Les éclaireurs invisibles : Éclairage 4

Vivre la bio avec les Folies Maraîchères (producteur Nature & Progrès)

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Gradué en agronomie, notre invité du jours Philippe Carré a toujours navigué entre le monde institutionnel et le terrain. Il a choisi de concrétiser son engagement en s’installant avec son épouse Sandrine dans le Hainaut. Ensemble ils ont créé une ferme maraîchère biologique et ouvrir leur propre magasin bio. Convaincus que l’agriculture bio est plus qu’un métier, mais une manière de vivre, ils œuvrent au quotidien pour la promouvoir auprès des citoyens et des décideurs.

 

Les Folies Maraîchères en quelques mots

Les Folies Maraîchères c’est du maraichage sur petite surface certifié Bio depuis 2009, situé à Elouges dans le Hainaut. Depuis mai 2021, vous pouvez retrouver leur production et bien d’autres produits tous issus de l’agriculture biologique au sein de leur magasin à la ferme situé sur la place d’Elouges.

« La Bio est pour nous un contrat passé avec notre certificateur mais avant tout avec nos clients afin qu’ils aient la garantie que le produit qu’ils achètent correspondent à leurs attentes. »

 

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

 

Si cet épisode vous a plu, et que vous voulez en savoir encore plus sur les différentes thématiques abordées, nous vous invitons à consulter les ressources complémentaires ci-dessous.

 

Ressources complémentaires :

 

Pesticides à Bruxelles : des organisations se mobilisent aux côtés de la Région Bruxelles Capitale

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17 décembre 2024

Communiqué de presse

Pour protéger la santé et l’environnement des Bruxellois·es, Nature et Progrès, PAN-Europe, We Are Nature Brussels et la Société royale apicole de Bruxelles et environs (SRABE) ont décidé de se mettre aux côtés de la Région de Bruxelles-Capitale, attaquée par Belplant pour avoir adopté un arrêté visant à mieux encadrer l’utilisation des pesticides.

Suite à l’Ordonnance du 20 juin 2013, les pesticides chimiques étaient déjà interdits dans la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) dans certaines zones fréquentées par le grand public (espaces publics, crèches, écoles, maisons de repos, zones Natura 2000, etc.). Le 6 juin dernier, le gouvernement de la RBC a adopté, en troisième lecture, un arrêté plus ambitieux qui étend l’interdiction de principe à tout le territoire de la RBC, y compris aux jardins et parcs privés ainsi qu’aux surfaces agricoles consacrées à la production végétale, étant entendu qu’une période transitoire de six ans est octroyée pour ces dernières.

L’association Belplant, qui représente Bayer, Syngenta et d’autres producteurs de pesticides, a intenté un recours en annulation contre cet arrêté devant le Conseil d’État. Pour la RBC et les quatre organisations qui se sont portées parties intervenantes volontaires dans un recours déposé ce lundi 16 décembre, ce recours est non fondé et contraire au droit européen.

 » Il existe une directive sur l’utilisation durable des pesticides, la Directive SUD. Celle-ci impose des obligations   concrètes, dans le chef des Etats membres pour protéger l’environnement et les citoyens de la contamination des  pesticides, dont les risques ne sont plus à démontrer. La RBC a adopté un arrêté ambitieux visant à implémenter cette Directive sur le territoire hétérogène et spécifique que constitue la RBC. Mais force est de constater que cela dérange l’industrie. » précise Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer chez Nature et Progrès et auteure du recours.

La spécificité de la région bruxelloise, densément peuplée mais également composée de superficies agricoles et de nombreux espaces verts est une réalité qui n’a pas échappé à l’association « We Are Nature. Bruxelles », également partie intervenante dans cette procédure. 

 » L’usage répété des pesticides mortifie les sols, qui deviennent imperméables aux eaux de pluie, augmentant ainsi le risque d’inondation à Bruxelles. Les pesticides empêchent également les sols de jouer leur rôle de puits de carbone et de régulateurs de la température dans une ville déjà saturée par la bétonisation. Les terrains non construits doivent absolument être maintenus comme tels et rester des sols vivants. Ils sont nécessaires pour la biodiversité, pour notre santé, et pour nous adapter aux effets du changement climatique » soutient Jean Baptiste Godinot, président de l’association « We Are Nature Brussels.

Les obligations en matière de restriction de l’utilisation des pesticides et de réduction des risques liés aux pesticides, imposées par la Directive SUD ne sont que très faiblement mises en œuvre par les Etats membres. Nonobstant les plans de réduction des pesticides, leur commercialisation ne diminue pas réellement et des pesticides dangereux et toxiques sont encore présents sur le marché. La RBC dont la route vers le « Zéro pesticide » avait été amorcée en 2013 fait figure d’exemple dans la Directive SUD. 

Pour Martin Dermine, directeur de PAN Europe:  « L’utilisation de pesticides génère des nuages de produits chimiques qui voyagent parfois sur de longues distances. Les Bruxellois peuvent s’enorgueillir que leur région soit la première au sein de l’Union européenne à respecter une directive vieille de 15 ans, en prévenant sa population de l’exposition aux pesticides et en protégeant son environnement ». 

La RBC a déjà déposé son mémoire en réponse à la requête en annulation de Belplant, mais pour les organisations intervenantes, l’intérêt de l’acte attaqué est tel qu’elles demandent au Conseil d’État d’être parties prenantes à la cause, aux côtés de la RBC.

Pour Christine Baetens, administratrice de la Société Royale Apicole de Bruxelles et Environs (SRABE),   » il a été clairement démontré que les pesticides sont extrêmement toxiques pour les abeilles et les autres pollinisateurs. Ils modifient leur comportement et affectent leur capacité de reproduction. Or, les abeille sont les véritables chevilles ouvrières de l’agriculture, grâce à leur rôle de pollinisateur. Une initiative comme celle de la RBC de restreindre l’utilisation des pesticides les plus toxiques est une nécessité. « 

Il appartiendra au Conseil d’État de se prononcer sur l’intérêt des quatre associations à intervenir dans ce contentieux et de juger de la recevabilité de leur requête.

Pour le reste, la procédure en annulation suivra son cours habituel : échanges d’écrits, avis de l’Auditeur, audience, etc. Un arrêt du Conseil d’État sur le bien-fondé de la requête en annulation n’est pas attendu avant l’été 2026. D’ici là, les pesticides autres que ceux à faible risque seront interdits, sauf dérogation, et une période de transition spécifique sera prévue pour les agriculteurs, que la RBC entend accompagner dans cette transition.

Un tournant dans l’histoire des pesticides PFAS : flufénacet, flutolanil ; aujourd’hui autorisés, demain interdits ?

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3 décembre 2024

Communiqué de presse

Ces 4 et 5 décembre, les Etats membres de l’Union européenne décideront du sort du flufénacet, un pesticide PFAS, largement utilisé depuis 2004, qui se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA). Classé récemment comme « perturbateur endocrinien » et présentant un risque élevé de contamination des eaux à l’acide trifluoroacétique (TFA), la Commission européenne (CE) prend ses responsabilités et propose le non-renouvellement de cet herbicide dont les ventes ont atteint 63 000 kilos rien qu’en 2021 en Belgique. Cette dernière a indiqué qu’elle suivra la CE. Le flutolanil, fongicide utilisé notamment pour les pommes de terre et également émetteur de TFA, devrait connaitre la même destinée.

La pollution des eaux de surface et des eaux potables, y compris les eaux minérales, par le TFA est dénoncée par PAN Europe et ses membres, dont Nature et Progrès, depuis plusieurs mois.[1] En Wallonie, les analyses de la Société wallonne des eaux (SWDE) faisant suite à ces rapports montrent des concentrations moyennes de TFA allant de 500 à 1 500 nanogrammes/litre. En Flandre, les niveaux sont encore plus préoccupants : selon les données récentes de la VRT, certaines eaux potables atteignent jusqu’à 9 000 nanogrammes/litre. [2]

Le TFA, un métabolite extrêmement persistant des PFAS, serait principalement issu des pesticides PFAS dans les zones rurales, selon plusieurs études scientifiques[3] et l’Agence allemande pour l’environnement (UBA). Actuellement, 37 substances actives PFAS sont autorisées en Europe, dont le flufénacet et le flutolanil sur l’avenir desquels les Etats membres devront se prononcer demain. Toutes ces substances se décomposeraient en ce métabolite dénommé TFA. À ce jour, seule l’osmose inverse permet de neutraliser le TFA. Alors que les sociétés de distribution d’eau potable risquent de devoir faire face à des investissements exorbitants, in fine à la charge du contribuable, pour maintenir les taux de TFA en dessous des seuils acceptables ; les entreprises d’eau minérale, elles, ne disposent d’aucune alternative pour faire baisser le niveau de TFA dans leur eau.

Or, elles ne sont pas épargnées. A ce titre, la concentration impressionnante de TFA dans les eaux de Villers, révélée aujourd’hui par PAN-Europe, [4] à proximité de zones agricoles a de quoi interpeller. Les agriculteurs et les producteurs d’eau minérale subissent finalement les conséquences de l’industrie à la source de ces polluants. Les autorités qui  ont, jusqu’ici, autorisé la dissémination, en négligeant entre autres, de se soucier de ce métabolite ont la responsabilité de légiférer urgemment.  

Mais cela pourrait évoluer. D’éminents scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur la menace de l’accumulation irréversible de TFA dans l’environnement. Ils soulignent la nécessité de « mesures contraignantes » pour réduire les émissions de TFA [5]. Récemment, l’Allemagne, pour donner suite à une étude produite par Bayer révélant le caractère reprotoxique du TFA, a demandé de classifier le TFA comme Reprotoxique de catégorie 1B, conformément au Règlement EC n°1273/2008 [6], faisant du TFA un « métabolite pertinent », écrit la CE dans sa proposition de non-renouvellement du flufénacet. Une telle classification pourrait être lourde de répercussion pour l’avenir de tous les pesticides PFAS.

