Afin de réduire au minimum les risques pour la santé et l’environnement, l’utilisation de pesticides en agriculture est conditionnée au respect de mesures d’atténuation des risques. Si la gestion des risques liés aux pesticides est conditionnée aux modalités d’utilisation des pesticides énoncées dans les autorisations octroyées au niveau fédéral, le contrôle du respect de ces modalités d’utilisation est, quant à lui, de la responsabilité de la Ministre wallonne de l’Environnement, Madame Céline Tellier.
Nous lui avons donc écrit pour obtenir différentes informations. Découvrez notre courrier ici :
Le 10 octobre 2022, l’Initiative Citoyenne Européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » a été formellement approuvée par la Commission en atteignant le million de signatures valides. Nous sommes précisément 1,2 million de citoyens européens, dont beaucoup de Belges, à réclamer une sortie des pesticides de notre environnement.
Pour rappel, l’Initiative Citoyenne Européenne demande :
une réduction de 80% de l’utilisation des pesticides de synthèse d’ici 2030 et de 100% d’ici 2035 dans l’UE ;
des mesures pour restaurer la biodiversité sur les terres agricoles ;
un soutien massif aux agriculteurs pour une transition vers l’agroécologie.
Concrètement, la Commission a désormais jusqu’au 7 avril 2023 pour présenter sa réponse officielle à cette ICE. Les organisateurs seront invités par cette dernière. Ensuite, une audition au Parlement aura lieu dans les 3 mois avec les députés européens. La Commission et le Parlement européen ne vont avoir d’autre choix que de répondre aux demandes des citoyens pour une agriculture exempte de pesticides chimiques de synthèse et respectueuse des abeilles.
La Belgique, 2ème pays à avoir atteint son quorum
La Belgique peut se féliciter du résultat ! En effet, notre pays a été le second Etat européen à atteindre son quorum de 15.750 signatures en février 2020. Ce chiffre était nécessaire pour faire de notre pays le deuxième pays à atteindre le quorum obligatoire dans 7 Etats permettant la validation de l’Initiative.
Nature & Progrès se réjouit de cette réussite ! L’association a, durant des mois, sollicité ses Membres et sympathisants qui se sont montrés très réactifs. Nous avons ainsi récolté des milliers de signatures via les réseaux sociaux, via la revue Valériane ou encore lors du Salon Valériane. MERCI à toutes et tous !
Et en Wallonie, qu’en est-il pour les abeilles ?
En 2017, Nature & Progrès a lancé la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides » qui vise à éliminer les pesticides au profit des alternatives. L’association est heureuse de voir que la démarche a été suivie avec l’ICE pour recouvrir, cette fois, l’entièreté de l’Europe. Nous devons œuvrer ensemble à faire supprimer de ce pas les pesticides cancérigènes, reprotoxiques et génotoxiques de notre environnement. Pour ce qui est des autres, nous devons développer les alternatives rapidement !
De la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides » découle l’étude « Plan Bee ». Elle a pour objectif d’évaluer la faisabilité agronomique, apicole et économique de semer des fleurs mellifères sur de grandes surfaces pour produire du miel et accueillir la faune sauvage. Nous venons, ce 11 octobre 2022, de clôturer les trois premières années d’étude (lire le rapport) durant lesquelles nous avons analysé l’état de l’environnement à l’aide des abeilles. Il en ressort que les abeilles mellifères et osmies sont d’excellents indicateurs de notre environnement. Elles sont intéressantes pour jauger la présence de pesticides dans l’environnement et ainsi signaliser les sites à risques de contamination. Les abeilles sont nos alliées, protégeons-les !
Cela fait vingt ans que Nature & Progrès agit pour protéger les abeilles des dégâts occasionnés par l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes, malgré l’entêtement du secteur betteravier et des autorités. Au terme de nombreuses actions, ces insecticides tueurs d’abeilles ont finalement été interdits par l’Europe. Mais la Belgique a honteusement dérogé à cette interdiction pendant trois années consécutives…
PAN Europe et Nature & Progrès ont alors demandé à la Cour de justice de l’Union européenne de clarifier les règles d’octroi de dérogations pour les pesticides ayant été interdits en Europe. Le 8 septembre dernier, l’avocate générale à la CJUE a fait part de ses conclusions sur l’affaire aux juges européens et aux parties. S’il est suivi par les juges européens, cet avis pourrait conduire à une réduction spectaculaire des dérogations et à une meilleure protection de la santé des citoyens et de l’environnement.
Pour Nature & Progrès, l’Etat belge use et abuse de la possibilité de dérogation ouverte par l’article 53 du règlement européen n°1107/2009 encadrant la mise sur le marché des pesticides au point d’autoriser des insecticides expressément interdits en plein champ depuis 2018. Plus largement, depuis des décennies, les Etats membres de l’Union européenne prolongent artificiellement, au détour de dérogations, l’utilisation de pesticides hautement toxiques et interdits dans l’Union. Et ce, avec la bénédiction de la Commission européenne !
Devant la nécessité de clarifier certaines dispositions clés du Règlement Pesticides, le Conseil d’Etat s’est tourné, à notre demande, vers la Cour de Justice de l’Union européenne. Le 17 mars 2022, une audience importante a ainsi eu lieu à Luxembourg.
En effet, l’Avocate générale pose des conditions strictes pour l’autorisation des pesticides interdits :
L’autorisation d’urgence d’un pesticide interdit ne peut être octroyée qu’à titre exceptionnel
Un danger habituel, c’est-à-dire qui survient fréquemment, ne constitue pas un cas exceptionnel : il n’est donc plus possible d’autoriser « exceptionnellement », année après année, des insecticides néonicotinoïdes interdits pour lutter contre les pucerons en betteraves sucrières
L’octroi de ces dérogations doit être précédé d’un « examen diligent et impartial », qui implique une « obligation d’apprécier de manière critique et tenir compte également des informations pertinentes provenant d’autres sources (que celles fournies par l’industrie) »
Le danger pour la production agricole et le risque pour la santé et l’environnement doivent être mesurés avec la même méthode d’évaluation. Il faut des indices sérieux et concordants, ce qui n’a clairement pas été respecté par la Belgique qui a pris les dires de l’industrie pour argent comptant.
La protection de la santé et de l’environnement a plus de valeur que la garantie de compétitivité de l’agriculture. A cet égard, l’Avocate générale confirme qu’il y a un standard différent pour la santé humaine (y compris des animaux domestiques et d’élevage et donc des abeilles d’élevage) et la protection de l’environnement (y compris la santé des animaux sauvages). Toute atteinte à la santé humaine ne peut être tolérée qu’en cas de « dangers particulièrement graves » tels que des « risques concrets pour la sécurité alimentaire ». Cela conforte aussi notre position : dès qu’il y a un risque pour la santé humaine ou les pollinisateurs, des intérêts économiques ne peuvent pas l’emporter.
Les étapes à venir
Nous espérons obtenir l’arrêt de la Cour de justice de l’UE en décembre 2022 ou janvier 2023. Cet arrêt sera ensuite transmis au Conseil d’Etat, qui devrait rendre sa décision d’ici juin 2023.
Au mois de septembre 2022 se tenait le plus grand Salon Bio de Belgique : Valériane. Tradition oblige, chaque édition démarre par une inauguration. L’occasion de remercier tous les partenaires de Nature & Progrès et de faire le point sur le BIO en Wallonie.
Merci pour leur présence à Madame la Ministre de l’Environnement Céline Tellier, Monsieur Grégoire Clerfayt (chef de cabinet du Ministre du Climat Philippe Henry), Monsieur le Gouverneur de la province de Namur Denis Mathen, Madame l’Echevine de la Transition écologique Charlotte Mouget et l’ensemble des invité(e)s en leur titre et qualité.
Voici les éléments-clés à retenir du discours de Marc Fichers (secrétaire général de Nature & Progrès) à cette inauguration qui a accueilli plus de 120 participants.
Le thème du Salon Valériane 2022 : l’action
« A Valériane, je m’informe, j’agis, je reproduis, je partage », voilà le slogan qui a rythmé la 37ème édition du Salon Valériane. Une phrase qui résume parfaitement l’ADN de l’association Nature & Progrès Belgique.
Informer : informer à la mode de Nature & Progrès, ce n’est pas dire aux gens ce qu’ils doivent faire mais bien créer des espaces de rencontres et de discussions entre producteurs et consommateurs, pour que chacun(e) s’enrichisse des avis de l’autre. C’est d’ailleurs cette méthodologie qui a forgé la Bio depuis 50 ans. Concrètement, le Salon Valériane rend cela possible par plus de 200 exposants, par des conférences suivies de débats et par des ateliers d’échange de savoirs.
