Nouveaux OGM : les citoyens ont le droit de choisir

Image nouveaux OGM

© Unsplash

La problématique des nouveaux OGM et de leur déréglementation voulue par le lobby des biotechnologies est un sujet de plus en plus débattu. Nature & Progrès Belgique milite pour un contrôle de ces nouvelles techniques de biotechnologie, sans quoi elles pourraient s’avérer très dangereuses pour l’environnement. Le sujet étant très technique, l’association vient de publier un document d’information vulgarisé : « La problématique des nouveaux OGM » !

Un Arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne du 25 juillet 2018 déclare que les organismes issus de ces nouvelles technologies sont des OGM à part entière. Ils doivent donc être traçables, étiquetés et faire l’objet d’une analyse de risques pour la santé et l’environnement. Ce qui est bien mais… cela ne plait pas aux multinationales des semences et pesticides qui intensifient leur lobbying. Depuis quelques années, elles s’orientent, avec de nouvelles techniques, vers la création de nouveaux OGM et œuvrent déjà à les déréglementer.

Nouveaux OGM : pas de retour en arrière possible…

Les risques liés à ces nouveaux OGM aux techniques pas encore totalement maîtrisées sont réels. Ces nouveaux OGM sont sujets, tout comme les anciens OGM, à des effets non-intentionnels au niveau de leurs gènes. Ces erreurs génétiques peuvent occasionner des effets sanitaires et environnementaux délétères inattendus et non perceptibles immédiatement. Ils risquent également de participer de façon non négligeable à la destruction des écosystèmes en partie responsable de l’émergence de zoonoses pandémiques telles celles que nous vivons actuellement.

Faire ses choix en toute connaissance de cause

Les citoyens européens se sont méfiés dès le départ des OGM et ont choisi de ne pas en consommer directement. Ils ne sont presque pas non plus cultivés en Europe, bien que des OGM soient importés afin de nourrir nos animaux d’élevage. Si la déréglementation des nouveaux OGM l’emporte, ces derniers deviendront des «OGM cachés » pour le sélectionneur, l’agriculteur et pour le citoyen/consommateur. Ils contamineront jusqu’à la filière bio.

« Si les nouveaux OGM devaient rester « cachés », le droit et la liberté des citoyens de savoir et de choisir serait supprimé, ce qui est inacceptable. » – Marc Fichers, secrétaire général

Si les industries technologiques, les acteurs de la recherche et les représentants politiques sont au courant de cette problématique, il est, selon Nature & Progrès, essentiel que les consommateurs le soient aussi ! Ce sont eux qui en définitive mangeront, ou non, des aliments issus de ces nouveaux OGM.

L’association estime qu’il est important de baser le positionnement du consommateur sur la connaissance. Pour ce faire, elle vient de publier un document d’information sur le sujet, à lire et télécharger ici.

« Il est grand temps d’impliquer le grand public dans le débat relatif aux nouveaux OGM et de recourir à cet effet à une vulgarisation de qualité expliquant clairement les risques et les enjeux encourus. Le dossier est technique et difficilement accessible au citoyen non initié.» – Catherine Wattiez, chargée de mission

La vraie BIO selon Nature & Progrès, bien plus qu’un label

La vraie BIO selon Nature & Progrès, bien plus qu’un Label

Photo producteur bio

© Ferme bio des Crutins

Le BIO ? La BIO ? Du producteur local ? Ou du supermarché ? Chacun se fait sa propre définition de l’agriculture biologique. Pourtant, elle répond à un cadre légal bien défini. Pour Nature & Progrès, la BIO est un choix agricole et alimentaire permettant à la société d’évoluer vers plus de respect de l’Environnement et de l’Homme.

Depuis près de 60 ans, Nature & Progrès se fait le garante de l’agriculture biologique. Même après la reconnaissance officielle du BIO en 1991, nous avons décidé de continuer à promouvoir un label qui va plus loin qu’un cahier des charges technique. Chaque jour, nous mettons en avant un label privé, géré tant par les producteurs que les consommateurs. Le Label Nature & Progrès compte près de 70 producteurs et transformateurs. Ils sont heureux de partager leur goût du bon et du sain à travers leur métier. Ils privilégient la rencontre avec le consommateur… de quoi lui permettre de mettre un visage sur son alimentation !

Un Label complet

Bien entendu, nos producteurs travaillent dans le respect de la règlementation bio, mais pas seulement… En choisissant d’appartenir au Label Nature & Progrès contrôlé par la certification participative, ils s’engagent à respecter des normes sociales et environnementales strictes. La réglementation, quant à elle, leur garantit le non-recours aux pesticides et aux engrais chimiques de synthèse ainsi que le bien-être animal. Les animaux sont élevés au plus proche de leurs conditions naturelles.

« Chez Nature & Progrès, l’aliment fait le lien entre le producteur et le consommateur…
Pour notre Santé et celle de Terre.
 »
– Marc Fichers, secrétaire général

La BIO au sens large

Non, le bio ce n’est pas que du « sans pesticide » ! C’est un mouvement social où producteurs et consommateurs font évoluer ensemble notre agriculture et notre alimentation. D’ailleurs, chez Nature & Progrès, vous n’entendrez jamais parler de produits BIO ou de parts de marché. Nous préférons mettre en valeur des fromagers, des agriculteurs, des boulangers, des brasseurs, etc. et des consommateurs qui leur font confiance.

Oui, le BIO est un mode de production qualitatif et positif qu’il faut mettre en avant ! Chacun d’entre nous peut, à son échelle, influencer positivement la société de demain en soutenant le BIO de nos producteurs locaux.

Les producteurs de l’association témoignent

Les producteurs bio de Nature & Progrès appartiennent à une communauté aux valeurs fortes. Des valeurs que nous nous efforçons de défendre au quotidien dans notre travail. Mais qui de mieux placé pour vous en parler que les membres de cette communauté ? En 2020, nous leur avons laissé la parole à travers une série de capsules vidéo. (Re)découvrez-les ici. A partager sans modération !

La Belgique réautorise un dangereux néonicotinoïde malgré l’interdiction européenne

La Belgique réautorise un dangereux néonicotinoïde malgré l’interdiction européenne 

Abeilles mortes

La Belgique vient de réautoriser l’Imidaclopride, un dangereux néonicotinoïde, pour une période d’un an. Le secteur betteravier avait introduit cette demande de dérogation afin de lutter contre les pucerons qui transmettent la maladie de la jaunisse de la betterave, prétextant que cette dernière était responsable de la perte de rendement en sucre de la saison 2020. Une décision honteuse car rien ne prouve que c’est l’unique cause.