Pour Salomé Roynel, responsable politique chez PAN Europe : « L’interdiction proposée par la CE d’interdire les deux pesticides PFAS que sont le flufénacet et le flutolanil est légalement requise.» PAN appelle tous les États membres à « suivre la loi et la science, en donnant la priorité à la protection de la santé humaine et de l’environnement et à adopter rapidement ces interdictions. »

De source sûre, la Belgique a confirmé qu’elle soutiendrait la position de la CE sur le non-renouvellement du flufénacet[7], dont le caractère de « perturbateur endocrinien » et « les risques de contamination des eaux souterraines au TFA sont élevés ». Il devrait en être de même du flutolanil, même si, dans ce cas, c’est l’absence d’étude finalisée sur les risques pour le consommateur liés à la présence de TFA dans les cultures agricoles qui est invoquée à la source de la proposition de non-renouvellement. [8]

Pour Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer : « Dès lors que la CE propose un non-renouvellement de la substance, nous n’en attendions pas moins de la part de la Belgique. La Commission semble enfin prendre le TFA en main, ce qui constitue une étape majeure dans la bataille contre les pesticides PFAS. Mais même si le flufénacet était interdit demain, après avoir été autorisé pendant 20 ans, ce revirement démontre bien que les règles d’autorisation des pesticides ne sont pas fiables. Ce n’est pas parce qu’un pesticide est aujourd’hui légalement mis sur le marché qu’on peut en conclure qu’il n’est pas nocif ou toxique. »

Toutes les analyses de résidus de pesticides, qu’elles soient effectuées dans l’air, [9] dans les chambres à coucher [10]  ou sur les personnes elles-mêmes[11] révèlent la présence de pesticides autrefois autorisés et maintenant interdits : ainsi, l’imidaclopride, le malathion ou l’atrazine, continuent de contaminer nos environnements, même après leur interdiction. 

« Il est temps que la Belgique mette toute son énergie à encourager des modes de production agricole qui se passent de polluants chimiques et qui cochent toutes les cases des défis de notre société : santé publique, biodiversité, eau, environnement, lutte contre les changements climatiques, emploi en milieu rural, etc. », conclut Julie Van Damme, secrétaire générale de Nature et Progrès.

Une agriculture sans polluants chimiques doit devenir une priorité pour protéger notre santé et celle de la Terre.

[1] PFAS – Nature & Progrès

[2] Kleinste soort PFAS duikt op in Vlaams drinkwater: « Lozingen door industrie en pesticiden moeten teruggedrongen worden » | VRT NWS: nieuws

[3] Pesticides can be a substantial source of trifluoroacetate (TFA) to water resources

[4] PAN Europe

[5]  The Global Threat from the Irreversible Accumulation of Trifluoroacetic Acid (TFA), Hans Peter Arp et al, Octobre 30, 2024

[7] EU Commission proposal to ban Flufenacet

[8] Review report on Flutolanil

[9] EXPOPESTEN – ISSeP

[10] Onderzoek in slaapkamers vindt cocktail van 21 pesticiden, Tytgat ziet “geen risico’s voor gezondheid” | VILT vzw

[11] BMH-Wal – ISSeP

Nature & Progrès réagit aux nouvelles informations sur la présence du TFA dans l’eau potable en Wallonie

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17 octobre 2024

Communiqué de presse

Nature & Progrès exprime sa profonde préoccupation face aux chiffres révélés[1] et à la communication sur la présence généralisée d’acide trifluoroacétique (TFA) dans l’eau potable en Wallonie, un métabolite des pesticides PFAS. La détection de cette molécule persistante dans des concentrations importantes des eaux de distribution confirme les données de notre étude exploratoire « TFA, un polluant éternel dans l’eau que nous buvons »[2]. Elle soulève de graves questions quant à la sécurité de notre eau et la gestion des « polluants éternels » comme les PFAS.

Le TFA, un sous-produit des pesticides PFAS et des gaz fluorés, est particulièrement problématique en raison de sa persistance extrême et de sa capacité à se déplacer facilement dans l’environnement. La première source de ce TFA en région rurale, comme à Philippeville où les plus hautes concentrations ont été trouvées, proviendrait des pesticides PFAS. Vingt-huit substances actives sont à l’origine de cette pollution et se retrouvent dans plus de 200 produits commercialisés en Belgique : herbicides, fongicides, insecticides, tout y passe. Bien que la toxicité du TFA soit encore mal connue, certaines études révèlent déjà des effets potentiels sur le foie et le système immunitaire, similaires à ceux observés avec d’autres PFAS à chaîne longue. Contrairement à ce que certains chiffres officiels pourraient laisser croire, la probabilité que le TFA soit toxique pour les mammifères ne doit pas être sous-estimée : l’Allemagne a d’ailleurs demandé à l’échelle européenne de classer le TFA comme reprotoxique, à la suite d’une étude communiquée par Bayer révélant des malformations sur les fœtus de lapins exposés au TFA.

L’été dernier, suite aux études publiées par Nature et Progrès et PAN Europe sur la présence de TFA dans les eaux, la région wallonne avait mandaté la SWDE pour réaliser un monitoring exhaustif sur la présence de TFA dans l’eau potable. Les résultats révélés par le ministre wallon de l’Environnement, Yves Coppieters, indiquent des concentrations atteignant jusqu’à 3100 ng/L à Philippeville, bien au-delà de la valeur guide de 2200 ng/L proposée par le conseil scientifique indépendant, sur la base de l’institut néerlandais pour la santé publique et l’environnement, RIVM. Bien que cette valeur ne remette pas immédiatement en cause la potabilité de l’eau, elle souligne la nécessité d’un suivi rigoureux, mais surtout de mesures correctives urgentes, pour stopper la pollution en amont.

« Ces niveaux de TFA dans l’eau sont d’autant plus inquiétants que l’utilisation des polluants à l’origine du TFA est en augmentation, comme l’a révélé notre étude « Récolte toxique[3] ». C’est particulièrement le cas des pesticides PFAS dont les ventes ont augmenté ces dernières années, pour atteindre 220 tonnes en 2021. Les niveaux actuels de pollution de nos eaux au TFA sont donc appelés à encore augmenter à l’avenir, si rien n’est entrepris pour faire cesser les sources de contamination. ». Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer, Nature & Progrès.

Face à la difficulté de traiter le TFA par les méthodes classiques comme les filtres à charbon actif, seule l’osmose inverse permet à ce jour de stocker ce polluant, une solution qui reste coûteuse et difficilement généralisable. Nous refusons que les coûts de cette dépollution soient répercutés sur les consommateurs. Conformément au principe du « pollueur-payeur », les industries responsables de la mise sur le marché de ces substances doivent prendre leurs responsabilités et contribuer au financement des mesures correctives.

Au vu de l’ampleur de la contamination, nous demandons une action immédiate des autorités publiques. Conformément à la Déclaration de politique régionale (DPR), où le ministre Yves Coppieters se veut ambitieux en termes de lutte contre les PFAS, nous l’enjoignons, au titre de ses compétences et du respect du principe de précaution, à interdire le plus rapidement possible l’utilisation de tous les pesticides PFAS, générateurs de TFA (flufénacet, diflufénican, fluopicolide, etc.) ainsi que les gaz fluorés. Au niveau fédéral, nous demandons une révision et une interdiction de toutes les autorisations de ces produits. La santé de nos concitoyens et la préservation de nos ressources en eau en dépendent.

En parallèle, nous appelons à un accompagnement des agriculteurs pour les aider à se détourner de ces produits dangereux et à adopter des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.

[1]http://environnement.wallonie.be/cgi/dgrne/plateforme_dgrne/news/visiteur/displaynews.cfm?idnews=695&langue=FR

[2] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2024/07/tfa-juillet-2024-v4.pdf

[3] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2024/03/recolte-toxique-pfas-etude.pdf

Les bienfaits et les enjeux de l’agriculture biologique – carte blanche à l’occasion du Salon Valériane

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La 39ème édition du Salon Valériane s’est tenue début septembre offrant l’occasion à Julie Van Damme, secrétaire générale, et Dominique Clerbois, présidente de Nature & Progrès (ASBL organisatrice du salon) de rappeler les bienfaits de l’agriculture biologique et les enjeux en ce début de législature.

Avez-vous déjà ressenti cette sensation d’entrer dans une « safe place »… où vous pouvez souffler une fois passé la porte en vous disant que tout ce que vous allez consommer et découvrir est raccord avec vos principes voire vos valeurs. Si vous êtes sensible à cela, vous pouvez remercier le comité d’organisation du Salon Valériane qui veille à une sélection exigeante des exposants pour obtenir ce résultat. 

Il y a 39 ans, Nature & Progrès organisait son premier « marché » des producteurs. A l’époque, le label bio certifié n’existait pas encore et c’était les producteurs signataires de la charte Nature & Progrès qui peuplaient les premières allées. Aujourd’hui, ils sont toujours au cœur du salon arborant la mention Nature & Progrès en plus du label bio, garantissant ainsi un bio local et éthique grâce à son Système Participatif de Garantie. Les pionniers de Nature & Progrès l’avaient compris : l’alimentation est la base la plus essentielle de notre santé.

Vêtements, produits de beauté, habitat, énergie : il est crucial de repenser tous nos gestes de consommation dans le respect de l’humain, du vivant et de son environnement. Cela ne doit pas se faire dans une logique de culpabilité ou de sanction, mais bien dans une démarche de liberté et d’efficience économique. Vivre Nature & Progrès, c’est viser l’autonomie tout en agissant ensemble.

« De toute façon, toute l’agriculture est vouée à devenir biologique à terme ».

Cette affirmation nous vient de l’ancien directeur du Centre Wallon de Recherche Agronomique. Coût de l’énergie fossile pour produire engrais et pesticides chimiques, impacts de ses substances sur la santé, pollution de l’environnement à l’image des PFAS et autres polluants émergents, il a sans doute raison… L’agriculture biologique offre des avantages considérables à la collectivité, notamment en générant des économies pour nos systèmes de santé. En France, par exemple, 50 millions d’euros sont dépensés chaque année pour soigner les agriculteurs victimes des pesticides. De plus, pour éviter les coûts astronomiques liés à la dépollution des eaux, des agences en France et en Allemagne accordent des primes de 400 € par hectare aux fermes qui passent en bio autour des zones de captage.

