Pendant près d’un an et demi, Nature & Progrès s’est penchée sur la question de l’empreinte carbone. Qu’en est-il ressorti ? Et que prévoyons-nous pour l’avenir ?
Visite d’une unité de biométhanisation
Début de l’année 2021, moi, Lionel Pistone, animateur Nature & Progrès jusque-là plutôt spécialisé dans le zéro déchet et les circuits-courts ; je me suis vu confier la mission de sensibiliser nos membres sur la réduction de leur empreinte carbone ! Un projet qui nous tenait à cœur car notre association souhaitait, elle aussi, apporter sa pierre à l’édifice de l’atteinte des objectifs européens de réduction du CO2. Pour rappel, il s’agit désormais d’une diminution de 55% des émissions de gaz à effet de serre pour l’année 2030 (par rapport à l’année de référence 1990) et d’une neutralité carbone pour l’année 2050 ! Autant le dire tout de suite, le chantier est titanesque…
Bien entendu, il serait facile de tomber dans le discours empreint de couardise du « c’est pas moi c’est l’autre », « quand les chinois arrêterons de polluer, je m’y mettrai », « les multinationales n’ont qu’à faire des efforts », « et les riches qui vont dans l’espace, pourquoi on les laisse tranquille, eux ? » etc. mais ce n’est pas dans notre ADN… En effet, Nature & Progrès est une association de consommateurs qui sont aussi des acteurs du changement. Nous avons un rôle à jouer et nous pouvons, à notre échelle, faire changer les choses. Sinon, à quoi bon continuer à militer, à se réunir régulièrement en locales, à organiser des conférences ou à faire visiter nos jardins lors des portes ouvertes ?!
Par où commencer ?
Durant le premier trimestre de l’année 2021, nous nous sommes réunis en petits groupes (COVID oblige) de bénévoles actifs. Ce sont des membres de Nature & Progrès qui se rencontrent régulièrement pour échanger sur l’une des quatre thématiques que porte au quotidien notre association. Ensemble, nous nous sommes approprié le dossier et nous avons discuté des préoccupations des membres, en matière de CO2. Qu’est-ce qui pollue le plus ? Les petits gestes font-ils vraiment la différence ? J’ai lu / vu aux infos que telle ou telle mesure avait un impact important ; est-ce vrai ? Dans quelle mesure ? etc. Nous avons échangé pendant de longues soirées printanières et puis je suis retourné au bureau avec une multitude de notes. J’ai alors compilé et fact-checké l’ensemble des données recueillies dans les différents petits groupes pour en faire le document intitulé « engagement sur l’honneur » que vous avez certainement vu passer si vous suivez notre projet depuis le début. Si pas, vous pouvez vous impliquer vous aussi via ce formulaire (en bas de la page).
De ce formulaire ont été extraits 10 petits gestes citoyens que chacun(e) d’entre nous peut faire pour réduire son empreinte carbone. Ces-derniers ont été compilés dans une affiche qui a été distribuée notamment lors du salon Valériane 2021 et qui sera encore distribué lors de l’édition 2022. Avec ces deux documents en support, nos bénévoles actifs ont pu devenir de véritables ambassadeurs du projet de réduction du CO2 auprès de leurs amis, leur famille, leurs voisins, etc. C’était en effet l’idée de base du projet : des citoyens qui en parlent à d’autres citoyens ; qui leur montrent que c’est possible, que l’empreinte carbone est l’affaire de tous. Chaque petit geste compte quand nous sommes des millions à les pratiquer partout à travers le monde !
Ceci, c’était la première phase du projet…
Un article complet (reprenant les différentes phases mais aussi davantage en détails les actions réalisées par nos membres) sera publié dans la revue Valériane de novembre-décembre 2022. Restez donc attentifs !
Quelles conclusions pouvons-nous tirer de cette année et demie de sensibilisation ?
Vous le lirez en détails dans le dossier de la revue numéro 158, cela n’a pas toujours été facile d’aborder le thème de la réduction de l’empreinte carbone. Parfois le public était « difficile », jusqu’à être climatosceptique, mais parfois… il n’y avait simplement pas de public ! Cette thématique, pourtant régulièrement abordée dans les médias, n’intéresserait-elle pas « monsieur et madame tout-le-monde » ? Avons-nous peur de voir la réalité en face ?
L’un des enseignements à tirer du projet « Mobilisons-nous pour réduire notre empreinte carbone », c’est que l’un des gros problèmes d’une ASBL environnementale comme Nature & Progrès, c’est « l’entre-soi ». Quand nous sommes entre convaincus, tout va bien ! La plupart de nos membres sont sensibilisés à ces questions et font déjà beaucoup de « petits gestes » (mais des gros aussi !) pour réduire leur empreinte carbone. « C’est évident ! », « je fais ça depuis 20 ans », « il y a encore des gens qui boivent de l’eau en bouteille ?? », « ça fait au moins 10 ans que je n’ai plus mis un pied dans une grande surface », « cette année, je n’ai mis qu’un sac poubelle de déchets résiduels », etc. autant de petites phrases que j’ai souvent entendu lors de réunions avec nos membres. Mais ce qui nous parait parfois évident, peut sembler inutile, voire impossible à mettre en œuvre pour certaines personnes non sensibilisées. Il est donc extrêmement important de poursuivre notre démarche par l’exemple : montrer que c’est possible, que c’est bon pour l’environnement, que cela permet de réaliser des économies, etc. Dès lors, nous devons poursuivre la sensibilisation du grand public, au travers d’animations ouvertes à tous, gratuite et partout en Wallonie et à Bruxelles.
Quelle suite pour le projet de réduction du CO2 ?
Comme indiqué précédemment, il est indispensable de poursuivre la sensibilisation à la réduction de l’empreinte carbone des particuliers. Nous avons donc décidé d’intégrer cette problématique dans trois animations gratuites à destination du grand public :
Le retour aux circuits-courts, cours toujours ?
Le zéro déchet : lubie bobo ou véritable nécessité ?
S’éclairer ou se chauffer en Belgique, le grand luxe ?
Vous êtes un petit groupe (association, comité de quartier, CPAS, bibliothèque, etc.) et vous souhaitez assister ou organiser une animation sur l’un de ces sujets ? Alors, n’hésitez pas à me contacter par courriel : lionel.pistone@natpro.be
Il s’agit là d’un service gratuit de Nature & Progrès à destination d’un public adulte.
Un nouveau rapport de l’ONG Heath & Environnement Alliance (HEAL) révèle que les preuves scientifiques des effets cancérigènes du glyphosate ont été écartées de l’évaluation scientifique qui fondera un éventuel renouvellement de son autorisation de mise sur le marché européen. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) avait conclu le 30 mai dernier que la classification du glyphosate comme substance cancérogène n’était pas justifiée. L’avis de l’ECHA sur la classification des dangers du glyphosate est une étape fondamentale dans le processus de renouvellement de cette molécule. Sur la base de cette évaluation, la Commission européenne et les États membres décideront du renouvellement de la licence du glyphosate pour 5 années supplémentaires. L’enjeu est de taille puisque la législation européenne sur les pesticides prévoit que les substances classées comme « cancérogènes présumés pour la santé humaine » soient retirées du marché. Dans le cadre de cette procédure de réévaluation du glyphosate, HEAL a examiné 11 études fournies par l’industrie en 2019 dans le cadre du dossier d’homologation. L’ONG, avec l’aide de deux experts indépendants, a constaté l’apparition de tumeurs sur les animaux testés appuyant clairement la classification du glyphosate comme « cancérogène probable » au niveau international. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS, une référence en matière de recherche sur les causes du cancer, était parvenu à cette conclusion après avoir consulté plus d’un millier d’études.
Le glyphosate est le pesticide le plus utilisé au monde
Le Dr Peter Clausing, toxicologue et co-auteur du rapport, a déclaré : « Les animaux exposés au glyphosate ont développé des tumeurs avec des incidences significativement plus élevées par rapport à leur groupe témoin non exposé, un effet considéré comme une preuve de cancérogénicité par les directives internationales et européennes. Pourtant, les évaluateurs des risques de l’UE ont rejeté toutes les conclusions sur les tumeurs de leur analyse, concluant qu’elles se sont toutes produites par hasard et qu’aucune d’entre elles n’était réellement liée à l’exposition au glyphosate. » Les graves lacunes scientifiques et les distorsions dans l’interprétation des normes scientifiques européennes et internationales mises en évidence dans le rapport de HEAL remettent également en question la validité de l’évaluation en cours et de ses conclusions. Le Dr Angeliki Lyssimachou, responsable principale de la politique scientifique à HEAL, prévient que la non-reconnaissance du potentiel cancérigène de la substance marquerait un retour en arrière dans la lutte de l’Europe contre le cancer. Helene Duguy, avocate spécialisée dans les produits chimiques chez ClientEarth, a déclaré : « Certains des plus grands scientifiques du monde ont fait le lien entre le glyphosate et le cancer – et pourtant l’ECHA refuse d’étiqueter ce pesticide nocif comme cancérigène. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que l’ECHA ne justifie pas de manière transparente et claire son rejet des preuves scientifiques indépendantes. C’est incroyablement inquiétant étant donné l’engagement et le devoir de l’UE de protéger ses citoyens et l’environnement des substances les plus dangereuses ». Malgré les nombreuses preuves de ses effets négatifs sur la santé humaine et l’environnement, le glyphosate reste le pesticide le plus utilisé au monde, et représente un tiers de toutes les ventes d’herbicides, soit 48.000 tonnes par an, dans l’Union européenne. L’exposition aux pesticides à base de glyphosate a également été liée à des effets néfastes sur le développement humain, la reproduction et les systèmes hormonaux, selon des preuves issues de la littérature scientifique indépendante.
Le 15 juin 2022, Nature & Progrès, PAN Europe et l’équipe de Secrets Toxiques ont participé à une conférence/débat au Parlement européen à Bruxelles sur les carences et les failles du système d’homologation des pesticides et sur les leviers d’actions des députés européens, notamment judiciaires, pour faire appliquer la loi.