La Belgique est un mauvais élève pour l’Europe

Pour la troisième année consécutive, la Belgique accède à la demande du secteur betteravier sans évaluation agronomique de la réelle nécessité de cette dernière. Le pays fait figure de mauvais élève européen en la matière car, depuis l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes de 2018 pour protéger les abeilles, elle a systématiquement fourni des dérogations pour les betteraves. A cause d’une augmentation de ce type de dérogation, la Commission européenne a décidé dernièrement d’initier une enquête pour usage abusif de ce type de dérogation en Belgique et dans plusieurs autres Etats européens. Cette dernière pourrait mener à une procédure en infraction contre notre pays.

Nature & Progrès Belgique et le Pesticide Action Network (PAN) Europe, pour la troisième fois consécutive, introduiront un recours devant le Conseil d’Etat[1].

La Belgique est historiquement très complaisante à l’égard des demandes de dérogations pour des pesticides interdits. Notre pays est un des plus grands consommateurs de produits phytos en Europe, ce qui représente une des causes majeures de l’appauvrissement de la biodiversité. Cette prise de décision, malgré notre courrier au Ministre fédéral de l’Agriculture indiquant que des alternatives existent, et que 80% des betteraviers belges les utilisent déjà, est inacceptable. Avec cette nouvelle dérogation, les champs de betterave, de même que les champs voisins traités[2], seront pollués pour de nombreuses années.

 

Interdiction par l’Europe

C’est suite à l’impact sur l’environnement que l’Europe a choisi, en 2018, d’interdire trois néonicotinoïdes en culture de plein champ. Malgré cette décision, la Belgique a dérogé à cette interdiction en 2019, 2020 et désormais pour 2021 pour lutter contre les pucerons qui transmettent la jaunisse de la betterave. Les deux premières années, cela a permis au secteur betteravier d’utiliser des néonicotinoïdes assortissant ces dérogations de conditions. Malheureusement, ces dernières n’ont pas été respectées et contrôlées. Les conditions de dérogation précisent que les semences doivent être plantées plus profondément. Quelle autorité est en mesure de vérifier la mise en œuvre de pareilles conditions de dérogation ?

 

« Pour ceux qui ne mangent pas encore de sucre BIO, je leur conseille de le manger lentement car le sucre coûtera bientôt très cher… Non pas à cause du prix payé aux agriculteurs – qui est d’ailleurs trop faible – mais à cause du prix à payer pour l’environnement. » ajoute Marc Fichers.

 

Les causes de la perte de rendement sont multifactorielles

Le secteur betteravier pointe la jaunisse de la betterave comme responsable d’une possible faiblesse de rendement. Or, aucune évaluation n’a été faite. Les causes sont multifactorielles, à savoir :

  • Un printemps sec : levée imparfaite des semis et affaiblissement des plantules ;
  • La sécheresse de l’été ;
  • De fortes attaques de maladies foliaires (notamment d’oïdium et de cercosporiose) ;
  • Un hiver doux : pas de destruction de pucerons, peu de prédateurs comme les coccinelles ;
  • La technique de désherbage chimique n’a pas fonctionné correctement[3]

L‘utilisation des néonicotinoïdes ne garantira en rien le rendement du sucre à l’hectare des cultures de betterave sucrière. Un récent article[4] indique d’ailleurs les conclusions d’un essai : il n’y a eu que 7 % de perte de rendement suite à la jaunisse de la betterave.

 

Les études prouvant la toxicité des néonicotinoïdes sont nombreuses

Des centaines d’études prouvent depuis plus de 20 ans la toxicité de ce produit. Les dernières parutions sont particulièrement inquiétantes : l’une d’elle[5] met en avant l’effet potentiel de l’imidaclopride comme promoteur dans le développement du cancer du sein. Une seconde indique que le produit à faible dose peut provoquer un stress oxydatif et des dommages sur l’ADN.

 

Les alternatives existent

Les centres de recherche et d’encadrement en Belgique n’ont rien fait au niveau du développement et de la dissémination des alternatives. Au contraire, ils font croire à nos agriculteurs qu’il y a encore un avenir dans la chimie de synthèse, ce qui est faux. C’est l’agriculture sans pesticides, et au mieux biologique, qui représente le futur. Des champs de betteraves bio existent notamment dans le Nord de la France et en Autriche. Nos voisins français, anglais, néerlandais et allemands cultivent leurs betteraves et carottes sans néonicotinoïdes depuis 2018. Pourquoi seule la Belgique ne respecterait-elle pas l’interdiction européenne ? Bien entendu, les alternatives demandent un suivi plus précis des cultures. D’ailleurs, de nombreux agriculteurs ont déjà conduit leur culture de betterave dans ce sens.

Nature & Progrès Belgique mène depuis 2 ans une campagne pour une Wallonie sans pesticides. Et depuis 2019, plus de 100 ONGs européennes ont lancé l’initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » pour une interdiction progressive des pesticides de synthèse en 2035 et un soutien des agriculteurs dans la transition écologique.

Nous demandons à l’ensemble des Ministres de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé de se ressaisir et d’annuler cette dérogation qui, si elle est maintenue, provoquera encore la pollution de notre environnement et la destruction des insectes, dont les abeilles.

 

Soutenez nos actions en réalisant un don

Nos actions contre les néonicotinoïdes ont un coût. Votre soutien nous est précieux. Un grand merci d’avance !

[1] Les deux premiers recours n’ayant pas encore fait l’objet d’un arrêt du Conseil d’Etat.
[2] https://www.sillonbelge.be/art/d-20200929-GJ4WGG?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Dlastyear%26sort%3Ddate%2520desc%26word%3DUCLouvain
[3] De nombreuses adventices ont poussé dans les cultures de betteraves fleurissant et diffusant les néonicotinoïdes qu’elles prélevaient dans le sol.
[4] L’Avenir, par Alain Wolwertz
[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6071809

Néonicotinoïdes : lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture

Néonicotinoïdes : lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture

Abeilles

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Les néonicotinoïdes sont de puissants insecticides utilisés de façon préventive par enrobage de semence. Quelques dizaines de grammes à l’hectare suffisent à empoisonner toutes les plantes, provoquant la destruction des insectes qui consomment ces dernières. Leur effet sur les abeilles est également catastrophique. C’est suite à l’impact sur l’environnement que l’Europe a choisi, en 2018, d’interdire trois néonicotinoïdes en culture de plein champ. Malgré cette décision, la Belgique a dérogé à cette interdiction en 2019 et 2020 pour lutter contre les pucerons qui transmettent la jaunisse de la betterave. Et le secteur betteravier réclame à nouveau une dérogation pour les néonicotinoïdes.