En réalité, le consommateur paie ces coûts « cachés » en dehors de son alimentation, à travers sa facture d’eau et ses impôts. En tant que consommateurs bio, nous choisissons délibérément de consacrer une part importante de notre budget ou de notre temps à une alimentation plus responsable. Pourtant, malgré cet engagement, il devient difficile de devoir encore supporter les coûts liés à des pollutions que nous ne souhaitons pas. Des solutions existent pourtant, comme le montre l’exemple du Danemark, où une taxation des pesticides basée sur leur toxicité est mise en place. Cela permet de créer un fonds public qui pourrait rendre le bio plus accessible à tous, à la fois financièrement et logistiquement. Investir dans la bio, c’est en réalité investir dans une économie publique plus saine, grâce aux externalités positives qu’elle génère !

Nous ne voulons pas d’une marche forcée à l’instar du cas des nitrates au Pays-Bas.

Depuis des décennies, Nature & Progrès construit main dans la main entre producteur et consommateur une agriculture respectueuse des humains et de la nature. Nous nous attelons à montrer que c’est possible de se passer des pesticides chimiques de synthèse. Que ce soit à travers de notre projet « Vers une Wallonie sans pesticides » qui documente culture par culture les alternatives ou ; dans notre film « intensif » qui met directement à l’image trois agriculteurs en toute sincérité et humilité.

Il nous paraît cependant difficile de continuer à investir dans deux voies parallèles de manière disproportionnée… Pourquoi vouloir nous entraîner, nous – consommateurs et producteurs – dans un système où les nouvelles techniques génomiques (en d’autres termes, les OGM) sont proposées comme la solution pour réduire l’usage des pesticides ? Cette promesse, déjà formulée il y a plus de 30 ans, n’a fait qu’entraîner une augmentation de leur utilisation ainsi que des résistances. Si il existe un moratoire européen sur les OGM c’est parce que cette voie, nous fais plonger dans l’incertitude du risque. Dans ce cas, le risque est  quasiment impossible à prédire. Pour l’évaluer, comme prévu dans la déréglementation des nouveaux OGM (NTG), il faudrait une surveillance générale des effets inattendus, donc non anticipés. Nous sommes cependant peu performant dans ce domaine, ce qui est assez logique. Comment prédire l’imprévisible ? Au mieux, nous dépenserons des sommes considérables à traquer un danger qui nous échappera probablement. Sans parler de la dépendance aux brevets chinois et américains auxquels les OGM exposent les agriculteurs. Alors à quoi bon investir dans l’incertitude et la dépendance !? 

Par ailleurs, pourquoi investir dans une voie sans avenir économique pour la Wallonie ? Les nouveaux OGM les plus prometteurs sont destinés à servir l’agro-industrie, en simplifiant davantage les processus industriels, comme avec des tomates en coulis qui ne s’oxydent pas par exemple.  Or, ces industries sont presque inexistantes en Wallonie, étant principalement implantées en Flandre ou à l’étranger.

La Wallonie est une terre favorable à l’agriculture biologique notamment parce qu’elle est une terre d’élevage. Avec encore 51 nouvelles fermes converties en 2023, 16% des fermes wallonnes sont désormais biologiques.

Cette voie que nous défendons depuis des décennies n’est, quant à elle, pas pleine d’inconnues. A l’image de notre film intensif, elle est complexe mais elle fait ses preuves depuis plusieurs décennies. Il ne s’agit pas simplement de renoncer aux pesticides et aux OGM… L’agriculture biologique est un rééquilibrage complet des interactions du vivant sous toutes ses formes : entre le végétal et l’animal, entre l’humain et la nature, entre les humains eux-mêmes. Par la recherche constante d’équilibre et d’autonomie, la bio favorise notre liberté.

Sur le plan de la production, investir de manière disproportionnée dans la génomique et la chimie est malheureusement incompatible avec le développement de l’agriculture biologique. Des exemples concrets au Portugal et en Espagne estiment qu’une zone tampon d’au moins 15 km est nécessaire entre les champs OGM et les autres. Les pesticides, eux aussi, contaminent les cultures bio, comme on l’a vu cette année en Wallonie avec le prosulfocarbe, un herbicide qui se disperse à des kilomètres, affectant bien plus que les cultures bio. Les organismes de contrôle tirent la sonnette d’alarme : les pollutions environnementales deviennent une menace croissante pour le secteur.

Concernant la consommation, le consommateur a bien sûr sa part de responsabilité dans ses choix alimentaires, mais il ne doit pas tout porter seul! Le secteur bio doit aussi raviver son « storytelling », car, contrairement à d’autres slogans comme le « local », il possède réellement tous les atouts pour répondre aux enjeux sociétaux de santé liés à l’alimentation. Idéalement, cela devrait se faire avec les ressources dédiées de l’APAQ-W. En matière de protection des ressources et d’orientation des agriculteurs et de nos systèmes alimentaires, il s’agit d’une responsabilité politique. Comme l’a souligné Georges-Louis Bouchez lors de la présentation de la déclaration de politique régionale (DRP), « plus de saupoudrage »… Cela doit également s’appliquer à l’orientation de notre agriculture et de notre système alimentaire.

«Dans tous les cas, le gouvernement continuera à soutenir fermement le secteur bio […] »

(DPR 2024-2029, p.88).

Nous insistons sur le fait qu’il y a urgence pour éviter la marche forcée et nous comptons sur vous pour cette nouvelle législature. 

Imaginons un instant un monde où l’alimentation biologique et locale devient la norme: dans les hôpitaux, les crèches, les écoles mais aussi au stade de foot, en vacances dans les complexes hôteliers, dans les festivals et les infrastructures des grands concerts. Parce que la bio, c’est aussi joyeux et festif, du gras et du bon gras !  

« L’alimentation, le fait de manger, ce qu’on mange, comment on le mange, avec qui on le mange » sont des façons de regarder et d’analyser nos sociétés. »

Emmanuel.le Fontaine

Faisons en sorte qu’il soit bon d’y vivre pour notre santé et celle de la terre !

« Do Something »

Michelle Obama

 

 

Discours prononcé par Julie Van Damme et Dominique Clerbois – Réécriture par Elsa Lefort

Notre revue Valériane fait peau neuve !

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Nous y sommes ! Notre revue est « actualisée » : nouveau look, nouvelles rubriques… On vous dit tout sur cette métamorphose !

Pourquoi maintenant ?

Après 24 ans de bons services, notre rédacteur en chef, Dominique Parizel – votre dévoué serviteur, comme il disait -, prend une pension bien méritée. Notre graphiste arrive également en fin de parcours. Deux nouveaux visages arrivent donc dans l’élaboration de votre revue ! Sylvie La Spina, agronome chez Nature & Progrès depuis déjà dix ans et auteure de plusieurs ouvrages de jardinage, a repris le rôle de rédacteur en chef de la revue. Marie Frères, graphiste (Studio Treize), rejoint ce beau projet. « C’est ma façon de rendre le monde meilleur, rendre les choses belles, contribuer au plaisir de vivre dans ce monde ».

Le changement de graphisme, c’est une opportunité pour revoir la maquette, mais aussi pour mettre un coup de neuf dans les rubriques de la revue. Avant tout, il fallait donner la parole à nos membres, à nos fidèles lecteurs. Une évaluation a donc été menée, à la fois sur internet et grâce à un questionnaire papier encarté avec le numéro 167. Il a permis d’identifier les améliorations à prévoir, tant au niveau graphique que du contenu. Merci à tous pour votre participation !

Nouveau look, nouvelles rubriques

Marie apporte un vent de fraicheur et de modernité dans le graphisme de la revue. Nous avons souhaité améliorer sa lisibilité, sa clarté et la rendre plus agréable encore. On mange avec les yeux, en soignant la présentation des assiettes… C’est pareil avec la lecture ! Les rubriques ont été revues pour mettre mieux en valeur le contenu très riche de notre périodique. En voici le fil conducteur:

Nature & Progrès est une association de consommateurs, jardiniers et producteurs, qui agissent au quotidien à leur niveau (« Pratiquer »), alimentés par des réflexions critiques sur la société (« Explorer »), qui s’associent pour « Agir » en vue d’une transition à l’échelle de la société, et qui vont « S’inspirer » d’initiatives positives pour œuvrer à un monde meilleur.

Quel beau résumé de notre mouvement, ne trouvez-vous pas ?

 

Nature & Progrès prône l’autonomie au quotidien. Celle-ci passe par des actions mises en place au niveau individuel : jardinage, petit élevage, cuisine, utilisation des plantes sauvages, aménagement de l’habitat… La rubrique « Pratiquer » rassemble des articles de partage de savoir et savoir-faire allant dans ce sens. Elle prévoit des espaces d’échanges entre les membres (nouvelle rubrique « Vos trucs et astuces »).

En tant que consommateurs et producteurs responsables, nous sommes en perpétuelle réflexion sur le monde. Nourrissant nos esprits par des informations objectives, la rubrique « Explorer » amène chacun à une vision critique du monde, à penser les alternatives afin d’amener une transformation de notre société pour plus de résilience.

Cette rubrique, c’est notre rubrique à tous, forces vives de Nature & Progrès ! On y retrouve des nouvelles de tous nos projets, qu’ils soient confiés à l’équipe ou menés par nos bénévoles. Chaque action de Nature & Progrès est mise en valeur à travers des articles, des comptes-rendus et un agenda commun à toute l’association. Elle présente nos forces vives et donne la parole à nos membres.

Nous ne sommes pas seuls à œuvrer pour un monde meilleur. De nombreuses initiatives de transition écologique nous entourent et nous inspirent, méritent d’être essaimées ou adaptées à nos réalités. Cette rubrique, c’est celle qui fait du bien. Bourrée d’informations positives, de solutions, d’actions concrètes, elle est la bulle d’oxygène qui donne de l’énergie. Une page est spécialement consacrée à la sensibilisation des enfants, notre avenir. On y découvre aussi des idées nouvelles développées par des personnes inspirantes, des jardins et des producteurs dans nos idéaux, des recettes, parce que « la bio, finalement, c’est surtout du bon vivre, non ? », m’a un jour confié Marc Fasol, l’un de nos rédacteurs.

Notre revue, plus proche de vous !