Agir : Quand on prend conscience de l’état catastrophique de notre environnement, du dérèglement climatique, de la précarité énergétique et alimentaire, il est important de ne pas laisser de côté les citoyens. Au contraire, il faut leur donner les moyens d’agir, aussi bien avec des solutions personnelles qu’avec des pistes pour la société en interpellant les décideurs politiques. Au sein de Nature & Progrès, nous aimons rendre chacun acteur de changement. Par exemple, dans le cadre de l’urgence climatique, des membres et non membres de l’association se sont informés sur les modes de vie qui permettaient de réduire l’utilisation du CO2. Les membres se sont informés et ont incités d’autres citoyens à reproduire ces gestes simples pour que chacun, dans les domaines de son choix (mobilité, énergie ou alimentation), œuvre contre le réchauffement climatique. Ce projet a été mené avec le soutien du Ministre wallon du Climat.
Reproduire : Vivre Bio, vivre avec les valeurs de Nature & Progrès, procure de la joie ! Pour cela, il suffit d’observer les exposants. Certes, ils espèrent vendre mais ils aiment Valériane car c’est un lieu de partage et de motivation. Les producteurs et consommateurs de Nature & Progrès se donnent pour objectif qu’un maximum de personnes mette en œuvre les principes de production et de consommation du bio. C’est pour cela que notre première cible représente les consommateurs qui n’ont pas encore saisis l’importance de consommer et de vivre Bio. L’autre cible représente les agriculteurs qui utilisent encore des pesticides chimiques de synthèse alors qu’ils pourraient mettre en place les alternatives. Si Nature & Progrès œuvre déjà pour atteindre les 30% de la SAU en bio comme le prévoit la DPR, elle travaille aussi pour faire évoluer les 70% restant qui utilisent encore le chimique dans leur agriculture.
Pour une mise en valeur des alternatives aux pesticides
Notre priorité est de diffuser au maximum les techniques alternatives aux pesticides à travers la campagne « Vers une Wallonie sans pesticide, nous y croyons ! ». Nous organisons des rencontres entre citoyens, agriculteurs bio et agriculteurs conventionnels pour que ces derniers s’inspirent de l’agriculture biologique et sortent de la dépendance aux intrants chimiques. Ce projet est soutenu par la Ministre wallonne de l’Environnement.
En matière de pesticides, la Belgique s’y connait plutôt bien… Puisque nous sommes des leaders en termes d’autorisation et d’utilisation. En ce domaine, Nature & Progrès agit pour que s’arrête la désinvolture des autorités fédérales dans les autorisations des pesticides utilisés dans le pays ou dans l’exportation honteuse des pesticides interdits.
De plus, notre vœu le plus cher est que les structures de recherche et d’encadrement régionales fassent de même. Notre environnement et notre santé en seront soulagés. Les méthodes naturelles de conduite de culture représentent la vie. Cette façon de faire, de s’informer, d’agir et de partager ses connaissances est bien entendu une déclinaison du concept « Voir – Juger – Agir » puisque le mouvement social Nature & Progrès est une association d’Education permanente.
La bio montre la voie depuis des dizaines d’années
En refusant les engrais et les pesticides chimiques, le bio permet une production végétale autonome. Voilà une solution pour le conventionnel qui se retrouve avec des prix d’intrants impayables. Pour la production bovine également, le bio prône l’autonomie des fermes. Il est d’ailleurs regrettable que la réforme de la PAC n’ait pas aidé les éleveurs à faire la transition vers des élevages autonomes. Sauront-ils encore acheter des aliments pour leur bétail avec un marché immaîtrisable ?
De nombreuses voix mettent en avant un fléchissement du marché bio depuis le début de l’année. La meilleure réaction est d’informer les consommateurs. Nature & Progrès insiste donc pour que les programmes de promotion du Bio prévus dans le Plan Stratégique Bio soient mis en œuvre. Il n’est pas normal que les budgets attendus ne soient pas libérés. Dans tous les cas, nous restons confiants et l’enthousiasme du Salon Valériane nous fortifie !
Rendons le consommateur autonome à tous points de vue
Le Salon Valériane couvre tous les aspects de la consommation : l’agriculture et l’alimentation bien sûr mais aussi l’écobioconstruction, la mobilité, et le climat, la santé et les produits d’entretien. C’est dans tous les domaines qu’il faut remettre le naturel. Au Salon Valériane, toutes les clés sont disponibles pour aider le consommateur à faire son potager, à cuisiner les viandes, légumes et farines produits par les producteurs bio locaux, à isoler sa maison, à fabriquer soi-même ses produits d’entretien, ses cosmétiques et ses peintures.
En cette période incertaine accentuée par la guerre en Ukraine, la crise climatique et la précarité énergétique, il est essentiel d’œuvrer à développer l’autonomie. Ce sera possible uniquement si nous mettons du lien entre consommateurs et artisans locaux et Bio.
Pas de messages ambigus : bio ou rien… !
Tous les exposants doivent répondre à un cahier des charges strict. Depuis toujours, le Salon Valériane, c’est du 100% bio certifié, contrôlé et donc garanti sans pesticides chimiques de synthèse et sans OGM.
« Je dis cela car depuis quelques temps, on parle de « durable » sans vraiment le définir. On voit même fleurir en Wallonie des initiatives se revendiquant agroécologiques alors qu’elles ouvrent la porte aux pesticides chimiques de synthèse ». – Marc FICHERS
Pourtant, le Code Wallon de l’agriculture est clair. Il prévoit un objectif de suppression des intrants synthétisés chimiquement. Dans un contexte où le greenwashing est devenu la norme, il est dangereux d’instrumentaliser le concept de l’agroécologie en se limitant à « minimiser l’utilisation des pesticides ». Toute l’agriculture pourrait dès lors se déclarer « agroécologique ». Alors que la vraie agroécologie, c’est celle pratiquée notamment par les producteurs bio de Nature & Progrès : une agriculture bio locale, solidaire, autonome et rentable.
Cette mauvaise définition de l’agroécologie est un fameux bon en arrière. Et la politique de la fuite en avant, dans l’utilisation des pesticides, est néfaste pour notre environnement et notre santé. Elle l’est plus encore pour les agriculteurs maintenus dans l’illusion d’un mode de production sans avenir ! Il est urgent de bien positionner ces concepts de « durable » et d’ « agroécologie » comme des moyens de faire évoluer le conventionnel et non de concurrencer ou de brouiller l’image du bio. Et bien entendu, il faut avoir l’honnêteté de dire aux consommateurs que ces concepts sont basés sur la lutte chimique et qu’ils comptent la conserver. Ce serait pure perte si ces concepts rognaient l’ambition wallonne de 30% de la SAU en bio prévue dans la DPR.
Nature & Progrès contre la pollution liée aux pesticides
Le dossier des pesticides est intrinsèquement lié à la pollution. On en retrouve dans l’eau, dans l’environnement et dans nos habitations. Les conditions d’utilisation des pesticides doivent être adaptées pour que, quand ils sont appliqués, les produits ne quittent pas le lieu de traitement. Et si c’est mission impossible ? Alors, qu’on cesse de l’utiliser ! Rien ne justifie qu’un pesticide traité sur un champ se retrouve dans nos lieux de vie. La pollution des masses d’eau et la destruction de la biodiversité obligent une transition rapide du modèle agricole pour une agriculture wallonne bio et sans pesticides.
« Le Salon Valériane a notamment pour but de faire évoluer les mentalités et nos actes sur ces problématiques. Nous souhaitons donner aux citoyens les moyens d’agir et d’être des acteurs de la transition. Si l’on devait résumer le Salon, on pourrait le qualifier du Salon de l’autonomie, du vivre Bio, du vivre Nature & Progrès. Le faire soi-même, oui mais avec les conseils des autres. » – Marc FICHERS
Ne dit-on pas que l’avenir appartient à la jeunesse ?
Nous le croyons fortement chez Nature & Progrès. Pour cette 37ème édition, nous avons inauguré un espace dédié aux Jeunes Entrepreneurs, des porteurs de projets dits ecofriendly. Nous souhaitons que ces start-ups deviennent des entreprises qui feront rayonner le Bio.
Continuons à être fiers de notre région pionnière en Europe en matière de développement du Bio. C’est ensemble qu’agriculteurs et consommateurs permettront à notre région de relever le défi de 30% de Bio en 2030. Notre alimentation et notre environnement ne sont pas qu’une affaire de décideurs politiques. C’est l’affaire de chacun(e) d’entre nous. Nous pouvons tous être acteur de changement dans nos choix de consommation et de mobilité.
Nos remerciements les plus chaleureux vont à :
Les fondations CYRYS et QiGreen et les entreprises qui nous soutiennent soit par des moyens financiers, soit par des conseils
Les 200 bénévoles qui œuvrent durant toute l’année pour ce Salon
Les 5.000 membres de Nature & Progrès, véritable chambre d’écho du Salon Valériane durant toute l’année
Les exposants de nos régions et étrangers
Nos partenaires médias : Vivacité, Vivre ici, L’Avenir, Moustique et Boukè
La ville de Namur
La Fédération Wallonie-Bruxelles, spécialement les services de l’inspection et de l’administration du service de l’Education Permanente
Le gouvernement wallon : Madame la Ministre de l’Environnement, Monsieur le Ministre de l’Agriculture et Monsieur le Ministre du Climat qui nous ont assuré de leur soutien
Enfin ! Le Ministre Clarinval reconnait qu’un risque pour les abeilles lié à l’utilisation du sulfoxaflor en plein air ne peut pas être exclu !