Le règlement européen sur les pesticides (Règlement n° 1107/2009) prévoit de fortes exigences pour l’approbation de ces produits chimiques de synthèse et de leurs composants déclarés. Il vise à préserver l’environnement et la santé des effets néfastes liés à l’utilisation des pesticides. Pourtant, de nombreuses études scientifiques fournissent des preuves d’un lien entre ces produits et l’effondrement de la biodiversité et certaines maladies chroniques. Dans de nombreux pays européens, l’exposition aux pesticides est reconnue comme étant à l’origine de maladies professionnelles. Ces constats invitent à identifier les failles dans la mise en œuvre des conditions d’homologation des pesticides au niveau européen et à les résoudre.
Au niveau européen, les substances actives sont autorisées par la Commission européenne sur base d’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Les conditions et critères d’évaluation fondant ces avis scientifiques doivent répondre aux exigences de la législation européenne sur les pesticides.
Or, la pratique révèle des carences majeures dans les évaluations scientifiques de l’EFSA :
des effets à long terme des pesticides sur la santé humaine
des effets causés par l’interaction entre une substance active donnée et, entre autres, les autres constituants du produit : l’effet cocktail
de la toxicité des co-formulants, parfois plus toxiques que les substances actives déclarées
de la toxicité des pesticides sur les espèces non ciblées, directement ou indirectement exposées aux pesticides dans leur environnement naturel, tels que les amphibiens et les reptiles
Par exemple, concernant les effets à long terme de la formulation représentative, la Commission européenne ne peut légalement autoriser une substance active que si une ou plusieurs utilisations représentatives d’au moins un produit pesticide contenant cette substance n’a pas d’effet nocif sur la santé humaine ou l’environnement à court ou à long terme. L’EFSA doit donc inclure ses avis une analyse du danger à long terme de cette formulation représentative. Etant donné qu’une telle analyse n’est pas incluse dans le règlement de la Commission définissant les documents requis pour l’approbation de mise sur le marché, peut-on vraiment considérer que la Commission européenne et l’EFSA se conforment aux exigences du règlement pesticides ?
Le Parlement européen pourrait demander l’annulation de l’approbation d’une substance active devant la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) au motif que l’évaluation de la toxicité à long terme n’a pas été correctement effectuée – ce que les ONG ne peuvent pas faire. Devant le manque de transparence sur les méthodes, données et résultats des analyses de toxicité des pesticides – celles-ci n’étant pas publiées – un tel recours permettrait de contrôler réellement la manière dont les tests de toxicité à long terme sont effectués.
Réécoutez les différentes interventions au Parlement européen (vidéo entière et passages coupés) :
3:40 – L’évaluation des effets à long terme des pesticides sur la santé humaine (en anglais) Dr Andy Battentier, directeur de campagne Secrets Toxiques
16 :10 – L’évaluation de l’écotoxicité des pesticides sur les espèces non ciblées (en français) Salomé Roynel Chargée de la politique et des campagnes sur l’évaluation des risques liés aux pesticides à PAN Europe
31 :05 – L’intégration de la littérature scientifique dans le protocole d’évaluation (en anglais) Dr Angeliki Lysimachou Chargée de politique scientifique Health and Environment Alliance (HEAL)
45 :58 – La décision de la CJUE du 1er octobre 2019 : un repère fondamental pour l’évaluation des pesticides (en français) Guillaume Tumerelle Avocat de Secrets Toxiques et Générations Futures
1 :24 :40 – Intervention de Martin Dermine, Chargé de la politique de l’environnement et de la santé à PAN Europe (en français)
1 :30 :43 – Intervention de Marc Fichers, Secrétaire général de Nature & Progrès Belgique (en français)
Le projet « Mobilisons-nous pour réduire le CO2 » initié par Nature & Progrès fin 2020 touche à sa fin. Pour marquer le coup, notre ASBL a souhaité organiser un événement d’ampleur réunissant les membres ayant préalablement participé aux animations, conférences ou visites de terrain sur le sujet.
Ainsi, le jeudi 9 juin, nous avions invité Carbone4 à la Bourse de Namur pour une conférence interactive et participative sur le calcul de notre empreinte carbone individuelle. L’ensemble des participants a pu se tester et mesurer ses émissions de CO2 dans des thématiques telles que l’alimentation, les déplacements, la vie quotidienne, les voyages, etc. Non seulement ils ont pu objectiver les postes les plus moins « eco-friendly » mais ils ont pu également visualiser leur trajectoire de réduction de CO2 pour parvenir aux objectifs européens de -55% par rapport à 1990. Un véritable outil interactif et individualisé !
Vous n’avez pas pu participer à la conférence interactive ? Une version gratuite et en ligne est régulièrement organisée par Cabone4 via le site.
Bien entendu, Nature & Progrès ne s’arrête pas là en termes de sensibilisation à la réduction de l’empreinte carbone des particuliers. D’ailleurs, la problématique sera désormais incluse dans trois animations gratuites à destination du grand public :
Le retour aux circuits-courts, cours toujours ?
Le zéro déchet : lubie bobo ou véritable nécessité ?
S’éclairer ou se chauffer en Belgique, le grand luxe ?
Pour cela, n’hésitez pas à contacter Lionel Pistone sur sa boite courriel : lionel.pistone@natpro.be
La Belgique octroie quatre nouvelles dérogations pour l’usage de produits pesticides à base de flupyradifurone, l’un des insecticides de type néonicotinoïde nouvelle génération mis sur le marché en 2015.
Ces produits sont déjà autorisés en plein air pour la production de houblon ou de fruits (raisin, pomme, poire, etc.) et sous serre pour certains légumes (courgette, aubergine, etc.) ou petits fruits (fraise, framboise, mûre, etc.). Pourtant, la dérogation – dite d’urgence phytosanitaire et relevant de la législation européenne sur les pesticides – permet d’étendre l’application de flupyradifurone à plusieurs variétés de choux (chou-fleur, chou-rave, chou de Bruxelles, chou brocoli, etc) pendant une période de 120 jours comprise entre le 1er juin et le 28 septembre 2022.
Une substance neurotoxique
Tout comme le sulfoxaflor, dont l’homologation européenne est en sursis, le flupyradifurone est une substance neurotoxique perturbant le fonctionnement du système nerveux de l’insecte ravageur ciblé (ici, le puceron et la mouche blanche) pour l’éradiquer, avec, au passage, des effets collatéraux sur d’autres insectes non visés et inoffensifs pour les cultures traitées, en particulier les pollinisateurs. Comme ce fut le cas pour les néonicotinoïdes de 1ère génération (imidaclopride, thiaméthoxame, clothianidine et fipronil) dorénavant interdits au niveau européen, les preuves scientifiques de la toxicité du flupyradifurone pour les abeilles s’accumulent.
La littérature scientifique a déjà identifié des perturbations majeures consécutives à une exposition au flupyradifurone avec un impact sur :
le comportement alimentaire (consommation de nectar) et de butinage,
la thermorégulation
Et la motricité de ces précieuses butineuses…
…diminuant ainsi encore davantage leur chance de survie. Pour certaines abeilles sauvages, en particulier l’abeille Megachile rotundat, le flupyradifurone présente une toxicité aigüe plus de 15 fois supérieure à celle des abeilles domestiques. Plus de 1.400 espèces d’abeilles sauvages sont des Megachile rotundat et beaucoup d’entre elles butinent les cultures et les fleurs sauvages à proximité des parcelles agricoles. De nombreuses plantes attractives pour les abeilles domestiques sont également visitées par les Megachile, qui pourraient donc être exposées à des doses de flupyradifurone présentant une toxicité aiguë, tant dans les champs agricoles qu’en dehors.
Flupyradifurone : les preuves scientifiques sont nombreuses
En permettant la pulvérisation de ces produits en plein champ et sans aucune mesure de réduction des risques (autre qu’une zone tampon de 20 mètres), l’Etat belge choisi d’ignorer les nombreuses preuves scientifiques disponibles alors qu’il devrait au contraire soigneusement évaluer toute nouvelle étude afin de compenser les lacunes du système actuel d’évaluation des risques pour préserver la biodiversité et les abeilles. Il aura fallu environ 25 ans pour interdire au niveau européen les utilisations de l’imidaclopride, du thiaméthoxame, de la clothianidine et du fipronil. Avec l’arrivée de nouveaux néonicotinoïdes, quelle chance reste-t-il aux abeilles quand l’Etat belge continue d’octroyer chaque année des dérogations temporaires à l’interdiction européenne pour ces anciens néonicotinoïdes ?
Fin 2020, Nature & Progrès a lancé le projet « Mobilisons-nous pour réduire le CO2 » en collaboration avec la Wallonie et l’AWAC. Après 2 années de rencontres et d’échange, nous vous invitons à une soirée de synthèse exceptionnelle autour de l’outil de mesure de l’empreinte carbone développé par MyCO2. Venez calculer vos émissions de CO2 (vie quotidienne, alimentation, déplacements, etc.) en direct avec nous et visualiser les efforts à fournir pour atteindre l’objectif de -55% par rapport à 1990.