Ce jeudi 29 octobre 2020, nous avons donc envoyé, en collaboration avec PAN Europe, une lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture. Nous lui demandons de ne fournir une dérogation à aucun des trois néonicotinoïdes suivants : l’imidaclopride, la clothianidine et le thiamethoxam en betteraves.

Pour en savoir plus : Lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture

Hôtels à insectes : accueillir les insectes dans son jardin

Hôtels à insectes : accueillir les insectes dans son jardin

Image hôtel à insectes Plan Bee de Ciney

© Plan Bee, Ciney

Nous connaissons tous les abeilles mellifères qui vivent dans des ruches. Mais il existe également les abeilles solitaires, ces pollinisateurs indispensables. En Belgique, elles sont au nombre de 400 espèces mais leur habitat se raréfie. Il est donc essentiel de multiplier les zones d’accueil dans nos jardins, où elles pourront se reproduire et passer l’hiver. Comment ? Par la création d’hôtels à insectes.

 

Le choix de matériaux naturels

Beaucoup de matériaux déjà présents au jardin peuvent convenir à la création d’un hôtel à insectes. La seule condition est qu’il doit s’agir de matériaux 100% naturels. Il est, par exemple, important de sélectionner un bois non traité.

La botte de bambou, simple et efficace

Une technique facile consiste à réaliser une botte de bambou. Veillez à prendre des bambous de différents diamètres et avec un nœud. Chaque insecte va choisir la largeur qui lui convient, y pondre un œuf et y amener du pollen et du nectar. Et ainsi de suite … Cette technique convient déjà à de nombreuses abeilles butineuses.

Il vous suffit de le suspendre dans un endroit calme de votre jardin, à l’abris du vent et de la pluie. Deux petits fils de fer suffisent pour le fixer.

La construction d’un hôtel à insectes

Pour les plus motivé(e)s, il est également facile de réaliser un hôtel à insectes avec différents compartiments. Récupérez un vieux cageot ou construisez-le vous-même avec de vieilles planches non traitées.

Placez-y différents matériaux pour attirer de nombreux insectes :

  • Rondins de buches : forez des trous de diamètres différents de 3 à 10 mm (sans jamais les transpercer entièrement) et empilez-les
  • Brique creuse avec mélange d’argile et de sable : certaines abeilles préfèrent creuser des terriers et y déposer un œuf, du pollen et du nectar
  • Caisson avec une cavité : pour attirer les bourdons, il est important de placer un caisson dans lequel ils vont construire un nid
  • Branches broyées : ce sont des éléments nécessaires aux coccinelles qui vont hiverner. Veillez à mettre un grillage pour empêcher les oiseaux de passer
  • Paille : nécessaire pour les chrysopes, ces petits papillons aux ailes transparentes

L’apport de nourriture

Si on désire attirer les insectes dans son jardin, il est essentiel de leur fournir de quoi se nourrir. N’hésitez donc pas à semer des fleurs mellifères.

Le projet Plan Bee de Nature & Progrès a pour but d’étudier la faisabilité apicole, agricole et économique de semer des fleurs pour produire du sucre d’abeille. Sur le site, vous découvrirez une série d’astuces sur les semis.

Découvrez le livre « Des auxiliaires dans mon jardin »

Pour en savoir plus, commandez le livre « Des auxiliaires dans mon jardin ! » aux Editions Terre Vivante. Il aborde la thématique des abris à insectes mais aussi la manière d’accueillir tous types d’animaux dans son jardin.

L’ouvrage est en vente au prix de 14€00 à la librairie de Nature & Progrès (Rue de Dave, 520 – Jambes) ou sur la boutique en ligne.

 

Pour en savoir plus : tutoriel

Nouveaux OGM : demande à la Commission du respect intégral de la législation sur les OGM

Visuel article nouveaux OGM

Le 17 septembre 2020, une lettre commune co-signée par Greenpeace EU, les Amis de la Terre Europe (FoEE), la fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM), la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), Slowfood et de nombreuses associations nationales dont en Belgique Nature & Progrès, VELT, CNCD-11.11.11, MAP, IEW, UNAB, Bioforum Vlaanderen, FIAN Belgique, Rencontre des Continents, Terre en Vue, FUGEA, Quinoa, Libère Terre, Boerenforum, Vitale Rassen, Collective Garden, Wervel et Natagora a été envoyée à la Commissaire à la Santé Stella Kyriakides. Il lui est demandé de ne pas affaiblir la législation européenne relative aux OGM pour les nouveaux OGM produits par les nouvelles techniques de génie génétique.

Lors d’une conférence de presse de présentation de la Stratégie de la Commission « De la ferme à la Table » en mai dernier, la Commissaire à la Santé Stella Kyriakides a déclaré que la Commission réalisait une étude à la demande du Conseil qui examine « le potentiel des nouvelles techniques génomiques afin d’améliorer la durabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire ». Elle a ajouté qu’il « pourrait y avoir une modification de la législation existante relative aux OGM à l’issue de cette étude ». Toutefois le Conseil n’a pas mandaté la Commission sur ce point. Il a plutôt soulevé les questions pratiques liées à l’application des règles communautaires sur les OGM telles qu’interprétées par l’Arrêt de la Cour de Justice Européenne de juillet 2018 qui dit que les nouveaux OGM sont des OGM à part entière et doivent dès lors relever de la réglementation OGM existante. Cet arrêt va à l’encontre de la volonté du lobby des biotechnologies pour qui les nouveaux OGM ne seraient pas des OGM.

Dans notre lettre, nous exprimons à la Commissaire notre inquiétude qu’elle puisse envisager un régime de réglementation distinct et léger pour ces nouvelles techniques de production d’organismes génétiquement modifiés. A l’inverse, nous lui demandons de favoriser le respect intégral de l’Arrêt de la Cour de Justice Européenne mais aussi  de renforcer la législation relative aux OGM notamment  en matière de traçabilité et d’étiquetage. Ceci  pour assurer le droit des  consommateurs de choisir des denrées alimentaires végétales « sans OGM » ou  « issues d’animaux nourris sans OGM ». La demande des co-signataires porte également sur le respect des règles démocratiques lors de décisions relatives aux autorisations communautaires des OGM.

