Feu vert en Europe pour les nouveaux OGM ?

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160 organisations en Europe, dont 20 en Belgique, interpellent la Commission

Environ 160 associations de la société civile et d’organisations commerciales de l’Europe entière – dont en Belgique Nature et Progrès, Vitale Rassen, Bioforum Vlaanderen, Velt, Fugea, Inter-Environnement Wallonie, Mouvement d’Action Paysanne (MAP), Libère Terre, UNAB, CNCD 11 11 11, Wervel, Terre-en-vue, FIAN, Quinoa, Boerenforum, Amis de la Terre Belgique, Climaxi, Coordination Agroecology in Action, Natagora, Réseau Semences Meuse, Rhin, Moselle écrivent au Vice-Président de la Commission européenne, Monsieur Timmermans pour lui demander, à la veille de la publication par la Commission d’une étude concernant le Statut des nouvelles techniques génomiques dans le droit de l’Union :

1. Que les nouveaux OGM continuent à être réglementés conformément à la législation en matière d’OGM

Ceci, conformément à l’Arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne de juillet 2018 et en accord avec le principe de précaution que la Directive 2001/18 vise à mettre en œuvre. De nombreuses publications scientifiques montrent que les nouvelles techniques de modification génomiques permettent aux développeurs d’effectuer d’importantes altérations génétiques qui peuvent être très différentes de celles qui se produisent dans la nature. Des erreurs génétiques sont décelées qui peuvent entrainer des effets non-intentionnels tels de nouvelles toxines, des allergènes, des modifications du métabolisme, de la valeur nutritive, etc.

Même des modifications intentionnelles peuvent poser des problèmes de sécurité alimentaire, d’environnement ou de bien-être animal. Les promesses selon lesquelles les nouveaux OGM réduiraient la dépendance aux pesticides et seraient résistants à la sécheresse datent d’il y a 20 ans et n’ont toujours pas été tenues. Pourtant, nous craignons que la Commission ne propose, au terme d’une étude interne à publier pour le 30 avril 2021, une proposition d’exclusion de nouvelles techniques de manipulation génétique de la Directive 2001/18 comme veut l’imposer le lobby de la biotechnologie agro-alimentaire. Ainsi ces nouveaux OGM (OGM cachés) ne seraient pas, avant d’être autorisés, soumis à une analyse de risques pour l’environnement et la santé, ni tracés, ni étiquetés. Le droit des sélectionneurs, agriculteurs et consommateurs de savoir et de choisir ce qu’ils plantent et mangent doit être préservé et les écosystèmes protégés !

 

2. Qu’une position ferme de la Commission soit opposée au gouvernement britannique afin que celui-ci renonce à modifier sa définition actuelle des OGM…

… afin que celui-ci renonce à modifier sa définition actuelle des OGM. Si les normes britanniques en matière de santé et d’environnement devaient ainsi être nettement affaiblies par rapport à celles de l’UE, le Royaume-Uni devrait en assumer les conséquences en ce qui concerne les futurs échanges de marchandises agricoles entre l’UE et le Royaume-Uni.

 

3. Qu’un moratoire mondial pour la nouvelle technologie de forçage génétique soit défendu par la Commission, à l’instar du Parlement européen

La Commission représentera en effet l’UE lors des négociations, en automne 2021, de la Convention sur la Diversité Biologique et du Protocole de Carthagène. Le forçage génétique, application particulièrement inquiétante de la nouvelle technologie génomique CRISPR/Cas9 permet de modifier, de décimer ou d’éradiquer des populations sauvages entières et même des espèces entières. Ces organismes peuvent donc provoquer l’effondrement d’écosystèmes, une des causes reconnues de l’émergence de zoonoses pouvant devenir pandémiques.

Les mêmes demandes sont également adressées aux ministres régionaux et fédéraux de l’Agriculture, de la Santé et de l’Environnement compétents.

L’Autriche se prononce sur les nouveaux OGM. Et la Belgique ?

Visuel nouveaux OGM

Dans une récente communication, le Ministre autrichien a appelé à garder les nouveaux OGM sous la directive 2001/18. Il demande à la Commission européenne de veiller à ce que ces organismes issus de nouvelles technologies de génie génétique soient soumis aux lois sur la sécurité et l’étiquetage. La déclaration complète peut être lue ici en allemand.

Et en Belgique, qu’attendons-nous pour faire de même ?

Nature & Progrès regrette que le pays ne se soit pas encore positionné sur la question, alors que la Wallonie et Bruxelles sont des régions signataires de la Charte de Florence depuis 2008. La Belgique doit suivre la demande des citoyens qui se sont toujours montrés réticents envers les OGM.

La problématique des organismes génétiquement modifiés n’est pas nouvelle. En 2012, le journal L’Echo écrivait déjà : « Contrairement à d’autres régions du monde comme l’Amérique du nord ou certains pays en développement, l’Europe reste réfractaire à la diffusion des organismes génétiquement modifiés. Son opinion publique reste rétive. En Belgique, la Wallonie et Bruxelles ont rallié le réseau des « régions sans OGM ». La Flandre, elle, n’y est pas opposée. »

Cet engagement ne saurait que nous donner du positif dans la poursuite de notre objectif : celui de maintenir, au minimum, le contrôle de ces nouveaux OGM selon la directive 2001/18. Il est primordial d’assurer la liberté de choix des agriculteurs et des consommateurs et d’empêcher toute dispersion risquée et incontrôlée dans l’environnement des nouveaux OGM.

Pour notre santé et celle de la Terre…

Pour une Politique Agricole Commune (PAC) au cœur de la transition

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Manifeste – Réforme de la PAC post 2020.

Natagora, Nature et Progrès, Inter-Environnement Wallonie, WWF-Belgique et Greenpeace Belgique, réunies dans la coalition IMPAACTE, appellent à la mise sur pied d’une agriculture wallonne productrice d’une alimentation durable.

La coalition associative justifie l’urgence de son appel par une série de constats :

  • La crise du COVID-19 exige une meilleure autonomie ainsi qu’une résilience accrue de nos systèmes agricoles pour garantir la souveraineté alimentaire en toute circonstance.
  • Les systèmes agricoles et alimentaires jouent un rôle majeur dans les crises de la biodiversité et du climat mais peuvent être en même temps une partie importante de la solution.
  • La Politique Agricole Commune (PAC) actuelle renforce les inégalités de revenus et encourage des pratiques agricoles qui ne sont durables ni pour l‘homme ni pour l’environnement.
  • La reconduction de cette politique n’est pas une option crédible pour atteindre les objectifs que la Wallonie s’est fixée en matière de transition, ni pour atteindre les objectifs du Green Deal (stratégie Farm to Fork et stratégie Biodiversité) au niveau européen.
  • La nouvelle PAC vise notamment à garantir un avenir économique stable aux agriculteurs, mais aussi à accroître le niveau d’ambition écologique de l’agriculture européenne.