La surprise fut totale, ou presque. La guerre et son cortège de barbarie soudain nous écœure. Nous le savions pourtant pertinemment, depuis l’offensive Von Rundstedt, l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, la guerre en Syrie… Et pourtant nous sommes encore surpris, non seulement par les cadavres mutilés qui jonchent les rues de villes qui ressemblent étrangement aux nôtres, mais plus encore par les manœuvres insensées de ceux qui, « n’écoutant que leur bon cœur », instrumentalisent déjà la situation…
Par Marc Fichers et Dominique Parizel (article complet disponible dans la revue Valériane)
On ne saura jamais quelle mouche l’a piqué. Mais elle l’a piqué. Poutine l’a fait. Mû par un complexe de raisons que lui seul connaît. En Ukraine, les hommes s’arc-boutent et résistent. Femmes et enfants ont quitté le pays, par millions, cherchant refuge à l’Ouest. Les médias déversent sur nous leurs flots d’horreurs, cherchant à discerner l’info de l’intox, à comprendre s’il y a vraiment quelque chose à comprendre…
L’agriculture nourrit, le pétrole aussi…
L’Ukraine, pour ceux qui l’auraient oublié, fit jadis partie de l’Empire des Tsars, puis de l’URSS. Staline y « favorisa » un de ses pires crimes : Holodomor, la grande famine de 1932-33 qui fit – selon les sources ! – deux millions et demi de morts, ou peut-être même le double… Car l’Ukraine est un pays essentiellement agricole, un pays énorme, plus vaste que la France. Dès le début de l’invasion russe, le lien parut limpide entre les denrées qui y sont produites – de même qu’en Russie qui serait immanquablement soumises à embargo – et tous les malheureux qui n’en bénéficieraient plus. Vingt-cinq pays africains par exemple, expliqua-t-on alors, dépendent directement des importations russes et ukrainiennes pour leurs produits agricoles de base (1) et il faut les aider, de toute urgence, car la pénurie guette ! Ainsi le Sénégal importe-t-il les deux tiers de son blé des pays belligérants. Ses voisins, la Guinée et le Mali, rien du tout ! La famine, pour autant, guette-t-elle davantage au Sénégal qu’en Guinée ou au Mali ? C’est que là-bas, vous savez, on mange plutôt du mil, du sorgho ou du maïs produits localement (2), ce sont les nouvelles boulangeries industrielles qui importent le blé ! Mais de cela tout le monde apparemment s’est bien moqué, il fallait, le temps de la supercherie, que les Sénégalais eussent faim de blé !
La vérité est évidemment plus complexe. Mais hélas pas moins grave. La soudaine flambée des prix du gaz et du pétrole – par ailleurs éminemment prévisible vu l’attitude des membres de l’OPEP (3) – fait grimper ceux des engrais et, par conséquent, ceux des céréales produites par l’agro-industrie, en ce compris bien sûr celles qui sont destinées… aux animaux ! D’où le fait que la viande devient impayable mais aussi les fruits et les légumes produits sous serres, ainsi que les produits de la pêche industrielle ! Pour les pays en développement, c’est cette façon de produire des denrées de première nécessité qui, selon la FAO, mènera à la famine entre huit et treize millions de personnes supplémentaires. Seules solutions envisageables : sortir d’urgence l’agriculture des énergies fossiles et mettre en place une « exception agricole » en matière commerciale (4). Dans les pays les plus riches, c’est la spéculation sur les denrées qui ne fera qu’accroître encore l’inflation. D’où un bond soudain, de l’ordre de 3 à 4% de l’ensemble de nos denrées alimentaires… Car ce n’est pas avec une terre fertile que l’agro-industrie nourrit le monde. C’est avec du pétrole !
Pourtant, dès que le grincement des vieux chars russes se fit entendre, des positionnements politiques étranges surgirent visant à intensifier, en Europe, le modèle agricole productiviste dominant, sous le funeste prétexte qu’il fallait absolument nourrir d’urgence ceux que la guerre priverait des livraisons de céréales et d’huile de tournesol venues de Russie et d’Ukraine. Ceux qui portaient ce discours avaient alors des objectifs bien précis :
réclamer la fin du Green Deal européen qui vise justement à rendre l’agriculture plus autonome, en l’affranchissant au maximum des pesticides chimiques grâce au développement de zones de biodiversité où se multiplient les prédateurs des insectes nuisibles,
faire d’urgence marche arrière dans la stratégie « De la fourche à la fourchette » visant une diminution de 50% de l’utilisation et du risque des pesticides, une réduction de 20% des engrais chimiques et un objectif de 25% de terres en bio pour 2030…
Cherchez à qui le crime profite…
L’attitude insensée des Institutions européennes
Revoir les ambitions de la stratégie « De la fourche à la fourchette » pour garantir l’alimentation de tous ? Le contresens est total. Car le Green Deal est un projet qui donne un avenir à l’agriculture mais la guerre ne fait que de confirmer sa fragilité. Il faudrait donc augmenter d’urgence les pourcentages qu’impose plutôt que les réduire. Or il faudrait cultiver les jachères et laisser les pesticides « protéger » les plantes pour assurer les rendements, alors que l’augmentation du coût de l’énergie – et, corollairement, celui des engrais – provoquera inéluctablement celle du coût des productions agricoles intensives ! Voilà la fable gobée par le Commissaire européen à l’agriculture, le Polonais Janusz Wojciechowski, qui appela… au report des réformes environnementales prévues, tout en demandant que les agriculteurs européens ne soient pas « accablés » par de nouvelles obligations !
En plus de cela, en Europe, les associations professionnelles conventionnelles exploitent la situation politique (5) pour demander une dérogation aux limites maximales de résidus (LMR) imposées par l’Union européenne, en ce qui concerne les pesticides dans les produits alimentaires et les aliments pour animaux importés ! Cette dérogation permettrait aux produits de base, non conformes aux normes de sécurité européennes, d’accéder au marché intérieur européen pendant six mois ! Ces organisations omettent évidemment de préciser que, si des pesticides sont interdits d’usage en Europe, c’est justement en raison de leur dangerosité pour l’environnement et la santé. On tire allègrement profit de la situation, et sans scrupule aucun. Et, pendant ce temps, sur le sol ukrainien, les exactions commencent… Les lobbys industriels liées à l’agriculture intensive en profitent pour faire progresser leurs « idéaux », leur unique ambition de laisser prospérer les exploitants agricoles comme premiers fournisseurs d’ingrédients pour l’industrie agro-alimentaire. Et comme premier client des industries d’intrants chimiques, qu’ils soient de Russie ou d’ailleurs…
La réalité est qu’un quart des engrais azotés utilisés dans l’Union européenne viennent… de Russie ! La vérité est que l’Union européenne achète énormément de céréales ukrainiennes et russes – principalement du maïs – pour nourrir ses animaux de boucherie ! Les organisations agricoles productivistes, quant à elles, ne savent penser que le court terme : elles voient ce que les nouvelles normes environnementales pourraient les empêcher de produire. Elles ne voient jamais à ce que leurs propres méthodes vont engendrer comme dégâts qui, de toutes façons, les empêcheront bientôt de produire ! Elles ne voient pas que la réduction des intrants chimiques donne de l’autonomie à notre production alimentaire. Quelle dose de mauvaise foi leur faut-il, par exemple, pour ne pas admettre ce que coûte déjà la baisse d’activité des pollinisateurs dont les néonicotinoïdes sont indiscutablement la cause ?
Où sont passés les Européens de bonne foi ?
« Ne laissons pas la place au lobby vert, au lobby de la faim dans le monde », a déclaré – sans rire ! – Christiane Lambert, présidente du COPA-Cogeca, l’union des syndicats agricoles européens et des coopératives, lors du Congrès de la FNSEA, le syndicat majoritaire français, les 29 et 30 mars à Besançon !
L’Europe pourtant, avec sa stratégie « De la fourche à la fourchette », entendit sortir l’agriculture de l’impasse et lui donner la chance d’une transition. Où sont soudain passés ses défenseurs ? Sont-ils partis en vacances au pôle Nord ? Ou au fond d’une mine de charbon ? Pareille transition fut initiée, il y a cinquante ans, par les agriculteurs et les consommateurs biologiques. Les bio furent des visionnaires, eux qui développèrent un mode de production alimentaire basé sur le respect de l’homme et des écosystèmes. Le seul qui fonctionne ! Leur travail fut récompensé par l’engouement et le soutien sans faille des consommateurs envers les produits bio. Cette production agricole a développé des techniques de production très performantes qui font sans cesse augmenter la rentabilité des fermes mais en préservant notre idéal agricole : en développement leur autonomie, et sans engrais ni pesticides chimiques de synthèse !
Ce plébiscite public ébranle aujourd’hui les industries chimiques et agricoles prêtes à faire flèche de tout bois pour maintenir la production intensive ; elles veulent que l’agriculture demeure un client de l’industrie des engrais et des pesticides chimiques et un fournisseur d’ingrédients bon marchés pour les usines agroalimentaires qui vendront la nourriture aux quatre coins du monde. Elles oublient un peu vite que la stratégie « De la fourche à la fourchette » n’a finalement abouti qu’avec le constat flagrant que l’agriculture européenne est dans l’impasse ! Elle est dans l’impasse parce que son addiction absurde aux pesticides et aux engrais chimiques en a fait la première arme de destruction massive de la nature et de la biodiversité (7). Elle est dans l’impasse parce que sa dépendance aux énergies fossiles – à travers les engrais azotés, liés à l’utilisation du gaz naturel (8) et la mécanisation à outrance – compromettent gravement sa rentabilité. Il ne s’agit plus d’agriculture mais de la vulgaire fonction de fourniture d’ingrédients à l’agro-industrie, il ne s’agit plus de nourrir les humains mais d’alimenter un marché de produits toujours plus douteux. Une guerre commerciale où la seule loi est celle du profit ! Revendiquer le droit de cultiver les malheureux 4%, initialement prévus pour maintenir un peu de biodiversité dans les campagnes, ne traduit plus qu’un aveuglement qui empêche toute remise en question. Et pourtant, les experts parlent plutôt de 10%, si l’on veut espérer stopper l’augmentation effrénée des quantités de pesticides épandus sur nos champs (9).