« Mes aliments ont un visage ». Vous rappelez-vous cette campagne chère à Nature & Progrès, que nous avons menée pendant des années pour faire prendre conscience que derrière le produit, se trouve un producteur ? Nature & Progrès aussi, a des visages ! Nous avons décidé de mettre plus en avant tous les acteurs de notre mouvement. Une photo des auteurs accompagnera dorénavant les articles, nos forces vives seront présentées, et leur opinion, partagée. Vos trucs et astuces enrichiront notre rubrique pratico-pratique. Ensemble, pour notre santé et celle de la Terre !

Un journalisme de solutions

Une étude menée en 2022 par l’Institut Ipsos a révélé que 36 % des Français évitent une actualité anxiogène, soit, à peu de chose près, tout ce qui est présenté dans les quotidiens. Les raisons évoquées sont des sujets répétitifs (43 %), un effet négatif sur l’humeur (36 %), le sentiment d’être submergé par l’abondance d’informations (29 %), la perte de confiance dans les médias (29 %), le sentiment d’impuissance face à des nouvelles déprimantes (16 %) et une difficulté à se saisir des enjeux (8 %). Les conséquences sont lourdes : résignation, désensibilisation face aux enjeux de société, désintérêt voire désengagement. Or, nous avons besoin de toutes les forces vives pour réagir, réfléchir, mettre en œuvre des initiatives, des solutions, à l’échelle individuelle ou collective, voire sociétale !

Le journalisme de solutions, défini par Reporters d’espoir, « s’emploie à analyser et à diffuser la connaissance d’initiatives qui apportent des réponses concrètes, reproductibles, à des problèmes de société, économiques, sociaux et écologiques, qu’elles soient menées par des individus, des collectifs, des entreprises, des collectivités, des associations, des acteurs publics ou privés ». Elle fait appel à une méthodologie rigoureuse, en retranscrivant faits et contexte de manière juste et critique, en mettant en avant les limites et une vision globale des enjeux. Elle présente une réalité complète, complexe et nuancée.

Voici un angle de journalisme cohérent avec nos valeurs, qui donne envie de s’impliquer, d’agir individuellement ou collectivement pour réinventer un monde résilient, plus heureux et agréable à vivre.

Être à la hauteur de l’urgence écologique

Le GIEC met en avant, dans son sixième rapport, le rôle crucial des médias pour « cadrer et transmettre les informations sur le changement climatique ». Une charte[i] a été réalisée dans ce sens par un collectif de journalistes et reprend treize points d’attention.

  1. Traiter le climat, le vivant et la justice sociale de manière transversale
  2. Faire œuvre de pédagogie, vulgariser les informations scientifiques
  3. S’interroger sur le lexique, choisir les mots et les images utilisées
  4. Elargir le traitement des enjeux, de la responsabilité individuelle à celle des politiques
  5. Enquêter sur les origines des bouleversements en cours, questionner le modèle et les acteurs économiques, financiers et politiques
  6. Assurer la transparence, apporter des informations objectives et fiables
  7. Révéler les stratégies produites pour semer le doute dans l’esprit du public
  8. Informer sur les réponses à la crise, questionner les solutions
  9. Se former en continu pour disposer d’une vision globale et actuelle
  10. S’opposer aux financements issus des activités les plus polluantes
  11. Consolider l’indépendance des rédactions
  12. Pratiquer un journalisme bas carbone
  13. Cultiver la coopération entre médias

Nous nous y reconnaissons, pas vous ? Nous avons donc décidé de rejoindre les signataires de la Charte, conscients, plus que jamais, du rôle que nous pouvons remplir dans les enjeux de notre société.

[i] En savoir plus : https://chartejournalismeecologie.fr/

 

Découvrez notre nouvelle revue par ici : https://www.natpro.be/revue-valeriane/

TFA, le polluant éternel dans l’eau que nous buvons.

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10 juillet 2024

Communiqué de presse

En mai 2024, Nature & Progrès, PAN Europe et d’autres organisations européennes, avaient sorti un rapport visant à alerter les autorités publiques sur une pollution chimique, jusqu’ici largement invisibilisée malgré sa présence généralisée : celle du TFA «TFA dans l’eau. Révélations exclusives sur une pollution ignorée». Ce 10 juillet, un nouveau rapport parait sur la présence du TFA dans l’eau que nous buvons. Les résultats de notre enquête ne sont pas rassurants. Nous demandons une interdiction rapide des sources de pollution, particulièrement les pesticides PFAS et les gaz fluorés.

Le TFA (l’acide trifluoroacétique) est un des principaux produits de dégradation des pesticides PFAS[1] et des gaz fluorés.[2] PFAS à chaine ultra courte, il n’en reste pas moins (par sa structure d’atome de carbone entièrement fluoré) extrêmement persistant dans l’environnement et très mobile. Négligé par les autorités publiques européennes, ses effets sur la santé publique sont encore largement méconnus. Cependant, les rares études toxicologiques laissent apparaitre des risques sanitaires comparables aux autres PFAS de structure similaire, comme le PFOA (malformation des fœtus -reprotoxicité et problèmes hépatiques), à des concentrations toutefois bien plus importantes[3].

Selon Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer pour l’ASBL Nature & Progrès, « Ce polluant émergent n’est pas nouveau, il a simplement été ignoré, tant dans le cadre de la réglementation européenne sur les pesticides chimiques de synthèse, alors qu’il s’agit d’un métabolite de pesticides, qui aurait dû être classé comme « pertinent » et à ce titre plafonné à 100 nanogrammes/L, que dans le cadre de la réglementation européenne sur l’eau. Résultat des courses, aujourd’hui, aucune limite claire et contraignante sur la présence du TFA dans nos eaux, n’existe à l’échelle européenne ».

Dans le cadre de la révision de la directive sur les eaux destinées à la consommation humaine, une limite réglementaire de 500 nanogrammes pour le « Total PFAS »[4] est proposée à partir de janvier 2026[5]. Ce plafond a été repris dans les trois régions, en Belgique. Mais, les résultats d’analyse des 55 échantillons d’eau potable, dont 36 échantillons d’eau du robinet, montrent que ce plafond « Total PFAS » est dépassé pour près de la moitié des eaux du robinet par le seul TFA.  On a observé une contamination des eaux potable au TFA allant jusqu’à 4100 nanogrammes/L, avec une moyenne de 740 ng/ L.

En Belgique, les deux seuls échantillons d’eau potable réalisés par nos soins dans le cadre de cette étude ont révélé des teneurs de 1100 et 320 ng/L. Ces résultats sont à mettre en perspective par rapport à d’autres sources d’information. Ainsi, à Bruxelles, selon la société Vivaqua, les analyses afficheraient des taux de 500 à 1500 ng/L, selon les points de captage et les dates. Les analyses chez nos voisins des Pays Bas pointent des valeurs entre 1200 et 1600 ng/L selon le rapport officiel néerlandais de 2022 sur la qualité de l’eau. En région wallonne, la SWDE a été chargée le 6 juin 2024 de coordonner un monitoring du TFA dans les eaux destinées à la consommation humaine de l’ensemble du territoire wallon.  Les résultats officiels sont attendus à la rentrée.

Par ailleurs, comme le montre notre rapport, un basculement vers la consommation d’eau en bouteille ne permet pas de s’assurer de l’absence de toute contamination. En effet, l’analyse des 19 eaux en bouteille révèle une contamination de 63% des eaux minérales et de source, même si la contamination moyenne affiche 278 ng/L.

Selon l’éminent institut des Pays Bas, le RIVM, qui s’est penché sur le TFA, une valeur maximale de 2200 ng/ L dans l’eau potable, pour le seul TFA, serait acceptable. A ce jour, dès lors les niveaux de contamination observés seraient, dans l’ensemble, encore contenus dans les marges de sécurité. Mais qu’en sera-t-il demain, sachant que les ventes de pesticides PFAS augmentent[6]?

Nous appelons à une réponse politique et globale rapide, pour garantir que nos eaux restent saines pour l’avenir. Cela implique au premier rang, l’arrêt en amont des sources de pollution au TFA de nos eaux, soit l’interdiction des pesticides PFAS et des gaz fluorés.

« Parmi les mesures sollicitées, dont un arrêt planifié et rapide des sources de contamination, nous demandons également une orientation des politiques publiques pour que les agriculteurs puissent se détourner du recours à ces pesticides PFAS. Également, conformément au principe du pollueur payeur, nous demandons que les distributeurs d’eau, et donc in fine donc, les consommateurs ne supportent pas la charge de la pollution et que les industries qui ont mis ces produits polluants sur le marché assument leur part de responsabilité. »

[1] Les pesticides qui contiennent des substances alkyls per- et polyfluorées (PFAS)

[2] Selon l’agence allemande (UBA), les pesticides chimiques seraient la principale source de pollution de l’eau en zone rurale. Viennent ensuite les gaz fluorés (que l’on retrouve dans l’eau de pluie), les stations d’épuration d’eau et la contamination industrielle, Trifluoracetat (TFA): Grundlagen für eine effektive Minimierung schaffen – Räumliche Analyse der Eintragspfade in den Wasserkreislauf | Umweltbundesamt

[3] Registration Dossier – ECHA (europa.eu)

[4] Le paramètre intitulé « PFAS (total) »,  vise à intégrer l’ensemble des PFAS mesurables dans l’eau.

[5] Directive – 2020/2184 – EN – EUR-Lex (europa.eu)

[6] Les ventes de pesticides PFAS, dont le top 3 en Belgique sont le flufenacet, le fluazinam, et le diflufenican, sont en augmentation sur la période de 2011-2021 de 20%. Rien que pour le flufenacet, 63 tonnes ont été vendues en 2021.  recolte-toxique-pfas-etude.pdf (natpro.be)

 

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Nature & Progrès engage une nouvelle action en justice contre les décisions d’autorisation de pesticides qui ne respectent pas la réglementation européenne

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5 juin 2024

Communiqué de presse

Nature & Progrès, PAN Europe et Bond Beter Leefmilieu attaquent la Belgique en justice pour des autorisations illégales de pesticides. Alors que l’UE a mis en place un cadre rigoureux à l’autorisation des pesticides, et en l’occurrence de l’abamectine, la Belgique autorise les pesticides à base de cette substance active bien au-delà du cadre réglementaire. Une illégalité qui fait écho au manque d’engagement de cette législature en termes de réduction des pesticides, malgré la déclaration de gouvernement de 2020.