La Belgique s’aligne sur la Commission européenne qui annonçait en avril dernier son intention d’interdire le Sulfoxaflor en plein champ, limitant ainsi l’usage de cet insecticide de type néoniconitinoïde aux cultures sous serre permanente. Jusque-là, le Ministre avait exprimé son « non-soutien » à la proposition de restriction européenne jugeant celle-ci « inutilement sévère », en dépit du fait que les experts européens aient reconnu en 2019 qu’il n’existait pas d’usage sûr du sulfoxaflor en extérieur pour les abeilles domestiques et bourdons.
Si c’est une très bonne nouvelle, en premier lieu pour toutes les butineuses, le délai de grâce accordé aux fabricants n’exclut pas de nouvelles pulvérisations en plein air en 2023, comme ce fut le cas cette année. Les insecticides CLOSER et SEQUOIA ont été autorisés pendant 120 jours comme moyen de lutte contre les pucerons en betteraves sucrières.
L’interdiction du sulfoxaflor en extérieur ne sera effective en Belgique qu’à partir du 20 mai 2023.
Pendant près d’un an et demi, Nature & Progrès s’est penchée sur la question de l’empreinte carbone. Qu’en est-il ressorti ? Et que prévoyons-nous pour l’avenir ?
Visite d’une unité de biométhanisation
Début de l’année 2021, moi, Lionel Pistone, animateur Nature & Progrès jusque-là plutôt spécialisé dans le zéro déchet et les circuits-courts ; je me suis vu confier la mission de sensibiliser nos membres sur la réduction de leur empreinte carbone ! Un projet qui nous tenait à cœur car notre association souhaitait, elle aussi, apporter sa pierre à l’édifice de l’atteinte des objectifs européens de réduction du CO2. Pour rappel, il s’agit désormais d’une diminution de 55% des émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2030 (par rapport à l’année de référence 1990) et d’une neutralité carbone pour l’année 2050 ! Autant le dire tout de suite, le chantier est titanesque…
Bien entendu, il serait facile de tomber dans le discours empreint de couardise du « c’est pas moi c’est l’autre », « quand les chinois arrêterons de polluer, je m’y mettrai », « les multinationales n’ont qu’à faire des efforts », « et les riches qui vont dans l’espace, pourquoi on les laisse tranquille, eux ? » etc. mais ce n’est pas dans notre ADN… En effet, Nature & Progrès est une association de consommateurs qui sont aussi des acteurs du changement. Nous avons un rôle à jouer et nous pouvons, à notre échelle, faire changer les choses. Sinon, à quoi bon continuer à militer, à se réunir régulièrement en locales, à organiser des conférences ou à faire visiter nos jardins lors des portes ouvertes ?!
Par où commencer ?
Durant le premier trimestre de l’année 2021, nous nous sommes réunis en petits groupes (COVID oblige) de bénévoles actifs. Ce sont des membres de Nature & Progrès qui se rencontrent régulièrement pour échanger sur l’une des quatre thématiques que porte au quotidien notre association. Ensemble, nous nous sommes approprié le dossier et nous avons discuté des préoccupations des membres, en matière de CO2. Qu’est-ce qui pollue le plus ? Les petits gestes font-ils vraiment la différence ? J’ai lu / vu aux infos que telle ou telle mesure avait un impact important ; est-ce vrai ? Dans quelle mesure ? etc. Nous avons échangé pendant de longues soirées printanières et puis je suis retourné au bureau avec une multitude de notes. J’ai alors compilé et fact-checké l’ensemble des données recueillies dans les différents petits groupes pour en faire le document intitulé « engagement sur l’honneur » que vous avez certainement vu passer si vous suivez notre projet depuis le début. Si pas, vous pouvez vous impliquer vous aussi via ce formulaire (en bas de la page).
De ce formulaire ont été extraits 10 petits gestes citoyens que chacun(e) d’entre nous peut faire pour réduire son empreinte carbone. Ces-derniers ont été compilés dans une affiche qui a été distribuée notamment lors du salon Valériane 2021 et qui sera encore distribué lors de l’édition 2022. Avec ces deux documents en support, nos bénévoles actifs ont pu devenir de véritables ambassadeurs du projet de réduction du CO2 auprès de leurs amis, leur famille, leurs voisins, etc. C’était en effet l’idée de base du projet : des citoyens qui en parlent à d’autres citoyens ; qui leur montrent que c’est possible, que l’empreinte carbone est l’affaire de tous. Chaque petit geste compte quand nous sommes des millions à les pratiquer partout à travers le monde !
Ceci, c’était la première phase du projet…
Un article complet (reprenant les différentes phases mais aussi davantage en détails les actions réalisées par nos membres) sera publié dans la revue Valériane de novembre-décembre 2022. Restez donc attentifs !
Quelles conclusions pouvons-nous tirer de cette année et demie de sensibilisation ?
Vous le lirez en détails dans le dossier de la revue numéro 158, cela n’a pas toujours été facile d’aborder le thème de la réduction de l’empreinte carbone. Parfois le public était « difficile », jusqu’à être climatosceptique, mais parfois… il n’y avait simplement pas de public ! Cette thématique, pourtant régulièrement abordée dans les médias, n’intéresserait-elle pas « monsieur et madame tout-le-monde » ? Avons-nous peur de voir la réalité en face ?
L’un des enseignements à tirer du projet « Mobilisons-nous pour réduire notre empreinte carbone », c’est que l’un des gros problèmes d’une ASBL environnementale comme Nature & Progrès, c’est « l’entre-soi ». Quand nous sommes entre convaincus, tout va bien ! La plupart de nos membres sont sensibilisés à ces questions et font déjà beaucoup de « petits gestes » (mais des gros aussi !) pour réduire leur empreinte carbone. « C’est évident ! », « je fais ça depuis 20 ans », « il y a encore des gens qui boivent de l’eau en bouteille ?? », « ça fait au moins 10 ans que je n’ai plus mis un pied dans une grande surface », « cette année, je n’ai mis qu’un sac poubelle de déchets résiduels », etc. autant de petites phrases que j’ai souvent entendu lors de réunions avec nos membres. Mais ce qui nous parait parfois évident, peut sembler inutile, voire impossible à mettre en œuvre pour certaines personnes non sensibilisées. Il est donc extrêmement important de poursuivre notre démarche par l’exemple : montrer que c’est possible, que c’est bon pour l’environnement, que cela permet de réaliser des économies, etc. Dès lors, nous devons poursuivre la sensibilisation du grand public, au travers d’animations ouvertes à tous, gratuite et partout en Wallonie et à Bruxelles.
Quelle suite pour le projet de réduction du CO2 ?
Comme indiqué précédemment, il est indispensable de poursuivre la sensibilisation à la réduction de l’empreinte carbone des particuliers. Nous avons donc décidé d’intégrer cette problématique dans trois animations gratuites à destination du grand public :
Le retour aux circuits-courts, cours toujours ?
Le zéro déchet : lubie bobo ou véritable nécessité ?
S’éclairer ou se chauffer en Belgique, le grand luxe ?
Vous êtes un petit groupe (association, comité de quartier, CPAS, bibliothèque, etc.) et vous souhaitez assister ou organiser une animation sur l’un de ces sujets ? Alors, n’hésitez pas à me contacter par courriel : lionel.pistone@natpro.be
Il s’agit là d’un service gratuit de Nature & Progrès à destination d’un public adulte.
Un nouveau rapport de l’ONG Heath & Environnement Alliance (HEAL) révèle que les preuves scientifiques des effets cancérigènes du glyphosate ont été écartées de l’évaluation scientifique qui fondera un éventuel renouvellement de son autorisation de mise sur le marché européen. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) avait conclu le 30 mai dernier que la classification du glyphosate comme substance cancérogène n’était pas justifiée.L’avis de l’ECHA sur la classification des dangers du glyphosate est une étape fondamentale dans le processus de renouvellement de cette molécule. Sur la base de cette évaluation, la Commission européenne et les États membres décideront du renouvellement de la licence du glyphosate pour 5 années supplémentaires. L’enjeu est de taille puisque la législation européenne sur les pesticides prévoit que les substances classées comme « cancérogènes présumés pour la santé humaine » soient retirées du marché. Dans le cadre de cette procédure de réévaluation du glyphosate, HEAL a examiné 11 études fournies par l’industrie en 2019 dans le cadre du dossier d’homologation. L’ONG, avec l’aide de deux experts indépendants, a constaté l’apparition de tumeurs sur les animaux testés appuyant clairement la classification du glyphosate comme « cancérogène probable » au niveau international. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS, une référence en matière de recherche sur les causes du cancer, était parvenu à cette conclusion après avoir consulté plus d’un millier d’études.