Même constat là-bas : les agriculteurs ukrainiens – qui ont produit une récolte céréalière record l’année dernière – disent qu’ils manquent aujourd’hui d’engrais, ainsi que de pesticides et d’herbicides. Et même s’ils disposaient d’une quantité suffisante de ces matériaux, ils ne pourraient pas obtenir assez de carburant pour alimenter leurs équipements, ajoutent-ils… En Ukraine où la plus grande exploitation céréalière – 654.000 hectares ! – est détenue par l’oligarque Oleg Bakhmatiouk et le géant américain Cargill, et la seconde – 450.000 hectares ! – par le fonds de pension américain NCH Capital… Les mêmes qui font pression sur nos décideurs européens ? Ou juste leurs concurrents sur le marché inépuisable de la faim dans le monde ?
L’agriculture belge joue aussi à être exportatrice
Laisser croire que nos champs – et nos jachères ? (10) – belges sont indispensables pour nourrir l’humanité est une autre ineptie. En Belgique, les champs de céréales ne servent pas à faire notre pain ! Ils servent principalement à produire des agrocarburants et de la nourriture pour les animaux. Principalement pour les porcs et les volailles. En Wallonie, 9% des céréales seulement sont produites pour l’alimentation humaine. 32% pour l’énergie, 46% pour l’alimentation animale et 13% partent à l’exportation (11). Par conséquent, plutôt que de prétendre cultiver intensivement le moindre mètre carré disponible, il conviendrait peut-être de réorienter la destination des cultures. Quelle peut bien être l’utilité de consacrer un tiers de nos céréales à nourrir des animaux – principalement de la volaille et des porcs ? Le volume de nos exportations belges de viande de volaille dépasse de loin les cinq cent mille tonnes, principalement vers la France et les Pays-Bas. En troisième position, on trouve… le Ghana ! Soit 10% des exportations belges de volaille. On trouve encore la RDC, le Congo et le Gabon, autant de pays où l’exportation de notre viande de volaille déstabilise gravement l’agriculture locale (12).
D’autres de nos cultures sont principalement orientées vers l’exportation. C’est le cas des pommes de terre, par exemple, où seulement 10% des quarante mille hectares cultivés en Wallonie, à grands renforts de pesticides divers, servent à nourrir la population locale. Le reste part jusqu’aux confins du vaste monde, sous la forme de chips et de frites – ne parlons même pas ici du carburant nécessaire pour transporter tout cela ! Quelle serait donc la logique de vouloir stopper la volonté qu’affiche l’Europe de développer une agriculture moins dépendante des pesticides ? Pourquoi réclamer ces malheureux hectares dédiés à la biodiversité en prétendant nourrir le monde, alors qu’il est justement préférable de produire moins, mais mieux, en privilégiant les cultures vivrières ? Les céréales panifiables, par exemple, destinées à la population locale… Depuis un demi-siècle, la bio démontre l’utilité de maintenir des fermes en polyculture-élevage, où le bétail broute l’herbe et fournit les engrais qui amendent les cultures. Ces cultures sont diversifiées avec le recours à des rotations longues, incluant des légumineuses qui chargent le sol en azote. Or, justement, ces cultures de légumineuses favorisées par la stratégie « De la fourche à la fourchette ». Ce n’est donc pas un recul par des politiques agricoles visant une intensification qui permettra de nourrir le monde. Mais bien le développement d’une agriculture nourricière, respectueuse des écosystèmes, ainsi que le démontrent les producteurs bio depuis plus de cinquante ans… Osons le dire tout net : l’avenir agricole est dans une recherche de la sobriété. La sobriété énergétique, en tout cas.
Ras-le-bol de la « loi du plus fort »
Oui, vraiment, ras-le-bol de cette « loi du plus fort » des gros lobbies des industries agricoles mondiales qui prétendent détenir la vérité et dont la seule raison d’être est de faire du pognon. Pas de nourrir les humains. Marre de tous ces « hommes d’affaires » qui prétendent produire en sachant très bien qu’ils ruinent durablement l’agriculture. Marre de ces mégalos dont le système absurde appauvrit notre capital commun ! Il faut que nos politiques aient – une fois pour toutes ! – le courage de le reconnaître l’erreur historique de l’agriculture industrielle intensive et qu’ils y mettent le holà. Qu’ils les stoppent dans leurs prétentions absurdes ! C’est ce que tenta de faire le Green Deal… Mais ceci ne doit pas opposer, entre eux, les agriculteurs – les vrais ! Ni les agricultrices – les vraies ! Tous-tes veulent une Wallonie agricole prospère et un métier passionnant et rémunérateur. Les plans de relance de Wallonie prévoient d’ailleurs de développer et de soutenir les structures – coopératives et autres – qui transforment la production agricole. Plutôt que de subventionner les engrais chimiques, consacrons ces montants pour doter notre Région wallonne de coopératives de transformation. Leur but : nourrir localement !
L’heure est à l’harmonisation des pratiques. Et, dans l’intérêt de tous, contre celles du lobby industriel qui, tel un bombardier russe, détruit tout sur son passage ! Evidemment que ce n’est pas de moins de biodiversité – ni de moins de bio – dont nous avons besoin. C’est juste le contraire. Contester cela, aujourd’hui, serait une forme vicieuse de révisionnisme agricole. Evidemment que nous n’avons aucun besoin réel de produits manufacturés à base d’huile de tournesol, même si c’est d’Ukraine qu’elle vient. Bien entendu qu’il sera nécessaire de changer nos habitudes de consommation et de tourner le dos aux biscuits dont les ingrédients ont fait le tour du monde avant d’aboutir dans notre estomac ulcéré… Bien sûr que l’Europe doit conserver ses objectifs généreux : 4% de biodiversité et 25% de bio en 2030 sont vraiment un minimum pour restaurer un environnement agricole fertile et sain ! Bien sûr que la terre est miséricordieuse et qu’elle oublie vite. En quelques années seulement, une terre polluée par les pesticides et les engrais chimiques redevient une source de vie pour des aliments bio.
Nous lançons donc ce défi : entendant la volonté de nourrir le monde les agriculteurs peuvent, dès cette saison, diminuer les doses d’engrais azotés sur les céréales en place afin de produire un blé plus panifiable. Et, dès cet automne, semez et semez encore des légumineuses pour nourrir le sol et le bétail, et des variétés panifiables pour les céréales. Libérez les sols des pesticides et des engrais chimiques ! Oubliez les rendements à l’hectare pour remplir les réservoirs des autobus – car c’est corrompre le métier d’agriculteur dans ce qu’il a de plus noble – mais comptez plutôt les sacs de farines pour les boulangers, les vrais. Nourrissez ceux qui vous sont chers, c’est la meilleure preuve de qualité de vos produits ! Ressemez des prairies pour élever du bétail, pour garnir nos tables – avec modération – de bonne viande faite localement et dont les effluents nourriront la terre.
Oui ! La transition est possible ! C’est chaque année que l’on sème !
Notes
(1) https://fr.statista.com/infographie/27093/les-pays-africains-qui-dependent-le-plus-du-ble-russe-et-ukrainien/ (2) https://www.iedafrique.org/Fabrication-de-pain-au-Senegal-substituer-les-cereales-locales-seches-au-ble.html (3) Tant que la demande en pétrole reste forte, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP+) n’a aucun intérêt à augmenter substantiellement sa production, ce qui ferait automatiquement baisser le prix du baril de pétrole. Précisons que l’organisation entretient toujours des liens étroits avec la Russie. (4) https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-une-menace-pour-la-securite-alimentaire-une-de-plus-10957883 (5) https://www.pan-europe.info/sites/pan-europe.info/files/css/Press%20Release/Letter_shameless%20instrumentalisation%20by%20indutry%20de%20the%20Ukrainian%20conflict%20to%20maintain%20double%20standards_M[60932].pdf (6) https://www.zonebourse.com/amp/cours/action/YARA-INTERNATIONAL-ASA-1413319/actualite/Les-agriculteurs-ukrainiens-sont-au-point-mort-alimentant-les-craintes-de-penuries-alimentaires-mon-39732074/ (7) Engrais et pesticides chimiques ont favorisés le développement de parcelles sans limites, ce qui apparaît comme la cause de perte d’habitats pour notre faune. Voir : https://spw.wallonie.be/sites/default/files/faune-des-plaines-2019-3.pdf (8) L’engrais azoté représente 80% du coût d’une production céréalière basée sur son utilisation ; celle-ci est donc quasiment devenue impraticable d’un point de vue économique. Voir : https://fertilisation-edu.fr/production-ressources/engrais-azotes.html (9) Rappelons ici la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides » menée par Nature & Progrès. Lire : https://www.natpro.be/archives/pdf/brochure_wasap.pdf (10) Car il n’y a pas de jachères en Belgique ! Et pas davantage de jachères obligatoires en Europe mais bien une subvention PAC pour les agriculteurs qui accueillent 5% de « surfaces d’intérêt écologique » (SIE) sur leur ferme. En général, les agriculteurs lui préfèrent des solutions plus productives, comme les intercultures d’automne et certaines cultures de printemps. Ces jachères, sujettes à la PAC, représentent 1% de la surface agricole de l’Union européenne et non 4% à 6% comme on le lit ici ou là… (11) https://sytra.be/wp-content/uploads/2020/05/UCL-brochure-cereales-web.pdf (12) https://www.belgianmeat.com/fr/news/l%E2%80%99agroalimentaire-belge-est-prêt-pour-anuga-2019
La Commission européenne va interdire l’épandage en plein champ de produits pesticides à base de sulfoxaflor. Cette substance active de type néonicotinoïde, dont l’homologation européenne devait courir jusqu’en 2025, va être retirée du marché en raison de préoccupations concernant sa toxicité élevée pour les abeilles. L’utilisation de ce pesticide en agriculture sera bientôt limitée aux serres permanentes, au même titre que d’autres insecticides de la famille des néonicotinoïdes. Le règlement d’interdiction devrait être adopté par la Commission européenne au printemps 2022.
