Quel avenir pour la forêt wallonne ?

Alors qu’une vague sans précédent de scolytes ravage les plantations d’épicéas, rançon d’une gestion forestière risquée et réalisée en dépit du bon sens, des défenseurs de la forêt naturelle proposent de profiter de cette crise pour remodeler fondamentalement le paysage forestier…

Par Marc Fasol

Introduction

Quel spectacle affligeant ! Il n’aura échappé à personne, les épicéas de Moyenne-Belgique sont quasiment tous morts. Ailleurs le constat n’est guère plus rassurant : la forêt wallonne se porte mal, et même de plus en plus mal. En raison de la longueur du cycle forestier, l’impact des changements climatiques sur nos forêts ainsi que sur tous les secteurs d’activités qui en dépendent sera, dans un futur proche, considérable. Un impact d’autant plus difficile à gérer que l’évolution de ces changements, très difficilement prévisible, dépend aussi des nombreux scénarios socio-économiques possibles, préconisés ou non. Selon les différents modèles de projection relatifs aux émissions de gaz à effet de serre (GES), l’augmentation de température moyenne dans le monde devrait théoriquement osciller au cours de ce siècle entre 0,3° et 4,8°C par rapport à la période 1986-2005. Or sous nos latitudes, l’augmentation de température sera probablement bien plus élevée (1) encore. La fourchette des prévisions s’avère donc aussi énorme que déroutante.

"Effets papillon" imprévisibles

« A première vue, cette fameuse augmentation de +2°C, voire même de +5°C sans politique climatique mondiale à la hauteur des enjeux, n’apparaît pas vraiment comme une menace aux yeux du grand public, relève Jean-Marc Jancovici, ingénieur consultant en énergie & climat, lors d’une conférence à la Cité des Sciences à Paris, mais quand on compare le type de végétation qui recouvrait le dernier âge glaciaire, une période durant laquelle le niveau des océans était cent vingt mètres plus bas, et la végétation d’aujourd’hui, on prend soudain toute la mesure de ce que pourrait signifier pour l’ensemble des écosystèmes cette hausse subite de température. Avec seulement 5°C d’écart sur cinq mille ans, la végétation est passée d’un stade semblable à celui du nord de la Sibérie actuelle à celui de nos forêts tempérées ». A l’échelle du paysage, on sait que le climat structure les types de forêts, mais quel sera l’instabilité de ces mêmes écosystèmes soumis au même écart de température… sur moins d’un siècle ? Comment anticiper tous les bouleversements possibles, « effets papillon » compris, puisque cette expérience est totalement inédite ?

Des étés plus chauds et plus secs avec des périodes de canicule plus fréquentes, des hivers moins froids et plus pluvieux… Comment vont réagir les essences forestières à un engorgement excessif en hiver suivi d’une dessiccation drastique, et donc à un stress hydrique d’envergure ? Les insectes xylophages, comme Yps typographus – voir Valériane n°135 de janvier – février 2019 – toujours en embuscade et dont le nombre de cycles de reproduction augmente en fonction du réchauffement, peuvent occasionner de sérieux dommages. Par ailleurs, l’arrivée d’espèces adaptées à un climat plus chaud en concurrence avec les espèces locales peut être une autre source de préoccupations. Si certaines essences peuvent manifester une capacité d’adaptation aux nouvelles exigences du milieu, grâce notamment à la diversité génétique intraspécifique de chacune d’elles, on sait que cela prend pas mal de temps. Qui plus est pour les espèces d’arbres dont la période de régénération est particulièrement longue !

Onze espèces d’arbres représentent grosso modo la majorité des essences forestières exploitées en Wallonie. D’après une classification de vulnérabilité face aux changements climatiques, l’essence la plus fragile est, sans grande surprise, l’épicéa. Déjà très sensibles au vent en raison de leur enracinement horizontal, les épicéas – cent vingt-cinq mille hectares en Wallonie – culbutent comme des petits soldats lors de grandes tempêtes ; les chablis suite au passage de Lothar, en 1999, sont encore dans toutes nos mémoires. Ne supportant guère la canicule, ils deviennent de surcroît très vulnérables aux attaques des scolytes et meurent alors en masse.

Réapprendre à obéir à la Nature

« L’épicéa n’est considéré « en station » (2) qu’à partir de cinq cents mètres d’altitude, explique un forestier ardennais, les pieds dans l’eau et la tête dans le brouillard. Hélas, beaucoup de propriétaires ont pris des risques, parfois démesurés, et les ont plantés en dépit du bon sens pour des raisons de rentabilité. Un a priori de moins en moins vérifié car aujourd’hui, la plupart d’entre eux ont tout perdu… Une situation qui n’est hélas pas limitée à la forêt privée ! »