Le glyphosate est le pesticide le plus utilisé au monde
Le Dr Peter Clausing, toxicologue et co-auteur du rapport, a déclaré : « Les animaux exposés au glyphosate ont développé des tumeurs avec des incidences significativement plus élevées par rapport à leur groupe témoin non exposé, un effet considéré comme une preuve de cancérogénicité par les directives internationales et européennes. Pourtant, les évaluateurs des risques de l’UE ont rejeté toutes les conclusions sur les tumeurs de leur analyse, concluant qu’elles se sont toutes produites par hasard et qu’aucune d’entre elles n’était réellement liée à l’exposition au glyphosate. » Les graves lacunes scientifiques et les distorsions dans l’interprétation des normes scientifiques européennes et internationales mises en évidence dans le rapport de HEAL remettent également en question la validité de l’évaluation en cours et de ses conclusions. Le Dr Angeliki Lyssimachou, responsable principale de la politique scientifique à HEAL, prévient que la non-reconnaissance du potentiel cancérigène de la substance marquerait un retour en arrière dans la lutte de l’Europe contre le cancer. Helene Duguy, avocate spécialisée dans les produits chimiques chez ClientEarth, a déclaré : « Certains des plus grands scientifiques du monde ont fait le lien entre le glyphosate et le cancer – et pourtant l’ECHA refuse d’étiqueter ce pesticide nocif comme cancérigène. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que l’ECHA ne justifie pas de manière transparente et claire son rejet des preuves scientifiques indépendantes. C’est incroyablement inquiétant étant donné l’engagement et le devoir de l’UE de protéger ses citoyens et l’environnement des substances les plus dangereuses ». Malgré les nombreuses preuves de ses effets négatifs sur la santé humaine et l’environnement, le glyphosate reste le pesticide le plus utilisé au monde, et représente un tiers de toutes les ventes d’herbicides, soit 48.000 tonnes par an, dans l’Union européenne. L’exposition aux pesticides à base de glyphosate a également été liée à des effets néfastes sur le développement humain, la reproduction et les systèmes hormonaux, selon des preuves issues de la littérature scientifique indépendante.
Le 15 juin 2022, Nature & Progrès, PAN Europe et l’équipe de Secrets Toxiques ont participé à une conférence/débat au Parlement européen à Bruxelles sur les carences et les failles du système d’homologation des pesticides et sur les leviers d’actions des députés européens, notamment judiciaires, pour faire appliquer la loi.
Le règlement européen sur les pesticides (Règlement n° 1107/2009) prévoit de fortes exigences pour l’approbation de ces produits chimiques de synthèse et de leurs composants déclarés. Il vise à préserver l’environnement et la santé des effets néfastes liés à l’utilisation des pesticides. Pourtant, de nombreuses études scientifiques fournissent des preuves d’un lien entre ces produits et l’effondrement de la biodiversité et certaines maladies chroniques. Dans de nombreux pays européens, l’exposition aux pesticides est reconnue comme étant à l’origine de maladies professionnelles. Ces constats invitent à identifier les failles dans la mise en œuvre des conditions d’homologation des pesticides au niveau européen et à les résoudre.
Au niveau européen, les substances actives sont autorisées par la Commission européenne sur base d’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Les conditions et critères d’évaluation fondant ces avis scientifiques doivent répondre aux exigences de la législation européenne sur les pesticides.
Or, la pratique révèle des carences majeures dans les évaluations scientifiques de l’EFSA :
des effets à long terme des pesticides sur la santé humaine
des effets causés par l’interaction entre une substance active donnée et, entre autres, les autres constituants du produit : l’effet cocktail
de la toxicité des co-formulants, parfois plus toxiques que les substances actives déclarées
de la toxicité des pesticides sur les espèces non ciblées, directement ou indirectement exposées aux pesticides dans leur environnement naturel, tels que les amphibiens et les reptiles
Par exemple, concernant les effets à long terme de la formulation représentative, la Commission européenne ne peut légalement autoriser une substance active que si une ou plusieurs utilisations représentatives d’au moins un produit pesticide contenant cette substance n’a pas d’effet nocif sur la santé humaine ou l’environnement à court ou à long terme. L’EFSA doit donc inclure ses avis une analyse du danger à long terme de cette formulation représentative. Etant donné qu’une telle analyse n’est pas incluse dans le règlement de la Commission définissant les documents requis pour l’approbation de mise sur le marché, peut-on vraiment considérer que la Commission européenne et l’EFSA se conforment aux exigences du règlement pesticides ?
Le Parlement européen pourrait demander l’annulation de l’approbation d’une substance active devant la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) au motif que l’évaluation de la toxicité à long terme n’a pas été correctement effectuée – ce que les ONG ne peuvent pas faire. Devant le manque de transparence sur les méthodes, données et résultats des analyses de toxicité des pesticides – celles-ci n’étant pas publiées – un tel recours permettrait de contrôler réellement la manière dont les tests de toxicité à long terme sont effectués.
Réécoutez les différentes interventions au Parlement européen (vidéo entière et passages coupés) :
3:40 – L’évaluation des effets à long terme des pesticides sur la santé humaine (en anglais) Dr Andy Battentier, directeur de campagne Secrets Toxiques
16 :10 – L’évaluation de l’écotoxicité des pesticides sur les espèces non ciblées (en français) Salomé Roynel Chargée de la politique et des campagnes sur l’évaluation des risques liés aux pesticides à PAN Europe
31 :05 – L’intégration de la littérature scientifique dans le protocole d’évaluation (en anglais) Dr Angeliki Lysimachou Chargée de politique scientifique Health and Environment Alliance (HEAL)
45 :58 – La décision de la CJUE du 1er octobre 2019 : un repère fondamental pour l’évaluation des pesticides (en français) Guillaume Tumerelle Avocat de Secrets Toxiques et Générations Futures
1 :24 :40 – Intervention de Martin Dermine, Chargé de la politique de l’environnement et de la santé à PAN Europe (en français)
1 :30 :43 – Intervention de Marc Fichers, Secrétaire général de Nature & Progrès Belgique (en français)
Le projet « Mobilisons-nous pour réduire le CO2 » initié par Nature & Progrès fin 2020 touche à sa fin. Pour marquer le coup, notre ASBL a souhaité organiser un événement d’ampleur réunissant les membres ayant préalablement participé aux animations, conférences ou visites de terrain sur le sujet.
Ainsi, le jeudi 9 juin, nous avions invité Carbone4 à la Bourse de Namur pour une conférence interactive et participative sur le calcul de notre empreinte carbone individuelle. L’ensemble des participants a pu se tester et mesurer ses émissions de CO2 dans des thématiques telles que l’alimentation, les déplacements, la vie quotidienne, les voyages, etc. Non seulement ils ont pu objectiver les postes les plus moins « eco-friendly » mais ils ont pu également visualiser leur trajectoire de réduction de CO2 pour parvenir aux objectifs européens de -55% par rapport à 1990. Un véritable outil interactif et individualisé !
Vous n’avez pas pu participer à la conférence interactive ? Une version gratuite et en ligne est régulièrement organisée par Cabone4 via le site.
Bien entendu, Nature & Progrès ne s’arrête pas là en termes de sensibilisation à la réduction de l’empreinte carbone des particuliers. D’ailleurs, la problématique sera désormais incluse dans trois animations gratuites à destination du grand public :
Le retour aux circuits-courts, cours toujours ?
Le zéro déchet : lubie bobo ou véritable nécessité ?
S’éclairer ou se chauffer en Belgique, le grand luxe ?
Pour cela, n’hésitez pas à contacter Lionel Pistone sur sa boite courriel : lionel.pistone@natpro.be
La Belgique octroie quatre nouvelles dérogations pour l’usage de produits pesticides à base de flupyradifurone, l’un des insecticides de type néonicotinoïde nouvelle génération mis sur le marché en 2015.
Ces produits sont déjà autorisés en plein air pour la production de houblon ou de fruits (raisin, pomme, poire, etc.) et sous serre pour certains légumes (courgette, aubergine, etc.) ou petits fruits (fraise, framboise, mûre, etc.). Pourtant, la dérogation – dite d’urgence phytosanitaire et relevant de la législation européenne sur les pesticides – permet d’étendre l’application de flupyradifurone à plusieurs variétés de choux (chou-fleur, chou-rave, chou de Bruxelles, chou brocoli, etc) pendant une période de 120 jours comprise entre le 1er juin et le 28 septembre 2022.
Une substance neurotoxique
Tout comme le sulfoxaflor, dont l’homologation européenne est en sursis, le flupyradifurone est une substance neurotoxique perturbant le fonctionnement du système nerveux de l’insecte ravageur ciblé (ici, le puceron et la mouche blanche) pour l’éradiquer, avec, au passage, des effets collatéraux sur d’autres insectes non visés et inoffensifs pour les cultures traitées, en particulier les pollinisateurs. Comme ce fut le cas pour les néonicotinoïdes de 1ère génération (imidaclopride, thiaméthoxame, clothianidine et fipronil) dorénavant interdits au niveau européen, les preuves scientifiques de la toxicité du flupyradifurone pour les abeilles s’accumulent.