Ce mardi 4 juin, l’ASBL et les deux ONG ont lancé un recours en annulation devant le Conseil d’État contre l’État belge pour avoir réautorisé trois pesticides hautement toxiques contenant de l’abamectine (les insecticides Acaramik[1], Safran[2] et Vargas[3]), en violation des règles de droit européen. L’objectif premier de la réglementation européenne qui encadre l’autorisation des pesticides est de protéger la santé des citoyens et l’environnement. Vu les risques de l’abamectine, l’UE a posé comme condition que les utilisations d’abamectine soient limitées à des systèmes complètement hermétiques. Au lieu de cela, la Belgique vient d’autoriser des utilisations en plein air et dans les tunnels jusqu’en 2039, au mépris de l’environnement et de la santé des citoyens.

Martin Dermine, directeur exécutif de PAN Europe, a déclaré : « L’abamectine est hautement toxique pour l’environnement et sa génotoxicité pour l’homme est sérieusement mise en doute par différentes études académiques. La Commission européenne a limité son utilisation à des systèmes qui empêchent tout rejet de la substance dans l’environnement, comme des serres. »

 

Cette condition, la Belgique en son ministre de l’Agriculture l’avait approuvée, en janvier 2023, lors du vote au niveau européen. Ils l’avaient aussi reconnue dans une communication externe en juin 2023. Mais à l’heure d’autoriser les produits, ils ont fait sauter les conditions restrictives d’espace fermé, indispensables pour protéger l’environnement, et particulièrement les eaux qui bordent les champs.

Virginie Pissoort, chargée de campagnes à Nature et Progrès Belgique, a déclaré : « Alors que la législation européenne définit clairement une serre comme un système fermé, la Belgique a créé sa propre directive en la matière [4], sous le terme « culture sous protection », se contentant de parois et d’un toit, comme un tunnel de plain-pied, laissant ainsi s’infiltrer les matières et l’énergie par les fenêtres, les entrées ou le sol. Cette option prise par la Belgique de « culture sous protection » est en contradiction avec les exigences européennes. »

Par ailleurs, elle déguise ces trois autorisations sous le vocable de « prolongation » qu’elle octroie pour 15 ans, sans aucune certitude que le travail d’évaluation des risques qu’elle est tenue de mener, condition nécessaire pour renouveler un pesticide pour 15 ans, ait été réalisé et finalisé.

Pour Nature & Progrès « Cette violation du droit européen par la Belgique doit être dénoncée en justice. Après l’octroi par la Belgique de dérogations d’urgence pour des substances actives interdites, ou l’absence d’évaluation comparative pour les pesticides les plus toxiques, c’est en contournant d’autres règles du droit européen, comme les restrictions d’utilisation, que la Belgique se met en porte-à-faux. » Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer et de campagnes.

En dépit des ambitions affichées par la Belgique sur la réduction de l’utilisation des pesticides dans la déclaration gouvernementale de 2020, notre pays reste l’un des plus gros consommateurs de pesticides en Europe. [5] Sous la tutelle du ministre fédéral de l’Agriculture, aucune mesure significative n’a été prise pour réduire l’utilisation des pesticides, et les plans de réduction de pesticides sont surtout des études, des mesures, des diagnostics, des évaluations plutôt que de récents projets ambitieux d’affranchir l’agriculture belge de ces produits chimiques délétères.

« C’est un triste bilan que nous tirons en matière de réduction des pesticides sous cette législature. Les chiffres de vente totale des pesticides ne diminuent que marginalement, alors qu’aujourd’hui c’est d’une autre trajectoire que notre agriculture, notre alimentation et notre environnement ont besoin et que la Belgique s’était engagée à suivre dans sa déclaration gouvernementale.»

Il est possible de s’affranchir des pesticides sur le terrain. Mais pour un abandon massif de ces substances, il y a besoin d’un accompagnement des agriculteurs avec un réel investissement de nos responsables politiques, une vision et un engagement sur le long terme.

[1] https://apps.health.belgium.be/fytoweb/pages/public/detail.xhtml?dswid=-943&product=38804466

[2]  https://apps.health.belgium.be/fytoweb/pages/public/detail.xhtml?dswid=-943&product=38805519

[3]  https://apps.health.belgium.be/fytoweb/pages/public/detail.xhtml?dswid=-943&product=38806588

[4]  https://fytoweb.be/fr/guides/phytoprotection/quest-ce-quune-culture-sous-protection

[5] NATPROG_la-belgique-royaume-des-pesticides.pdf

Contamination généralisée de l’eau par le TFA, un « produit de dégradation à vie » non réglementé des pesticides PFAS

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27 mai 2024

Communiqué de presse

Suite à une étude européenne sur la présence alarmante des métabolites de PFAS dans les eaux, Nature & Progrès et Pesticide Action Network Europe demandent une action politique rapide et efficace pour stopper cette pollution chimique délibérément passée inaperçue.

Une étude exploratoire conjointe de 23 échantillons d’eau de surface et de six échantillons d’eau souterraine provenant de dix pays de l’UE, menée par des organisations membres du Réseau européen PAN Europe (Pesticides Action Network) dont Nature & Progrès Belgique a révélé des niveaux alarmants de TFA (acide trifluoroacétique), un « produit chimique éternel » peu connu et largement non réglementé. Le TFA est un produit de dégradation connu des pesticides PFAS, des gaz F et d’autres produits chimiques à vie (PFAS). Les concentrations trouvées dans les échantillons d’eau sont en moyenne de 1 180 nanogrammes par litre (ng/l). Ce chiffre est 70 fois plus élevé que la concentration moyenne de tous les autres PFAS examinés combinés (17,5 ng/l), y compris les PFAS bien connus qui constituent des points d’attention tels que l’APFO et le PFOS.  En Belgique, l’échantillon prélevé dans la Mehaigne, une rivière wallonne qui sillonne le plateau de la Hesbaye, affiche même un taux de 2500 ng/l.

 « Cette contamination généralisée, qui n’est pas liée à des hauts lieux de l’industrie et donc à une pollution qu’on a souvent qualifiée de localisée, est extrêmement préoccupante. La Mehaigne, en Wallonie, sillonne une région à forte densité agricole, loin des hauts lieux de l’industrie chimique ou pharmaceutique. Or, parmi les 23 échantillons européens, c’est la troisième rivière la plus contaminée au TFA.» Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer pour Nature & Progrès.

Double échec des autorités et de la politique

À notre connaissance, la plupart des 27 pays de l’UE ne surveillent pas aujourd’hui officiellement les niveaux de TFA dans les eaux de surface, c’est en tous cas, la situation de la Wallonie/Belgique. Certains pays se sont penchés sur le TFA. L’agence allemande de l’environnement UBA a récemment identifié les pesticides PFAS comme une source majeure probable de contamination de l’eau par le TFA.

La réglementation européenne sur les pesticides exige que les pesticides ne soient approuvés que si leurs substances actives et leurs « métabolites pertinents » (= produits de dégradation) ne dépassent pas des concentrations de 100 nanogrammes par litre (ng/l) dans les eaux souterraines. Le fait que tous les échantillons d’eau dépassent largement cette limite, alors que les pesticides à base de PFAS restent approuvés, remonte à une décision fatale prise par l’Europe il y a plus de 20 ans. En 2003, l’agence a conclu que le TFA était considéré comme un « métabolite non pertinent », l’exemptant ainsi de toute obligation de surveillance et de toute limite.

« Cette décision désastreuse de négliger la contamination des eaux souterraines par le TFA a permis aux fabricants de commercialiser les pesticides PFAS et a jeté les bases de ce qui est sans doute la contamination la plus importante et la plus envahissante des eaux de surface et souterraines européennes par un produit chimique fabriqué par l’homme dans l’histoire », déclare Salomé Roynel, chargée de mission à PAN Europe.

Cependant, la directive-cadre sur l’eau de l’UE aurait également dû empêcher cette contamination. Elle interdit notamment la pollution chimique des eaux par des composés organiques halogénés, dont fait partie le TFA (et tous les autres PFAS). L’article 4 demande explicitement aux États membres de prendre les mesures nécessaires pour inverser les augmentations significatives et durables des concentrations de polluants résultant des activités humaines. Les résultats des tests montrent clairement l’incapacité des autorités et des responsables politiques à mettre en œuvre la directive-cadre sur l’eau pour protéger l’environnement et les citoyens. Ces « mesures nécessaires » exigées par la loi auraient sans aucun doute dû inclure une interdiction des pesticides PFAS et d’un autre groupe de PFAS, les « gaz F », qui pénètrent dans l’atmosphère par milliers de tonnes à partir des réfrigérants industriels et qui entrent ensuite dans le cycle mondial de l’eau sous forme de TFA par l’intermédiaire de la pluie.

Bien que le TFA soit le produit terminal persistant d’environ 2 000 composés PFAS, il existe peu de recherches sur sa toxicité pour l’environnement et l’homme. Cela s’explique également par le fait que l’industrie productrice de PFAS s’est donné beaucoup de mal pour présenter le TFA comme une petite molécule inoffensive dont le danger ne devrait pas être comparé à celui d’autres PFAS plus importants. Pour le Dr Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures (France):  « Cependant, ce discours a récemment été fortement ébranlé, ironiquement par une étude commandée par l’industrie elle-même, dans laquelle le TFA a provoqué de graves malformations oculaires chez des bébés lapins. Ces dernières années, les autorités européennes et américaines ont révisé à plusieurs reprises leurs évaluations de la toxicité de certains PFAS relativement bien étudiés et ont fixé des limites de l’ordre du nanogramme à un chiffre. Nous ne pouvons qu’espérer que le TFA ne s’avérera pas aussi toxique en fin de compte ».

L’Office fédéral allemand des produits chimiques a récemment informé l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) de son intention de proposer d’établir un lien entre le TFA et la toxicité pour la reproduction.

« Il est plus que temps d’agir à la hauteur de la contamination. La dépollution de l’eau aux PFAS aura un coût énorme. L’étendue de la contamination détectée par le TFA nécessite une action rapide et décisive, à commencer par une interdiction rapide des pesticides PFAS. Nous réclamons aussi la mise en œuvre rapide de la restriction générale des PFAS dans le cadre du règlement REACH sur les produits chimiques, et la classification systématique du TFA en tant que « substance dangereuse prioritaire » dans le cadre de la directive-cadre sur l’eau », revendique Virginie Pissoort de Nature & Progrès.