Par cette interdiction, la Commission européenne fait application du principe de précaution devant l’absence de données scientifiques concluantes et l’impossibilité d’exclure tout risque inacceptable pour l’environnement, en particulier pour les pollinisateurs. Jusque-là, la proposition d’interdiction de cette molécule par la Commission européenne n’avait pas pu aboutir faute d’une majorité suffisante d’Etats membres lors des votes en comité technique (Scopaff) et en comité d’appel de février et mars 2022. La Belgique s’était d’ailleurs abstenue de voter.
Nature & Progrès et PAN Europe agissent
Initialement opposé à une interdiction européenne du sulfoxaflor en extérieur, le Ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, a entre-temps renouvelé pour la saison printemps/été 2022, l’agrément en urgence de deux produits à base de sulfoxaflor pour les cultures de betteraves sucrières. Car, si en vertu de la législation européenne encadrant la mise sur le marché de produits phytosanitaires, l’autorisation et l’interdiction des molécules actives utilisées pour fabriquer des pesticides agricoles se décident au niveau européen, les Etats membres restent compétents pour octroyer l’autorisation de produits pesticides sur leur territoire. Ils peuvent notamment décider de permettre en urgence la vente et l’utilisation de certains pesticides chimiques de synthèse non autorisés lorsqu’ils jugent qu’aucune autre alternative raisonnable n’est disponible pour protéger les cultures.
En 2015, la Commission européenne avait autorisé la commercialisation de produits insecticides contenant du sulfoxaflor, alors même que depuis 2013, l’usage en plein champ d’autres néonicotinoïdes (le thiamethoxame, l’imidaclopride et la clothianidine), utilisés pour le traitement des semences et expressément interdits pour les cultures en plein champ depuis 2018, faisait déjà l’objet de certaines restrictions… à cause de leur toxicité aigüe, notamment pour les abeilles. A l’époque, la décision prise par l’autorité européenne nous était apparue pour le moins paradoxale. En effet, aucune des restrictions et mesures d’atténuation des risques applicables à l’utilisation de ces trois néonicotinoïdes n’étaient reprises dans l’acte d’autorisation du sulfoxaflor. Dès 2015, ce nouvel insecticide, de la famille des néonicotinoïdes (du fait de son mode d’action : il agit sur les récepteurs nicotiniques), pouvait donc être pulvérisé sans restriction pendant toute la période de production agricole, y compris lors de la floraison des cultures pollinisées par les insectes, et notamment les abeilles.
Un dossier en cours depuis 2015
Cela fait de nombreuses années que Nature & Progrès fait du dossier « Sulfoxaflor » une priorité. Grâce au soutien sans faille de ses membres et donateurs, l’association reste très attentive à l’évolution de la situation. Il serait en effet inadmissible que le Ministre fédéral de l’Agriculture octroie à nouveau une dérogation à l’interdiction européenne, au détriment des abeilles.
L’étude « Plan Bee » de Nature & Progrès se déroule sur des terrains de protection de captage d’eau de la Société Wallonne des Eaux dans les communes de Ciney, Orp-Jauche, Gerpinnes et Pont-à-Celles. Son objectif principal est d’étudier la faisabilité agronomique, apicole et économique de semer une diversité de fleurs sur grandes surfaces (sans engrais, ni pesticides chimiques de synthèse) pour produire une multitude de produits agricoles (miel, fourrages, farines, huiles, condiments, …) tout en accueillant l’entomofaune sauvage. Quelles sont les abeilles que nous avons pu à nouveau observer sur les différents sites en 2021 ? Quelles étaient leurs sources de nourriture ?
A Ciney, ce sera notre 4ième année de cultures mellifères selon les pratiques d’agriculture biologique et notre 2ième année à Orp-Jauche. Le site Plan Bee de Gerpinnes quant à lui, contient une végétation sauvage et est entretenu en fauchage tardif pour favoriser les ressources pour les pollinisateurs. A Pont-à-Celles, c’est une prairie fleurie qui a été semée fin 2021 sur le site de captage pour augmenter les ressources en pollen et nectar de 2022.
Pour faire de bons choix de fleurs, il nous faut observer ce que les abeilles ont pu consommer les années précédentes. Les fleurs ont un pouvoir nectarifère et pollinifère. Le nectar sera source d’énergie pour les abeilles et servira pour la production de miel et le pollen est important pour le bon développement de l’abeille (source principalement de protéines). N’ayant pas encore les résultats d’origine botanique du pollen récolté par nos abeilles mellifères et solitaires en 2021, nous allons nous intéresser uniquement à l’origine botanique du miel produit en 2021. Les résultats des analyses polliniques en ce qui concerne l’origine botanique et les éventuels résidus de pesticides retrouvés dans le pollen ou pain d’abeille sera pour notre prochaine revue.
Les abeilles observées sur le Plan Bee
En 2021, les abeilles mellifères étaient bien sûres au rendez-vous sur les différents sites étant donné que ce sont les apiculteurs entre autres qui les ont amenées. En ce qui concerne les abeilles solitaires, toute une série a pu être observée à nouveau sur nos différents sites. Des abeilles caulicoles/rubicoles comme les osmies (Osmia bicolor, Osmia cornuta, Osmia bicornis) ou coupeuses de feuilles (genre Megachile). Nous avons aussi pu observer des abeilles terricoles comme les andrènes (Andrena haemorrhoa, Andrena fulva, Andrena cineraria), collètes ou halictes (Halictus scabiosae).
La production de miel
En 2021, les miels de printemps des sites de Ciney, Orp-Jauche et Gerpinnes étaient riches en colza et fruitiers. Les abeilles mellifères ont un rayon de butinage élevé (jusqu’à 5 km) et ont donc pu s’alimenter sur des cultures voisines car les sites de Ciney et Orp-Jauche n’étaient pas cultivées avec du colza. A Pont-à-Celles le miel de printemps en 2021 était riche en fruitiers, ronces et saules. Une diversité d’autres fleurs étaient présentes en plus petites quantités. En ce qui concerne le miel d’été de Ciney et de Gerpinnes, nous avons à faire avec du nectar et miellat riche en ronces, fruitiers et tilleul. Les trèfles, phacélies, centaurées cultivées à Ciney se retrouvent dans le miel mais en plus petites quantités qu’en 2020. En ce qui concerne le sarrasin cultivé à Ciney, il est bien présent dans le miel d’éte mais <10%.
Les cultures agricoles
A Orp-Jauche, les cultures vivaces comme la carotte sauvage, centaurée des prés, chicorée sauvage, mélilot, sainfoin et trèfle blanc vont à nouveau fleurir en 2022 et on espère plus abondement. En ce qui concerne Ciney, les cultures vivaces qui vont refleurir cette année sont la silphie, centaurée des prés, trèfle blanc, prairie fleurie. Cette année nous avons semé du petit épeautre en rotation des cultures et des espaces se libèrent pour tester de nouvelles cultures mellifères comme la courge oléique, luzerne, vesce, … ou retenter certaines cultures comme le tournesol, coriandre, origan, bourache, … A côté de l’aspect mellifère, le choix des cultures dépend aussi beaucoup de la disponibilité des machines agricole pour faire les semis, désherbage et récolte propre à chaque culture.
Plus d’informations
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Article original publié en anglais sur le site de PAN Europe
Le 17 mars 2022, une audience importante a eu lieu à la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg. PAN Europe a demandé à la Cour de clarifier les règles d’octroi de dérogations pour les pesticides interdits en Europe. Depuis des décennies, les Etats membres de l’Union européenne prolongent artificiellement l’utilisation de pesticides hautement toxiques et interdits dans l’Union, en abusant du régime des dérogations, avec la bénédiction de la Commission européenne.
PAN Europe, conjointement avec son organisation membre Nature & Progrès Belgique et un apiculteur belge, a réussi à faire en sorte que la Cour de justice européenne se positionne sur la légalité des centaines de dérogations accordées chaque année par les États membres pour des pesticides interdits par l’Union. Les juges européens ont été invités à répondre à une série de questions parmi lesquelles : est-il permis d’accorder une dérogation pour un pesticide qui ne respecte pas les fondements du droit européen : hautement toxique pour les abeilles, pour l’environnement, pour l’homme ? Autre question importante : une dérogation pour l’utilisation d’un pesticide toxique peut-elle être accordée de manière préventive, même en l’absence de preuve de danger pour une culture ? Notre avocat a plaidé notre cause et a dû faire face aux avocats de la Commission européenne, soutenu par les avocats de la France, de la Grèce et de la Belgique.
Le contexte
Depuis que l’Union européenne a harmonisé sa législation sur les pesticides, elle a toujours autorisé les États membres à accorder des dérogations aux pesticides. Les États membres ont continuellement utilisé et abusé du système. En effet, tant dans la directive 91/414 de 1991 que dans le règlement 1107/2009 de 2009, les États membres avaient la possibilité, en cas d’« urgence » et en l’absence d’alternative raisonnable, d’accorder à leurs agriculteurs des dérogations pour l’usage d’une substance spécifique pendant 120 jours. Mais ce qui devait rester exceptionnel est devenu la norme : les États membres n’ont cessé de contourner les règles. Au cours des 6 dernières années, pas moins de 3 600 dérogations ont été accordées pour l’utilisation de pesticides non autorisés dans les États membres.
Urgence vous dites ?
En fait, pour toutes sortes de ravageurs communs et récurrents, l’agro-industrie a demandé aux États membres d’accorder des dérogations concernant les pesticides toxiques interdits tels que les néonicotinoïdes toxiques pour les abeilles, le chlorpyrifos nocif pour le cerveau ou le mancozèbe toxique pour la reproduction ! Et quand on regarde les demandes envoyées par les agriculteurs ou souvent par l’industrie des pesticides elle-même, on se rend compte qu’il n’y a aucune urgence ! Et que le soi-disant danger est complètement hypothétique, non prouvé, que des dérogations sont accordées pour maintenir le statu quo, empêchant les agriculteurs de passer à des pratiques moins nocives.
Pas d’alternative, vraiment ?