La littérature scientifique a déjà identifié des perturbations majeures consécutives à une exposition au flupyradifurone avec un impact sur :
le comportement alimentaire (consommation de nectar) et de butinage,
la thermorégulation
Et la motricité de ces précieuses butineuses…
…diminuant ainsi encore davantage leur chance de survie. Pour certaines abeilles sauvages, en particulier l’abeille Megachile rotundat, le flupyradifurone présente une toxicité aigüe plus de 15 fois supérieure à celle des abeilles domestiques. Plus de 1.400 espèces d’abeilles sauvages sont des Megachile rotundat et beaucoup d’entre elles butinent les cultures et les fleurs sauvages à proximité des parcelles agricoles. De nombreuses plantes attractives pour les abeilles domestiques sont également visitées par les Megachile, qui pourraient donc être exposées à des doses de flupyradifurone présentant une toxicité aiguë, tant dans les champs agricoles qu’en dehors.
Flupyradifurone : les preuves scientifiques sont nombreuses
En permettant la pulvérisation de ces produits en plein champ et sans aucune mesure de réduction des risques (autre qu’une zone tampon de 20 mètres), l’Etat belge choisi d’ignorer les nombreuses preuves scientifiques disponibles alors qu’il devrait au contraire soigneusement évaluer toute nouvelle étude afin de compenser les lacunes du système actuel d’évaluation des risques pour préserver la biodiversité et les abeilles. Il aura fallu environ 25 ans pour interdire au niveau européen les utilisations de l’imidaclopride, du thiaméthoxame, de la clothianidine et du fipronil. Avec l’arrivée de nouveaux néonicotinoïdes, quelle chance reste-t-il aux abeilles quand l’Etat belge continue d’octroyer chaque année des dérogations temporaires à l’interdiction européenne pour ces anciens néonicotinoïdes ?
Fin 2020, Nature & Progrès a lancé le projet « Mobilisons-nous pour réduire le CO2 » en collaboration avec la Wallonie et l’AWAC. Après 2 années de rencontres et d’échange, nous vous invitons à une soirée de synthèse exceptionnelle autour de l’outil de mesure de l’empreinte carbone développé par MyCO2. Venez calculer vos émissions de CO2 (vie quotidienne, alimentation, déplacements, etc.) en direct avec nous et visualiser les efforts à fournir pour atteindre l’objectif de -55% par rapport à 1990.
La surprise fut totale, ou presque. La guerre et son cortège de barbarie soudain nous écœure. Nous le savions pourtant pertinemment, depuis l’offensive Von Rundstedt, l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, la guerre en Syrie… Et pourtant nous sommes encore surpris, non seulement par les cadavres mutilés qui jonchent les rues de villes qui ressemblent étrangement aux nôtres, mais plus encore par les manœuvres insensées de ceux qui, « n’écoutant que leur bon cœur », instrumentalisent déjà la situation…
Par Marc Fichers et Dominique Parizel (article complet disponible dans la revue Valériane)
On ne saura jamais quelle mouche l’a piqué. Mais elle l’a piqué. Poutine l’a fait. Mû par un complexe de raisons que lui seul connaît. En Ukraine, les hommes s’arc-boutent et résistent. Femmes et enfants ont quitté le pays, par millions, cherchant refuge à l’Ouest. Les médias déversent sur nous leurs flots d’horreurs, cherchant à discerner l’info de l’intox, à comprendre s’il y a vraiment quelque chose à comprendre…
L’agriculture nourrit, le pétrole aussi…
L’Ukraine, pour ceux qui l’auraient oublié, fit jadis partie de l’Empire des Tsars, puis de l’URSS. Staline y « favorisa » un de ses pires crimes : Holodomor, la grande famine de 1932-33 qui fit – selon les sources ! – deux millions et demi de morts, ou peut-être même le double… Car l’Ukraine est un pays essentiellement agricole, un pays énorme, plus vaste que la France. Dès le début de l’invasion russe, le lien parut limpide entre les denrées qui y sont produites – de même qu’en Russie qui serait immanquablement soumises à embargo – et tous les malheureux qui n’en bénéficieraient plus. Vingt-cinq pays africains par exemple, expliqua-t-on alors, dépendent directement des importations russes et ukrainiennes pour leurs produits agricoles de base (1) et il faut les aider, de toute urgence, car la pénurie guette ! Ainsi le Sénégal importe-t-il les deux tiers de son blé des pays belligérants. Ses voisins, la Guinée et le Mali, rien du tout ! La famine, pour autant, guette-t-elle davantage au Sénégal qu’en Guinée ou au Mali ? C’est que là-bas, vous savez, on mange plutôt du mil, du sorgho ou du maïs produits localement (2), ce sont les nouvelles boulangeries industrielles qui importent le blé ! Mais de cela tout le monde apparemment s’est bien moqué, il fallait, le temps de la supercherie, que les Sénégalais eussent faim de blé !
La vérité est évidemment plus complexe. Mais hélas pas moins grave. La soudaine flambée des prix du gaz et du pétrole – par ailleurs éminemment prévisible vu l’attitude des membres de l’OPEP (3) – fait grimper ceux des engrais et, par conséquent, ceux des céréales produites par l’agro-industrie, en ce compris bien sûr celles qui sont destinées… aux animaux ! D’où le fait que la viande devient impayable mais aussi les fruits et les légumes produits sous serres, ainsi que les produits de la pêche industrielle ! Pour les pays en développement, c’est cette façon de produire des denrées de première nécessité qui, selon la FAO, mènera à la famine entre huit et treize millions de personnes supplémentaires. Seules solutions envisageables : sortir d’urgence l’agriculture des énergies fossiles et mettre en place une « exception agricole » en matière commerciale (4). Dans les pays les plus riches, c’est la spéculation sur les denrées qui ne fera qu’accroître encore l’inflation. D’où un bond soudain, de l’ordre de 3 à 4% de l’ensemble de nos denrées alimentaires… Car ce n’est pas avec une terre fertile que l’agro-industrie nourrit le monde. C’est avec du pétrole !
Pourtant, dès que le grincement des vieux chars russes se fit entendre, des positionnements politiques étranges surgirent visant à intensifier, en Europe, le modèle agricole productiviste dominant, sous le funeste prétexte qu’il fallait absolument nourrir d’urgence ceux que la guerre priverait des livraisons de céréales et d’huile de tournesol venues de Russie et d’Ukraine. Ceux qui portaient ce discours avaient alors des objectifs bien précis :
réclamer la fin du Green Deal européen qui vise justement à rendre l’agriculture plus autonome, en l’affranchissant au maximum des pesticides chimiques grâce au développement de zones de biodiversité où se multiplient les prédateurs des insectes nuisibles,
faire d’urgence marche arrière dans la stratégie « De la fourche à la fourchette » visant une diminution de 50% de l’utilisation et du risque des pesticides, une réduction de 20% des engrais chimiques et un objectif de 25% de terres en bio pour 2030…
Cherchez à qui le crime profite…
L’attitude insensée des Institutions européennes
Revoir les ambitions de la stratégie « De la fourche à la fourchette » pour garantir l’alimentation de tous ? Le contresens est total. Car le Green Deal est un projet qui donne un avenir à l’agriculture mais la guerre ne fait que de confirmer sa fragilité. Il faudrait donc augmenter d’urgence les pourcentages qu’impose plutôt que les réduire. Or il faudrait cultiver les jachères et laisser les pesticides « protéger » les plantes pour assurer les rendements, alors que l’augmentation du coût de l’énergie – et, corollairement, celui des engrais – provoquera inéluctablement celle du coût des productions agricoles intensives ! Voilà la fable gobée par le Commissaire européen à l’agriculture, le Polonais Janusz Wojciechowski, qui appela… au report des réformes environnementales prévues, tout en demandant que les agriculteurs européens ne soient pas « accablés » par de nouvelles obligations !