La coalition IMPAACTE, demande au Gouvernement wallon d’adopter un plan stratégique PAC qui accélère la transition vers un système agricole et alimentaire sain pour l’homme, durable pour la nature et résilient face aux crises.

Les 4 enjeux prioritaires identifiés par la coalition sont :

 

1. Renforcer le réseau et le maillage écologique

Les milieux agricoles occupent près de la moitié du territoire wallon. Les agriculteurs ont donc un rôle déterminant à jouer dans la préservation de la biodiversité, et ce d’autant plus que la biodiversité des terres agricoles est dans un état très préoccupant.

Le redéploiement du réseau écologique passe par l’imposition d’un pourcentage minimal d’éléments soutenant la biodiversité dans chacune des fermes (objectif de 5%), et par des mesures volontaires pour soutenir les agriculteurs qui vont plus loin, notamment en plantant des haies, des arbres, en installant des bandes aménagées dans les terres cultivées, ou en adoptant un mode de gestion adapté pour les prairies de haute valeur biologique, avec un objectif régional de 10% en terres arables et de 15% en prairies. Il est donc essentiel que le futur plan stratégique réserve un budget conséquent pour ces interventions, via les enveloppes dédiées aux éco-régimes et aux MAEC (Mesures Agro-Environnementales et Climatiques).

 

2. Maintenir les prairies et encourager une transition de l’élevage

La préservation des 320 000 ha de prairies permanentes de Wallonie est cruciale. Ces prairies constituent des stocks de carbone, et doivent être préservées du labour pour empêcher que ce carbone ne retourne subitement dans l’atmosphère. De plus, les prairies extensives abritent une biodiversité remarquable.

La situation économique des élevages bovins wallons est préoccupante et le régime d’aides actuel n’a pas permis de les soutenir efficacement. Face aux crises et notamment la crise climatique, il convient de mieux soutenir les éleveurs adoptant des systèmes d’élevage résilients, afin d’éviter que la disparition des exploitations bovines se poursuive au rythme actuel et compromette la préservation des prairies permanentes à moyen et long terme. Le revers de la médaille est que les bovins émettent de grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre très puissant. Le défi est donc de soutenir fortement les éleveurs pour assurer la pérennité à long terme du secteur, tout en réduisant les troupeaux. IMPAACTE réclame une évolution des aides qui consisterait à remplacer le soutien par tête de bétail par une prime à la prairie permanente, prime d’autant plus importante que la charge en bétail est réduite.

 

3. Soutenir la transition écologique en cultures

La transition écologique vise notamment à répondre aux enjeux de préservation des sols, des ressources en eau et de la biodiversité. Le plan PAC doit permettre d’atteindre les objectifs en vigueur: – 50 % phytos, -50% engrais, -20% perte de nutriments. Les externalités négatives, comme l’érosion ou la pollution des eaux de surfaces, doivent être freinées par l’imposition de normes interdisant les pratiques les plus néfastes. Les pratiques agroécologiques doivent être encouragées via un éco-régime soutenant les agriculteurs s’inscrivant dans cette démarche volontaire.

 

4. Assurer un budget fort à l’agriculture biologique

Des engagements forts pour accroître la part de l’agriculture biologique apparaissent dans l’accord de gouvernement wallon (objectif de 30% en 2030) et dans la stratégie européenne Farm-to-Fork. L’agriculture biologique répond, en partie, à plusieurs besoins environnementaux, comme celui de réduire l’usage des pesticides.

IMPAACTE plaide pour un soutien fort au travers des aides à la conversion et au maintien en agriculture biologique. D’autres aides doivent être conçues pour mieux aider l’agriculture biologique, en particulier les aides à l’investissement, à l’installation des jeunes, à l’échange de connaissances et à l’information. Le développement des filières est essentiel, notamment en activant la possibilité de leur dédier jusqu’à 3% des dotations PAC destinées aux paiements directs.

Pour plus d’information sur les mesures proposées, voir “Note de la coalition sur l’architecture verte du plan stratégique PAC Wallonie”.

Passer à l’action pour atteindre nos objectifs de réduction de CO2

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Nature & Progrès mobilise ses membres pour un tout nouveau projet !

Nature & Progrès est une association de consommateurs et de producteurs dont l’énergie est l’une des principales thématiques. En 2021, nous nous donnons pour objectif de changer les comportements et pousser les citoyens à l’action. Cela dans le but de contribuer à atteindre les objectifs européens de réduction de CO2.

 

Mobilisons-nous pour des comportements responsables… et moins de CO2

L’enjeu climatique et l’enjeu énergétique sont essentiels pour notre futur. C’est pourquoi nous envisageons de mener ce projet de sensibilisation auprès de nos membres sur des thèmes tels que le climat et l’énergie. L’originalité de notre démarche est qu’elle s’appuiera sur nos membres au départ des changements observés lors de la crise de la Covid-19 et des confinements successifs. En effet, nombreux articles de presse et reportages en tous genres ont montré un changement de comportement lors des confinements : augmentation des achats en circuit-court, réalisation de travaux d’isolation dans la maison, diminution des déplacements en voiture, etc. Le succès des magasins de vélos durant l’année 2020 est aussi un bel indicateur de la modification des comportements. Les citoyens ont montré leur envie de découvrir une autre mobilité et la capacité d’allouer leur épargne à d’autres moyens de déplacements.

Ces changements de comportements vont-ils se perpétuer ? Nous l’espérons mais… les données en notre possession à l’heure actuelle semblent montrer que non ! De fait, une part importante de la population est retournée à ses anciennes habitudes – en grande partie -, dès la fin du premier confinement. Dès lors, comment faire pour ancrer ces comportements respectueux de l’environnement et de notre planète dans la durée ? Par l’information, la conscientisation, la connaissance et l’émulation que donne un groupe qui travaille sur ces questions.

 

Un projet avec l’aide de nos groupes locaux

Nature & Progrès possède une grande expérience sur la dynamique de ses groupes locaux, au travers de ses dix-huit locales ! Nous comptons dès lors sur nos bénévoles actifs pour qu’ils sensibilisent leur entourage à des comportements de consommation et de vie plus attentifs aux enjeux climatiques et énergétiques.

Notre intention est de mener un projet de conscientisation vers les membres de notre association et leurs proches, sur les enjeux climatiques et énergétiques à travers des activités locales. L’idée étant de leur donner les clefs pour réduire leur empreinte carbone, au départ des mesures de réduction identifiées comme fédératrices, mobilisatrices et efficientes par Nature & Progrès. Nous voulons le changement des habitudes de vie pour un monde plus durable et respectueux de l’environnement.