Voici les éléments-clés repris dans la lettre :

Risques environnementaux et sanitaires des nouveaux OGM

Il est fort peu probable que les nouvelles techniques de génie génétique contribuent à réduire les impacts négatifs de l’agriculture sur l’environnement et les effets délétères des changements climatiques sur l’agriculture. Les promesses de réduction de  l’utilisation des pesticides et de production de cultures résistantes à la sécheresse sont faites par l’industrie depuis l’avènement des premiers OGM. Elles n’ont pu être tenues en grande partie parce que des rendements stables dans un climat instable dépendent de pratiques culturales saines avec des semences localement adaptées. Ces pratiques peuvent difficilement être réalisées par des multinationales dans un modèle d’agriculture industrialisé et très exigeant en intrants. De plus, il existe de nombreuses preuves scientifiques d’erreurs génétiques liées à l’application de ces nouvelles technologies en agriculture. Les erreurs génétiques peuvent se retrouver à l’endroit choisi du chromosome pour y introduire la modification voulue mais également en divers autres endroits des chromosomes. Ces erreurs peuvent notamment occasionner la production de nouvelles toxines et de substances allergisantes, des altérations de la valeur nutritionnelle, la perturbation du fonctionnement des écosystèmes, … La Commission devrait être plus attentive aux impacts sur la santé et l’environnement de ces nouveaux OGM.

Pour une limitation du monopole des multinationales de pesticides, OGM et semences

A l’instar des anciens OGM, les droits de propriété intellectuelle sur les nouvelles technologies OGM sont aux mains d’un nombre très limité de compagnies multinationales. Ceci augmente les coûts de production des cultures, les concentrations des semenciers et bloque le développement souhaité des variétés adaptées localement par les agriculteurs et petits semenciers. La Commission devrait être attentive aux conséquences de la concentration des semenciers, aux droits des agriculteurs et évaluer de façon critique les bénéfices sociétaux de ces nouveaux OGM.

Pour un renforcement du droit de savoir et de choisir  des consommateurs

Dans la Stratégie « De la ferme à la table », la Commission promet aux consommateurs de pouvoir « faire des choix informés quant à la qualité et à la durabilité de son alimentation ». Un nouveau cadre d’étiquetage couvrira « les aspects nutritionnels, climatiques, environnementaux et sociaux des produits alimentaires ». Nous nous réjouissons de ces intentions. Toutefois, nous suggérons à la Commission de combler une lacune relative aux règles d’étiquetage pour les OGM en vertu de laquelle le lait, les œufs, le beurre, le fromage et la viande des animaux nourris aux OGM ne sont pas étiquetés. La plupart des consommateurs ignore cette importante contribution des OGM dans le cadre de l’alimentation des animaux en Europe. Ils choisiraient certainement d’éviter ce genre de nourriture s’ils étaient tenus informés. La Commission devrait donc renforcer la règlementation européenne d’étiquetage pour les produits alimentaires issus d’animaux nourris sans OGM.

Pour une application intégrale aux nouveaux OGM de la législation européenne relative aux OGM

La Cour de Justice Européenne a déclaré qu’une exclusion de l’actuelle législation sur les OGM de ces nouvelles techniques OGM « compromettrait l’objectif de protection voulu par la Directive et irait à l’encontre du Principe de Précaution qu’elle a pour objet d’appliquer ». A la lumière de cet arrêt, toute proposition que la Commission ferait pour alléger la réglementation pour les nouveaux OGM remettrait en question le principe selon lequel l’Union Européenne possède des normes de sécurité alimentaire de haut niveau. Nous demandons donc  à la Commission de mettre entièrement en application l’arrêt de la Cour de Justice Européenne, plutôt que de proposer d’amender la Directive européenne sur les OGM.

Néonicotinoïdes : non à une nouvelle dérogation pour le secteur betteravier

Néonicotinoïdes : non à une nouvelle dérogation pour le secteur betteravier

Champ betterave adventicesces1

© Nature & Progrès, champ de betteraves avec adventices

En Belgique, les zones agricoles sont les milieux qui génèrent le plus gros déclin de la biodiversité. Les populations d’oiseaux ont baissé en moyenne de 60,9 % entre 1990 et 2018. En Wallonie, en 28 ans, les populations d’oiseaux ont baissé de 57,4 %, selon le Rapport Planète Vivante[1]. En Allemagne, au cours de ces 27 dernières années, la biomasse d’insectes volants a chuté de 76%[2]. Une récente étude vient également de mettre en avant que plus de la moitié des espèces d’abeilles de notre territoire est menacée d’extinction (33%), a disparu de notre pays (12%) ou est en passe d’être menacée (7%)[3].

Devant les risques et la gravité de l’utilisation des néonicotinoïdes, Natagora, Nature & Progrès Belgique, PAN Europe, WWF, IEW et Greenpeace ont interpellé les Ministres compétents. Il est important que ces derniers mettent tout en œuvre pour empêcher toute nouvelle dérogation à l‘interdiction européenne des néonicotinoïdes.

Face aux risques pour l’environnement, l’impossibilité de respecter les conditions de dérogation et le caractère ultra préventif des néonicotinoïdes, nous devons agir ! Le 22 septembre 2020 (voir ci-joint),  nous demandons au Ministre fédéral de l’Agriculture de ne pas répondre favorablement à la demande de dérogation. En ce sens, il avait d’ailleurs déjà prévenu le secteur betteravier l’an passé qu’il n’y aurait pas de troisième dérogation. Nous demandons au Ministre wallon de l’Agriculture de miser sur une agriculture respectueuse de l’environnement afin de garantir une production de betteraves locales et pérennes. Nous demandons, enfin, à la Ministre de l’Environnement d’empêcher toute dérogation et de nous informer si des mesures ont été prises pour le non-respect des conditions de dérogation des néonicotinoïdes.

Découvrez le contenu de ces courriers :

Courrier au Ministre fédéral de l’Agriculture
Courrier au Ministre wallon de l’Agriculture
Courrier à la Ministre wallonne de l’Environnement

Pour en savoir plus, découvrez notre dossier

[1] Rapport Planète Vivante de WWF, Natagora, Natuurpunt, la Plateforme belge pour la biodiversité et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique
[2] Hallmann et al. (2017), doi
[3] Interreg

Statégie Farm to Fork et biodiversité : courrier adressé aux Ministres wallons

Stratégie Farm to Fork et biodiversité :

Courrier adressé aux Ministres wallons

 

Ce lundi 08 juin 2020 a lieu le Conseil européen ‘Agripeche’ des ministres de l’agriculture. Cinq associations environnementales (WWF, Natagora, Greenpeace, Inter Environnement Wallonie et Nature & Progrès) appellent le gouvernement wallon à soutenir la transition prévue dans les deux stratégies européennes pour la biodiversité et en matière d’alimentation et d’agriculture (Stratégie « De la ferme à la table »).

