la déréglementation des OGM ».

Les lobbys des biotechnologies tentent de déréglementer les nouveaux OGM

La Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a, par son arrêt du 25 juillet 2018, déclaré que tous les produits dérivés des nouvelles techniques de manipulations d’OGM, telle CRISPR la plus utilisée, sont des OGM à part entière et doivent être réglementés comme tels. Depuis lors, une campagne de lobbying encore plus intense de l’industrie biotechnologique et agrochimique a visé les réglementations européennes existantes relatives aux OGM pour en déréglementer les « nouveaux OGM » fabriqués à partir de certaines nouvelles techniques.

L’objectif du lobby est de persuader les décideurs politiques européens d’autoriser la commercialisation de plantes et d’animaux, nouveaux OGM, pratiquement sans analyse de risques pour la santé et l’Environnement, sans obligations de traçabilité, d’étiquetage pour les agriculteurs et les consommateurs ni de monitoring. Ceci afin de faciliter leur mise sur le marché et d’engranger davantage encore de profits.

Les organisations investiguées

Ont été répertoriés les conflits d’intérêts des scientifiques affiliés à l’organisation européenne des sciences végétales (EPSO), au réseau européen pour une agriculture durable par l’édition du génome (EU-SAGE) financé, entre autres, par la Fondation Bill et Melinda Gates et de la Fédération européenne des académies des sciences et des humanités (ALLEA). Ces associations se présentent pourtant comme parfaitement indépendantes.
Seule l’information du domaine public fut utilisée dans ce rapport, y compris celle obtenue via des demandes d’accès aux documents soumises par CEO et qui ont par la suite été rendus publics. Toutefois, certains conflits d’intérêts, par la nature confidentielle de certains contrats de recherche, pourraient ne pas avoir été pris en compte.

Le nouveau rapport « Smokescreen » déclare que :

  • 64 % des membres du groupe de travail de l’EPSO sur les technologies agricoles et 32 % des membres d’EU-SAGE ont un intérêt direct dans la commercialisation des plantes génétiquement modifiées. Cela signifie des avantages financiers ou un développement de carrière, soit personnellement, soit par l’intermédiaire de leurs organisations. Ils font pression pour la déréglementation des technologies génétiquement modifiées mais leurs intérêts directs ne sont pas toujours clairs pour les décideurs.
  • 38 % des membres du groupe de travail EPSO sur les technologies agricoles et 23 % des membres du réseau EU-SAGE détiennent un ou plusieurs brevets ou demandes de brevets liés à des procédés ou produits génétiquement modifiés.
  • 53 % des membres du groupe de travail EPSO et 15 % des membres du réseau EU-SAGE ont participé à un ou plusieurs projets de recherche avec l’industrie. Nombreux sont les scientifiques impliqués dans une entreprise de semences ou de biotechnologie, en occupant un poste ou en détenant des actions dans ces entreprises.
  • Certaines institutions publiques, telles le Vlaamse Instituut voor Biotechnologie (VIB), ont des liens étroits avec l’un ou plusieurs de ces groupes de pression dans lesquels ils sont très actifs. Le VIB travaille avec les entreprises de la biotechnologie agricole dans le cadre de projets commerciaux visant à « traduire les résultats de la recherche en produits ». Bayer Bioscience, Bayer Crop Science et Crop Design sont représentés à son assemblée générale.

La seule Vraie Science

Au-delà de ces conflits d’intérêts se pose aussi la question de l’accaparement de l’autorité savante dans l’espace public. « Parmi les membres du groupe de travail ad hoc de l’EPSO, 98 % ont une formation en génétique et biologie moléculaire, et c’est le cas pour 83 % des membres du réseau EU-SAGE », lit-on dans le rapport. Il n’est de plus pas évident que les domaines d’expertise pertinents pour évaluer les effets potentiellement négatifs des applications agricoles des nouvelles technologies OGM, en écologie, agroécologie, agroéconomie, toxicologie et santé publique, soient représentés dans ces organisations. Il est donc abusif pour ces organisations et ces chercheurs, conclut Nina Holland de CEO, « de prétendre représenter “la science” ou de se poser en avocat d’une “politique basée sur la science” »

Appel des politiques à la vigilance

A la suite de ce lobby intense, la Commission a annoncé via son Programme de travail 2003, la publication pour le second trimestre 2023 d’une nouvelle réglementation pour certains nouveaux OGM produits par certaines nouvelles technologies. Ceux-ci seraient alors soustraits aux conditions d’autorisation trop contraignantes de la Directive actuelle 2001/18/CE pour les multinationales.
Les révélations du rapport « Smokescreen » montrent que les décideurs politiques doivent être très critiques à l’égard des affirmations de ces groupes de pression qui proclament, mais de façon non étayée par les faits ni par de nombreuses publications de scientifiques indépendants, les avantages et la sécurité des nouveaux OGM.

Les révélations du rapport « Smokescreen » montrent que les décideurs politiques doivent être très critiques à l’égard des affirmations de ces groupes de pression qui proclament, mais de façon non étayée par les faits ni par de nombreuses publications de scientifiques indépendants, les avantages et la sécurité des nouveaux OGM.

Selon l’industrie, les nouveaux OGM favoriseraient la lutte contre les changements climatiques, la réduction de l’utilisation des pesticides en conformité avec les objectifs du « Pacte Vert » de la Commission et l’instauration d’une agriculture durable. Leur technologie serait tout à fait maitrisée et leurs risques non supérieurs à ceux des plantes produites par la sélection conventionnelle ou par les mutations aléatoires dans la nature. Pourtant, il est montré que la déréglementation de ces nouvelles techniques aurait de graves conséquences socio-économiques, ainsi que des impacts potentiellement graves sur la santé, l’environnement et la résilience de l’agriculture .

Par Nature & Progrès, Canopea, Velt et RMRM

 

À la rencontre de l’entreprise citoyenne

Article paru dans la revue Valériane n°158
Propos recueillis par Dominique Parizel et Benoit Lespagnard

 

Les trois entreprises que nous vous présentons aujourd’hui sont des partenaires de Nature & Progrès depuis un bon moment déjà. Elles appuient et inspirent concrètement notre action, et nous les en remercions. Nous avons donc cherché, en conversant avec quelques-uns de leurs dirigeants, à nous forger une image plus juste de leur responsabilité sociétale et environnementale. Au-delà du cliché «entrepreneurial» – qui rime un peu trop fort avec «seigneurial» -, nous avons voulu questionner et observer en quoi ces communautés, plus ou moins étendues, d’individus évoluent par la force des circonstances et se transforment à présent en véritables entreprises citoyennes.