 

Réduisons le CO2 : calendrier d’action

Nous prévoyons des animations en quatre phases. Tout d’abord, nous allons organiser des rencontres et animations de groupe sur ces thématiques. Tous ces groupes seront interconnectés – et par conséquent leur impact dupliqué -, grâce aux plateformes sociales.
Ensuite, nous désirons mettre en place une dynamique de changement des comportements des citoyens à petite échelle, en vous donnant les clefs pour agir au niveau local. Ainsi, vous deviendrez de véritables acteurs et ambassadeurs du projet.

Enfin, l’ensemble des conclusions des phases 1 et 2 seront présentées et débattues dans le cadre d’une activité qui rassemblera les acteurs des deux premières phases et un public plus large. Cet évènement sera une véritable caisse de résonnance pour les ambassadeurs du projet. En effet, l’idée est que des citoyens parlent à d’autres citoyens et les impliquent dans le projet. Cet événement sera organisé en septembre 2021. Sa forme sera définie en fonction de l’évolution de la crise sanitaire de la Covid-19.

N’hésitez pas à rejoindre notre groupe Facebook privé. Il a pour but de rassembler les ambassadeurs du projet et d’inciter à l’échange et la rencontre.

Dérogations belges pour usage de néonicotinoïdes sur betteraves portées devant la Cour de Justice de l’UE

Champ de betteraves sucrières

Le Conseil d’Etat vient d’envoyer cinq questions préjudicielles à la Cour de Justice de l’Union européenne. Cela fait suite à trois recours intentés par Nature & Progrès Belgique, le Pesticide Action Network (PAN) Europe et un apiculteur liégeois contre les dérogations fournies par l’Etat belge pour l’usage de néonicotinoïdes, entre autres sur betteraves, en Belgique en 2019, 2020 et 2021.

Lorsqu’en 2018, 76% des Etats membres de l’Union européenne avaient voté en faveur de l’interdiction de l’usage des néonicotinoïdes en plein champ, Denis Ducarme, alors Ministre fédéral de l’agriculture, avait voté contre l’interdiction afin de favoriser le secteur de la betterave sucrière. Pour les saisons 2019, 2020 et 2021, Denis Ducarme et son successeur, David Clarinval ont fourni aux agriculteurs des dérogations pour l’usage de ces substances en culture de betteraves sucrières. A chaque fois, un recours a été déposé au Conseil d’Etat, questionnant la légalité de ces dérogations.

Le Conseil d’Etat a accepté, à la demande des plaignants, d’envoyer 5 questions préjudicielles à la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) afin de clarifier les contours de l’article du règlement pesticide donnant la possibilité de fournir des dérogations. La CJUE devra se pencher, entre autres, sur la légalité de ces dérogations alors que des alternatives existent, ainsi que sur le fait qu’elles soient fournies anticipativement (en hiver) et de manière systématique, en l’absence de preuve d’une réelle nécessité (attaque importante de pucerons). En effet, le système est prévu pour des situations d’urgences avérées pour lesquelles il n’y a pas d’alternatives. Le fait que la Belgique fournisse des dérogations pour des produits expressément interdits à cause de leur toxicité excessive sur les abeilles devra également être examiné par la Cour.

Un risque pour nos pollinisateurs

Martin Dermine, expert chez PAN Europe explique “L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments avait clairement indiqué que ces produits pouvaient présenter un risque pour nos pollinisateurs en culture de betteraves. De nombreuses études démontrent que ces substances intoxiquent les fleurs des cultures suivantes et migrent en-dehors des parcelles traitées pour se retrouver dans le nectar ou le pollen des fleurs sauvages des bords des champs. Il est clair que ces décisions amènent à une intoxication de nos abeilles et bourdons.” Marc Fichers, secrétaire général de Nature & progrès, d’ajouter : “Se passer des néonicotinoïdes est possible : des alternatives existent. Des betteraves bio sont même cultivées en France, en Allemagne et en Autriche. Continuer à déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes, c’est laisser croire au secteur de la betterave que l’avenir est dans une culture à base de ces poisons. Alors que les consommateurs cherchent de plus en plus à s’en éloigner…

« La Belgique est un mauvais élève en matière de dérogations »

Le délai de réponse de la CJUE est d’environ 15 mois et sa réponse aux questions préjudicielles aura un impact sur toutes les dérogations fournies au sein de l’UE, ce qui permettra de clarifier les circonstances permettant à un Etat de déroger aux règles européennes en matière de pesticides.

Marc Fichers : “La Belgique est un mauvais élève en matière de dérogations : notre pays a fourni, ces dernières années, de nombreuses dérogations pour des produits interdits dans l’UE, afin de favoriser une agriculture intensive et destructrice de la santé et de l’environnement. En parallèle, on observe un développement important du bio en Wallonie : 1 ferme sur 7 est en bio (selon les chiffres de BioWallonie) avec près de 20.000 ha de grandes cultures. La population est contre ces produits chimiques mais nos politiques acceptent que des produits supposés interdits soient déversés dans notre environnement.

Martin Dermine d’ajouter : “L’envoi de ces questions préjudicielles à la CJUE est une forme de reconnaissance par le Conseil d’Etat qu’au minimum la conformité des pratiques de la Belgique au règlement européen ne s’impose pas de façon indiscutable. Le règlement pesticide permet aux Etats membres de fournir des dérogations pour accélérer la disponibilité de nouveaux pesticides, notamment les pesticides moins toxiques. Il n’y est pas indiqué que des substances interdites parce qu’elles ne respectent pas les conditions de sécurité peuvent être ré-autorisées sous forme de dérogation. A quoi cela servirait-il de les interdire alors ?

Nouveaux OGM : les citoyens ont le droit de choisir

Image nouveaux OGM

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La problématique des nouveaux OGM et de leur déréglementation voulue par le lobby des biotechnologies est un sujet de plus en plus débattu. Nature & Progrès Belgique milite pour un contrôle de ces nouvelles techniques de biotechnologie, sans quoi elles pourraient s’avérer très dangereuses pour l’environnement. Le sujet étant très technique, l’association vient de publier un document d’information vulgarisé : « La problématique des nouveaux OGM » !

Un Arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne du 25 juillet 2018 déclare que les organismes issus de ces nouvelles technologies sont des OGM à part entière. Ils doivent donc être traçables, étiquetés et faire l’objet d’une analyse de risques pour la santé et l’environnement. Ce qui est bien mais… cela ne plait pas aux multinationales des semences et pesticides qui intensifient leur lobbying. Depuis quelques années, elles s’orientent, avec de nouvelles techniques, vers la création de nouveaux OGM et œuvrent déjà à les déréglementer.

Nouveaux OGM : pas de retour en arrière possible…

Les risques liés à ces nouveaux OGM aux techniques pas encore totalement maîtrisées sont réels. Ces nouveaux OGM sont sujets, tout comme les anciens OGM, à des effets non-intentionnels au niveau de leurs gènes. Ces erreurs génétiques peuvent occasionner des effets sanitaires et environnementaux délétères inattendus et non perceptibles immédiatement. Ils risquent également de participer de façon non négligeable à la destruction des écosystèmes en partie responsable de l’émergence de zoonoses pandémiques telles celles que nous vivons actuellement.