En plus de cela, en Europe, les associations professionnelles conventionnelles exploitent la situation politique (5) pour demander une dérogation aux limites maximales de résidus (LMR) imposées par l’Union européenne, en ce qui concerne les pesticides dans les produits alimentaires et les aliments pour animaux importés ! Cette dérogation permettrait aux produits de base, non conformes aux normes de sécurité européennes, d’accéder au marché intérieur européen pendant six mois ! Ces organisations omettent évidemment de préciser que, si des pesticides sont interdits d’usage en Europe, c’est justement en raison de leur dangerosité pour l’environnement et la santé. On tire allègrement profit de la situation, et sans scrupule aucun. Et, pendant ce temps, sur le sol ukrainien, les exactions commencent… Les lobbys industriels liées à l’agriculture intensive en profitent pour faire progresser leurs « idéaux », leur unique ambition de laisser prospérer les exploitants agricoles comme premiers fournisseurs d’ingrédients pour l’industrie agro-alimentaire. Et comme premier client des industries d’intrants chimiques, qu’ils soient de Russie ou d’ailleurs…
La réalité est qu’un quart des engrais azotés utilisés dans l’Union européenne viennent… de Russie ! La vérité est que l’Union européenne achète énormément de céréales ukrainiennes et russes – principalement du maïs – pour nourrir ses animaux de boucherie ! Les organisations agricoles productivistes, quant à elles, ne savent penser que le court terme : elles voient ce que les nouvelles normes environnementales pourraient les empêcher de produire. Elles ne voient jamais à ce que leurs propres méthodes vont engendrer comme dégâts qui, de toutes façons, les empêcheront bientôt de produire ! Elles ne voient pas que la réduction des intrants chimiques donne de l’autonomie à notre production alimentaire. Quelle dose de mauvaise foi leur faut-il, par exemple, pour ne pas admettre ce que coûte déjà la baisse d’activité des pollinisateurs dont les néonicotinoïdes sont indiscutablement la cause ?
Où sont passés les Européens de bonne foi ?
« Ne laissons pas la place au lobby vert, au lobby de la faim dans le monde », a déclaré – sans rire ! – Christiane Lambert, présidente du COPA-Cogeca, l’union des syndicats agricoles européens et des coopératives, lors du Congrès de la FNSEA, le syndicat majoritaire français, les 29 et 30 mars à Besançon !
L’Europe pourtant, avec sa stratégie « De la fourche à la fourchette », entendit sortir l’agriculture de l’impasse et lui donner la chance d’une transition. Où sont soudain passés ses défenseurs ? Sont-ils partis en vacances au pôle Nord ? Ou au fond d’une mine de charbon ? Pareille transition fut initiée, il y a cinquante ans, par les agriculteurs et les consommateurs biologiques. Les bio furent des visionnaires, eux qui développèrent un mode de production alimentaire basé sur le respect de l’homme et des écosystèmes. Le seul qui fonctionne ! Leur travail fut récompensé par l’engouement et le soutien sans faille des consommateurs envers les produits bio. Cette production agricole a développé des techniques de production très performantes qui font sans cesse augmenter la rentabilité des fermes mais en préservant notre idéal agricole : en développement leur autonomie, et sans engrais ni pesticides chimiques de synthèse !
Ce plébiscite public ébranle aujourd’hui les industries chimiques et agricoles prêtes à faire flèche de tout bois pour maintenir la production intensive ; elles veulent que l’agriculture demeure un client de l’industrie des engrais et des pesticides chimiques et un fournisseur d’ingrédients bon marchés pour les usines agroalimentaires qui vendront la nourriture aux quatre coins du monde. Elles oublient un peu vite que la stratégie « De la fourche à la fourchette » n’a finalement abouti qu’avec le constat flagrant que l’agriculture européenne est dans l’impasse ! Elle est dans l’impasse parce que son addiction absurde aux pesticides et aux engrais chimiques en a fait la première arme de destruction massive de la nature et de la biodiversité (7). Elle est dans l’impasse parce que sa dépendance aux énergies fossiles – à travers les engrais azotés, liés à l’utilisation du gaz naturel (8) et la mécanisation à outrance – compromettent gravement sa rentabilité. Il ne s’agit plus d’agriculture mais de la vulgaire fonction de fourniture d’ingrédients à l’agro-industrie, il ne s’agit plus de nourrir les humains mais d’alimenter un marché de produits toujours plus douteux. Une guerre commerciale où la seule loi est celle du profit ! Revendiquer le droit de cultiver les malheureux 4%, initialement prévus pour maintenir un peu de biodiversité dans les campagnes, ne traduit plus qu’un aveuglement qui empêche toute remise en question. Et pourtant, les experts parlent plutôt de 10%, si l’on veut espérer stopper l’augmentation effrénée des quantités de pesticides épandus sur nos champs (9).
Même constat là-bas : les agriculteurs ukrainiens – qui ont produit une récolte céréalière record l’année dernière – disent qu’ils manquent aujourd’hui d’engrais, ainsi que de pesticides et d’herbicides. Et même s’ils disposaient d’une quantité suffisante de ces matériaux, ils ne pourraient pas obtenir assez de carburant pour alimenter leurs équipements, ajoutent-ils… En Ukraine où la plus grande exploitation céréalière – 654.000 hectares ! – est détenue par l’oligarque Oleg Bakhmatiouk et le géant américain Cargill, et la seconde – 450.000 hectares ! – par le fonds de pension américain NCH Capital… Les mêmes qui font pression sur nos décideurs européens ? Ou juste leurs concurrents sur le marché inépuisable de la faim dans le monde ?
L’agriculture belge joue aussi à être exportatrice
Laisser croire que nos champs – et nos jachères ? (10) – belges sont indispensables pour nourrir l’humanité est une autre ineptie. En Belgique, les champs de céréales ne servent pas à faire notre pain ! Ils servent principalement à produire des agrocarburants et de la nourriture pour les animaux. Principalement pour les porcs et les volailles. En Wallonie, 9% des céréales seulement sont produites pour l’alimentation humaine. 32% pour l’énergie, 46% pour l’alimentation animale et 13% partent à l’exportation (11). Par conséquent, plutôt que de prétendre cultiver intensivement le moindre mètre carré disponible, il conviendrait peut-être de réorienter la destination des cultures. Quelle peut bien être l’utilité de consacrer un tiers de nos céréales à nourrir des animaux – principalement de la volaille et des porcs ? Le volume de nos exportations belges de viande de volaille dépasse de loin les cinq cent mille tonnes, principalement vers la France et les Pays-Bas. En troisième position, on trouve… le Ghana ! Soit 10% des exportations belges de volaille. On trouve encore la RDC, le Congo et le Gabon, autant de pays où l’exportation de notre viande de volaille déstabilise gravement l’agriculture locale (12).
D’autres de nos cultures sont principalement orientées vers l’exportation. C’est le cas des pommes de terre, par exemple, où seulement 10% des quarante mille hectares cultivés en Wallonie, à grands renforts de pesticides divers, servent à nourrir la population locale. Le reste part jusqu’aux confins du vaste monde, sous la forme de chips et de frites – ne parlons même pas ici du carburant nécessaire pour transporter tout cela ! Quelle serait donc la logique de vouloir stopper la volonté qu’affiche l’Europe de développer une agriculture moins dépendante des pesticides ? Pourquoi réclamer ces malheureux hectares dédiés à la biodiversité en prétendant nourrir le monde, alors qu’il est justement préférable de produire moins, mais mieux, en privilégiant les cultures vivrières ? Les céréales panifiables, par exemple, destinées à la population locale… Depuis un demi-siècle, la bio démontre l’utilité de maintenir des fermes en polyculture-élevage, où le bétail broute l’herbe et fournit les engrais qui amendent les cultures. Ces cultures sont diversifiées avec le recours à des rotations longues, incluant des légumineuses qui chargent le sol en azote. Or, justement, ces cultures de légumineuses favorisées par la stratégie « De la fourche à la fourchette ». Ce n’est donc pas un recul par des politiques agricoles visant une intensification qui permettra de nourrir le monde. Mais bien le développement d’une agriculture nourricière, respectueuse des écosystèmes, ainsi que le démontrent les producteurs bio depuis plus de cinquante ans… Osons le dire tout net : l’avenir agricole est dans une recherche de la sobriété. La sobriété énergétique, en tout cas.
Ras-le-bol de la « loi du plus fort »
Oui, vraiment, ras-le-bol de cette « loi du plus fort » des gros lobbies des industries agricoles mondiales qui prétendent détenir la vérité et dont la seule raison d’être est de faire du pognon. Pas de nourrir les humains. Marre de tous ces « hommes d’affaires » qui prétendent produire en sachant très bien qu’ils ruinent durablement l’agriculture. Marre de ces mégalos dont le système absurde appauvrit notre capital commun ! Il faut que nos politiques aient – une fois pour toutes ! – le courage de le reconnaître l’erreur historique de l’agriculture industrielle intensive et qu’ils y mettent le holà. Qu’ils les stoppent dans leurs prétentions absurdes ! C’est ce que tenta de faire le Green Deal… Mais ceci ne doit pas opposer, entre eux, les agriculteurs – les vrais ! Ni les agricultrices – les vraies ! Tous-tes veulent une Wallonie agricole prospère et un métier passionnant et rémunérateur. Les plans de relance de Wallonie prévoient d’ailleurs de développer et de soutenir les structures – coopératives et autres – qui transforment la production agricole. Plutôt que de subventionner les engrais chimiques, consacrons ces montants pour doter notre Région wallonne de coopératives de transformation. Leur but : nourrir localement !