Qu’entendons-nous par-là ? Le fait évident, tout simplement, que l’entreprise, au même titre que chacun d’entre nous, joue un rôle déterminant face aux diverses crises que nous affrontons, qu’elle est un acteur important de la transition écologique. Mais comment cela se traduit-il pour elle, au jour le jour, voilà ce que nous avons tenté d’apercevoir… Plus encore que les séries d’actes, à caractère souvent symbolique, posés au nom de ces différentes «maisons», de ces différentes marques, nous sont apparus de nouveaux modes d’organisation qui, dans un souci primordial de bien-être au travail, régissent aujourd’hui leur obligation d’efficience. Car le monde de l’entreprise, nul ne peut l’ignorer, est avant tout soumis aux réalités implacables de l’économie.

Pourtant, leur «capital humain» – plus que leur capital tout court – apparaît désormais comme leur meilleur atout pour traverser les tempêtes annoncées. Les «patrons» que nous allons vous présenter le savent mieux qui quiconque et c’est donc sur lui qu’ils investissent aujourd’hui, avec une bienveillance qui pourra surprendre. Plus les nouvelles générations y pénètrent, plus les entreprises sont scrutées quant à la réalité de leurs valeurs et de leurs engagements. Au premier rang desquels figurent évidemment le climat et l’environnement. Mais pas seulement : les questions de gouvernance et les questions de genre sont là également, avec force, au tout premier plan… Le rapport de l’entreprise à sa propre autonomie et à ses propres limites sont également des notions qui semblent de plus en plus incontournables. Alors ? L’entreprise de demain sera-t-elle écologique et citoyenne ? Parions qu’elle le sera.

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Lacto-fermentation : comment réaliser sa propre choucroute ?

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La lacto-fermentation, cest une technique de conservation des aliments très appréciée pour deux raisons. D’un côté, elle donne un petit goût original aux aliments. De l’autre, les aliments lactofermentés sont connus pour leurs propriétés nutritives et digestives.

Quelle est la période idéale pour lactofermenter ses légumes ?

Le début de l’automne est l’occasion parfaite pour récolter les derniers légumes de son potager et se préparer un stock de vitamines pour l’hiver. Et si vous n’avez pas de potager, sachez qu’il est toujours plus intéressant d’acheter ses légumes chez le producteur au moment de la récolte et de les fermenter, plutôt que de se les procurer en hiver.

Comment procéder ?

Au niveau du matériel, il vous suffit de vous munir de quelques bocaux en verre. Il vous faudra également du sel : environ 30 grammes pour un 1 KG de légumes.

Tout d’abord, coupez vos légumes finement. Ensuite, placez-les dans un récipient avec de l’eau et le sel. Une fois que vous aurez bien malaxez le tout, il faut laisser fermenter la préparation durant quelques jours. Une fois cette étape achevée, il vous suffit de fermer correctement votre bocal.

Le plus important pour une lacto-fermentation réussie, c’est de veiller à la température de conservation. Il s’agit de laisser vos bocaux 1 semaine à 20°C, et ensuite 1 mois à moins de 18°C.

Quel légume choisir pour une première expérience ?

Nous vous conseillons de commencer par le chou blanc pour réaliser la traditionnelle choucroute appréciée de tous. Pourquoi ? Car ce légume est riche en vitamine C et particulièrement digeste. Pour un plat savoureux, nous vous conseillons la variété de chou appelée le QUINTAL, et BIO c’est encore mieux ! 

Envie d’en savoir plus ? Participez à nos ateliers Nature & Progrès

Si le sujet vous intéresse, Nature & Progrès organise fréquemment des ateliers sur la lacto-fermentation. Retrouvez toutes les dates et informations pratiques sur notre agenda en ligne.

Nous vous invitons également à parcourir le livre « Garder les fruits et légumes » aux Editions Nature & Progrès. Il vous explique de manière simple et précise comment réaliser vos lacto-fermentations à la perfection !

Marche à suivre pour réaliser sa propre choucroute

De toutes les méthodes de conservation des aliments, la lacto-fermentation est la plus économique et la plus écologique car non consommatrice d’énergie. La choucroute, facile à réussir, est un aliment très digeste, sain et particulièrement bénéfique pour la santé.

La conservation idéale

La lacto-fermentation améliore la qualité des aliments alors que toutes les autres techniques de conservation ne peuvent empêcher une altération inexorable de ceux-ci avec le temps. Pendant la fermentation, les micro-organismes transforment les sucres en acide lactique. Cette acidification empêche le développement des germes responsables de la putréfaction, ce qui assurera la conservation. Mais ces micro-organismes ont d’autres effets bienfaisants. Ils détruisent les nitrates présents dans les légumes lors de la récolte. Ils améliorent la digestibilité des aliments : il est indéniable que le chou lacto-fermenté est bien plus digeste que le chou non fermenté. Il en va également de même pour bien des légumes de la famille des légumineuses ainsi que pour les céréales. Enfin, et ce n’est pas le moindre avantage, ce processus de fermentation participe à l’augmentation des vitamines présentes dans le chou. Ainsi, la choucroute contient plus de vitamine C que le chou avec lequel elle est fabriquée. Elle possède même, à l’issue de la fermentation, plus de vitamine C que bien des fruits. Lors de la fermentation de la plupart des légumes, les micro-organismes synthétisent également de nombreuses vitamines du groupe B et, entres autres, la vitamine B 12.

Les règles indispensables pour réussir

La propreté du matériel : pots, pierres, bocaux et ustensiles doivent être soigneusement nettoyés avant l’utilisation avec de l’eau bouillante.

Le matériel

Les pots à joint d’eau, dit « hydrauliques », sont les seuls fiables et ne demandent pas une surveillance constante. L’eau à renouveler dans le joint est le seul entretien nécessaire pendant les longs mois de conservation. L’avantage de ces pots, par rapport aux pots sans joint, se situe dans le fait que le gaz carbonique, qui se forme pendant la fermentation, reste à l’intérieur du pot et, étant plus lourd que l’air, élimine peu à peu l’oxygène. L’absence d’oxygène empêche les levures de se développer. Le bruit ‘blub’ est provoqué par l’air puis par le gaz carbonique qui s’échappent du pot. Il intervient dans les heures qui suivent la mise en pot du chou et indique que la fermentation est commencée. La curiosité, l’envie de soulever le couvercle “ pour voir ” est déconseillée car elle aura le désavantage d’amener de l’air dans le pot. Une première ouverture ne se fera qu’après la fin de la première phase de fermentation afin de vérifier que les pierres restent bien couvertes de jus.