Faire ses choix en toute connaissance de cause

Les citoyens européens se sont méfiés dès le départ des OGM et ont choisi de ne pas en consommer directement. Ils ne sont presque pas non plus cultivés en Europe, bien que des OGM soient importés afin de nourrir nos animaux d’élevage. Si la déréglementation des nouveaux OGM l’emporte, ces derniers deviendront des «OGM cachés » pour le sélectionneur, l’agriculteur et pour le citoyen/consommateur. Ils contamineront jusqu’à la filière bio.

« Si les nouveaux OGM devaient rester « cachés », le droit et la liberté des citoyens de savoir et de choisir serait supprimé, ce qui est inacceptable. » – Marc Fichers, secrétaire général

Si les industries technologiques, les acteurs de la recherche et les représentants politiques sont au courant de cette problématique, il est, selon Nature & Progrès, essentiel que les consommateurs le soient aussi ! Ce sont eux qui en définitive mangeront, ou non, des aliments issus de ces nouveaux OGM.

L’association estime qu’il est important de baser le positionnement du consommateur sur la connaissance. Pour ce faire, elle vient de publier un document d’information sur le sujet, à lire et télécharger ici.

« Il est grand temps d’impliquer le grand public dans le débat relatif aux nouveaux OGM et de recourir à cet effet à une vulgarisation de qualité expliquant clairement les risques et les enjeux encourus. Le dossier est technique et difficilement accessible au citoyen non initié.» – Catherine Wattiez, chargée de mission

La vraie BIO selon Nature & Progrès, bien plus qu’un label

La vraie BIO selon Nature & Progrès, bien plus qu’un Label

Photo producteur bio

© Ferme bio des Crutins

Le BIO ? La BIO ? Du producteur local ? Ou du supermarché ? Chacun se fait sa propre définition de l’agriculture biologique. Pourtant, elle répond à un cadre légal bien défini. Pour Nature & Progrès, la BIO est un choix agricole et alimentaire permettant à la société d’évoluer vers plus de respect de l’Environnement et de l’Homme.

Depuis près de 60 ans, Nature & Progrès se fait le garante de l’agriculture biologique. Même après la reconnaissance officielle du BIO en 1991, nous avons décidé de continuer à promouvoir un label qui va plus loin qu’un cahier des charges technique. Chaque jour, nous mettons en avant un label privé, géré tant par les producteurs que les consommateurs. Le Label Nature & Progrès compte près de 70 producteurs et transformateurs. Ils sont heureux de partager leur goût du bon et du sain à travers leur métier. Ils privilégient la rencontre avec le consommateur… de quoi lui permettre de mettre un visage sur son alimentation !

Un Label complet

Bien entendu, nos producteurs travaillent dans le respect de la règlementation bio, mais pas seulement… En choisissant d’appartenir au Label Nature & Progrès contrôlé par la certification participative, ils s’engagent à respecter des normes sociales et environnementales strictes. La réglementation, quant à elle, leur garantit le non-recours aux pesticides et aux engrais chimiques de synthèse ainsi que le bien-être animal. Les animaux sont élevés au plus proche de leurs conditions naturelles.

« Chez Nature & Progrès, l’aliment fait le lien entre le producteur et le consommateur…
Pour notre Santé et celle de Terre.
 »
– Marc Fichers, secrétaire général

La BIO au sens large

Non, le bio ce n’est pas que du « sans pesticide » ! C’est un mouvement social où producteurs et consommateurs font évoluer ensemble notre agriculture et notre alimentation. D’ailleurs, chez Nature & Progrès, vous n’entendrez jamais parler de produits BIO ou de parts de marché. Nous préférons mettre en valeur des fromagers, des agriculteurs, des boulangers, des brasseurs, etc. et des consommateurs qui leur font confiance.

Oui, le BIO est un mode de production qualitatif et positif qu’il faut mettre en avant ! Chacun d’entre nous peut, à son échelle, influencer positivement la société de demain en soutenant le BIO de nos producteurs locaux.

Les producteurs de l’association témoignent

Les producteurs bio de Nature & Progrès appartiennent à une communauté aux valeurs fortes. Des valeurs que nous nous efforçons de défendre au quotidien dans notre travail. Mais qui de mieux placé pour vous en parler que les membres de cette communauté ? En 2020, nous leur avons laissé la parole à travers une série de capsules vidéo. (Re)découvrez-les ici. A partager sans modération !

La Belgique réautorise un dangereux néonicotinoïde malgré l’interdiction européenne

La Belgique réautorise un dangereux néonicotinoïde malgré l’interdiction européenne 

Abeilles mortes

La Belgique vient de réautoriser l’Imidaclopride, un dangereux néonicotinoïde, pour une période d’un an. Le secteur betteravier avait introduit cette demande de dérogation afin de lutter contre les pucerons qui transmettent la maladie de la jaunisse de la betterave, prétextant que cette dernière était responsable de la perte de rendement en sucre de la saison 2020. Une décision honteuse car rien ne prouve que c’est l’unique cause.

La Belgique est un mauvais élève pour l’Europe

Pour la troisième année consécutive, la Belgique accède à la demande du secteur betteravier sans évaluation agronomique de la réelle nécessité de cette dernière. Le pays fait figure de mauvais élève européen en la matière car, depuis l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes de 2018 pour protéger les abeilles, elle a systématiquement fourni des dérogations pour les betteraves. A cause d’une augmentation de ce type de dérogation, la Commission européenne a décidé dernièrement d’initier une enquête pour usage abusif de ce type de dérogation en Belgique et dans plusieurs autres Etats européens. Cette dernière pourrait mener à une procédure en infraction contre notre pays.

Nature & Progrès Belgique et le Pesticide Action Network (PAN) Europe, pour la troisième fois consécutive, introduiront un recours devant le Conseil d’Etat[1].

La Belgique est historiquement très complaisante à l’égard des demandes de dérogations pour des pesticides interdits. Notre pays est un des plus grands consommateurs de produits phytos en Europe, ce qui représente une des causes majeures de l’appauvrissement de la biodiversité. Cette prise de décision, malgré notre courrier au Ministre fédéral de l’Agriculture indiquant que des alternatives existent, et que 80% des betteraviers belges les utilisent déjà, est inacceptable. Avec cette nouvelle dérogation, les champs de betterave, de même que les champs voisins traités[2], seront pollués pour de nombreuses années.