 

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Les suites du panel citoyen de Nature & Progrès

Petit retour en arrière : fin de l’année 2020, en pleine crise COVID, les bénévoles actifs des locales ne peuvent plus se réunir chez l’un ou chez l’autre pour discuter ensemble et réfléchir sur les thématiques chères à Nature & Progrès. L’éducation permanente, au cœur de notre association, est en péril. Pour certains membres, c’est un cycle régulier de près de 20 ans qui est alors rompu ! 

Lionel Pistone

Mais c’est sans compter sur une certaine créativité… Chacun tente alors de s’organiser pour tout de même échanger avec d’autres membres, devenus, au fil du temps, des amis. C’est dans ce contexte pour le moins particulier que la locale de Marche-en-Famenne décide de se réunir… dans un bois nassognard, dans le petit village de Grune, plus exactement !

Une idée qui germe en temps de crise

Une bonne demi-douzaine de bénévoles actifs prend alors le départ, sous un paysage enneigé, d’un petit circuit concocté par Claudine. En marchant, ils échangent entre eux, ainsi qu’avec l’animateur, sur les différentes thématiques portées par l’association. Pendant la balade, Christian, le président de la locale, aborde un sujet un peu nouveau que l’on commence timidement à retrouver en éducation permanente (EP) : la participation citoyenne. De fil en aiguille, l’animateur et d’autres bénévoles apportent leur concours à la discussion, grâce notamment à des articles ou à des livres qu’ils ont lu sur le sujet, comme le célèbre « contre les élections » de David Van Reybrouck. C’est ainsi que commença à germer l’idée d’instaurer un mécanisme de participation citoyenne au sein de Nature & Progrès.

Et après ?

Après plus d’un an et de multiples réunions sur le sujet – avec l’aide précieuse d’une académique de l’Université Catholique de Louvain spécialiste de la question -, deux journées de réflexion et de travail sont organisées à Namur les 12 et 19 mars 2022. Une trentaine de citoyens membres et non-membres de notre association seront alors choisis et accompagnés par deux facilitateurs pour débattre autour du thème sélectionné par la locale de Marche : « As-tu besoin de ton voisin ? ». A la suite de ces deux journées de travail, une synthèse est envoyée aux participants et un moment de conclusion est organisé lors du salon Valériane 2023. Le processus se termine alors ainsi, après avoir animé presque trois ans de la vie de la locale…

Lorsque l’on met en place un projet qui a demandé autant de réflexion, de travail, de temps et de moyens, on espère toujours qu’il en reste quelque chose une fois ledit projet terminé. L’une des graines semées lors de ces ateliers va-t-elle germer dans la tête de l’un des participants ? Fort heureusement, nous pouvons affirmer, aujourd’hui, que oui ! Cet article va vous exposer deux réussites bien distinctes qui ont vu le jour grâce au panel citoyen de Nature & Progrès.

Des projets pour Marbais

L’une des participantes au panel citoyen a mis en pratique les bons conseils échangés lors des journées du 12 et 19 mars. Début 2024, elle nous écrivait ceci :

 « A la suite des deux journées de colloque « As-tu besoin de ton voisin ? », les projets ont fait leur petit bonhomme de chemin. Les idées et conseils des autres participants au colloque m’ont aidée à mettre en place ces projets qu’il me tenait à cœur de réaliser. Ces rencontres entre voisins, ces moments de convivialité et de partage permettent de renouer les liens de voisinage, d’accueillir les nouveaux habitants mais aussi de se demander « As-tu besoin de ton voisin ? ». Pour 2024, nous avons obtenu l’approbation de la Commune de Villers-la-Ville pour la construction d’une aire de jeux dans le parc pour les enfants de 1 à 12 ans, et ceci grâce à une requête signée par 55 habitants de la cité. D’autres projets sont en couveuse et j’espère voir leur réalisation. »

C’est un magnifique témoignage qui nous conforte dans l’idée que ces processus participatifs, outre le fait qu’ils aient un intérêt d’éducation permanente pour une association telle que Nature & Progrès, ont un intérêt pour les participants qui les pratiquent.

Le groupe « autonomie » de la locale de Marche

Souvenez-vous, ce sont les bénévoles de cette locale qui ont eu l’idée du panel citoyen et qui ont réfléchi à sa concrétisation. Ils ont également pensé à sa suite, ancrée dans le concret et surtout, dans les alentours… En effet, pour un projet qui s’appelait « As-tu besoin de ton voisin ? », le résultat ne pouvait être que local ! C’est ainsi que, depuis janvier 2023, certains membres bénévoles de la région se réunissent autour d’un nouveau projet qu’ils ont créé de toute pièce : un « cycle d’activités autour de l’autonomie au quotidien ».

La méthodologie d’organisation est systématiquement la même : plutôt que d’imposer un sujet et d’attendre que les voisins viennent, ce sont eux qui choisissent sur quel thème ils veulent se réunir et échanger des savoirs et savoir-faire. Les premières rencontres autonomie ont été créées au départ de ce constat : de nombreuses personnes du village ne savent pas comment faire leur pain et ont déjà demandé de l’aide à Christian et Claude Thiry, les responsables de la locale. Ils ont donc décidé d’organiser un atelier directement chez eux, en invitant quelques connaissances. Un atelier, c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Christian était administrateur chez Nature & Progrès et il a longtemps été notre représentant au Conseil supérieur de l’éducation permanente. Il sait que la sensibilisation est un enjeu crucial et que « faire pour faire » ce n’est pas suffisant. Il est important de comprendre pourquoi on le fait, sinon on finit par décrocher et se laisser tenter par un retour au « confort d’une vie moderne » faite de supermarchés ouverts sept jours sur sept…

Visite d’un chantier en écobioconstruction.

Lors de chacune des rencontres sur l’autonomie, une causerie est donc organisée et les participants sont invités à discuter des différents enjeux liés à la thématique du jour. Ainsi par exemple, lors de la première rencontre sur le pain, 12 personnes étaient présentes, dont une agricultrice bio voisine qui a pu expliquer les réalités de son travail et les tenants et aboutissants de la production de ses farines. Depuis lors, une voisine, Cécile – qui était également présente lors des deux journées du panel – a repris la main avec Claude et une dizaine d’activités ont été organisées sur l’autonomie dans la cuisine, au jardin, financière, en écoconstruction, sur le low tech, etc. Un second groupe permanent, issu en partie du premier et rejoint par d’autres personnes (membres ou non), est également en création autour du jardinage, des semences et de la biodiversité.

Ces causeries permettent de (re)dynamiser des individus, qui deviennent ensuite des groupes qui continuent à échanger; mais aussi tout le réseau local institutionnel. On peut ainsi citer quelques acteurs partenaires tels que la Maison de la Culture, diverses ASBL, le festival de la ruralité, la commune via le PCDR, les différents partis politiques locaux, le domaine provincial du Fourneau Saint-Michel, etc. qui (re)découvrent Nature & Progrès grâce à ses différents projets. En une année, ce sont plus d’une centaine de personnes qui ont déjà été sensibilisés à l’autonomie au quotidien ! Une belle réussite dont le point de départ fut, je vous le rappelle, une balade dans un bois nassognard…

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 3

Intensif: un film pour susciter le changement avec Télévision Du Monde

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Une association namuroise mérite un coup de projecteur. A travers la co-création et la réalisation de vidéos, Télévision du Monde se donne pour objectif de dénoncer les injustices, inégalités, préjugés et stéréotypes en mettant en lumière des acteurs de terrain porteurs de solutions concrètes, positives, qui donnent envie de changer les choses. Télévision du Monde a notamment collaboré avec Nature & Progrès pour produire « intensif », notre film sur les alternatives au pesticides. Ce sont les réalisateurs du film, Baptiste Maryns et Maryse Williquet, que nous recevons dans cet épisode. 

 

Télévision du Monde en quelques mots

Télévision du Monde est une maison de production audiovisuelle, spécialisée dans la réalisation de projets vidéo, pour et avec les associations ou les institutions publiques

Le projet de Télévision du Monde est de mettre en lumière les initiatives portées par celles et ceux qui, sur le terrain, agissent et créent le changement. Leur volonté est double: d’une part, montrer que les alternatives existent et qu’il est possible d’agir pour créer, ensemble, un autre demain. D’autre part, contribuer à une réflexion sur les grandes questions de notre siècle, et participer à la mobilisation des acteurs institutionnels, citoyens et associatifs sur les questions sociales, environnementales, culturelles, économiques et démocratiques qui traversent le monde actuel.

 

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

 

Si cet épisode vous a plu, et que vous voulez en savoir encore plus sur les différentes thématiques abordées, nous vous invitons à consulter les ressources complémentaires ci-dessous.

 

Ressources complémentaires :

 

Pesticides : entre les paroles en l’air de nos gouvernements et la pause environnementale européenne, une bonne nouvelle, les mutuelles de santé montent au créneau

En début de législature, les gouvernements fédéraux et régionaux s’étaient montrés volontaires sur la réduction des pesticides. L’utilisation des pesticides n’a que très faiblement baissé ces dernières années et les mesures pour réduire l’utilisation et les risques des pesticides sont désolantes. A l’Europe, c’est la pause environnementale. Seule lueur d’espoir, les mutuelles de santé qui tirent la sonnette d’alarme. Amiante, pesticides, même combat pour la santé ! L’affranchissement des pesticides n’est pas qu’une question d’environnement, c’est un enjeu de santé publique.

Sur papier, le gouvernement fédéral s’était engagé à « réaliser un ambitieux plan de réduction des pesticides »1, et le gouvernement régional de son côté « en cohérence avec les décisions européennes visant à sortir progressivement des pesticides »2.

C’était en début de législature. C’étaient les intentions. En effet, le bilan de Nature & Progrès sur l’autorisation des pesticides en Belgique publié en mars 2023, intitulé « Belgique, royaume des pesticides » montrait au contraire des pratiques laxistes de l’administration belge et son inaction en matière de substitution pour des alternatives moins toxiques.  Pas étonnant que la Belgique soit dans le trio de tête des plus grands consommateurs de pesticides de l’UE (8.5 kg/hectare)3 et que les ventes de pesticides ne diminuent pas sensiblement4.