Le nettoyage des choux

Les choux doivent être propres. Cependant, les feuilles indemnes de souillures ne seront pas lavées car elles sont recouvertes des micro-organismes indispensables au démarrage de la fermentation. Voici donc une raison importante pour lacto-fermenter les choux issus du jardinage ou du maraîchage biologiques.

La préparation des choux

Les feuilles de choux sont coupées en lamelles et les trognons sont éventuellement râpés mais plus finement. Cela favorise le contact avec le sel et les épices et permet une meilleure extraction du jus qui contient le sucre. Celui-ci se transformera en acide lactique.

La préparation du chou râpé

Une bonne extraction du jus du chou grâce à l’action du sel constitue un facteur essentiel de réussite de la choucroute. La pratique nous amène à mélanger préalablement l’ensemble du chou râpé avec l’ensemble du sel et des épices. Le tout est disposé dans une grande bassine en plastique et pesé afin d’ajouter le sel et les épices nécessaires (voir § suivants). L’ensemble est brassé afin d’être bien homogénéisé. On laisse agir le sel sur le chou pendant dix à quinze minutes et on commence un léger tassement afin de bien mettre en contact le sel et le chou et faciliter ainsi l’extraction du jus. Ensuite, on laisse reposer ½ heure avant la mise en pot.

Le sel

Des raisons diététiques font souvent poser la question de l’utilité du sel. Le chou est le seul légume supportant la lacto-fermentation sans sel mais cela demande alors une maîtrise parfaite ; la moindre petite entorse aux règles prescrites fera échouer la fermentation. Il est donc vivement conseillé d’ajouter du sel. Les quantités nécessaires varient entre 5 et 8 grammes de sel par kilo de chou si l’on veut déguster sa choucroute sans la rincer et si l’on désire boire le jus sans grimace.

Le sel va inactiver les enzymes et empêcher la décomposition du chou. Il protège les protéines de la destruction jusqu’à ce que l’acide lactique prenne le relais dans cette protection. Il intervient également dans la formation des arômes. Une insuffisance de sel pourrait permettre aux levures de se développer et conduire ainsi vers une fermentation alcoolique et vers la pourriture. Fabriquer sa choucroute sans apports de sel est possible mais demande une très grande maîtrise des techniques de lacto-fermentation.

Les épices et les plantes aromatiques

Elles donnent arômes et saveurs à la choucroute. Les nombreuses substances actives présentes dans les épices ont, en outre, le pouvoir d’empêcher la pourriture du chou pendant les premiers jours de fermentation. De ce point de vue, les épices les plus efficaces sont l’ail, les baies de genévrier, les clous de girofle, le piment et le poivre. Aromates et épices sont aussi souvent ajoutés afin de faciliter la digestion. Ainsi, les baies de genévrier et le cumin pour la choucroute ou la sarriette pour les légumineuses.

Le conditionnement des légumes dans le pot

Une fois la ½ heure passée, le mélange de chou râpé, de sel et d’épices est transféré vers le pot par couches successives de 3 ou 4 cm qui sont fortement tassées. Cela permet de libérer une importante quantité de jus qui est normalement suffisante pour couvrir le chou râpé et les pierres de couverture. Le jus présent au fond de la bassine est également ajouté dans le pot. Il arrive cependant, lors des années peu pluvieuses, que les légumes râpés ne libèrent pas assez de jus. Il faut alors ajouter un peu d’eau que l’on a préalablement fait bouillir afin d’éliminer le chlore s’il s’agit de l’eau de distribution. L’eau est ensuite salée (5 à 10 gr. de sel par litre d’eau) et refroidie.

Le vigoureux (très, très vigoureux) tassement du chou dans le pot permet également d’éliminer l’air présent entre les lamelles de chou car il entraînerait la pourriture. La lacto-fermentation est une fermentation anaérobie : elle doit se réaliser sans aucun contact avec l’air.

Tasser, tasser, tasser et encore tasser

Quelques ateliers pratiques de préparation de choucroute nous ont permis de constater l’étonnement des participants lorsque la phase du tassement du chou dans le pot est abordée. Celui-ci doit, en effet, être extrêmement vigoureux et plusieurs fois répété pour chaque couche de chou râpé. Cette pratique permet au sel de bien s’incruster dans la chair du chou. Le sel aide ainsi à l’extraction du jus qui rempli les interstices et permet l’élimination de l’air. Si du jus manque pour recouvrir les pierres qui sont posées sur le dessus de la choucroute, il faut enlever la choucroute du pot et recommencer le tassement en opérant par couches successives. Il faut une année exceptionnellement sèche pour que le chou ne contienne pas assez de jus et qu’un léger apport d’eau soit nécessaire pour couvrir la pierre.

Evitons la présence de petits morceaux de choux flottant en surface 

Des petits flotteurs de chou en contact avec l’air pourrait permettre un début de fermentation aérobie et donc de pourriture. On évite cela en disposant quelques feuilles entières de chou sur la dernière couche de chou tassé. On pratique sur ces feuilles quelques entailles au couteau afin de permettre le passage du gaz carbonique. Les pierres sont ensuite déposées sur le tout afin de maintenir une bonne pression sur la choucroute. 3 ou 4 centimètres de liquide doivent recouvrir les pierres car une fermentation aérobie pourrait également démarrer depuis celles-ci. Les petits flotteurs présents en surface sont retirés à l’aide d’une écumoire. Les parois intérieures du pot ainsi que la gorge sont ensuite nettoyées de toute présence de morceaux de chou ou de jus.

N’oublions pas de remplir régulièrement le joint hydraulique d’eau.

Si la choucroute a été fabriquée lors d’un atelier, il est nécessaire de vérifier à la maison si le jus recouvre toujours les pierres et si des morceaux de choux ne flottent pas à la surface.

 

Le voyage du pot à travers la maison

Trois phases demandant des températures différentes sont nécessaires à l’élaboration de la choucroute.