 

Interdiction par l’Europe

C’est suite à l’impact sur l’environnement que l’Europe a choisi, en 2018, d’interdire trois néonicotinoïdes en culture de plein champ. Malgré cette décision, la Belgique a dérogé à cette interdiction en 2019, 2020 et désormais pour 2021 pour lutter contre les pucerons qui transmettent la jaunisse de la betterave. Les deux premières années, cela a permis au secteur betteravier d’utiliser des néonicotinoïdes assortissant ces dérogations de conditions. Malheureusement, ces dernières n’ont pas été respectées et contrôlées. Les conditions de dérogation précisent que les semences doivent être plantées plus profondément. Quelle autorité est en mesure de vérifier la mise en œuvre de pareilles conditions de dérogation ?

 

« Pour ceux qui ne mangent pas encore de sucre BIO, je leur conseille de le manger lentement car le sucre coûtera bientôt très cher… Non pas à cause du prix payé aux agriculteurs – qui est d’ailleurs trop faible – mais à cause du prix à payer pour l’environnement. » ajoute Marc Fichers.

 

Les causes de la perte de rendement sont multifactorielles

Le secteur betteravier pointe la jaunisse de la betterave comme responsable d’une possible faiblesse de rendement. Or, aucune évaluation n’a été faite. Les causes sont multifactorielles, à savoir :

  • Un printemps sec : levée imparfaite des semis et affaiblissement des plantules ;
  • La sécheresse de l’été ;
  • De fortes attaques de maladies foliaires (notamment d’oïdium et de cercosporiose) ;
  • Un hiver doux : pas de destruction de pucerons, peu de prédateurs comme les coccinelles ;
  • La technique de désherbage chimique n’a pas fonctionné correctement[3]

L‘utilisation des néonicotinoïdes ne garantira en rien le rendement du sucre à l’hectare des cultures de betterave sucrière. Un récent article[4] indique d’ailleurs les conclusions d’un essai : il n’y a eu que 7 % de perte de rendement suite à la jaunisse de la betterave.

 

Les études prouvant la toxicité des néonicotinoïdes sont nombreuses

Des centaines d’études prouvent depuis plus de 20 ans la toxicité de ce produit. Les dernières parutions sont particulièrement inquiétantes : l’une d’elle[5] met en avant l’effet potentiel de l’imidaclopride comme promoteur dans le développement du cancer du sein. Une seconde indique que le produit à faible dose peut provoquer un stress oxydatif et des dommages sur l’ADN.

 

Les alternatives existent

Les centres de recherche et d’encadrement en Belgique n’ont rien fait au niveau du développement et de la dissémination des alternatives. Au contraire, ils font croire à nos agriculteurs qu’il y a encore un avenir dans la chimie de synthèse, ce qui est faux. C’est l’agriculture sans pesticides, et au mieux biologique, qui représente le futur. Des champs de betteraves bio existent notamment dans le Nord de la France et en Autriche. Nos voisins français, anglais, néerlandais et allemands cultivent leurs betteraves et carottes sans néonicotinoïdes depuis 2018. Pourquoi seule la Belgique ne respecterait-elle pas l’interdiction européenne ? Bien entendu, les alternatives demandent un suivi plus précis des cultures. D’ailleurs, de nombreux agriculteurs ont déjà conduit leur culture de betterave dans ce sens.

Nature & Progrès Belgique mène depuis 2 ans une campagne pour une Wallonie sans pesticides. Et depuis 2019, plus de 100 ONGs européennes ont lancé l’initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » pour une interdiction progressive des pesticides de synthèse en 2035 et un soutien des agriculteurs dans la transition écologique.

Nous demandons à l’ensemble des Ministres de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé de se ressaisir et d’annuler cette dérogation qui, si elle est maintenue, provoquera encore la pollution de notre environnement et la destruction des insectes, dont les abeilles.

 

Soutenez nos actions en réalisant un don

Nos actions contre les néonicotinoïdes ont un coût. Votre soutien nous est précieux. Un grand merci d’avance !

[1] Les deux premiers recours n’ayant pas encore fait l’objet d’un arrêt du Conseil d’Etat.
[2] https://www.sillonbelge.be/art/d-20200929-GJ4WGG?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Dlastyear%26sort%3Ddate%2520desc%26word%3DUCLouvain
[3] De nombreuses adventices ont poussé dans les cultures de betteraves fleurissant et diffusant les néonicotinoïdes qu’elles prélevaient dans le sol.
[4] L’Avenir, par Alain Wolwertz
[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6071809

Néonicotinoïdes : lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture

Néonicotinoïdes : lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture

Abeilles

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Les néonicotinoïdes sont de puissants insecticides utilisés de façon préventive par enrobage de semence. Quelques dizaines de grammes à l’hectare suffisent à empoisonner toutes les plantes, provoquant la destruction des insectes qui consomment ces dernières. Leur effet sur les abeilles est également catastrophique. C’est suite à l’impact sur l’environnement que l’Europe a choisi, en 2018, d’interdire trois néonicotinoïdes en culture de plein champ. Malgré cette décision, la Belgique a dérogé à cette interdiction en 2019 et 2020 pour lutter contre les pucerons qui transmettent la jaunisse de la betterave. Et le secteur betteravier réclame à nouveau une dérogation pour les néonicotinoïdes.

Ce jeudi 29 octobre 2020, nous avons donc envoyé, en collaboration avec PAN Europe, une lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture. Nous lui demandons de ne fournir une dérogation à aucun des trois néonicotinoïdes suivants : l’imidaclopride, la clothianidine et le thiamethoxam en betteraves.

Pour en savoir plus : Lettre ouverte au Ministre fédéral de l’Agriculture

Hôtels à insectes : accueillir les insectes dans son jardin

Hôtels à insectes : accueillir les insectes dans son jardin

Image hôtel à insectes Plan Bee de Ciney

© Plan Bee, Ciney

Nous connaissons tous les abeilles mellifères qui vivent dans des ruches. Mais il existe également les abeilles solitaires, ces pollinisateurs indispensables. En Belgique, elles sont au nombre de 400 espèces mais leur habitat se raréfie. Il est donc essentiel de multiplier les zones d’accueil dans nos jardins, où elles pourront se reproduire et passer l’hiver. Comment ? Par la création d’hôtels à insectes.

 

Le choix de matériaux naturels

Beaucoup de matériaux déjà présents au jardin peuvent convenir à la création d’un hôtel à insectes. La seule condition est qu’il doit s’agir de matériaux 100% naturels. Il est, par exemple, important de sélectionner un bois non traité.

La botte de bambou, simple et efficace

Une technique facile consiste à réaliser une botte de bambou. Veillez à prendre des bambous de différents diamètres et avec un nœud. Chaque insecte va choisir la largeur qui lui convient, y pondre un œuf et y amener du pollen et du nectar. Et ainsi de suite … Cette technique convient déjà à de nombreuses abeilles butineuses.

Il vous suffit de le suspendre dans un endroit calme de votre jardin, à l’abris du vent et de la pluie. Deux petits fils de fer suffisent pour le fixer.

La construction d’un hôtel à insectes

Pour les plus motivé(e)s, il est également facile de réaliser un hôtel à insectes avec différents compartiments. Récupérez un vieux cageot ou construisez-le vous-même avec de vieilles planches non traitées.