 

Ces dernières sont plus que jamais nécessaires à l’heure où nous sortons de la crise sanitaire et où la demande citoyenne d’une transition est grandissante. Découvrez ci-dessous le courrier que nous avons adressé au Ministre Président de la Wallonie Elio di Rupo ainsi qu’aux Ministres wallons Willy Borsus, Céline Tellier, Christie Morreale, Philippe Henry, Marie-Christine Marghem et Denis Ducarme. 

Les ONGs environnementales appellent la Belgique à adopter les stratégies de l’Europe sur la biodiversité, l’alimentation et l’agriculture

Les ONGs environnementales appellent la Belgique à adopter les stratégies de l’Europe sur la biodiversité, l’alimentation et l’agriculture

© Unsplash

 

Aujourd’hui, la Commission européenne a présenté sa feuille de route en matière de biodiversité et d’alimentation et d’agriculture (“de la Ferme à la Fourchette”) d’ici à 2030. Ces deux stratégies sont des éléments clés du « Green Deal » européen. Une coalition d’associations environnementales (Greenpeace, IEW, Natagora, Nature & Progrès, WWF) salue les mesures prises en faveur de politiques durables, alors que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les liens étroits entre les écosystèmes sains et la préservation de la santé humaine.

Ramener la nature dans nos vies

La Commission européenne montre qu’elle tire des enseignements de la crise sanitaire, en proposant des mesures qui peuvent transformer notre relation déséquilibrée avec la nature en une relation saine. Selon la coalition des organisations environnementales belges, les deux stratégies sont susceptibles de transformer profondément les politiques communautaires en matière de nature, d’alimentation et d’agriculture, et d’inverser la tendance sur la crise de la biodiversité en cours. La coalition déplore néanmoins le manque d’ambition de la Commission européenne sur certains points, comme la nécessaire limitation du soutien à l’élevage industriel, les faibles mesures sur la pollution de l’air et de l’eau par les nutriments ou la limitation insuffisante de l’usage des antibiotiques.

Dans le même temps, la coalition se félicite de la nouvelle vague d’objectifs nécessaires sur une multitude de sujets qui vont impacter positivement les politiques fédérales et régionales, tels que les zones protégées (au moins 30% de la terre et 30% de la mer de l’UE), l’agriculture biologique (au moins 25% des terres agricoles de l’UE), la réduction des pesticides chimiques (moins 50% en volume et en toxicité), la part de surface agricole dédiée à la diversité de la nature (minimum 10%), etc. La stratégie biodiversité prévoit aussi de présenter des objectifs contraignants de restauration de la nature en 2021. La restauration des écosystèmes naturels contribuera non seulement à résoudre la crise de la biodiversité – un million d’espèces sont menacées de disparition, mais aussi à atténuer le changement climatique et à s’y adapter.

Selon la coalition, les deux stratégies sont une base solide et ambitieuse pour migrer vers une société saine pour les humains et la nature. Elles pourraient accélérer la transition vers des systèmes alimentaires et agricoles durables et équitables au sein de l’Union Européenne. Et permettraient de restaurer l’équilibre entre la production alimentaire, les ressources naturelles disponibles tout en redonnant son rôle à la nature dans notre société. De cette façon, l’Europe espère répondre à la demande d’aliments sains, durables et abordables en tenant compte des intérêts des agriculteurs. Enfin, les deux stratégies devraient jouer un rôle important dans l’amélioration de la résilience économique et environnementale de l’Europe.

La coalition appelle la Belgique à soutenir les stratégies de l’Europe

Ces deux stratégies guideront les politiques nationales et régionales des Etats Membres de l’Union Européenne, dont la Belgique. La coalition appelle les parlementaires et les ministres belges à soutenir activement ces stratégies, aux niveaux fédéral et régional. Nous appelons nos gouvernements à adopter ces nouveaux objectifs européens de façon transversale, dans le cadre des politiques agricoles, commerciales, économiques et environnementales. Et nous demandons d’adapter les politiques au regard des ambitions de transition écologique, de protection de la biodiversité et de résilience de nos systèmes alimentaires qui ressortent clairement des deux stratégies européennes. Concrètement, au niveau des régions de la Belgique, la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) est et restera le jalon principal en 2020-2021 pour le secteur agricole. Sa réforme devra conduire à l’utilisation de pratiques durables afin de contribuer à la mise en œuvre des objectifs de deux stratégies européennes.

Citations des membres de la coalition

Alors que l’UE se tourne vers la relance post-crise Covid19, la stratégie européenne ‘De la ferme à la Fourchette’ est un outil essentiel pour construire un système alimentaire et agricole plus résilient, sain et durable pour l’homme et la nature». Monica Schuster, Chargée des politiques alimentation et agriculture, WWF-Belgique

Ces stratégies pourraient faire une réelle différence et changer la trajectoire actuelle des crises de la biodiversité et du climat. La commission européenne a présenté aujourd’hui ce qui devrait être la nouvelle norme pour la planète”. Emmanuelle Beguin, Responsable Politique Agricole, Natagora

Les crises actuelles doivent être une opportunité pour diminuer l’impact de notre alimentation sur le réchauffement global, tout en faisant face à ses conséquences, dont les agriculteurs sont les premières victimes. La Commission nous invite à considérer globalement le réchauffement global et la perte de biodiversité, l’alimentation et l’agriculture. Ensemble nous trouverons des solutions”. Sébastien Snoeck, Expert agriculture durable, Greenpeace Belgique

Pour que les discours ambitieux puissent se transformer dès maintenant en actes pour ceux qui nous nourrissent et celle qui nous abrite, notre planète”. Julie Van Damme, Chargée de mission Ruralité, Inter-Environnement Wallonie

« La stratégie “De la ferme à la Fourchette “ une chance à saisir pour un renouveau de notre agriculture, de notre alimentation. La fonction première de l’agriculture est de nourrir tout en respectant l’environnement c’est possible les agriculteurs bios le montrent chaque jour”. Marc Fichers, Secrétaire général, Nature & Progrès

La société civile européenne veut protéger la santé et l’environnement contre les pesticides

La société civile européenne veut protéger la santé publique et l’environnement contre les pesticides

Au milieu de la crise du Covid-19, la société civile européenne se lève pour protéger la santé publique et l’environnement contre les pesticides tout en rétablissant la biodiversité et en soutenant les petits agriculteurs.

Alors que les États membres de l’Union européenne sont aux prises avec la crise du Covid-19, l’agro-industrie tire profit de la situation en agissant pour adoucir considérablement le pacte vert pour l’Europe de la Présidente von der Leyen. La société civile européenne, réunie dans le cadre de l’Initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », demande à la Commission européenne de maintenir des objectifs ambitieux pour protéger la santé de la population, l’environnement et soutenir la transition de l’agriculture européenne vers l’agroécologie.