Dans le même ordre d’idées, dans leurs dossiers de candidature, les agro-industriels prétendent qu’aucune alternative n’existe, que c’est trop coûteux ou pas assez efficace. Mais comment diable les agriculteurs biologiques peuvent-ils cultiver la même culture de manière rentable ? Comment se fait-il que des dérogations soient accordées alors que d’autres pesticides de synthèse sont déjà approuvés pour le même ravageur ?
Alors… qu’est-ce qui ne va pas avec les États membres ?
Les dérogations sont généralement prévues systématiquement : vous en faites la demande, vous l’obtenez ! Les États membres utilisent ce système pour prolonger l’utilisation d’un pesticide sur le marché même s’il a été interdit. Les autorités nationales compétentes sont généralement liées aux ministères de l’agriculture qui favorisent l’agriculture intensive ! Ainsi, lorsque les néonicotinoïdes sont interdits pour protéger les abeilles… ils continuent d’être utilisés dans la majorité des États membres par le biais de dérogations. Et la Commission ne fait rien ? Malheureusement non ! La Commission européenne ferme les yeux sur les pratiques des États membres et n’exerce pas son rôle de gardienne des traités, afin de protéger la santé des personnes et l’environnement.
Pourquoi PAN Europe va-t-il en justice alors ?
Quand on regarde la loi, elle énonce quelques conditions pour accorder une dérogation. Vous avez d’abord besoin d’une urgence : un danger inattendu pour lequel une réaction urgente est nécessaire. Deuxièmement, il ne peut être fourni que s’il n’existe aucune alternative. Et enfin, la loi ne dit pas qu’en accordant une dérogation, l’autorité nationale compétente est autorisée à ne pas respecter les autres dispositions de la loi qui stipulent que les pesticides ne peuvent pas nuire à la santé des personnes et à l’environnement.
PAN Europe vise à clarifier les contours de la loi et à obliger la Commission européenne et les États membres à protéger la santé des personnes et l’environnement, pas le profit de l’agro-industrie !
Quelle est la procédure légale ?
PAN Europe, Nature & Progrès Belgique et un apiculteur belge ont d’abord poursuivi l’État belge en 2019 pour avoir accordé des dérogations à l’utilisation de néonicotinoïdes toxiques pour les abeilles sur la betterave sucrière. Nous avons demandé au tribunal administratif belge d’adresser des questions préjudicielles à la Cour de justice de l’UE afin de clarifier les grandes lignes des règles permettant aux États membres de prévoir des dérogations. La Cour belge a accepté notre demande pour plus de clarté et a envoyé, en février 2021, 5 questions préjudicielles à la Cour de justice de l’UE.
La France, la Hongrie, la Finlande, la Grèce et la Belgique sont intervenues dans l’affaire pour protéger le système actuel, ainsi que les producteurs belges de betteraves sucrières et l’industrie des pesticides/semences.
L’avocate générale rendra ses conclusions le 2 juin 2022 et la Cour rendra un arrêt quelques mois plus tard.
Afin de coupler leurs réflexions théoriques avec une visite concrète, les membres de la locale ont souhaité se rendre en haute mer, afin d’y découvrir les éoliennes offshores ! En effet, nous entendons régulièrement dans les médias que notre pays est l’un des pionniers en la matière et que son savoir-faire est reconnu internationalement. Pour en avoir le cœur net, les bénévoles actifs de la locale ont souhaité se rendre sur place, au départ d’Ostende… Après un enregistrement digne des mesures de sécurité les plus strictes, nous avons pu embarquer pour un voyage de plus de cinq heures (2h30 aller et 2h30 retour). Pendant ce temps, les 50 participants ont pu obtenir tout un tas d’informations concernant les différentes sources d’énergies, les technologies utilisées, les émissions de CO2, la construction des éoliennes, etc. grâce à un personnel de bord loquace et bien documenté sur le sujet. Actuellement, on estime que 10% de la production d’électricité belge est liée aux éoliennes offshore et ce chiffre devrait augmenter avec les années à venir. En effet, un nouveau parc éolien est actuellement en construction ! En tout, il y a actuellement 399 éoliennes dans le parc belge en mer du Nord.
Qu’en est-il des émissions de dioxyde de carbone ?
D’après les informations du site de l’A.S.B.L. Belgian Offshore Platform « un parc éolien en mer émet 175 fois moins de CO2 que les centrales au gaz les plus modernes. Au bout de 6 mois à un an, un parc éolien moyen (environ 300 MW) neutralise complètement les émissions de CO2 dues à sa construction et à son exploitation. Ensuite les éoliennes continuent à produire de l’électricité pendant minimum 20 ans d’une manière respectueuse de l’environnement et du climat, sans émettre de CO2 ni de substances nocives et sans produire de déchets nocifs. »
Nous le remarquons donc, dans le processus de transition vers un monde plus durable et renouvelable, l’éolien est sans aucun doute une partie de la solution !
La maison des jeunes de Florennes
La locale travaillant régulièrement avec la bibliothèque de Florennes où il nous arrive d’organiser nos réunions ou nos conférences, l’idée de collaborer avec la maison de jeunes (MJ) a germé dans la tête de quelques membres. Rapidement, nous avons convenu qu’une partie des 50 places disponibles dans le bateau serait réservée, gratuitement, à des adolescents de la MJ. C’est ainsi que certains d’entre eux nous ont accompagné lors de cette sortie en haute mer. Pour nous remercier de l’invitation, les jeunes se sont engagés à réaliser un petit reportage sur la journée et à sensibiliser les autres MJ de l’Entre Sambre et Meuse aux problématiques environnementales. Voici le résultat de leur travail !
La Belgique a, par le passé, misé énormément sur l’industrie du sucre en permettant notamment le développement de La Raffinerie Tirlemontoise qui est à la tête de la majorité de la production de betterave sucrière du pays. Cette culture fleuron de notre agriculture présente néanmoins un inconvénient notoire : elle concourt à la disparition de la biodiversité, de par l’utilisation d’insecticides dangereux, entre autres pour les abeilles. Nature & Progrès et PAN Europe ont tenu à écrire au dirigeant du géant belge du sucre pour lui demander de changer de cap.
Depuis plusieurs saisons, un dangereux pesticide – le sulfoxaflor – est proposé pour être pulvérisé dans les champs de betterave sucrière (suite à l’obtention de dérogations). Il s’agit d’un néonicotinoïde de dernière génération. Il agit sur le système nerveux des insectes suivant le même mode d’action que les 3 néonicotinoïdes interdits en 2018. De plus, il est systémique : il se diffuse dans toute la plante et contamine l’ensemble des feuilles, tiges et fleurs.
C’est un dangereux pesticide pour la biodiversité. La Raffinerie Tirlemontoise qui contrôle la majorité de la production sucrière en Belgique aurait pu par sa position orienter la production pour qu’elle soit plus respectueuse de la biodiversité, nous lui avons écrit pour l’interpeller et regretter qu’elle n’œuvre pas à la disparition de ce dangereux pesticide. Nous regrettons que l’entreprise n’ait pas investi des moyens pour diffuser les techniques alternatives à l’utilisation de ces pesticides et développer comme d’autres industries étrangères la production de sucre bio. Dans notre courrier du 25/02/2022 (disponible ici), nous présentons les nombreuses études scientifiques sur la toxicité du sulfoxaflor sur les abeilles et nous encourageons à développer les alternatives.
Un danger pour les bourdons et abeilles solitaires
Le sulfoxaflor a été approuvé en 2015, avec l’obligation pour le demandeur de fournir des données confirmatives avant août 2017. L’EFSA n’a publié son examen revu par les pairs sur ces informations que près de deux ans plus tard, en mars 2019. Une année plus tard encore, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a mis à jour ses conclusions. Un risque élevé pour les abeilles mellifères et les bourdons a été identifié dans les champs et en marge de ceux-ci, ce qui signifie que les utilisations extérieures de cette substance représentent un risque élevé pour la biodiversité.
Déjà en 2014, l’EFSA relevait dans son étude « Conclusion on the peer review of the pesticide risk assessment of the active substance sulfoxaflor » qu’un risque élevé pour les abeilles n’a pas été exclu pour les utilisations sur le terrain. De plus, un risque élevé à long terme a été indiqué pour le scénario des petits mammifères herbivores pour les utilisations sur le terrain dans les légumes. Cette étude a été complétée par une seconde, elle aussi de l’EFSA, en 2020 : « Peer review of the pesticide risk assessment for the active substance sulfoxaflor in light of confirmatory data submitted ».
Le sulfoxaflor présente également un risque important pour les bourdons et les abeilles solitaires. De nombreuses espèces de pollinisateurs sauvages sont terricoles et nidifient directement dans les terres agricoles.
Les études scientifiques le prouvent
Ci-dessous, une mise à jour des nouvelles publications scientifiques sur la toxicité du Sulfoxaflor sur les abeilles. Toutes ces publications travaillent avec des doses auxquelles les abeilles sont effectivement susceptibles d’être confrontées en plein champ :
Troubles de la reproduction chez les bourdons (ici, ici & ici)
Augmentation du pouvoir pathogène de Nosema bombi sur les larves de bourdons (ici)
Induction d’un stress oxydatif et une apoptose chez les abeilles mellifères (ici)
Modifications de l’immunocompétence des bourdons (ici)
Réduction de l’activité de butinage de l’abeille solitaire Osmia bicornis (ici)
Réduction de la survie et de la fécondité des bourdons (ici)
Effets sur l’activité d’alimentation des abeilles domestiques (ici)
Par ailleurs, il a été démontré que les résidus de néonicotinoïdes, étant solubles dans l’eau, migrent d’une parcelle à l’autre. Quand on sait que les abords des champs sont les derniers lieux de biodiversité qui présentent des floraisons en quantité, on mesure les risques pour les insectes.
Les études menées par l’EFSA n’ont pas analysé l’effet sublétal du sulfoxaflor, ce qui est assez inconcevable lorsque l’on connait les graves effets des néonicotinoïdes. Ce manquement justifie à lui seul le refus de l’usage de cette molécule le temps de réaliser des études.