Placez-y différents matériaux pour attirer de nombreux insectes :

  • Rondins de buches : forez des trous de diamètres différents de 3 à 10 mm (sans jamais les transpercer entièrement) et empilez-les
  • Brique creuse avec mélange d’argile et de sable : certaines abeilles préfèrent creuser des terriers et y déposer un œuf, du pollen et du nectar
  • Caisson avec une cavité : pour attirer les bourdons, il est important de placer un caisson dans lequel ils vont construire un nid
  • Branches broyées : ce sont des éléments nécessaires aux coccinelles qui vont hiverner. Veillez à mettre un grillage pour empêcher les oiseaux de passer
  • Paille : nécessaire pour les chrysopes, ces petits papillons aux ailes transparentes

L’apport de nourriture

Si on désire attirer les insectes dans son jardin, il est essentiel de leur fournir de quoi se nourrir. N’hésitez donc pas à semer des fleurs mellifères.

Le projet Plan Bee de Nature & Progrès a pour but d’étudier la faisabilité apicole, agricole et économique de semer des fleurs pour produire du sucre d’abeille. Sur le site, vous découvrirez une série d’astuces sur les semis.

Découvrez le livre « Des auxiliaires dans mon jardin »

Pour en savoir plus, commandez le livre « Des auxiliaires dans mon jardin ! » aux Editions Terre Vivante. Il aborde la thématique des abris à insectes mais aussi la manière d’accueillir tous types d’animaux dans son jardin.

L’ouvrage est en vente au prix de 14€00 à la librairie de Nature & Progrès (Rue de Dave, 520 – Jambes) ou sur la boutique en ligne.

 

Pour en savoir plus : tutoriel

Nouveaux OGM : demande à la Commission du respect intégral de la législation sur les OGM

Visuel article nouveaux OGM

Le 17 septembre 2020, une lettre commune co-signée par Greenpeace EU, les Amis de la Terre Europe (FoEE), la fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM), la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), Slowfood et de nombreuses associations nationales dont en Belgique Nature & Progrès, VELT, CNCD-11.11.11, MAP, IEW, UNAB, Bioforum Vlaanderen, FIAN Belgique, Rencontre des Continents, Terre en Vue, FUGEA, Quinoa, Libère Terre, Boerenforum, Vitale Rassen, Collective Garden, Wervel et Natagora a été envoyée à la Commissaire à la Santé Stella Kyriakides. Il lui est demandé de ne pas affaiblir la législation européenne relative aux OGM pour les nouveaux OGM produits par les nouvelles techniques de génie génétique.

Lors d’une conférence de presse de présentation de la Stratégie de la Commission « De la ferme à la Table » en mai dernier, la Commissaire à la Santé Stella Kyriakides a déclaré que la Commission réalisait une étude à la demande du Conseil qui examine « le potentiel des nouvelles techniques génomiques afin d’améliorer la durabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire ». Elle a ajouté qu’il « pourrait y avoir une modification de la législation existante relative aux OGM à l’issue de cette étude ». Toutefois le Conseil n’a pas mandaté la Commission sur ce point. Il a plutôt soulevé les questions pratiques liées à l’application des règles communautaires sur les OGM telles qu’interprétées par l’Arrêt de la Cour de Justice Européenne de juillet 2018 qui dit que les nouveaux OGM sont des OGM à part entière et doivent dès lors relever de la réglementation OGM existante. Cet arrêt va à l’encontre de la volonté du lobby des biotechnologies pour qui les nouveaux OGM ne seraient pas des OGM.

Dans notre lettre, nous exprimons à la Commissaire notre inquiétude qu’elle puisse envisager un régime de réglementation distinct et léger pour ces nouvelles techniques de production d’organismes génétiquement modifiés. A l’inverse, nous lui demandons de favoriser le respect intégral de l’Arrêt de la Cour de Justice Européenne mais aussi  de renforcer la législation relative aux OGM notamment  en matière de traçabilité et d’étiquetage. Ceci  pour assurer le droit des  consommateurs de choisir des denrées alimentaires végétales « sans OGM » ou  « issues d’animaux nourris sans OGM ». La demande des co-signataires porte également sur le respect des règles démocratiques lors de décisions relatives aux autorisations communautaires des OGM.

Voici les éléments-clés repris dans la lettre :

Risques environnementaux et sanitaires des nouveaux OGM

Il est fort peu probable que les nouvelles techniques de génie génétique contribuent à réduire les impacts négatifs de l’agriculture sur l’environnement et les effets délétères des changements climatiques sur l’agriculture. Les promesses de réduction de  l’utilisation des pesticides et de production de cultures résistantes à la sécheresse sont faites par l’industrie depuis l’avènement des premiers OGM. Elles n’ont pu être tenues en grande partie parce que des rendements stables dans un climat instable dépendent de pratiques culturales saines avec des semences localement adaptées. Ces pratiques peuvent difficilement être réalisées par des multinationales dans un modèle d’agriculture industrialisé et très exigeant en intrants. De plus, il existe de nombreuses preuves scientifiques d’erreurs génétiques liées à l’application de ces nouvelles technologies en agriculture. Les erreurs génétiques peuvent se retrouver à l’endroit choisi du chromosome pour y introduire la modification voulue mais également en divers autres endroits des chromosomes. Ces erreurs peuvent notamment occasionner la production de nouvelles toxines et de substances allergisantes, des altérations de la valeur nutritionnelle, la perturbation du fonctionnement des écosystèmes, … La Commission devrait être plus attentive aux impacts sur la santé et l’environnement de ces nouveaux OGM.

Pour une limitation du monopole des multinationales de pesticides, OGM et semences

A l’instar des anciens OGM, les droits de propriété intellectuelle sur les nouvelles technologies OGM sont aux mains d’un nombre très limité de compagnies multinationales. Ceci augmente les coûts de production des cultures, les concentrations des semenciers et bloque le développement souhaité des variétés adaptées localement par les agriculteurs et petits semenciers. La Commission devrait être attentive aux conséquences de la concentration des semenciers, aux droits des agriculteurs et évaluer de façon critique les bénéfices sociétaux de ces nouveaux OGM.

Pour un renforcement du droit de savoir et de choisir  des consommateurs

Dans la Stratégie « De la ferme à la table », la Commission promet aux consommateurs de pouvoir « faire des choix informés quant à la qualité et à la durabilité de son alimentation ». Un nouveau cadre d’étiquetage couvrira « les aspects nutritionnels, climatiques, environnementaux et sociaux des produits alimentaires ». Nous nous réjouissons de ces intentions. Toutefois, nous suggérons à la Commission de combler une lacune relative aux règles d’étiquetage pour les OGM en vertu de laquelle le lait, les œufs, le beurre, le fromage et la viande des animaux nourris aux OGM ne sont pas étiquetés. La plupart des consommateurs ignore cette importante contribution des OGM dans le cadre de l’alimentation des animaux en Europe. Ils choisiraient certainement d’éviter ce genre de nourriture s’ils étaient tenus informés. La Commission devrait donc renforcer la règlementation européenne d’étiquetage pour les produits alimentaires issus d’animaux nourris sans OGM.