Le 29 avril 2020, la Commission européenne devait publier sa politique alimentaire de l’UE (De la ferme à la table) et sa politique environnementale (Biodiversité). Ces documents politiques devaient fixer, pour la première fois, des objectifs ambitieux et obligatoires dans l’UE dans les deux domaines politiques précités. Toutefois, ceux-ci ont été reportés pour la seconde fois avec la nouvelle date limite potentielle du 20 mai. Entre-temps, des documents divulgués ont montré que l’objectif ambitieux initial de rendre les réductions de l’utilisation des pesticides obligatoires dans les États membres s’est érodé au fil du temps. Aussi, le risque de se retrouver avec des documents politiques faibles est très important à tel point que cela pourrait sérieusement ternir les ambitions de rendre l’alimentation et l’agriculture de l’UE plus durables, ainsi que sur le point de « reprise verte » après le Covid-19.

L’élaboration des deux documents a été présentée dans le cadre de la publication du pacte vert pour l’Europe en décembre 2019 par la présidente nouvellement élue Ursula von der Leyen. Un plan aussi ambitieux pour protéger le climat, l’environnement et les générations futures est une initiative sans précédent de la part de la Commission européenne et cette dernière a largement été soutenue par les organisations de la société civile.

L’initiative a déclenché une importante réaction dans les coulisses de l’industrie agroalimentaire pour ternir les ambitions de l’exécutif européen. Le secteur agricole conventionnel et les entreprises agrochimiques ont été aidés à la fois par les partis conservateurs au Parlement européen et par les principaux fonctionnaires de la Commission européenne.

Aujourd’hui, les membres de l’Initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », dont Nature & Progrès Belgique fait partie, exigent que la Commission européenne s’en tienne à la publication de politiques fortes de « De la ferme à l’assiette » et « Biodiversité ». Nous avons recueilli plus de 300 000 signatures dans toute l’Union européenne et nous continuerons à recueillir le soutien des citoyens pour éliminer progressivement l’utilisation de pesticides synthétiques dans l’UE, restaurer la biodiversité dans les zones agricoles et utiliser les subventions de la politique agricole commune pour mettre l’agriculture de l’UE sur la voie de l’agroécologie. La crise du Covid-19 a montré, une fois de plus, la vulnérabilité de l’agriculture et des systèmes alimentaires mondialisés et l’agroécologie est le seul moyen de relocaliser nos productions tout en respectant la santé de la population et l’environnement.

Signez l’Initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs« 
Signez notre appel pour une Wallonie sans pesticides

Marc Fichers, Secrétaire général de Nature & Progrès
marc.fichers@natpro.be

Crise du COVID : Vers des systèmes alimentaires sains, durables et résilients

Crise du Covid : vers des systèmes alimentaires sains, durables et résiliants

Une coalition de cinq associations, Nature & Progrès, Natagora, Inter-environnement Wallonie, WWF et Greenpeace se réunissent pour demander un nouveau contrat social entre citoyens et agriculteurs afin de rendre notre alimentation plus autonome, durable pour l’homme et la nature et résiliente face aux crises.

La pandémie liée au COVID-19 a ébranlé nos sociétés et notre quotidien à toutes et tous. Notre système alimentaire n’y a pas échappé. Les appels aux États à maintenir leurs marchés ouverts pour ne pas perturber les chaînes d’approvisionnement se multiplient ces derniers jours, mais les conséquences du confinement sont déjà là : pénurie de main d’œuvre saisonnière, angoisse des consommateurs qui vident les supermarchés, augmentation du prix de certaines denrées, ruée vers les filières locales, secteur agroalimentaire et export en berne. Le système va-t-il tenir le coup ?

Toute crise naît de la rencontre de deux facteurs: d’une part, un terrain vulnérable, et d’autre part un élément déclencheur qui met le feu aux poudres. L’épidémie de COVID-19 ne fait que mettre en lumière la vulnérabilité de notre système alimentaire. En effet, alors que l’agriculture wallonne a le potentiel de nourrir la Wallonie, la région de Bruxelles et bien au-delà, elle ne répond qu’à 17% de ses besoins en fruits et légumes et seuls 9% des céréales produites en Wallonie sont destinées à l’alimentation humaine. Elle dépend encore des importations de matières premières (intrants chimiques, pétrole, soja pour l’élevage industriel) et de la demande des marchés étrangers pour écouler une grande partie de productions excédentaires (viande bovine, lait et pommes de terres par exemple). Dans le même temps, la concentration du commerce de détail limite les débouchés et uniformise les conditions de production (90% de la distribution belge est aux mains de huit groupes internationaux). Cette crise nous met face aux limites de nos marchés agricoles mondialisés, régis par des économies d’échelles et des prix aux consommateurs toujours plus bas. Ces mêmes prix n’intègrent pas les externalités négatives de ces modes de production, c’est-à-dire les coûts cachés liés aux impacts sur l’homme et la planète (biodiversité, émissions de gaz-à-effet de serre, pesticides chimiques, bien-être des producteurs, travailleurs, santé des consommateurs etc.).

Alors oui, célébrons aujourd’hui nos agriculteurs wallons pour leur travail et leur persévérance en ces temps difficiles. Et si la crise se transformait en crise alimentaire, pourront-ils réorienter leurs productions et nous nourrir? Nous avons plus que jamais besoin d’eux. Soyons créatifs: préparons la transition à venir de notre agriculture vers des systèmes alimentaires durables, sains et plus résilients face aux crises.

Une transition urgente vers un système alimentaire durable et résilient

On doit relocaliser un certain nombre d’activités chez nous. Je salue le retour des consommateurs vers une agriculture de proximité. Nous avons des produits de très grande qualité près de chez nous“, tweetait Willy Borsus le 24 mars. La question d’une plus grande autonomie pour nos agriculteurs et notre alimentation est dans toutes les têtes. Les solutions sont déjà en marche. Depuis le début de la crise, la demande en aliments issus des circuits courts a doublé voire triplé. Des producteurs bio et agroécologiques s’organisent en coopératives pour mettre sur pied des nouvelles filières d’approvisionnement. La question est là: comment permettre à la majorité des agriculteurs de répondre en priorité à la demande alimentaire locale en produits sains et de qualité, et d’être moins dépendants des marchés mondiaux ?