Nous fondions alors nos espoirs sur la troisième édition des programmes régionaux et fédéraux de réduction des pesticides 2023-2027, après ceux de 2011-17 et 2018-23 pour se mettre dans le bain. Ces plans étaient l’occasion d’adopter des mesures concrétisant l’engagement du gouvernement à la hauteur des enjeux et des revendications, comme :

  • Un calendrier concret pour une élimination des pesticides les plus toxiques, entre autres les candidats à la substitution qui doivent être remplacés par des alternatives moins toxiques, au terme d’une étude comparative, dès que c’est possible ;
  • Une recherche scientifique orientée exclusivement vers les alternatives non chimiques et l’abandon de tout fond public dans de la recherche qui viserait à maintenir et optimiser l’utilisation de produits phytosanitaires ;
  • La mise en place du principe du pollueur payeurà charge de l’industrie de la chimie qui retire tous les profits de la vente des pesticides, sans en supporter aucun coût sociétal ;
  • Des mesures et des moyens au niveau régional pour protéger les eaux et les riverains des dérives de pesticides (zones tampons suffisantes) ;
  • etc

Mais pour cette troisième édition, la Belgique en est toujours au stade du diagnostic, de la réalisation d’études, d’outils, de plans communication, de sensibilisation, du diagnostic, de la réalisation d’études, d’outils, de plans communication, de sensibilisation, de mise en place d’observatoires, d’élaboration de calendriers de suivis, de partage d’informations5, etc. Pas d’ambition assumée de réduction, pas d’élimination des produits les plus toxiques, pas de calendrier concret pour s’affranchir concrètement des pesticides.

 

« Que la Belgique ne nous parle pas d’ambition de réduction des pesticides » s’insurge Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer chez Nature & Progrès « Finalement publié le 3 avril 2024 (!) – alors qu’il concerne la période 2023-2027 – le NAPAN (ndlr/ Nationale Actie Plan d’action nationale) n’est qu’un agglomérat de collecte d’information et d’analyses, sans doute utiles, mais à mille lieues de l’ampleur des enjeux sociétaux auxquelles nous devons faire face aujourd’hui. Les conséquences néfastes des pesticides se conjuguent au pluriel6 sur les agriculteurs et leur santé, l’eau, la biodiversité, la santé des riverains … Et, on avance au ralenti ! »

 

Dans le même temps, à l’Europe, ce n’est pas mieux. Face à la grogne agricole, la Commission renouvelle son approbation du glyphosate pour 10 ans malgré l’absence de majorité qualifiée au Conseil, revient sur les mesures agri-environnementales de la PAC, abandonne le règlement sur l’utilisation durable des pesticides (SUR), etc.

 

Cela fait pourtant des décennies que la toxicité des pesticides chimiques est dénoncée. Le livre « Printemps silencieux », de Rachel Carson, avait fait couler de l’encre en 1962 déjà, et c’est 2 ans plus tard que la Communauté Nature & Progrès voyait le jour, à l’initiative de personnes du corps médical qui voulaient lutter contre l’agriculture chimique et développer l’agriculture biologique. Car des alternatives existent et elles se déploient tous les jours sur nos territoires7.

De nouveaux acteurs se joignent aujourd’hui à notre combat, ce sont les mutualités de santé. Cet engagement des mutuelles de santé a récemment vu le jour en France.8 Ce 11 avril 2024, les mutuelles de santé françaises, avec d’autres mutuelles en Europe, dont les mutualités libres (Partenamut)9 organisent un grand colloque au Parlement européen et à 16h, un goûter rassemblement sur la place du Luxembourg. Profondément inspirées par l’expérience de l’amiante, elles se mobilisent pour en appeler à la fin des pesticides chimiques10.

« Cette mobilisation des mutuelles est une excellente nouvelle, qui nous fera certainement gagner quelques années. Les pesticides chimiques sont appelés à disparaître parce qu’ils sont toxiques, mais avant d’être interdits, ils circulent et font des dégâts. Rien d’étonnant à ce que les mutuelles de santé entrent dans la danse. Ce n’est pas elles à payer pour les problèmes de santé dus à l’utilisation de ces poisons. Il est d’ailleurs temps que le principe du pollueur payeur s’applique en la matière », déclare Virginie Pissoort.




[1] Accord_de_gouvernement_2020.pdf (belgium.be), page 63-64
[2] DPR – Version définitive – PRESSE (wallonie.be), page 77
[3] DOSSIER_canopea_les-pesticides-dans-leau_WEB.pdf, page 18
[4] Données de vente des produits phytopharmaceutiques en Belgique maintenant en ligne | Phytoweb (fytoweb.be) – les données pour les années 2019-2020 et 2021, sont souvent classées C- confidentielles, Il est possible de les obtenir sur demande, elles montrent une diminution d’environ 10% sur la décennie.
[5] pfrp_programme_2023-2027_-_update_fev_2024.pdf (fytoweb.be)
[6] Biodiversité et services rendus par la nature : que sait-on de l’impact des pesticides ? | INRAE
[7] Wallonie sans pesticides – Nature & Progrès (natpro.be)
[8] En France, certains cancers et maladies neurodégénératives chez les agricutleurs.rices ont d’ailleurs été reconnus comme maladie professionnelles en 2021 Création du tableau de maladie professionnelle relatif au cancer de la prostate en lien avec l’exposition professionnelle aux pesticides | Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
[9] Le 14 novembre 2023, les Mutualités libres avaient déjà co-signé avec N&P et d’autres organisations un courrier à Ursula Von de Leyen demandant de ne pas ré-approuver le glyphosate. GGS – Open letter to VDL – Google Docs
[10] Santé publique : les mutuelles appellent à agir contre les dangers des pesticides – Basta!

Prosulfocarbe, l’administration belge pour une décision qui protège la santé des opérateurs.

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Fin 2023, Nature & Progrès a été alerté par des agriculteurs.rices biologique des problèmes de dérives du prosulfocarbe, qui voyaient leur culture contaminée et dès lors potentiellement déclassée, du fait de la présence de ce résidu de pesticides dans leurs productions ; principalement dans les fruits des vergers et les herbes aromatiques. Le prosulfocarbe utilisé comme désherbant en agriculture conventionnelle, est le deuxième herbicide sur le podium des ventes en Belgique, après le glyphosate. Selon l’administration belge, en 2022, plus de 213 000 kilos d’herbicides à base de prosulfocarbe ont été commercialisées. Particulièrement volatile, il peut se retrouver à des centaines de mètres du lieu de pulvérisation original (en l’occurrence les parcelles de toute évidence à l’origine de la consommation étaient à plus de 800m des vergers contaminés).

L’extrême volatilité du prosulfocarbe n’est pas nouvelle. En France, en octobre 2023, le gouvernement a pris la décision de limiter l’utilisation du prosulfocarbe drastiquement ( le prosulfocarbe ne peut plus être appliqué dans un rayon de 1 km autour des cultures non-cibles avant leurs récoltes ), en précisant que si ces mesures ne portaient pas leur effet et que les problèmes de dérives se poursuivaient la substance devrait être interdites. Syngenta a largement communiqué sur ces mesures et l’importance de les respecter pour éviter un retrait définitif.

En Belgique, une campagne de communication avait été lancée par les autorités pour éviter ces dérives sans mesures contraignantes. En 2022, les autorités fédérales reconnaissaient que cela n’avait pas résolu le problème et prenait finalement des mesures contraignantes fin 2022 (buse anti dérive de 90%, périodes de non-pulvérisation en hiver avec des exceptions). En 2023, le problème n’étant toujours pas résolu, suite à des réclamations d’agriculteurs biologiques, Nature & Progrès comme l’UNAB ont interpelé les autorités régionales et fédérales sur ce problème de dérive, qui constitue un véritable enjeu économique (et environnemental) pour les agriculteurs biologiques dont les productions ne pouvaient plus être commercialisées en « bio ». Par ailleurs, ce problème est potentiellement aussi celui des agriculteurs conventionnels qui peuvent ainsi voir leur limite maximale de résidus (LMR) augmenter et se voir sanctionnés en cas de contrôle. Sur les 3 dernières années, un cas de dépassement de LMR pour le prosulfocarbe a d’ailleurs été enregistré, sur du persil.

Finalement, la réponse est arrivée, radicale, nette le 9 février dernier : toutes les autorisations de pesticides à base de prosulfocarbe sont suspendues en Belgique – sans période de transition. Mais davantage que la mesure, c’est l’argumentaire qui nous a surpris : « Cette mise à jour faisait suite à la soumission d’informations sur des effets potentiellement nocifs ou inacceptables du prosulfocarbe par un des titulaires des autorisations. Sur base de cette mise à jour, il s’avère que le niveau d’exposition des opérateurs et des travailleurs pour certains usages dépasse le niveau acceptable. Le niveau d’exposition des résidents dépasse le niveau acceptable pour tous les usages. »

De l’audition du Ministre Clarinval en Commission du Parlement fédéral le 27 février dernier, il apparait que l’administration a examiné les conditions d’autorisation des produits contenant du prosulfocarbe afin de remédier aux dépassements de LMR. Les titulaires des autorisations ont soumis à cette fin une demande de révision des doses d’utilisation. L’ administration a également examiné de nouvelles données toxicologiques qu’un des titulaires d’autorisation a soumis. »

C’est sans aucun doute une bonne chose pour les agriculteurs biologiques dont les cultures se retrouvaient polluées, également tous les opérateurs agricoles dès lors que leur santé est en jeu. Au-delà, l’intérêt de cette mesure réside aussi dans le motif de la suspension. C’est dans le cadre de l’examen du dépassement des limites maximales de résidus (et de dérives, même si le texte ne le dit pas) que l’administration a reçu des titulaires de l’autorisation des nouvelles données toxicologiques qui ont conduit le comité d’agrégation à conclure à la suspension de l’autorisation. Cette soumission – volontaire – d’informations toxicologiques qui s’impose dans le cadre de l’article 56 du règlement européen sur les pesticides (1107/2009), est loin d’être monnaie courante. Ce qui est tout aussi rare et à souligner c’est la décision de suspension de l’autorisation d’une substance active de l’administration, avec effet immédiat.