L’heure est à l’harmonisation des pratiques. Et, dans l’intérêt de tous, contre celles du lobby industriel qui, tel un bombardier russe, détruit tout sur son passage ! Evidemment que ce n’est pas de moins de biodiversité – ni de moins de bio – dont nous avons besoin. C’est juste le contraire. Contester cela, aujourd’hui, serait une forme vicieuse de révisionnisme agricole. Evidemment que nous n’avons aucun besoin réel de produits manufacturés à base d’huile de tournesol, même si c’est d’Ukraine qu’elle vient. Bien entendu qu’il sera nécessaire de changer nos habitudes de consommation et de tourner le dos aux biscuits dont les ingrédients ont fait le tour du monde avant d’aboutir dans notre estomac ulcéré… Bien sûr que l’Europe doit conserver ses objectifs généreux : 4% de biodiversité et 25% de bio en 2030 sont vraiment un minimum pour restaurer un environnement agricole fertile et sain ! Bien sûr que la terre est miséricordieuse et qu’elle oublie vite. En quelques années seulement, une terre polluée par les pesticides et les engrais chimiques redevient une source de vie pour des aliments bio.
Nous lançons donc ce défi : entendant la volonté de nourrir le monde les agriculteurs peuvent, dès cette saison, diminuer les doses d’engrais azotés sur les céréales en place afin de produire un blé plus panifiable. Et, dès cet automne, semez et semez encore des légumineuses pour nourrir le sol et le bétail, et des variétés panifiables pour les céréales. Libérez les sols des pesticides et des engrais chimiques ! Oubliez les rendements à l’hectare pour remplir les réservoirs des autobus – car c’est corrompre le métier d’agriculteur dans ce qu’il a de plus noble – mais comptez plutôt les sacs de farines pour les boulangers, les vrais. Nourrissez ceux qui vous sont chers, c’est la meilleure preuve de qualité de vos produits ! Ressemez des prairies pour élever du bétail, pour garnir nos tables – avec modération – de bonne viande faite localement et dont les effluents nourriront la terre.
Oui ! La transition est possible ! C’est chaque année que l’on sème !
Notes
(1) https://fr.statista.com/infographie/27093/les-pays-africains-qui-dependent-le-plus-du-ble-russe-et-ukrainien/ (2) https://www.iedafrique.org/Fabrication-de-pain-au-Senegal-substituer-les-cereales-locales-seches-au-ble.html (3) Tant que la demande en pétrole reste forte, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP+) n’a aucun intérêt à augmenter substantiellement sa production, ce qui ferait automatiquement baisser le prix du baril de pétrole. Précisons que l’organisation entretient toujours des liens étroits avec la Russie. (4) https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-une-menace-pour-la-securite-alimentaire-une-de-plus-10957883 (5) https://www.pan-europe.info/sites/pan-europe.info/files/css/Press%20Release/Letter_shameless%20instrumentalisation%20by%20indutry%20de%20the%20Ukrainian%20conflict%20to%20maintain%20double%20standards_M[60932].pdf (6) https://www.zonebourse.com/amp/cours/action/YARA-INTERNATIONAL-ASA-1413319/actualite/Les-agriculteurs-ukrainiens-sont-au-point-mort-alimentant-les-craintes-de-penuries-alimentaires-mon-39732074/ (7) Engrais et pesticides chimiques ont favorisés le développement de parcelles sans limites, ce qui apparaît comme la cause de perte d’habitats pour notre faune. Voir : https://spw.wallonie.be/sites/default/files/faune-des-plaines-2019-3.pdf (8) L’engrais azoté représente 80% du coût d’une production céréalière basée sur son utilisation ; celle-ci est donc quasiment devenue impraticable d’un point de vue économique. Voir : https://fertilisation-edu.fr/production-ressources/engrais-azotes.html (9) Rappelons ici la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides » menée par Nature & Progrès. Lire : https://www.natpro.be/archives/pdf/brochure_wasap.pdf (10) Car il n’y a pas de jachères en Belgique ! Et pas davantage de jachères obligatoires en Europe mais bien une subvention PAC pour les agriculteurs qui accueillent 5% de « surfaces d’intérêt écologique » (SIE) sur leur ferme. En général, les agriculteurs lui préfèrent des solutions plus productives, comme les intercultures d’automne et certaines cultures de printemps. Ces jachères, sujettes à la PAC, représentent 1% de la surface agricole de l’Union européenne et non 4% à 6% comme on le lit ici ou là… (11) https://sytra.be/wp-content/uploads/2020/05/UCL-brochure-cereales-web.pdf (12) https://www.belgianmeat.com/fr/news/l%E2%80%99agroalimentaire-belge-est-prêt-pour-anuga-2019
La Commission européenne va interdire l’épandage en plein champ de produits pesticides à base de sulfoxaflor. Cette substance active de type néonicotinoïde, dont l’homologation européenne devait courir jusqu’en 2025, va être retirée du marché en raison de préoccupations concernant sa toxicité élevée pour les abeilles. L’utilisation de ce pesticide en agriculture sera bientôt limitée aux serres permanentes, au même titre que d’autres insecticides de la famille des néonicotinoïdes. Le règlement d’interdiction devrait être adopté par la Commission européenne au printemps 2022.
Par cette interdiction, la Commission européenne fait application du principe de précaution devant l’absence de données scientifiques concluantes et l’impossibilité d’exclure tout risque inacceptable pour l’environnement, en particulier pour les pollinisateurs. Jusque-là, la proposition d’interdiction de cette molécule par la Commission européenne n’avait pas pu aboutir faute d’une majorité suffisante d’Etats membres lors des votes en comité technique (Scopaff) et en comité d’appel de février et mars 2022. La Belgique s’était d’ailleurs abstenue de voter.
Nature & Progrès et PAN Europe agissent
Initialement opposé à une interdiction européenne du sulfoxaflor en extérieur, le Ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, a entre-temps renouvelé pour la saison printemps/été 2022, l’agrément en urgence de deux produits à base de sulfoxaflor pour les cultures de betteraves sucrières. Car, si en vertu de la législation européenne encadrant la mise sur le marché de produits phytosanitaires, l’autorisation et l’interdiction des molécules actives utilisées pour fabriquer des pesticides agricoles se décident au niveau européen, les Etats membres restent compétents pour octroyer l’autorisation de produits pesticides sur leur territoire. Ils peuvent notamment décider de permettre en urgence la vente et l’utilisation de certains pesticides chimiques de synthèse non autorisés lorsqu’ils jugent qu’aucune autre alternative raisonnable n’est disponible pour protéger les cultures.
En 2015, la Commission européenne avait autorisé la commercialisation de produits insecticides contenant du sulfoxaflor, alors même que depuis 2013, l’usage en plein champ d’autres néonicotinoïdes (le thiamethoxame, l’imidaclopride et la clothianidine), utilisés pour le traitement des semences et expressément interdits pour les cultures en plein champ depuis 2018, faisait déjà l’objet de certaines restrictions… à cause de leur toxicité aigüe, notamment pour les abeilles. A l’époque, la décision prise par l’autorité européenne nous était apparue pour le moins paradoxale. En effet, aucune des restrictions et mesures d’atténuation des risques applicables à l’utilisation de ces trois néonicotinoïdes n’étaient reprises dans l’acte d’autorisation du sulfoxaflor. Dès 2015, ce nouvel insecticide, de la famille des néonicotinoïdes (du fait de son mode d’action : il agit sur les récepteurs nicotiniques), pouvait donc être pulvérisé sans restriction pendant toute la période de production agricole, y compris lors de la floraison des cultures pollinisées par les insectes, et notamment les abeilles.
Un dossier en cours depuis 2015
Cela fait de nombreuses années que Nature & Progrès fait du dossier « Sulfoxaflor » une priorité. Grâce au soutien sans faille de ses membres et donateurs, l’association reste très attentive à l’évolution de la situation. Il serait en effet inadmissible que le Ministre fédéral de l’Agriculture octroie à nouveau une dérogation à l’interdiction européenne, au détriment des abeilles.
L’étude « Plan Bee » de Nature & Progrès se déroule sur des terrains de protection de captage d’eau de la Société Wallonne des Eaux dans les communes de Ciney, Orp-Jauche, Gerpinnes et Pont-à-Celles. Son objectif principal est d’étudier la faisabilité agronomique, apicole et économique de semer une diversité de fleurs sur grandes surfaces (sans engrais, ni pesticides chimiques de synthèse) pour produire une multitude de produits agricoles (miel, fourrages, farines, huiles, condiments, …) tout en accueillant l’entomofaune sauvage. Quelles sont les abeilles que nous avons pu à nouveau observer sur les différents sites en 2021 ? Quelles étaient leurs sources de nourriture ?
A Ciney, ce sera notre 4ième année de cultures mellifères selon les pratiques d’agriculture biologique et notre 2ième année à Orp-Jauche. Le site Plan Bee de Gerpinnes quant à lui, contient une végétation sauvage et est entretenu en fauchage tardif pour favoriser les ressources pour les pollinisateurs. A Pont-à-Celles, c’est une prairie fleurie qui a été semée fin 2021 sur le site de captage pour augmenter les ressources en pollen et nectar de 2022.