Sulfoxaflor : des alternatives existent
L’autorisation du sulfoxaflor en culture de betteraves est d’autant plus regrettable que des alternatives à ce produit existent. La production de betterave biologique est en développement à l’étranger et en Belgique. Elle répond à une demande croissante des consommateurs et nous regrettons que l’entreprise sucrière n’y porte pas plus d’intérêt. Certains de nos voisins, comme la France et le Luxembourg, n’ont accordé aucune autorisation pour cette substance.
De par sa position de leader dans la production betteravière, la Raffinerie a les moyens d’orienter les modes de production. C’est pourquoi nous lui demandons de mettre tout en œuvre pour développer la culture biologique de la betterave.
Plus de 80 organisations demandent à la Commission européenne d’attendre les clarifications de la CJUE sur les nouvelles techniques génomiques
Communiqué de presse, European Coordination Via Campesina (ECVC)
Avec plus de 80 organisations nationales, européennes et internationales (dont Nature & Progrès), la Coordination européenne Via Campesina (ECVC) a demandé dans une lettre ouverte à la Commission européenne de suspendre son initiative de réforme de la législation européenne sur les OGM jusqu’à ce que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) publie ses clarifications concernant le statut des nouvelles techniques génomiques dans le droit européen. Ce qu’a demandé le Conseil d’État français en novembre 2021.
Ces clarifications représentent non seulement un développement clé dans le débat actuel autour de l’initiative de la Commission européenne sur les nouvelles techniques de modification génétique, mais concernent également l’application de principes fondamentaux du droit de l’UE, tels que le principe de précaution et le principe de la séparation des pouvoirs, sur lesquels repose le droit alimentaire et environnemental de l’UE. Les signataires de la lettre ouverte ont depuis longtemps averti la Commission européenne que si elle préempte la CJUE, elle risque d’élaborer une proposition incompatible avec les traités européens.
Non à la déréglementation des nouveaux OGM
Pour ECVC, l’initiative visant à réformer la législation sur les OGM constitue un tentative évidente de déréglementation des nouveaux OGM dans l’UE. Elle est absolument incompatible avec l’arrêt de la CJUE de 2018 (affaire C 528/16), par lequel les nouvelles techniques génomiques (ou plutôt les organismes dérivés par la technique de la nouvelle mutagenèse, souvent appelés nouveaux OGM) sont inclus dans la définition juridique des OGM et doivent être réglementés en tant que tels dans le droit de l’UE.
Cette initiative est l’aboutissement d’une longue histoire de désinformation, d’interprétations erronées et de batailles juridiques, au cours de laquelle l’industrie des semences et des biotechnologies a fait pression sur les institutions européennes pour déréglementer les OGM. Les organisations paysannes et environnementales ont, quant à elles, continué à se battre pour les droits de tou·te·s les citoyen·ne·s et paysan·ne·s européen·ne·s. A savoir ce qu’ils et elles mangent et sèment, à garantir des semences et une alimentation sans OGM et à maintenir l’autonomie semencière des paysan·ne·s.
Jusqu’à l’arrêt de 2018 susmentionné, l’industrie des semences et des biotechnologies a exercé une pression croissante sur les institutions pour exclure les nouveaux OGM de la législation sur les OGM. Lorsque cela a été rendu irréalisable par l’arrêt de la CJUE, les industries semencières et des biotechnologies ont commencé à faire pression sur la Commission pour modifier complètement la législation. C’est dans ce contexte que l’initiative de réforme de la législation européenne sur les OGM a été lancée. Récemment, plusieurs États membres de l’UE ont exprimé leurs inquiétudes quant à cette initiative et au respect de l’application du principe de précaution, et ont réaffirmé leur point de vue selon lequel la législation actuelle sur les OGM est adaptée à ces nouvelles techniques de modification génétique.
La réticence de la Commission à respecter le principe de la séparation des pouvoirs et à suspendre son initiative jusqu’aux clarifications de la CJUE est une preuve supplémentaire que ces changements législatifs favorisent les grandes entreprises industrielles. Si la Commission présente une proposition hâtive sans inclure ces éléments importants, elle agira dans l’intérêt d’entités privées et ne respectera pas les droits des citoyen·ne·s et des agriculteur·rice·s de l’UE. Par conséquent, ECVC demande à la Commission d’écouter l’appel lancé dans cette lettre ouverte par plus de 80 organisations paysannes, environnementales et de la société civile. Vous pouvez trouver plus d’informations sur la chronologie des événements ci-dessous.
Calendrier
Avril 2021, la Commission européenne conclut une étude sur le statut des nouvelles techniques génomiques dans le droit de l’UE, indiquant que la législation européenne actuelle sur les OGM (directive 2001/18) n’est « pas adaptée à certaines nouvelles techniques génomiques et à leurs produits, et qu’elle doit être adaptée aux progrès scientifiques et technologiques ».
Suite à cette étude, la Commission européenne lance une initiative visant à développer un cadre réglementaire « proportionné » pour les nouveaux OGM. Elle a l’intention de conclure cette initiative au cours du deuxième trimestre de 2023, soit en proposant de modifier la réglementation actuelle, soit en la maintenant.
Septembre 2021, la Commission publie une étude d’impact initial qui souligne les « incertitudes juridiques » de la législation européenne actuelle, résultant de l’absence de définition claire des termes « mutagenèse », « utilisation conventionnelle dans un certain nombre d’applications » et « longue expérience en matière de sécurité ».
En novembre 2021, le Conseil d’État français a saisi la CJUE de deux nouvelles questions sur les OGM, visant à clarifier deux points essentiels[1] concernant ces « incertitudes juridiques ». Les questions ne concernent pas seulement la seule application de la directive 2001/18, mais aussi des principes fondamentaux du droit de l’UE, comme le principe de précaution, sur lequel repose le droit européen de l’alimentation et de l’environnement.
Deuxième trimestre 2023, l’initiative de réforme devrait être conclue.
Guy Kastler, groupe de travail Semences d’ECVC : +33 603945721 (FR) Antonio Onorati, groupe de travail Semences d’ECVC : +39 3408219456 (EN, FR, IT, ES)
Au sein de l’Union européenne, tous les OGM et les produits alimentaires et fourragers génétiquement modifiés sont soumis à l’autorisation de l’UE, à une évaluation des risques, à l’étiquetage des OGM et à la traçabilité. Cependant, la Commission prend actuellement des mesures pour déréglementer les « nouveaux » OGM. Il est temps de faire entendre notre voix !
Que sont les « anciens » OGM ?
Les entreprises multinationales de production des pesticides ont fait la promotion de la première vague d’organismes génétiquement modifiés [1] en affirmant de manière spéculative qu’ils allaient nourrir le monde et réduire l’utilisation de produits chimiques toxiques. En réalité, partout où ils ont été utilisés, les OGM ont aggravé la situation. La plupart des OGM utilisés aujourd’hui sont transformés en l’un des deux types de plantes suivants. Un type qui reste en vie après avoir été pulvérisé avec des désherbants, comme l’herbicide glyphosate. Un autre type qui produit des substances chimiques toxiques pour les insectes. Certains OGM présentent ces deux caractéristiques.
Le soja, le maïs, le colza et le coton sont les cultures les plus couramment soumises à ces modifications génétiques. Loin de réduire l’application de produits chimiques toxiques, les OGM a en fait augmenté leur utilisation. En Europe, les OGM ont jusqu’à présent été largement rejetés par le public et les décideurs : une variété de maïs génétiquement modifié étant actuellement le seul OGM cultivé commercialement dans quelques pays. Dix-neuf pays de l’UE ont explicitement décidé de ne pas cultiver ce maïs génétiquement modifié. Cependant, une armée de lobbyistes d’entreprises travaille à plein temps au démantèlement de la réglementation européenne sur les OGM depuis de nombreuses années pour promouvoir de nouveaux OGM.
Que sont les « nouveaux » OGM ?
La Commission européenne utilise les « nouvelles techniques génomiques » (NGT) pour désigner le nouveau génie génétique. L’industrie des biotechnologies a inventé toute une série de termes alternatifs caractérisant les nouveaux OGM, tels que « nouvelles techniques de sélection » ou « sélection de précision ». Pourquoi ? Pour semer la confusion alors que ses lobbyistes font valoir auprès des décideurs que divers processus et produits de génie génétique ne doivent pas être soumis à la réglementation existante sur les OGM.
Les NGT ne sont pas fondamentalement différentes des technologies de génie génétique de première génération – ou, comme leurs partisans préfèrent maintenant les appeler, de l' »édition des gènes ». Les processus sont restés essentiellement les mêmes au cours des trente dernières années. Ce qui a changé, c’est que les ingénieurs généticiens utilisent désormais une série de nouvelles techniques. Ces dernières ont réduit le coût du processus par lequel le matériel génétique est transféré au sein d’une même espèce ou d’une espèce étroitement apparentée. La plus célèbre de ces techniques, qui a valu à ses pionniers un prix Nobel et des millions d’euros de droits de brevet, est connue sous le nom de CRISPR/Cas9. L’industrie de la biotechnologie préfère que l’on pense qu’elle essaie de libérer dans les champs des organismes qui sont simplement de nouvelles races, plutôt que de nouveaux types des mêmes vieux OGM.
Des groupes de pression financés par les entreprises tentent maintenant d’influencer les décideurs de l’UE en affirmant que les nouveaux OGM aideront l’humanité à s’adapter aux effets des changements climatiques et à réparer les systèmes alimentaires « défaillants ». Pourtant, les « nouvelles » plantes génétiquement modifiées que les multinationales ont en projet sont déjà majoritairement conçues pour être tolérantes aux herbicides dont ces mêmes multinationales ont le monopole. Leur culture continuerait nécessairement à augmenter la concentration en résidus de pesticides dans le sol et l’eau, ainsi que dans nos aliments.