1ère phase : température entre 20 et 22° C pendant 2 jours, parfois 3 si le démarrage a été lent. La fermentation lactique doit débuter immédiatement après le tassement du chou râpé dans le pot. Il s’agit d’un processus biologique très complexe qui ne devra pas s’arrêter et la température ne pourra pas descendre en dessous de 20°C. Pendant cette phase commence la production de l’acide lactique et des levures qui participeront à la formation des arômes. Le bruit de l’air puis du gaz carbonique qui s’échappent du pot doit s’effectuer dans les deux à quatre heures qui suivent la fin de la préparation du pot. Il indique le début de fermentation et rassure sur la bonne marche du processus de fermentation.

 

2ème phase : température entre 15 et 18° C pendant 15 à 20 jours. A partir de ce moment, la flore microbienne change et l’acidification s’intensifie. L’acide lactique va se former plus rapidement. Le pH va s’approcher de 4 et cette acidité inhibe la flore bactérienne initiale. Tout ce processus exige plus de temps et les températures plus basses mentionnées ci-dessus. A partir de cette étape, veillons à toujours maintenir le niveau d’eau dans le joint du couvercle. Plus on allonge cette 2ème phase, plus l’acidification s’intensifie. Pour les personnes qui désirent une choucroute plus douce, on arrêtera donc la 2ème phase après 10 à 15 jours. Dans ce cas, la choucroute se conservera cependant moins longtemps (milieu moins acide) et devra être consommée dans les 2 à 3 mois qui suivent.

 

3ème phase : stockage du pot à une température idéale comprise entre 1 et 10° C. La fermentation est terminée mais les arômes vont continuer à évoluer. Une température de stockage plus élevée n’est pas nocive mais ne permettra pas une conservation aussi longue. Après une ou deux semaines, la consommation peut commencer.

Si l’on prend attention aux températures idéales renseignées pour les 3 phases de production de la choucroute, on comprendra qu’il ne faut jamais commencer sa choucroute trop tôt dans l’année car des températures trop élevées risqueraient d’induire des fermentations brutales avec débordement de la choucroute hors des pots. Dans nos régions, la période idéale se situe de novembre à décembre.

Enfin, nous dégustons notre choucroute

La première dégustation peut avoir lieu environ deux mois après la mise en œuvre. Après chaque prélèvement, il faut veiller à égaliser tous les légumes dans le jus, replacer délicatement les feuilles de surface, déposer les pierres et tasser à nouveau en exerçant une pression sur les pierres afin d’éliminer l’air. Le jus doit toujours recouvrir les pierres de 3 à 4 centimètres.

En prélevant la choucroute, on prélève également beaucoup de jus et celui-ci pourrait manquer pour recouvrir les pierres alors que de nouveaux apports d’eau salée ne sont plus recommandés. La choucroute prélevée pourra être disposée dans une passoire disposée sur une assiette creuse. On la pressera légèrement afin d’en récolter le jus et celui-ci sera reversé dans le pot.

Retirer ensuite les petits morceaux de choucroute qui flottent en surface et sont donc en contact avec l’air. Les bords intérieurs du pot sont nettoyés à l’aide d’un essuie-tout. Rappelons encore que les pierres ou les morceaux de choucroute en contact avec l’air peuvent permettre le démarrage de moisissures néfastes pour la conservation ainsi que pour le bon goût de la choucroute.

Le jus

Il s’agit d’un aliment de choix qui sera récolté dans un bocal lorsque toute la choucroute sera consommée et conservé au frigo. Il pourra également être stocké afin de démarrer la fermentation de légumes pauvres en sucre. L’ail, si bénéfique à la santé mais qui nous donne une haleine parfois difficile à faire accepter par notre entourage pourra être lacto-fermenté dans le jus de choucroute. Les sulfures d’allyle qu’il contient sont décomposées lors de la fermentation et n’incommoderont plus.

Matériel nécessaire :

Pot à joint d’eau de 5, 10, 15, ou 20 litres*

Essuies de vaisselle

Râpe à choucroute ou mandoline râpant assez fin

Grand couteau pour la découpe en quatre des choux et le nettoyage des trognons.

Grande bassine (qui peut accueillir votre quantité de chou coupé)

Balance pour peser le chou et pour le sel

Pilon (facultatif)

 

Ingrédients 

Variétés de choux recommandées

Il faut choisir des choux cabus blancs à pomme très serrée afin de pouvoir râper les pommes sans les laver afin de préserver les micro-organismes présents sur les feuilles. Le chou doit être bien serré, comme cela il est exempt de terre et ne doit pas être lavé et d’office est plus facile à couper

 

Ingrédients pour un pot de 10 litres :

  • Choux blancs BIO pommés nettoyés: 7 kilos. Il faut pour cela 8 à 9 kilos de choux non nettoyés. Les trognons finement râpés peuvent être incorporés.
  • Epices indispensables:
    • Sel : 5 à 8 grammes de sel par kilo de chou râpé pour un premier essai sans prendre le risque de rater la choucroute. Il est cependant possible de la réussir sans ajout de sel mais le résultat n’est pas garanti !
    • Baies de genévrier: 3 cuillères à soupe.
    • Poivre noir: 2 cuillères à soupe de grains non moulus.
    • Thym: 3 ou 4 branches réparties entre les couches.
    • Laurier: 3 ou 4 feuilles.
  • Epices facultatives:
    • Cumin: 2 cuillères à café.
    • Coriandre : 2 cuillères à café de grains non moulus
    • Cardamome en graine: 1 graine par kilo de choucroute.
    • Clous de girofle à utiliser avec parcimonie : 2 à 4 clous.
    • Ail: 3 à 4 éclats entiers ou râpés. Des quantités plus importantes (8 à 10 éclats) peuvent être apportées sans modifier le goût de la choucroute.
    • Feuilles de framboisier et / ou de cassis : quelques feuilles. Riches en bactéries lactiques, elles facilitent le démarrage d’une bonne fermentation et apportent aux légumes un goût délicieux.
  • 1 ou 2 pommes apportent un peu de douceur à la choucroute. Après découpe, il est nécessaire de les incorporer directement dans le jus afin d’éviter qu’elles ne s’oxydent et brunissent.
  • 1 ou 2 oignons découpés en lamelles sont aussitôt placés dans le pot et recouverts de jus sous peine de perdre rapidement leurs qualités nutritives. Ils favorisent un bon démarrage de la fermentation lactique. La lacto-fermentation les rend tout à fait digeste pour ceux qui ne les supportent ni crus, ni cuits.
  • L’eau: si le chou ne rend pas assez de jus (entre autres lors des années peu pluvieuses), on ajoute de l’eau salée afin que les pierres soient bien recouvertes. Mélangée à 5 à 10 grammes de sel par litre, cette eau ne devra pas être prise directement du robinet car le chlore ou autres agents désinfectants pourrait tuer les micro-organismes présents sur les feuilles de chou et indispensables au démarrage de la lacto-fermentation. On utilisera donc une eau bouillie et aérée quelques temps à l’avance ou une eau douce naturelle.