Pour une application intégrale aux nouveaux OGM de la législation européenne relative aux OGM

La Cour de Justice Européenne a déclaré qu’une exclusion de l’actuelle législation sur les OGM de ces nouvelles techniques OGM « compromettrait l’objectif de protection voulu par la Directive et irait à l’encontre du Principe de Précaution qu’elle a pour objet d’appliquer ». A la lumière de cet arrêt, toute proposition que la Commission ferait pour alléger la réglementation pour les nouveaux OGM remettrait en question le principe selon lequel l’Union Européenne possède des normes de sécurité alimentaire de haut niveau. Nous demandons donc  à la Commission de mettre entièrement en application l’arrêt de la Cour de Justice Européenne, plutôt que de proposer d’amender la Directive européenne sur les OGM.

Néonicotinoïdes : non à une nouvelle dérogation pour le secteur betteravier

Néonicotinoïdes : non à une nouvelle dérogation pour le secteur betteravier

Champ betterave adventicesces1

© Nature & Progrès, champ de betteraves avec adventices

En Belgique, les zones agricoles sont les milieux qui génèrent le plus gros déclin de la biodiversité. Les populations d’oiseaux ont baissé en moyenne de 60,9 % entre 1990 et 2018. En Wallonie, en 28 ans, les populations d’oiseaux ont baissé de 57,4 %, selon le Rapport Planète Vivante[1]. En Allemagne, au cours de ces 27 dernières années, la biomasse d’insectes volants a chuté de 76%[2]. Une récente étude vient également de mettre en avant que plus de la moitié des espèces d’abeilles de notre territoire est menacée d’extinction (33%), a disparu de notre pays (12%) ou est en passe d’être menacée (7%)[3].

Devant les risques et la gravité de l’utilisation des néonicotinoïdes, Natagora, Nature & Progrès Belgique, PAN Europe, WWF, IEW et Greenpeace ont interpellé les Ministres compétents. Il est important que ces derniers mettent tout en œuvre pour empêcher toute nouvelle dérogation à l‘interdiction européenne des néonicotinoïdes.

Face aux risques pour l’environnement, l’impossibilité de respecter les conditions de dérogation et le caractère ultra préventif des néonicotinoïdes, nous devons agir ! Le 22 septembre 2020 (voir ci-joint),  nous demandons au Ministre fédéral de l’Agriculture de ne pas répondre favorablement à la demande de dérogation. En ce sens, il avait d’ailleurs déjà prévenu le secteur betteravier l’an passé qu’il n’y aurait pas de troisième dérogation. Nous demandons au Ministre wallon de l’Agriculture de miser sur une agriculture respectueuse de l’environnement afin de garantir une production de betteraves locales et pérennes. Nous demandons, enfin, à la Ministre de l’Environnement d’empêcher toute dérogation et de nous informer si des mesures ont été prises pour le non-respect des conditions de dérogation des néonicotinoïdes.

Découvrez le contenu de ces courriers :

Courrier au Ministre fédéral de l’Agriculture
Courrier au Ministre wallon de l’Agriculture
Courrier à la Ministre wallonne de l’Environnement

Pour en savoir plus, découvrez notre dossier

[1] Rapport Planète Vivante de WWF, Natagora, Natuurpunt, la Plateforme belge pour la biodiversité et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique
[2] Hallmann et al. (2017), doi
[3] Interreg

Statégie Farm to Fork et biodiversité : courrier adressé aux Ministres wallons

Stratégie Farm to Fork et biodiversité :

Courrier adressé aux Ministres wallons

 

Ce lundi 08 juin 2020 a lieu le Conseil européen ‘Agripeche’ des ministres de l’agriculture. Cinq associations environnementales (WWF, Natagora, Greenpeace, Inter Environnement Wallonie et Nature & Progrès) appellent le gouvernement wallon à soutenir la transition prévue dans les deux stratégies européennes pour la biodiversité et en matière d’alimentation et d’agriculture (Stratégie « De la ferme à la table »).

 

Ces dernières sont plus que jamais nécessaires à l’heure où nous sortons de la crise sanitaire et où la demande citoyenne d’une transition est grandissante. Découvrez ci-dessous le courrier que nous avons adressé au Ministre Président de la Wallonie Elio di Rupo ainsi qu’aux Ministres wallons Willy Borsus, Céline Tellier, Christie Morreale, Philippe Henry, Marie-Christine Marghem et Denis Ducarme. 

Les ONGs environnementales appellent la Belgique à adopter les stratégies de l’Europe sur la biodiversité, l’alimentation et l’agriculture

Les ONGs environnementales appellent la Belgique à adopter les stratégies de l’Europe sur la biodiversité, l’alimentation et l’agriculture

© Unsplash

 

Aujourd’hui, la Commission européenne a présenté sa feuille de route en matière de biodiversité et d’alimentation et d’agriculture (“de la Ferme à la Fourchette”) d’ici à 2030. Ces deux stratégies sont des éléments clés du « Green Deal » européen. Une coalition d’associations environnementales (Greenpeace, IEW, Natagora, Nature & Progrès, WWF) salue les mesures prises en faveur de politiques durables, alors que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les liens étroits entre les écosystèmes sains et la préservation de la santé humaine.

Ramener la nature dans nos vies

La Commission européenne montre qu’elle tire des enseignements de la crise sanitaire, en proposant des mesures qui peuvent transformer notre relation déséquilibrée avec la nature en une relation saine. Selon la coalition des organisations environnementales belges, les deux stratégies sont susceptibles de transformer profondément les politiques communautaires en matière de nature, d’alimentation et d’agriculture, et d’inverser la tendance sur la crise de la biodiversité en cours. La coalition déplore néanmoins le manque d’ambition de la Commission européenne sur certains points, comme la nécessaire limitation du soutien à l’élevage industriel, les faibles mesures sur la pollution de l’air et de l’eau par les nutriments ou la limitation insuffisante de l’usage des antibiotiques.

Dans le même temps, la coalition se félicite de la nouvelle vague d’objectifs nécessaires sur une multitude de sujets qui vont impacter positivement les politiques fédérales et régionales, tels que les zones protégées (au moins 30% de la terre et 30% de la mer de l’UE), l’agriculture biologique (au moins 25% des terres agricoles de l’UE), la réduction des pesticides chimiques (moins 50% en volume et en toxicité), la part de surface agricole dédiée à la diversité de la nature (minimum 10%), etc. La stratégie biodiversité prévoit aussi de présenter des objectifs contraignants de restauration de la nature en 2021. La restauration des écosystèmes naturels contribuera non seulement à résoudre la crise de la biodiversité – un million d’espèces sont menacées de disparition, mais aussi à atténuer le changement climatique et à s’y adapter.