Ne sous-estimons pas les enjeux environnementaux dans cette réflexion. Dans son approche «Une seule santé» (One Health), la communauté internationale souligne que la santé humaine, la santé animale et la santé de la Nature ne font qu’une. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’évolution des maladies infectieuses est sensible aux perturbations des écosystèmes et de la biodiversité. Il s’agit de retrouver un équilibre entre la production et les ressources disponibles. Enfin, la nature et la biodiversité, en dehors du bien-être qu’elles nous apportent à tous, peuvent remplacer les services rendus par les engrais et pesticides, et permettre ainsi aux agriculteurs de réduire leur dépendance aux marchés. Elles méritent de retrouver leur place dans toutes les fermes wallonnes.

Quels sont les points d’attention pour les prochains mois ?

Nous devons tirer les leçons de la crise actuelle, et saisir l’opportunité d’établir un nouveau contrat social entre citoyens et agriculteurs afin de rendre notre alimentation plus autonome, durable pour l’homme et la nature et résiliente face aux crises.

Voici les points que la coalition souhaite porter à l’attention du gouvernement :

  • Le gouvernement wallon vient d’annoncer la création d’une task force agriculture et alimentation. Passée la gestion des problèmes d’approvisionnement à court-terme, l’essentiel sera de tirer les enseignements de la crise. C’est pour cela que nous appelons à un débat public avec toutes parties prenantes sur l’avenir de notre système alimentaire en Wallonie
  • La politique de relance devra, comme annoncé au niveau européen, être un plan de sortie de crise aligné sur le Green Deal. En particulier pour le secteur agricole et alimentaire, l’alignement sur la stratégie Farm to Fork, dont la pertinence ne vient que d’être exacerbée par la crise en cours, sera un enjeu majeur.
  • L’élaboration du plan stratégique de la Politique Agricole Commune (ci-après PAC) pour la Wallonie est et restera le jalon principal en 2020-2021 pour le secteur agricole. La PAC, en orientant nos systèmes de production agricole, a une influence déterminante sur notre alimentation, notre santé, nos paysages et les biens publics que sont le climat et la biodiversité. Le plan stratégique proposé devra être lu au regard de cet enjeu central de transition écologique, de protection de la biodiversité et de résilience de nos systèmes alimentaires de la fourche à la fourchette.
  • Au-delà de la PAC, une approche de politique économique devrait être mise en œuvre pour accélérer la transition vers des systèmes alimentaires durables et résilients, que ce soit en stimulant l’investissement dans les filières stratégiques, en appliquant le principe de pollueur-payeur et en créant des incitants pour les modèles vertueux (ex. bonus à l’agroécologie, au bio, aux coopératives de producteurs etc.). Notamment, la Déclaration de Politique Régionale wallonne prévoit 30% de bio en 2030, ce qui devra amener à une augmentation de la capacité de transformation et de commercialisation des productions agricoles au niveau régional.

La Wallonie a d’immenses atouts à valoriser dans cette nouvelle donne, que ce soit son patrimoine naturel remarquable, la diversité ou l’expérience de ses agriculteurs. Elle peut devenir un modèle en Europe. Nous serons là pour contribuer à ce changement. Prenons soin de nous.

Signataires:
Emmanuelle Beguin, Responsable Politique Agricole, Natagora
Marc Fichers , Secrétaire général, Nature & Progrès
Sylvie Meekers,  Directrice générale, Inter-Environnement Wallonie
Monica Schuster , Chargée des politiques alimentation et agriculture , WWF Belgique
Sébastien Snoeck, Expert agriculture durable,  – Greenpeace Belgique

Pour une autonomie alimentaire, pensons aux producteurs BIO Nature & Progrès

Pour une autonomie alimentaire, pensons aux producteurs Nature & Progrès

© Unsplash

Pour une autonomie alimentaire, pensons aux producteurs Nature & Progrès


Avec la fermeture des jardineries et pépinières, il est, à l’heure actuelle, difficile de se lancer dans la mise en place d’un jardin potager. Pourtant, il est plus que jamais temps de développer notre autonomie alimentaire. Heureusement, les producteurs et maraichers BIO de Nature & Progrès ayant un magasin à la ferme proposent des semences et plants.

Où vous les procurer ?

Parmi les producteurs de Nature & Progrès, vous pouvez notamment acheter des plants de légumes à repiquer en province de Liège à la Ferme de Targnon à Esneux et chez Les pieds verts à Lierneux. En province de Namur, vous en retrouverez entre autres chez Les Compagnons du Samson à Gesves, à la Ferme Champignol à Philippeville et chez A veyou l’porê à Ohey. Cette liste est non exhaustive. N’hésitez pas à contacter les producteurs Nature & Progrès proches de chez vous pour en savoir plus.

Quant aux semences biologiques, la marque Les Semailles est vendue dans la plupart des magasins bio et magasins à la ferme.

Revenons à l’essentiel : l’autonomie alimentaire !

Notre société a longtemps cru que l’alimentation devait passer par les grandes surfaces, ce qui est faux. En Wallonie, l’approvisionnement des supermarchés est une réelle problématique au vu de la distance que parcourent de nombreux aliments. La crise sanitaire actuelle est une nouvelle preuve de la complexité des modes de distribution alimentaire. Peut-être aura-t-elle pour conséquence positive une ouverture vers une autonomie alimentaire plus ancrée dans notre mode de vie ?

« Depuis 40 ans, l’association Nature & Progrès Belgique plaide pour plus d’autonomie alimentaire. Et cela ne passe pas par la capacité de se rendre dans une grande surface pour acheter un produit importé, mais bien par celle de produire des fruits et légumes de base chez soi. Il en va ensuite de savoir les cuisiner et les échanger » indique Marc Fichers, Secrétaire général de Nature & Progrès.

L’association de producteurs et de consommateurs espère que les citoyens redécouvriront l’importance d’acheter chez le producteur. En cette période troublée, nous prenons conscience que l’aliment n’est pas un bien de consommation comme un autre. Il y a 20 ans, après la crise de la dioxine, Nature & Progrès avait mis en avant le refus du bio anonyme avec la campagne « Mes aliments ont un visage ». Nous devrions toujours être au courant de qui cultive et élève les produits biologiques que nous consommons. En effet, l’objectif n’est pas uniquement commercial. L’aliment est le lien entre le producteur et le consommateur.

Retrouvez la liste des producteurs et maraichers BIO de Nature & Progrès sur le site dédié au Label.

La menace des nouveaux OGM, la résistance s’organise

Le lobby des biotechnologies ne désarme pas !

Il est déjà à l’œuvre pour déréglementer les « nouveaux OGM ». Mais de quoi s’agit-il concrètement ? Les réglementations européennes relatives aux OGM sont, depuis longtemps, une grosse épine dans le pied des industries des biotechnologies.