Consultations publiques de la Commission biaisées sur les nouveaux OGM dans l’agriculture

nouveaux ogm

© Adobe Stock, tous droits réservés (nouveaux OGM : consultation biaisée de la Commission)

Une voie toute tracée vers une déréglementation des nouveaux OGM

Lettre ouverte à la Commission européenne
Par Nature & Progrès, Canopea, Velt et RMRM

La Commission européenne a publié le 18 octobre son programme de travail pour 2023 par lequel elle abandonne toute prétention à maintenir les nouveaux OGM dans la législation existante sur les OGM. Ce programme montre que la Commission s’est clairement engagée à assouplir, pour certains nouveaux OGM, les exigences existantes, ou à les abandonner complètement, aux dépens de notre environnement, de notre santé et du droit de savoir et de choisir des agriculteurs et consommateurs.

Ceci va à l’encontre de l’Arrêt de juillet 2018 de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE), selon laquelle les produits issus de nouvelles technologies génétiques sont des OGM à part entière et doivent donc rester soumis à la législation européenne OGM existante qui prévoit une analyse de risques sur la santé et l’environnement, la traçabilité des produits et leur étiquetage.

Si la Commission fait fi de l’arrêt de la CJUE, des plantes produites par certaines nouvelles techniques génomiques et tolérantes à plusieurs herbicides à la fois, produisant des substances altérées et potentiellement toxiques, pourront se retrouver dans notre alimentation à notre insu. De plus, des herbicides seront utilisés en plus grande quantité sur ces cultures et dispersés davantage encore dans notre environnement et en concentration plus importante dans nos assiettes.

Une consultation publique au questionnaire non impartial

La Commission a justifié sa position notamment sur base d’une consultation « publique » réalisée cet été. Cependant, 41 organisations européennes/internationales et nationales, dont Nature & Progrès Belgique, critiquent fortement cette consultation publique trompeuse et non transparente relative à la législation européenne en matière d’OGM. Elles ont d’ailleurs adressé ce 4 octobre une lettre ouverte à la Commissaire européenne à la Santé, Madame Kyriakides. Elles y exprimaient leurs profondes préoccupations quant à la manière dont la Direction générale de la Santé a mené le processus de consultation sur les éventuels assouplissements de la législation européenne en matière de nouveaux OGM. Processus de consultation dont elle est censée tenir compte.

Déjà la consultation publique de la Commission de 3 mois clôturée le 22 juillet, basée sur un questionnaire, était caractérisée par une forte partialité quant au contenu et au choix des questions qui, ensemble, semblaient formulées dans le but d’affaiblir la réglementation existante sur les OGM. Les scénarios d’options politiques possibles pour réglementer les nouveaux OGM n’ont pas été communiqués comme il se doit dans ce type de consultation. C’est un manque de transparence flagrant !

Cette consultation a été suivie d’une autre consultation mais cette fois « ciblée » auprès de parties prenantes – choisies par la Commission mais non divulguées – dont plusieurs ONG et les Etats membres. Des erreurs manifestes dans le questionnaire ciblé ont rendu la réponse impossible pour de nombreuses ONG. Certaines ont rempli le questionnaire, mais ont dû retirer ou corriger leurs réponses par la suite. L’enquête était tout à fait unilatérale et ne répondait finalement pas aux normes pour une consultation ciblée exigées par la Commission européenne elle-même. C’est pourquoi les résultats de ces consultations ne peuvent constituer une base de décision solide et sérieuse pour une modification du cadre juridique relative à certaines nouvelles technologies génétiques dans l’agriculture.

Les signataires estiment que la consultation « ciblée » souffre des graves lacunes suivantes : elle était basée sur des opinions et des spéculations et pêchait par manque de données fiables. Les questions et les possibilités de réponses étaient formulées de manière ambiguë et/ou partiale, la sélection et la pondération des participants étaient caractérisées par un manque de transparence. L’évaluation de la durabilité et l’évaluation des risques étaient mélangées de manière inappropriée et il y avait des conflits d’intérêts chez les consultants en charge de la rédaction du questionnaire.

Si la Commission persiste dans sa volonté de libérer de toutes évaluations et de tout étiquetage les nouveaux OGM, cela aura des répercussions importantes sur la liberté de choix des consommateurs, la santé et la sécurité alimentaire, l’agriculture biologique et conventionnelle non-OGM ainsi que sur l’environnement et sa biodiversité.

En conclusion, nous demandons le maintien des nouveaux OGM dans la règlementation existante afin de pouvoir évaluer leurs risques pour l’environnement et la santé avant toute dissémination dans l’environnement et afin qu’ils soient tracés et étiquetés. Le principe de précaution de l’UE doit impérativement être appliqué aux nouvelles technologies génétiques et à leurs produits OGM.

Il est urgent que les Etats membres et le Parlement européen se saisissent de cette question et prennent connaissance de la littérature scientifique indépendante.

Le contrôle de l’utilisation des pesticides en Région wallonne

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Afin de réduire au minimum les risques pour la santé et l’environnement, l’utilisation de pesticides en agriculture est conditionnée au respect de mesures d’atténuation des risques. Si la gestion des risques liés aux pesticides est conditionnée aux modalités d’utilisation des pesticides énoncées dans les autorisations octroyées au niveau fédéral, le contrôle du respect de ces modalités d’utilisation est, quant à lui, de la responsabilité de la Ministre wallonne de l’Environnement, Madame Céline Tellier.

Nous lui avons donc écrit pour obtenir différentes informations. Découvrez notre courrier ici :

1 million de signatures valides pour sauver les abeilles et les agriculteurs

sauvons les abeilles et les agriculteurs

Le 10 octobre 2022, l’Initiative Citoyenne Européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » a été formellement approuvée par la Commission en atteignant le million de signatures valides. Nous sommes précisément 1,2 million de citoyens européens, dont beaucoup de Belges, à réclamer une sortie des pesticides de notre environnement.