Pour faire de bons choix de fleurs, il nous faut observer ce que les abeilles ont pu consommer les années précédentes. Les fleurs ont un pouvoir nectarifère et pollinifère. Le nectar sera source d’énergie pour les abeilles et servira pour la production de miel et le pollen est important pour le bon développement de l’abeille (source principalement de protéines). N’ayant pas encore les résultats d’origine botanique du pollen récolté par nos abeilles mellifères et solitaires en 2021, nous allons nous intéresser uniquement à l’origine botanique du miel produit en 2021. Les résultats des analyses polliniques en ce qui concerne l’origine botanique et les éventuels résidus de pesticides retrouvés dans le pollen ou pain d’abeille sera pour notre prochaine revue.
Les abeilles observées sur le Plan Bee
En 2021, les abeilles mellifères étaient bien sûres au rendez-vous sur les différents sites étant donné que ce sont les apiculteurs entre autres qui les ont amenées. En ce qui concerne les abeilles solitaires, toute une série a pu être observée à nouveau sur nos différents sites. Des abeilles caulicoles/rubicoles comme les osmies (Osmia bicolor, Osmia cornuta, Osmia bicornis) ou coupeuses de feuilles (genre Megachile). Nous avons aussi pu observer des abeilles terricoles comme les andrènes (Andrena haemorrhoa, Andrena fulva, Andrena cineraria), collètes ou halictes (Halictus scabiosae).
La production de miel
En 2021, les miels de printemps des sites de Ciney, Orp-Jauche et Gerpinnes étaient riches en colza et fruitiers. Les abeilles mellifères ont un rayon de butinage élevé (jusqu’à 5 km) et ont donc pu s’alimenter sur des cultures voisines car les sites de Ciney et Orp-Jauche n’étaient pas cultivées avec du colza. A Pont-à-Celles le miel de printemps en 2021 était riche en fruitiers, ronces et saules. Une diversité d’autres fleurs étaient présentes en plus petites quantités. En ce qui concerne le miel d’été de Ciney et de Gerpinnes, nous avons à faire avec du nectar et miellat riche en ronces, fruitiers et tilleul. Les trèfles, phacélies, centaurées cultivées à Ciney se retrouvent dans le miel mais en plus petites quantités qu’en 2020. En ce qui concerne le sarrasin cultivé à Ciney, il est bien présent dans le miel d’éte mais <10%.
Les cultures agricoles
A Orp-Jauche, les cultures vivaces comme la carotte sauvage, centaurée des prés, chicorée sauvage, mélilot, sainfoin et trèfle blanc vont à nouveau fleurir en 2022 et on espère plus abondement. En ce qui concerne Ciney, les cultures vivaces qui vont refleurir cette année sont la silphie, centaurée des prés, trèfle blanc, prairie fleurie. Cette année nous avons semé du petit épeautre en rotation des cultures et des espaces se libèrent pour tester de nouvelles cultures mellifères comme la courge oléique, luzerne, vesce, … ou retenter certaines cultures comme le tournesol, coriandre, origan, bourache, … A côté de l’aspect mellifère, le choix des cultures dépend aussi beaucoup de la disponibilité des machines agricole pour faire les semis, désherbage et récolte propre à chaque culture.
Plus d’informations
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Article original publié en anglais sur le site de PAN Europe
Le 17 mars 2022, une audience importante a eu lieu à la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg. PAN Europe a demandé à la Cour de clarifier les règles d’octroi de dérogations pour les pesticides interdits en Europe. Depuis des décennies, les Etats membres de l’Union européenne prolongent artificiellement l’utilisation de pesticides hautement toxiques et interdits dans l’Union, en abusant du régime des dérogations, avec la bénédiction de la Commission européenne.
PAN Europe, conjointement avec son organisation membre Nature & Progrès Belgique et un apiculteur belge, a réussi à faire en sorte que la Cour de justice européenne se positionne sur la légalité des centaines de dérogations accordées chaque année par les États membres pour des pesticides interdits par l’Union. Les juges européens ont été invités à répondre à une série de questions parmi lesquelles : est-il permis d’accorder une dérogation pour un pesticide qui ne respecte pas les fondements du droit européen : hautement toxique pour les abeilles, pour l’environnement, pour l’homme ? Autre question importante : une dérogation pour l’utilisation d’un pesticide toxique peut-elle être accordée de manière préventive, même en l’absence de preuve de danger pour une culture ? Notre avocat a plaidé notre cause et a dû faire face aux avocats de la Commission européenne, soutenu par les avocats de la France, de la Grèce et de la Belgique.
Le contexte
Depuis que l’Union européenne a harmonisé sa législation sur les pesticides, elle a toujours autorisé les États membres à accorder des dérogations aux pesticides. Les États membres ont continuellement utilisé et abusé du système. En effet, tant dans la directive 91/414 de 1991 que dans le règlement 1107/2009 de 2009, les États membres avaient la possibilité, en cas d’« urgence » et en l’absence d’alternative raisonnable, d’accorder à leurs agriculteurs des dérogations pour l’usage d’une substance spécifique pendant 120 jours. Mais ce qui devait rester exceptionnel est devenu la norme : les États membres n’ont cessé de contourner les règles. Au cours des 6 dernières années, pas moins de 3 600 dérogations ont été accordées pour l’utilisation de pesticides non autorisés dans les États membres.
Urgence vous dites ?
En fait, pour toutes sortes de ravageurs communs et récurrents, l’agro-industrie a demandé aux États membres d’accorder des dérogations concernant les pesticides toxiques interdits tels que les néonicotinoïdes toxiques pour les abeilles, le chlorpyrifos nocif pour le cerveau ou le mancozèbe toxique pour la reproduction ! Et quand on regarde les demandes envoyées par les agriculteurs ou souvent par l’industrie des pesticides elle-même, on se rend compte qu’il n’y a aucune urgence ! Et que le soi-disant danger est complètement hypothétique, non prouvé, que des dérogations sont accordées pour maintenir le statu quo, empêchant les agriculteurs de passer à des pratiques moins nocives.
Pas d’alternative, vraiment ?
Dans le même ordre d’idées, dans leurs dossiers de candidature, les agro-industriels prétendent qu’aucune alternative n’existe, que c’est trop coûteux ou pas assez efficace. Mais comment diable les agriculteurs biologiques peuvent-ils cultiver la même culture de manière rentable ? Comment se fait-il que des dérogations soient accordées alors que d’autres pesticides de synthèse sont déjà approuvés pour le même ravageur ?
Alors… qu’est-ce qui ne va pas avec les États membres ?
Les dérogations sont généralement prévues systématiquement : vous en faites la demande, vous l’obtenez ! Les États membres utilisent ce système pour prolonger l’utilisation d’un pesticide sur le marché même s’il a été interdit. Les autorités nationales compétentes sont généralement liées aux ministères de l’agriculture qui favorisent l’agriculture intensive ! Ainsi, lorsque les néonicotinoïdes sont interdits pour protéger les abeilles… ils continuent d’être utilisés dans la majorité des États membres par le biais de dérogations. Et la Commission ne fait rien ? Malheureusement non ! La Commission européenne ferme les yeux sur les pratiques des États membres et n’exerce pas son rôle de gardienne des traités, afin de protéger la santé des personnes et l’environnement.
Pourquoi PAN Europe va-t-il en justice alors ?
Quand on regarde la loi, elle énonce quelques conditions pour accorder une dérogation. Vous avez d’abord besoin d’une urgence : un danger inattendu pour lequel une réaction urgente est nécessaire. Deuxièmement, il ne peut être fourni que s’il n’existe aucune alternative. Et enfin, la loi ne dit pas qu’en accordant une dérogation, l’autorité nationale compétente est autorisée à ne pas respecter les autres dispositions de la loi qui stipulent que les pesticides ne peuvent pas nuire à la santé des personnes et à l’environnement.
PAN Europe vise à clarifier les contours de la loi et à obliger la Commission européenne et les États membres à protéger la santé des personnes et l’environnement, pas le profit de l’agro-industrie !
Quelle est la procédure légale ?
PAN Europe, Nature & Progrès Belgique et un apiculteur belge ont d’abord poursuivi l’État belge en 2019 pour avoir accordé des dérogations à l’utilisation de néonicotinoïdes toxiques pour les abeilles sur la betterave sucrière. Nous avons demandé au tribunal administratif belge d’adresser des questions préjudicielles à la Cour de justice de l’UE afin de clarifier les grandes lignes des règles permettant aux États membres de prévoir des dérogations. La Cour belge a accepté notre demande pour plus de clarté et a envoyé, en février 2021, 5 questions préjudicielles à la Cour de justice de l’UE.
La France, la Hongrie, la Finlande, la Grèce et la Belgique sont intervenues dans l’affaire pour protéger le système actuel, ainsi que les producteurs belges de betteraves sucrières et l’industrie des pesticides/semences.
L’avocate générale rendra ses conclusions le 2 juin 2022 et la Cour rendra un arrêt quelques mois plus tard.