Selon la coalition, les deux stratégies sont une base solide et ambitieuse pour migrer vers une société saine pour les humains et la nature. Elles pourraient accélérer la transition vers des systèmes alimentaires et agricoles durables et équitables au sein de l’Union Européenne. Et permettraient de restaurer l’équilibre entre la production alimentaire, les ressources naturelles disponibles tout en redonnant son rôle à la nature dans notre société. De cette façon, l’Europe espère répondre à la demande d’aliments sains, durables et abordables en tenant compte des intérêts des agriculteurs. Enfin, les deux stratégies devraient jouer un rôle important dans l’amélioration de la résilience économique et environnementale de l’Europe.

La coalition appelle la Belgique à soutenir les stratégies de l’Europe

Ces deux stratégies guideront les politiques nationales et régionales des Etats Membres de l’Union Européenne, dont la Belgique. La coalition appelle les parlementaires et les ministres belges à soutenir activement ces stratégies, aux niveaux fédéral et régional. Nous appelons nos gouvernements à adopter ces nouveaux objectifs européens de façon transversale, dans le cadre des politiques agricoles, commerciales, économiques et environnementales. Et nous demandons d’adapter les politiques au regard des ambitions de transition écologique, de protection de la biodiversité et de résilience de nos systèmes alimentaires qui ressortent clairement des deux stratégies européennes. Concrètement, au niveau des régions de la Belgique, la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) est et restera le jalon principal en 2020-2021 pour le secteur agricole. Sa réforme devra conduire à l’utilisation de pratiques durables afin de contribuer à la mise en œuvre des objectifs de deux stratégies européennes.

Citations des membres de la coalition

Alors que l’UE se tourne vers la relance post-crise Covid19, la stratégie européenne ‘De la ferme à la Fourchette’ est un outil essentiel pour construire un système alimentaire et agricole plus résilient, sain et durable pour l’homme et la nature». Monica Schuster, Chargée des politiques alimentation et agriculture, WWF-Belgique

Ces stratégies pourraient faire une réelle différence et changer la trajectoire actuelle des crises de la biodiversité et du climat. La commission européenne a présenté aujourd’hui ce qui devrait être la nouvelle norme pour la planète”. Emmanuelle Beguin, Responsable Politique Agricole, Natagora

Les crises actuelles doivent être une opportunité pour diminuer l’impact de notre alimentation sur le réchauffement global, tout en faisant face à ses conséquences, dont les agriculteurs sont les premières victimes. La Commission nous invite à considérer globalement le réchauffement global et la perte de biodiversité, l’alimentation et l’agriculture. Ensemble nous trouverons des solutions”. Sébastien Snoeck, Expert agriculture durable, Greenpeace Belgique

Pour que les discours ambitieux puissent se transformer dès maintenant en actes pour ceux qui nous nourrissent et celle qui nous abrite, notre planète”. Julie Van Damme, Chargée de mission Ruralité, Inter-Environnement Wallonie

« La stratégie “De la ferme à la Fourchette “ une chance à saisir pour un renouveau de notre agriculture, de notre alimentation. La fonction première de l’agriculture est de nourrir tout en respectant l’environnement c’est possible les agriculteurs bios le montrent chaque jour”. Marc Fichers, Secrétaire général, Nature & Progrès

La société civile européenne veut protéger la santé et l’environnement contre les pesticides

La société civile européenne veut protéger la santé publique et l’environnement contre les pesticides

Au milieu de la crise du Covid-19, la société civile européenne se lève pour protéger la santé publique et l’environnement contre les pesticides tout en rétablissant la biodiversité et en soutenant les petits agriculteurs.

Alors que les États membres de l’Union européenne sont aux prises avec la crise du Covid-19, l’agro-industrie tire profit de la situation en agissant pour adoucir considérablement le pacte vert pour l’Europe de la Présidente von der Leyen. La société civile européenne, réunie dans le cadre de l’Initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », demande à la Commission européenne de maintenir des objectifs ambitieux pour protéger la santé de la population, l’environnement et soutenir la transition de l’agriculture européenne vers l’agroécologie.

Le 29 avril 2020, la Commission européenne devait publier sa politique alimentaire de l’UE (De la ferme à la table) et sa politique environnementale (Biodiversité). Ces documents politiques devaient fixer, pour la première fois, des objectifs ambitieux et obligatoires dans l’UE dans les deux domaines politiques précités. Toutefois, ceux-ci ont été reportés pour la seconde fois avec la nouvelle date limite potentielle du 20 mai. Entre-temps, des documents divulgués ont montré que l’objectif ambitieux initial de rendre les réductions de l’utilisation des pesticides obligatoires dans les États membres s’est érodé au fil du temps. Aussi, le risque de se retrouver avec des documents politiques faibles est très important à tel point que cela pourrait sérieusement ternir les ambitions de rendre l’alimentation et l’agriculture de l’UE plus durables, ainsi que sur le point de « reprise verte » après le Covid-19.

L’élaboration des deux documents a été présentée dans le cadre de la publication du pacte vert pour l’Europe en décembre 2019 par la présidente nouvellement élue Ursula von der Leyen. Un plan aussi ambitieux pour protéger le climat, l’environnement et les générations futures est une initiative sans précédent de la part de la Commission européenne et cette dernière a largement été soutenue par les organisations de la société civile.

L’initiative a déclenché une importante réaction dans les coulisses de l’industrie agroalimentaire pour ternir les ambitions de l’exécutif européen. Le secteur agricole conventionnel et les entreprises agrochimiques ont été aidés à la fois par les partis conservateurs au Parlement européen et par les principaux fonctionnaires de la Commission européenne.

Aujourd’hui, les membres de l’Initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », dont Nature & Progrès Belgique fait partie, exigent que la Commission européenne s’en tienne à la publication de politiques fortes de « De la ferme à l’assiette » et « Biodiversité ». Nous avons recueilli plus de 300 000 signatures dans toute l’Union européenne et nous continuerons à recueillir le soutien des citoyens pour éliminer progressivement l’utilisation de pesticides synthétiques dans l’UE, restaurer la biodiversité dans les zones agricoles et utiliser les subventions de la politique agricole commune pour mettre l’agriculture de l’UE sur la voie de l’agroécologie. La crise du Covid-19 a montré, une fois de plus, la vulnérabilité de l’agriculture et des systèmes alimentaires mondialisés et l’agroécologie est le seul moyen de relocaliser nos productions tout en respectant la santé de la population et l’environnement.

Signez l’Initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs« 
Signez notre appel pour une Wallonie sans pesticides

Marc Fichers, Secrétaire général de Nature & Progrès
marc.fichers@natpro.be