Pour rappel, l’Initiative Citoyenne Européenne demande :

  • une réduction de 80% de l’utilisation des pesticides de synthèse d’ici 2030 et de 100% d’ici 2035 dans l’UE ;
  • des mesures pour restaurer la biodiversité sur les terres agricoles ;
  • un soutien massif aux agriculteurs pour une transition vers l’agroécologie.

Concrètement, la Commission a désormais jusqu’au 7 avril 2023 pour présenter sa réponse officielle à cette ICE. Les organisateurs seront invités par cette dernière. Ensuite, une audition au Parlement aura lieu dans les 3 mois avec les députés européens. La Commission et le Parlement européen ne vont avoir d’autre choix que de répondre aux demandes des citoyens pour une agriculture exempte de pesticides chimiques de synthèse et respectueuse des abeilles.

La Belgique, 2ème pays à avoir atteint son quorum

La Belgique peut se féliciter du résultat ! En effet, notre pays a été le second Etat européen à atteindre son quorum de 15.750 signatures en février 2020. Ce chiffre était nécessaire pour faire de notre pays le deuxième pays à atteindre le quorum obligatoire dans 7 Etats permettant la validation de l’Initiative.

Nature & Progrès se réjouit de cette réussite ! L’association a, durant des mois, sollicité ses Membres et sympathisants qui se sont montrés très réactifs. Nous avons ainsi récolté des milliers de signatures via les réseaux sociaux, via la revue Valériane ou encore lors du Salon Valériane. MERCI à toutes et tous !

Et en Wallonie, qu’en est-il pour les abeilles ?

En 2017, Nature & Progrès a lancé la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides » qui vise à éliminer les pesticides au profit des alternatives. L’association est heureuse de voir que la démarche a été suivie avec l’ICE pour recouvrir, cette fois, l’entièreté de l’Europe. Nous devons œuvrer ensemble à faire supprimer de ce pas les pesticides cancérigènes, reprotoxiques et génotoxiques de notre environnement. Pour ce qui est des autres, nous devons développer les alternatives rapidement !

De la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides » découle l’étude « Plan Bee ». Elle a pour objectif d’évaluer la faisabilité agronomique, apicole et économique de semer des fleurs mellifères sur de grandes surfaces pour produire du miel et accueillir la faune sauvage. Nous venons, ce 11 octobre 2022, de clôturer les trois premières années d’étude (lire le rapport) durant lesquelles nous avons analysé l’état de l’environnement à l’aide des abeilles. Il en ressort que les abeilles mellifères et osmies sont d’excellents indicateurs de notre environnement. Elles sont intéressantes pour jauger la présence de pesticides dans l’environnement et ainsi signaliser les sites à risques de contamination. Les abeilles sont nos alliées, protégeons-les !

L’Avocate générale de l’UE recommande de limiter fortement l’utilisation des dérogations aux pesticides

CJEU dérogations aux pesticides

Cela fait vingt ans que Nature & Progrès agit pour protéger les abeilles des dégâts occasionnés par l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes, malgré l’entêtement du secteur betteravier et des autorités. Au terme de nombreuses actions, ces insecticides tueurs d’abeilles ont finalement été interdits par l’Europe. Mais la Belgique a honteusement dérogé à cette interdiction pendant trois années consécutives…

PAN Europe et Nature & Progrès ont alors demandé à la Cour de justice de l’Union européenne de clarifier les règles d’octroi de dérogations pour les pesticides ayant été interdits en Europe. Le 8 septembre dernier, l’avocate générale à la CJUE a fait part de ses conclusions sur l’affaire aux juges européens et aux parties. S’il est suivi par les juges européens, cet avis pourrait conduire à une réduction spectaculaire des dérogations et à une meilleure protection de la santé des citoyens et de l’environnement.

Pour Nature & Progrès, l’Etat belge use et abuse de la possibilité de dérogation ouverte par l’article 53 du règlement européen n°1107/2009 encadrant la mise sur le marché des pesticides au point d’autoriser des insecticides expressément interdits en plein champ depuis 2018. Plus largement, depuis des décennies, les Etats membres de l’Union européenne prolongent artificiellement, au détour de dérogations, l’utilisation de pesticides hautement toxiques et interdits dans l’Union. Et ce, avec la bénédiction de la Commission européenne !

Devant la nécessité de clarifier certaines dispositions clés du Règlement Pesticides, le Conseil d’Etat s’est tourné, à notre demande, vers la Cour de Justice de l’Union européenne. Le 17 mars 2022, une audience importante a ainsi eu lieu à Luxembourg.

En effet, l’Avocate générale pose des conditions strictes pour l’autorisation des pesticides interdits :

  • L’autorisation d’urgence d’un pesticide interdit ne peut être octroyée qu’à titre exceptionnel
  • Un danger habituel, c’est-à-dire qui survient fréquemment, ne constitue pas un cas exceptionnel : il n’est donc plus possible d’autoriser « exceptionnellement », année après année, des insecticides néonicotinoïdes interdits pour lutter contre les pucerons en betteraves sucrières
  • L’octroi de ces dérogations doit être précédé d’un « examen diligent et impartial », qui implique une « obligation d’apprécier de manière critique et tenir compte également des informations pertinentes provenant d’autres sources (que celles fournies par l’industrie) »

Le danger pour la production agricole et le risque pour la santé et l’environnement doivent être mesurés avec la même méthode d’évaluation. Il faut des indices sérieux et concordants, ce qui n’a clairement pas été respecté par la Belgique qui a pris les dires de l’industrie pour argent comptant.

La protection de la santé et de l’environnement a plus de valeur que la garantie de compétitivité de l’agriculture. A cet égard, l’Avocate générale confirme qu’il y a un standard différent pour la santé humaine (y compris des animaux domestiques et d’élevage et donc des abeilles d’élevage) et la protection de l’environnement (y compris la santé des animaux sauvages). Toute atteinte à la santé humaine ne peut être tolérée qu’en cas de « dangers particulièrement graves » tels que des « risques concrets pour la sécurité alimentaire ». Cela conforte aussi notre position : dès qu’il y a un risque pour la santé humaine ou les pollinisateurs, des intérêts économiques ne peuvent pas l’emporter. 