Nous ne pouvons que nous réjouir de constater que le Comité d’Agrégation prend ses responsabilités. Nous l’avons dit, et redit, l’élimination des pesticides chimiques de synthèse est un enjeu de santé publique. Et les premières victimes sont les agriculteurs.rices et leurs familles. Notre agriculture doit s’affranchir de ces produits chimiques et construire sur les alternatives qui existent et se déploient tous les jours.

Mais, le dossier n’est sans doute pas clos. Cette décision peut faire l’objet d’un appel dans les 30 jours, et dans les coulisses on entend que Syngenta et la fédération wallonne de l’agriculture (la FWA) élaborent leur stratégie d’appel.

Sur ce point le Ministre David Clarinval a été clair «Il est évident que si des réclamations sont introduites, elles seront évaluées. Dès lors que les conclusions conduisent toujours à un niveau d’exposition des personnes inacceptables, le retrait des autorisations sera définitif, sans délai de grâce pour la commercialisation et l’utilisation des stocks existants. » Nous allons suivre l’affaire évidemment. Car, si une éventuelle levée de la suspension des autorisations devait être décidée par le Comité d’agrégation sur la base d’informations scientifiques nouvelles, il est impératif que des mesures de restrictions d’utilisation ambitieuses permettant de canaliser les problèmes de dérives soient prises. Nous mettrons toute notre énergie dans ce sens.

Habitats & énergie : cycles de rencontres

Cycles de rencontres d’échanges pour mieux comprendre les habitats alternatifs et revendiquer leur reconnaissance sociale et réglementaire.

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L’objectif principal de ce cycle, est d’échanger sur comment surmonter les différents obstacles qui jalonnent le parcours des porteurs de projets et freinent les implantations d’habitats légers ?

Ne restons pas passif ! Rejoignez-nous.

Vous êtes confronté à des obstacles ? Vous souhaitez partager votre expérience, contribuer au processus de reconnaissance, soutenir les porteurs de projets ou participer à la sensibilisation des citoyens ?

Que vous souhaitiez comprendre les obstacles, les dénoncer ou simplement vous impliquer, dans la lutte pour la reconnaissance sociale et réglementaire de l’habitat léger n’attendez pas plus longtemps !

Inscrivez-vous dès maintenant à ce cycle de rencontres et collaborons pour faire notre part.

 

 

Cycle de Biez

Nature & Progrès et les amis de la butte de Biez organisent un cycle de rencontres en vue d’identifier vos besoins et vos attentes. 

  • Date: Mercredi 24 avril
  • Heure: 19h00
  • Lieu: Maison du quartier de Biez, Rue du Beau Site, 32 – 1390 Grez-Doiceau

 

Participation gratuite sur inscription: Hamadou Kandé : 081/32.30.63 ou par mail : hamadou.kande@natpro.be

Cycle Chaumont-Gistoux

Habitat léger on se compte! Rencontre de partages et d’échanges sur nos projets respectifs. 

  • Date: samedi 16 mars
  • Heure: 19h30
  • Lieu: La Chaumière, Rue de Corroy 2 – 1325 Chaumont-Gistoux

Habitat léger, un art de vivre: Malgré les difficultés, certains projets arrivent à terme! Des habitants légers vous racontent leur parcours inspirant. 

  • Date: vendredi 05 avril
  • Heure: 19h30
  • Lieu: La Chaumière, Rue de Corroy 2 – 1325 Chaumont-Gistoux

Droit à un logement, plaidoyer pour un habitat léger + visite découverte d’un habitat léger. 

  • Date: samedi 20 avril
  • Heure: 10h
  • Lieu: La Chaumière, Rue de Corroy 2 – 1325 Chaumont-Gistoux

 

Participation gratuite sur inscription: Hamadou Kandé : 081/32.30.63 ou par mail : hamadou.kande@natpro.be

Cycle de Bruxelles

Habitat léger on se compte ! Rencontre de partages et d’échanges sur nos projets respectifs.

  • Date: mardi 23 avril
  • Heure: 19h30
  • Lieu: COWB ASBL, Chemin du Silex, 10-B – 1170 Bruxelles

 

Habitat léger, un art de vivre : Malgré les difficultés certains projets arrivent à terme ! Des habitants légers vous racontent leur parcours inspirant.

  • Date: vendredi 17 mai
  • Heure: 19h30
  • Lieu: COWB ASBL, Chemin du Silex, 10-B – 1170 Bruxelles

 

Participation gratuite sur inscription: Hamadou Kandé : 081/32.30.63 ou par mail : hamadou.kande@natpro.be

Cycle de Liège

Habitat léger on se compte ! Rencontre de partages et d’échanges sur nos projets respectifs

  • Date: Mercredi 10 avril
  • Heure: de 19h30 à 22h
  • Lieu: Centre liégeois du Beau mur, rue du Beau mur 48 – 4030 Liège

Habitat léger, un art de vivre : Malgré les difficultés certains projets arrivent à terme ! Des habitants légers vous racontent leur parcours inspirant.

  • Date: Vendredi 26 avril
  • Heure: de 19h30 à 22h
  • Lieu: Centre liégeois du Beau mur, rue du Beau mur 48 – 4030 Liège

 

Participation gratuite sur inscription: Hamadou Kandé : 081/32.30.63 ou par mail : hamadou.kande@natpro.be

Cycle de Waremme

Habitat léger, on se compte! Rencontre de partages et de questionnements des participant.es. 

  • Date: Vendredi 19 avril
  • Heure: 19h00
  • Lieu:  Rue de Grand’Axhe, 45 – 4300 Waremme

Participation gratuite sur inscription: Hamadou Kandé : 081/32.30.63 ou par mail : hamadou.kande@natpro.be

Cycle de Wanze

Habitat léger, on se compte! Rencontre de partages et questionnements des participant.es. 

  • Date: Lundi 06 mai
  • Heure: 19h00
  • Lieu: Place Faniel, 8 – 4520 Wanze

 

Participation gratuite sur inscription: Hamadou Kandé : 081/32.30.63 ou par mail : hamadou.kande@natpro.be

Dérégulation des nouveaux OGM : une journée sombre pour le vivant

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08 février 2024

Communiqué de presse

En ce 7 février 2024, le Parlement européen a pris une décision délétère malgré les alertes de la société civile(producteurs et consommateurs), et de l’environnement, en votant pour la dérégulation des nouveaux OGM. Cette décision, au profit de l’industrie semencière, néglige la qualité alimentaire et la souveraineté alimentaire.

L’évaluation des risques pour la mise en circulation d’organismes génétiquement modifiés constitue un pilier essentiel de la réglementation actuelle sur les OGM et incarne le principe de précaution. Cependant, le Parlement européen a récemment balayé ce principe en supprimant cette évaluation pour la grande majorité des organismes modifiés avec les nouvelles techniques génétiques (NTG de catégorie 1).

Heureusement, certains amendements sur l’étiquetage et la traçabilité, qui étaient absents du texte initial de la Commission, ont été réclamés et approuvés par certains parlementaires. De plus, un système de clause de sauvegarde permettant de retirer un produit NGT en cas de problèmes de sécurité a également été adopté. Cependant, en l’absence d’évaluation préalable des risques et sans obligation pour les semenciers de communiquer leurs méthodes de détection des NGT, ces mesures s’avèrent insuffisantes, voire illusoires, pour protéger efficacement l’environnement et les agriculteurs qui ne souhaitent pas les utiliser.
Malgré l’interdiction des NGT dans l’agriculture biologique, l’avenir des filières biologiques ou garanties sans OGM reste incertain.

« Une chose est d’interdire les NGT dans la bio, une autre est de donner les moyens techniques et juridiques de les interdire tout au long de la filière. A cet égard, le Parlement a manqué d’ambitions sur ce point, déresponsabilisant ainsi les firmes susceptibles de contaminer l’environnement et de détruire les écosystèmes voisins » pour Virginie Pissoort, responsable plaidoyer, Nature & Progrès.

Les parlementaires ont voté avec une certaine naïveté en décidant que les NGT ne seraient pas brevetables. Cependant, pour garantir cette interdiction, une modification de la Convention européenne des brevets est indispensable. Il convient de souligner que cette convention englobe 39 États européens, dépassant largement le cadre de l’UE, sur lequel cette dernière n’a aucune influence directe.

Autre contradiction ou faiblesse du texte : Les députés ont convenu que les fameuses plantes tolérantes aux herbicides ne seraient pas autorisées sans évaluation des risques préalable (NGT catégorie 1), mais celles qui produisent leur insecticides, elles peuvent librement accéder aux marchés, et aboutir dans nos assiettes, sans aucune évaluation des risques pour notre santé et l’environnement.

Une petite lueur d’espoir.
Bien que le COREPER n’ait pas trouvé d’accord sur la dérégulation des NGT, aucun texte ne devrait être entériné dans un proche avenir. Cela ouvre une opportunité de réflexion sur l’utilité des NTG dans le contexte actuel de crise agricole.

A défaut de majorité qualifiée sur ce texte ce 7 février, les Etats membres sous la présidence de la Belgique devront se remettre sur la planche à dessin. Dans le contexte actuel de crise agricole, l’occasion est unique de se poser la question de la pertinence et du fondement de cette course à bras le corps vers les NTG, comme si c’était La solution. Notre ministre fédéral de l’Agriculture qui préside les débats, tenu à la neutralité de par son rôle de président et la position d’abstention de la Belgique faute de consensus des ministres, a là une occasion unique de pousser la réflexion.

« L’échec d’un accord au niveau des Etats membres est une nouvelle qui nous donne de l’espoir et un peu de répit pour permettre une mobilisation plus large et de réels débats dans la société et dans les médias sur l’agriculture et l’alimentation que nous voulons pour demain. Il est temps de reconnaître que de nombreux agriculteurs en Wallonie et en Europe parviennent à produire efficacement sans recourir aux pesticides ni aux OGM. C’est ces agriculteurs-là que l’Europe doit soutenir, et pas la mainmise de l’industrie semencière américaine et chinoise sur nos agriculteurs.rices et sur le vivant. » rappelle Nature & Progrès