Une technologie dérivée de CRISPR : le forçage génétique
Les nouvelles techniques de génie génétique, telles que CRISPR/Cas9, ont également permis de réaliser ce que l’on appelle des « forçages génétiques ». Cette technologie de génie génétique permet à l’homme de répandre de nouveaux gènes dans des populations sauvages en forçant l’héritage des gènes nouvellement introduits à tous les descendants d’une population d’une espèce particulière. L’un des objectifs possibles du forçage génétique est de rendre la progéniture infertile.
Les organismes forcés, une fois libérés dans l’environnement sont incontrôlables et peuvent induire des risques élevés pour les écosystèmes, les réseaux alimentaires et la sécurité alimentaire : dans le cas le plus extrême, un organisme génétiquement modifié pourrait se propager à une vitesse exponentielle, remplacer toute la population sauvage par des organismes génétiquement modifiés ou conduire une espèce entière à l’extinction. Il existe un risque important que les « gènes d’extinction » forcés par les manipulations génétiques contaminent des espèces étroitement apparentées et fassent ainsi disparaître des groupes entiers d’espèces ayant des fonctions essentielles dans un écosystème, comme la pollinisation. Plus de 200 leaders du mouvement alimentaire mondial et des organisations représentant des centaines de millions d’agriculteurs et de travailleurs du secteur alimentaire ont exprimé leur opposition aux organismes génétiquement modifiés dans une lettre demandant un moratoire sur leur mise en circulation.
Les pièges linguistiques
Alors que les partisans des nouveaux OGM tentent de populariser des termes tels que « ciseaux génétiques », qui laisseraient entendre que les nouvelles techniques de génie génétique sont plus précises que celles utilisées pour les OGM de première génération, la réalité est que CRISPR et d’autres nouvelles techniques sont loin d’être maîtrisées, car elles génèrent une série d’effets et « hors cible » sur d’autres parties du génome que celles qui sont ciblées, avec des risques encore inconnus pour la santé des organismes modifiés et de ceux, y compris les humains, qui pourraient les consommer.
Les nouveaux OGM sont également utilisés dans le cadre de ce que leurs partisans appellent des « solutions fondées sur la nature », en affirmant que l’utilisation de cette biotechnologie est aussi naturelle que la sélection végétale traditionnelle ou que les mutations naturelles. Ceci est à présent vivement contesté par des scientifiques de renom dans des revues prestigieuses telles « Nature » par exemple.
Les risques des nouveaux OGM
Dix risques posés par les nouveaux OGM :
1. liés à l’augmentation de l’utilisation de produits chimiques toxiques (pesticides) affectant la santé humaine, animale et environnementale ; 2. intensification de la monoculture et de l’agriculture industrielle ; 3. menace de la souveraineté des agriculteurs ; 4. risques inconnus liés notamment aux effets non-intentionnels « hors cible » des nouvelles techniques de génie génétique ; 5. menaces sur la biodiversité ; 6. menaces pour la sécurité alimentaire ; 7. monopolisation et concentration du marché des semences ; 8. menaces pour les variétés de semences traditionnelles et le patrimoine culturel des communautés locales ; 9. propagation incontrôlée de caractères modifiés dans les écosystèmes agroécologiques et autres pratiques agricoles sans OGM ; 10. les organismes génétiquement modifiés pourraient faire disparaître des espèces entières et potentiellement des groupes entiers d’espèces ayant des fonctions clés dans un écosystème, comme la pollinisation, la prédation de ravageurs des cultures.
Testbiotech a émis des risques potentiels et avérés des nouveaux OGM à travers différents exemples concrets. Découvrez-les ici.
Les nouveaux OGM et leurs technologies doivent rester soumis à la législation européenne sur les OGM
La déréglementation des nouvelles technologies OGM et de leurs produits risque de nous éloigner d’un avenir fondé sur des systèmes alimentaires agroécologique plus équitables, plus durables et plus résilients, favorables à la souveraineté alimentaire. Comme pour les OGM de première génération, leur promotion – en grande partie par des entreprises occidentales – est liée à une nouvelle vague de colonisation des systèmes alimentaires dans le Sud, qui sape les systèmes agricoles écologiquement appropriés et les connaissances spécialisées des petits agriculteurs.
Pour protéger les systèmes alimentaires durables, notre patrimoine semencier collectif et la biodiversité, tant dans l’Union européenne que dans le monde, il est impératif d’empêcher toute diffusion de plantes et animaux issus du génie génétique sans évaluation préalable de leurs impacts sur la santé et l’environnement. Transparence, traçabilité et étiquetage de ces produits restent essentiels pour permettre aux producteurs et aux consommateurs de continuer à choisir des produits sans OGM. Tous les nouveaux OGM doivent rester soumis à la législation européenne actuelle sur les OGM (Directive 2001/18/CE) qui exige une évaluation rigoureuse des risques, la traçabilité, la détectabilité et l’étiquetage.
[1] Les OGM sont définis par la Commission européenne comme : « des organismes, à l’exception des êtres humains, dans lesquels le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne se produit pas naturellement par accouplement et/ou recombinaison naturelle« .
La locale du Pays des Collines ayant essentiellement réfléchi et discuté sur la question du jardinage et de l’alimentation, une partie des bénévoles actifs a décidé de se lancer dans la création d’un jardin partagé. Forts de leur expérience acquise notamment lors des différentes animations de Nature & Progrès, ils ont choisi de créer un potager didactique, expérimental et convivial.
Combien de kilomètres a parcouru mon aliment ? Combien y a-t-il d’intermédiaires entre le producteur et moi ? Quelle est le rôle des grandes surfaces dans l’agriculture moderne ? Les firmes semencières sont-elles en situation de monopole ? Autant de questions et bien d’autres sont régulièrement débattues au sein de la locale du Pays des Collines de Nature & Progrès. Après avoir posé certains constats et s’être rendus compte des pollutions liées à l’absurdité du système actuel, les bénévoles actifs ont souhaité poser des actes concrets, notamment pour réduire l’impact carbone de leurs aliments, mais aussi pour créer du lien social !
Une émanation de la maison de la semence citoyenne de la locale du Pays des Collines
Cette démarche fait donc suite à la prise de conscience de l’impact de nos modes de consommations alimentaires et de l’impact des transports via les nombreuses importations de denrées alimentaires. L’idée ici étant que ce qui est produit sur place est forcément moins impactant en termes d’émission carbone que ce qui est importé. En sus, le projet (démarré il y a quelques mois désormais) a une visée sociale et permet à des personnes isolées et / ou précarisées d’y prendre part.
C’est ainsi que les bénévoles actifs ont décidé de louer un terrain (qui était devenu quasiment une décharge) proche de chez eux et d’y commencer leur potager ! Non seulement les participants y sont sensibilisés sur les questions de circuits-courts, d’autonomie alimentaire ou encore d’appropriation des semences par les multinationales ; mais le projet a également une importante dimension sociale. En effet, puisque les bénévoles s’y donnent rendez-vous chaque semaine, de nombreux voisins (parfois très âgés) les rejoignent régulièrement et échangent leurs savoirs et savoir-faire. La gratuité pour tous y est recherchée et de nombreuses semences sont distribuées afin de sensibiliser les participants aux bienfaits environnementaux mais aussi économiques, d’un petit potager à domicile.
Enfin, un échange de savoir-faire et de « recettes de grand-mère » est également opéré dans ce projet. L’importance de consommer différemment, de « faire soi-même » et de conserver ses aliments le plus longtemps possible – avec les saisons – plutôt que d’acheter et de gaspiller est mis en lumière au travers des différentes activités.
Vous souhaitez nous rejoindre ?
Les bénévoles du jardin des cinq se réunissent chaque dimanche matin, de 10h à 12h. Plus d’infos : jm_dubois@skynet.be ou 068/75.10.80
Charte du jardin des cinq : Nature & Progrès locale des Collines
Qui sommes-nous et que voulons-nous vivre ensemble ?
Un groupe de base de 5 personnes ayant comme valeur commune le sens de vivre ensemble et le savoir-être, c’est-à-dire :
Réapprendre à partager, Revenir à une vie plus simple, Retrouver de la relation, du bien-être social, Essaimer et être un exemple, Partager nos expériences et transmettre du savoir, Semer, partager, cueillir ensemble, Retrouver de l’espoir dans la décroissance et l’écologie, explorer, découvrir ensemble.
Voulons-nous établir des rôles spécifiques à chacun ?
Nous avons décidé de mener les réunions de manière collégiale dans l’écoute bienveillante et l’accueil de l’autre dans le respect qui est une de nos valeurs.
Comment allons-nous vivre ? Sur quels points d’attention allons veiller pour structurer le groupe ?
Aucune obligation de participation, mais dialogue, confidentialité, contrat de confiance, écoute, dans le non-jugement pour aller dans un sens commun. Nous apprendrons à nous connaitre nous-même, mettrons en évidence nos talents et compétences de manière à les offrir au groupe. Aucune obligation de résultat si ce n’est la bonne ambiance et le bien être ensemble.
A tenir en compte
A toute occasion célébrer : repas ensemble, promenades, et même sans occasion autre que celle de nous retrouver ensemble.
A propos du jardin
Nous nous engageons à travailler ensemble un jardin verger en permaculture / agroécologie / foret comestible sans intrants chimiques pour créer l’abondance et dont le surplus sera redistribué à qui le demande avec un maximum d’enseignement.
Un petit élevage sera le bienvenu aussi sur le jardin ainsi qu’un espace convivialité ou tout autre équipement qui sera susceptible d’apporter un enseignement à la nouvelle génération.
Il n’est en aucun cas politique ou commercial, les valeurs étant les personnes et leur authenticité.
Le but de notre association est de divulguer nos savoirs pour une tentative de vie en autonomie alimentaire et à terme énergétique.
Nous comptons sur l’exemple que nous allons donner pour amener la jeune génération à cette transition.