Les étapes à venir

Nous espérons obtenir l’arrêt de la Cour de justice de l’UE en décembre 2022 ou janvier 2023. Cet arrêt sera ensuite transmis au Conseil d’Etat, qui devrait rendre sa décision d’ici juin 2023.

Au Salon Valériane, développer le Bio est l’affaire de tous

Inauguration Salon Valériane

© Nature & Progrès, tous droits réservés

Au mois de septembre 2022 se tenait le plus grand Salon Bio de Belgique : Valériane. Tradition oblige, chaque édition démarre par une inauguration. L’occasion de remercier tous les partenaires de Nature & Progrès et de faire le point sur le BIO en Wallonie.

Merci pour leur présence à Madame la Ministre de l’Environnement Céline Tellier, Monsieur Grégoire Clerfayt (chef de cabinet du Ministre du Climat Philippe Henry), Monsieur le Gouverneur de la province de Namur Denis Mathen, Madame l’Echevine de la Transition écologique Charlotte Mouget et l’ensemble des invité(e)s en leur titre et qualité.

Voici les éléments-clés à retenir du discours de Marc Fichers (secrétaire général de Nature & Progrès) à cette inauguration qui a accueilli plus de 120 participants.

Le thème du Salon Valériane 2022 : l’action

« A Valériane, je m’informe, j’agis, je reproduis, je partage », voilà le slogan qui a rythmé la 37ème édition du Salon Valériane. Une phrase qui résume parfaitement l’ADN de l’association Nature & Progrès Belgique.

  • Informer : informer à la mode de Nature & Progrès, ce n’est pas dire aux gens ce qu’ils doivent faire mais bien créer des espaces de rencontres et de discussions entre producteurs et consommateurs, pour que chacun(e) s’enrichisse des avis de l’autre. C’est d’ailleurs cette méthodologie qui a forgé la Bio depuis 50 ans. Concrètement, le Salon Valériane rend cela possible par plus de 200 exposants, par des conférences suivies de débats et par des ateliers d’échange de savoirs.
  • Agir : Quand on prend conscience de l’état catastrophique de notre environnement, du dérèglement climatique, de la précarité énergétique et alimentaire, il est important de ne pas laisser de côté les citoyens. Au contraire, il faut leur donner les moyens d’agir, aussi bien avec des solutions personnelles qu’avec des pistes pour la société en interpellant les décideurs politiques. Au sein de Nature & Progrès, nous aimons rendre chacun acteur de changement. Par exemple, dans le cadre de l’urgence climatique, des membres et non membres de l’association se sont informés sur les modes de vie qui permettaient de réduire l’utilisation du CO2. Les membres se sont informés et ont incités d’autres citoyens à reproduire ces gestes simples pour que chacun, dans les domaines de son choix (mobilité, énergie ou alimentation), œuvre contre le réchauffement climatique. Ce projet a été mené avec le soutien du Ministre wallon du Climat.
  • Reproduire : Vivre Bio, vivre avec les valeurs de Nature & Progrès, procure de la joie ! Pour cela, il suffit d’observer les exposants. Certes, ils espèrent vendre mais ils aiment Valériane car c’est un lieu de partage et de motivation. Les producteurs et consommateurs de Nature & Progrès se donnent pour objectif qu’un maximum de personnes mette en œuvre les principes de production et de consommation du bio. C’est pour cela que notre première cible représente les consommateurs qui n’ont pas encore saisis l’importance de consommer et de vivre Bio. L’autre cible représente les agriculteurs qui utilisent encore des pesticides chimiques de synthèse alors qu’ils pourraient mettre en place les alternatives. Si Nature & Progrès œuvre déjà pour atteindre les 30% de la SAU en bio comme le prévoit la DPR, elle travaille aussi pour faire évoluer les 70% restant qui utilisent encore le chimique dans leur agriculture.

Pour une mise en valeur des alternatives aux pesticides

Notre priorité est de diffuser au maximum les techniques alternatives aux pesticides à travers la campagne « Vers une Wallonie sans pesticide, nous y croyons ! ». Nous organisons des rencontres entre citoyens, agriculteurs bio et agriculteurs conventionnels pour que ces derniers s’inspirent de l’agriculture biologique et sortent de la dépendance aux intrants chimiques. Ce projet est soutenu par la Ministre wallonne de l’Environnement.

En matière de pesticides, la Belgique s’y connait plutôt bien… Puisque nous sommes des leaders en termes d’autorisation et d’utilisation. En ce domaine, Nature & Progrès agit pour que s’arrête la désinvolture des autorités fédérales dans les autorisations des pesticides utilisés dans le pays ou dans l’exportation honteuse des pesticides interdits.

De plus, notre vœu le plus cher est que les structures de recherche et d’encadrement régionales fassent de même. Notre environnement et notre santé en seront soulagés. Les méthodes naturelles de conduite de culture représentent la vie. Cette façon de faire, de s’informer, d’agir et de partager ses connaissances est bien entendu une déclinaison du concept « Voir – Juger – Agir » puisque le mouvement social Nature & Progrès est une association d’Education permanente.

La bio montre la voie depuis des dizaines d’années

En refusant les engrais et les pesticides chimiques, le bio permet une production végétale autonome. Voilà une solution pour le conventionnel qui se retrouve avec des prix d’intrants impayables. Pour la production bovine également, le bio prône l’autonomie des fermes. Il est d’ailleurs regrettable que la réforme de la PAC n’ait pas aidé les éleveurs à faire la transition vers des élevages autonomes. Sauront-ils encore acheter des aliments pour leur bétail avec un marché immaîtrisable ?

De nombreuses voix mettent en avant un fléchissement du marché bio depuis le début de l’année. La meilleure réaction est d’informer les consommateurs. Nature & Progrès insiste donc pour que les programmes de promotion du Bio prévus dans le Plan Stratégique Bio soient mis en œuvre. Il n’est pas normal que les budgets attendus ne soient pas libérés. Dans tous les cas, nous restons confiants et l’enthousiasme du Salon Valériane nous fortifie !

Rendons le consommateur autonome à tous points de vue

Le Salon Valériane couvre tous les aspects de la consommation : l’agriculture et l’alimentation bien sûr mais aussi l’écobioconstruction, la mobilité, et le climat, la santé et les produits d’entretien. C’est dans tous les domaines qu’il faut remettre le naturel. Au Salon Valériane, toutes les clés sont disponibles pour aider le consommateur à faire son potager, à cuisiner les viandes, légumes et farines produits par les producteurs bio locaux, à isoler sa maison, à fabriquer soi-même ses produits d’entretien, ses cosmétiques et ses peintures.