Etant donné le rejet des OGM par les consommateurs – il existe de facto un moratoire en Europe -, l’invisibilité et la déréglementation semblent devenues vitales pour garantir le succès commercial de produits issus des nouvelles technologies de modifications du génome.

Elles sont déjà et resteraient alors des « OGM cachés » !

Un dossier réalisé par Catherine Wattiez, Dr.Sc.

L’apiculteur et les abeilles, une histoire de passion !

L’apiculteur et les abeilles, une histoire de passion !

Dominique Hereng est apiculteur et professeur. Passionné par les abeilles, il n’a pas hésité lorsque l’association Nature & Progrès lui a proposé de placer cinq de ses ruches sur le terrain du Plan Bee à Ciney.

Qu’est-ce que le Plan Bee ?

Le Plan Bee, de l’association Nature & Progrès, a pour objectif de diversifier la production de sucre en implantant des fleurs mellifères sur des terrains de 10 à 15 ha en Wallonie. Début 2018, à Ciney, l’association s’est vue mettre à disposition, par la SWDE, un terrain de 13 hectares pour y semer des plantes annuelles, bisannuelles et vivaces afin de nourrir des ruchers sur ces surfaces pour produire du miel.

Un partenariat gagnant-gagnant

L’apiculteur a déjà pu, grâce à ce projet, récolter environ 250 kg de miel. Comme il le dit, les abeilles sont à l’hôtel car elles bénéficient d’une nourriture située à proximité de la ruche. Cette collaboration avec Nature & Progrès permet à des apiculteurs comme Dominique Hereng de produire du miel tout en favorisant le retour de nos abeilles dans les campagnes wallonnes.

Envie de nous rejoindre ?

Nature & Progrès recherche des apiculteurs pour installer des ruches sur de nouveaux sites étudiés par le Plan Bee à Orp-Jauche, Gerpinnes et Pont-à-Celles ! Si vous souhaitez nous rejoindre dans cette belle aventure, consultez notre site internet.

 

Rédaction : Annabelle Bietheres

En 2017, le glyphosate a été réautorisé sur base de fraude

En 2019, un scandale a éclaté en Allemagne concernant le laboratoire LPT-Hambourg dont d’anciens employés ont témoigné de fraudes dans des études toxicologiques réglementaires. Une instruction pénale a été ouverte contre ce laboratoire. Au moins 14% des nouvelles études fournies dans le cadre du renouvellement du glyphosate en 2017 proviennent de ce laboratoire, ce qui met en évidence le manque de fiabilité du système : l’industrie produit elle-même les études qui permettent d’évaluer ses produits.

Des animaux morts remplacés par des animaux vivants en cours d’étude, des tumeurs rapportées comme de simples inflammations, voici les pratiques du laboratoire afin de favoriser les intérêts des commanditaires des études.

Suite à la mise à jour de fraudes au sein du laboratoire LPT-Hambourg par une enquête de la télévision publique allemande ARD, les ONGs PAN Germany, Global2000 et Corporate Europe Observatory ont souhaité déterminer le niveau d’implication de ce laboratoire dans la ré-évaluation du glyphosate en 2017. Au minimum une nouvelle étude sur 7 fournie par Monsanto provenait de ce laboratoire. LPT-Hambourg est un laboratoire doté de la certification BPL (Bonnes Pratiques de Laboratoire), ce qui est vu par les autorités comme une garantie de probité et de fiabilité.

Martin Dermine, du Pesticide Action Network Europe indique : « Si le glyphosate a été reconnu « cancérigène probable » par l’OMS mais pas par les autorités européennes et belges, c’est parce que les études académiques démontrant sa toxicité ne sont pas certifiées BPL. Seules les études de l’industrie ont cette certification coûteuse et obligatoire et, bizarrement, elles ne démontrent pas de toxicité. »

Depuis de nombreuses années, les ONGs se battent pour que les études académiques soient systématiquement prises en compte car elles mettent en évidence une toxicité que les tests règlementaires ne démontrent pas.

Martin Dermine d’ajouter : « Les autorités européennes et belges favorisent les intérêts de l’industrie des pesticides au détriment de la santé des citoyens par ce système de certification. Il suffit de regarder le site fytoweb, le SPF y fait l’apologie de la certification BPL comme étant un système garantissant la « transparence et la qualité » alors que l’enquête d’ARD et de nos collègues démontrent clairement le fait qu’on ne doit pas laisser entre les mains de l’industrie le soin de produire ses propres études réglementaires. Le système n’est pas fiable. »

Et en Belgique, qu’en est-il exactement ?

En 2017, alors que l’autorisation du glyphosate arrivait à échéance, notre Ministre fédéral de l’Agriculture avait plaidé pour un phasing out, justifiant sa décision par le fait que ce temps allait être mis à profit dans le développement des alternatives. Nous sommes en 2020 et rien n’a encore bougé alors que le glyphosate est loin d’être nécessaire et que les alternatives existent déjà. Nous pouvons donc nous demander pourquoi rien n’a été fait en ce sens.

De plus, alors que l’administration fédérale devrait aider à la réduction des pesticides, cette dernière a préféré publier un dossier de justification du glyphosate. Ne mâchons pas nos mots, c’est une honte de prendre parti de la sorte lorsque l’on sait que les études prouvent la dangerosité et le caractère cancérigène probable du glyphosate.

Marc Fichers, de Nature & Progrès, nous indique : « En agissant de la sorte, nous piégeons les agriculteurs. En effet, en leur laissant croire que le produit sera réautorisé et en faisant fi des dangers de ce dernier, nous leur faisons perdre un temps précieux d’adaptation de leur méthode de travail. Lorsque le glyphosate sera définitivement interdit pour l’usage professionnel – car oui, cela va arriver – nos agriculteurs n’auront pas pu mettre à profit cette période pour se préparer. »

Le parlement fédéral autrichien a voté en 2019 la sortie du glyphosate. Le gouvernement du Luxembourg a confirmé l’abandon de cet herbicide en 2020. La France a suspendu les autorisations pour la majorité des herbicides à base de glyphosate (75% des volumes utilisés) car il existe des doutes sur la génotoxicité du produit.

Martin Dermine de conclure : « Il est inacceptable que le Luxembourg, l’Autriche et la France avancent dans la protection de leur population et pas la Belgique : ces mêmes produits interdits en France pour protéger la santé des citoyens sont toujours autorisés en Belgique, que fait le SPF ? ».

Contact PAN Europe, Martin Dermine, +32 486 32 99 92, martin@pan-europe.info
Contact Nature & Progrès, Marc Fichers, +81 32 30 52, marc.fichers@natpro.be