En cette période incertaine accentuée par la guerre en Ukraine, la crise climatique et la précarité énergétique, il est essentiel d’œuvrer à développer l’autonomie. Ce sera possible uniquement si nous mettons du lien entre consommateurs et artisans locaux et Bio.

Pas de messages ambigus : bio ou rien… !

Tous les exposants doivent répondre à un cahier des charges strict. Depuis toujours, le Salon Valériane, c’est du 100% bio certifié, contrôlé et donc garanti sans pesticides chimiques de synthèse et sans OGM.

« Je dis cela car depuis quelques temps, on parle de « durable » sans vraiment le définir. On voit même fleurir en Wallonie des initiatives se revendiquant agroécologiques alors qu’elles ouvrent la porte aux pesticides chimiques de synthèse ». – Marc FICHERS

Pourtant, le Code Wallon de l’agriculture est clair. Il prévoit un objectif de suppression des intrants synthétisés chimiquement. Dans un contexte où le greenwashing est devenu la norme, il est dangereux d’instrumentaliser le concept de l’agroécologie en se limitant à « minimiser l’utilisation des pesticides ». Toute l’agriculture pourrait dès lors se déclarer « agroécologique ». Alors que la vraie agroécologie, c’est celle pratiquée notamment par les producteurs bio de Nature & Progrès : une agriculture bio locale, solidaire, autonome et rentable.

Cette mauvaise définition de l’agroécologie est un fameux bon en arrière. Et la politique de la fuite en avant, dans l’utilisation des pesticides, est néfaste pour notre environnement et notre santé. Elle l’est plus encore pour les agriculteurs maintenus dans l’illusion d’un mode de production sans avenir ! Il est urgent de bien positionner ces concepts de « durable » et d’ « agroécologie » comme des moyens de faire évoluer le conventionnel et non de concurrencer ou de brouiller l’image du bio. Et bien entendu, il faut avoir l’honnêteté de dire aux consommateurs que ces concepts sont basés sur la lutte chimique et qu’ils comptent la conserver. Ce serait pure perte si ces concepts rognaient l’ambition wallonne de 30% de la SAU en bio prévue dans la DPR.

Nature & Progrès contre la pollution liée aux pesticides

Le dossier des pesticides est intrinsèquement lié à la pollution. On en retrouve dans l’eau, dans l’environnement et dans nos habitations. Les conditions d’utilisation des pesticides doivent être adaptées pour que, quand ils sont appliqués, les produits ne quittent pas le lieu de traitement. Et si c’est mission impossible ? Alors, qu’on cesse de l’utiliser ! Rien ne justifie qu’un pesticide traité sur un champ se retrouve dans nos lieux de vie. La pollution des masses d’eau et la destruction de la biodiversité obligent une transition rapide du modèle agricole pour une agriculture wallonne bio et sans pesticides.

« Le Salon Valériane a notamment pour but de faire évoluer les mentalités et nos actes sur ces problématiques. Nous souhaitons donner aux citoyens les moyens d’agir et d’être des acteurs de la transition. Si l’on devait résumer le Salon, on pourrait le qualifier du Salon de l’autonomie, du vivre Bio, du vivre Nature & Progrès. Le faire soi-même, oui mais avec les conseils des autres. » – Marc FICHERS

Ne dit-on pas que l’avenir appartient à la jeunesse ?

Nous le croyons fortement chez Nature & Progrès. Pour cette 37ème édition, nous avons inauguré un espace dédié aux Jeunes Entrepreneurs, des porteurs de projets dits ecofriendly. Nous souhaitons que ces start-ups deviennent des entreprises qui feront rayonner le Bio.

Continuons à être fiers de notre région pionnière en Europe en matière de développement du Bio. C’est ensemble qu’agriculteurs et consommateurs permettront à notre région de relever le défi de 30% de Bio en 2030. Notre alimentation et notre environnement ne sont pas qu’une affaire de décideurs politiques. C’est l’affaire de chacun(e) d’entre nous. Nous pouvons tous être acteur de changement dans nos choix de consommation et de mobilité.

Nos remerciements les plus chaleureux vont à :

  • Les fondations CYRYS et QiGreen et les entreprises qui nous soutiennent soit par des moyens financiers, soit par des conseils
  • Les 200 bénévoles qui œuvrent durant toute l’année pour ce Salon
  • Les 5.000 membres de Nature & Progrès, véritable chambre d’écho du Salon Valériane durant toute l’année
  • Les exposants de nos régions et étrangers
  • Nos partenaires médias : Vivacité, Vivre ici, L’Avenir, Moustique et Boukè
  • La ville de Namur
  • La Fédération Wallonie-Bruxelles, spécialement les services de l’inspection et de l’administration du service de l’Education Permanente
  • Le gouvernement wallon : Madame la Ministre de l’Environnement, Monsieur le Ministre de l’Agriculture et Monsieur le Ministre du Climat qui nous ont assuré de leur soutien

Les insecticides au Sulfoxaflor bientôt interdits en Belgique

Abeille sur pommier

© Adobe Stock, tous droits réservés (abeille sulfoxaflor)

Enfin ! Le Ministre Clarinval reconnait qu’un risque pour les abeilles lié à l’utilisation du sulfoxaflor en plein air ne peut pas être exclu !

La Belgique s’aligne sur la Commission européenne qui annonçait en avril dernier son intention d’interdire le Sulfoxaflor en plein champ, limitant ainsi l’usage de cet insecticide de type néoniconitinoïde aux cultures sous serre permanente. Jusque-là, le Ministre avait exprimé son « non-soutien » à la proposition de restriction européenne jugeant celle-ci « inutilement sévère », en dépit du fait que les experts européens aient reconnu en 2019 qu’il n’existait pas d’usage sûr du sulfoxaflor en extérieur pour les abeilles domestiques et bourdons.

Si c’est une très bonne nouvelle, en premier lieu pour toutes les butineuses, le délai de grâce accordé aux fabricants n’exclut pas de nouvelles pulvérisations en plein air en 2023, comme ce fut le cas cette année. Les insecticides CLOSER et SEQUOIA ont été autorisés pendant 120 jours comme moyen de lutte contre les pucerons en betteraves sucrières.

L’interdiction du sulfoxaflor en extérieur ne sera effective en Belgique qu’à partir du 20 mai 2023.