La seconde victime sur la liste est le hêtre. Ce dernier ne supporte ni la canicule, ni l’engorgement du sol. En effet, depuis un demi-siècle, les forestiers wallons constatent une diminution régulière des cernes de croissance, sous l’effet de conditions climatiques de plus en plus tendues. En revanche, parmi les espèces plus résistantes, on trouve des essences souvent délaissées comme le robinier faux acacia et le tilleul à petites feuilles qui mériteraient de revenir au-devant de la scène. Quant au chêne sessile et au charme, par exemple, ils restent pour l’instant assez indifférents à tous ces changements…

Pour s’adapter aux changements climatiques, il n’est pas seulement question de revoir le choix des essences mais aussi le choix des pratiques forestières. « Dans cent ans, nos forêts ne ressembleront plus du tout à ce qu’elles sont aujourd’hui, s’émeut Céline Tellier, la nouvelle ministre wallonne de l’Environnement, de la Nature et de la Forêt, or tout ne passe pas par une intervention dirigiste, la nature aussi peut proposer des solutions ».

C’est bien l’opinion à laquelle sont arrivés les fondateurs de Forêt & Naturalité, une association créée, en 2014, par Sébastien Lazaca-Rojas et Sébastien Carbonnelle. Tout deux sont diplômés en sylviculture. Leur association a pour objet premier de promouvoir le concept de « naturalité » (3) dans la gestion des forêts. Les changements climatiques qui frappent la forêt wallonne avec leur cortège d’incertitudes sont peut-être une opportunité à saisir pour réintroduire « plus de nature en forêt » !

Ces derniers temps, les recommandations faites aux gestionnaires forestiers vont bon train. Garants d’une meilleure adaptabilité des écosystèmes, les mots « biodiversité » et « résilience » y tiennent chaque jour une place plus conséquente. Plus un écosystème est riche en biodiversité, plus il est résilient, mieux il peut encaisser un traumatisme et plus vite il peut s’en remettre. On y arrive notamment en favorisant la régénération naturelle, les structures forestières complexes incluant les stades âgés et sénescents des arbres ainsi que la présence de bois mort au sol, composante fondamentale de l’écosystème forestier…

Rien faire, c’est la conserver !

Or, s’il est aussi beaucoup question aujourd’hui d’implanter en forêt des espèces indigènes dont les génotypes sont plus méridionaux, d’origines plus diversifiées, voire de nouvelles essences exotiques comme des cèdres ou des thuyas, Forêt & Naturalité avance une toute autre alternative sur la table : ne rien faire du tout ! Cela peut sembler saugrenu et va à l’encontre du discours dominant qui martèle depuis toujours que « si la forêt n’est pas gérée, elle ne se porte pas bien ». Mais « laisser faire la nature en forêt est parfois plus efficace et tellement moins coûteux que de tout vouloir contrôler ! », propose Sébastien Carbonnelle.

Il y a enfin une autre idée reçue : pour contrer l’augmentation des GES, on entend souvent qu’il faut replanter des arbres. « En réalité, cela part d’une bonne intention mais, dans bien des cas, il serait bien plus efficace de conserver les forêts naturelles existantes alors qu’elles sont massacrées aux quatre coins du globe. Pourquoi ? Tout simplement parce que le bois mort, le sol forestier et la biocénose qu’ils abritent, stockent énormément de dioxyde de carbone… »

Qu’est-ce qu’une forêt naturelle ?

Il n’existe pas, en langue française, d’appellation différenciée pour distinguer une forêt naturelle d’une simple plantation d’arbres. En Pologne, où se trouve le Bialowieza National Park, l’une des dernières forêts primaires d’Europe, on désigne la forêt sauvage par le mot puszcza et celle qui est gérée artificiellement par les’na. Mais au fait, qu’entend-t-on exactement par forêt naturelle ? Une forêt naturelle se régénère naturellement, ce qui n’est pas le cas d’une simple plantation d’arbres comme une monoculture d’épicéas ou de peupliers ! On y observe des processus et des dynamiques qui ne sont pas entravées ou orientées par l’homme. Les forêts les plus intéressantes sont aussi souvent les forêts anciennes. Pour les repérer chez nous, il faut se pencher sur les anciennes cartes de Ferraris (1775). Ont-elles disparu ? Ont-elles été transformées ? Sont-elles restées feuillues ? Leur dénominateur commun est leur sol. Il n’a jamais été cultivé, il est donc resté tel quel. Si une plantation artificielle est censée rapporter davantage et plus vite, elle est de nos jours de plus en plus risquée. Une forêt naturelle, en revanche, rend de nombreux services écosystémiques supplémentaires et plus efficacement, comme la régulation de l’eau et du climat, la conservation de la biodiversité, l’attrait touristique ou encore… le stockage du carbone !

Revenir en arrière, ou laisser faire la nature ?

Aux yeux de Nature & Progrès, l’idée de laisser agir la nature plaît beaucoup, alors que celle de revenir à une hypothétique pureté originelle suscite quelques inquiétudes, tant nous ne savons pas exactement ce que cela peut être. L’effet produit pourrait cependant bien être le même, dans un cas comme dans l’autre : le retour à une forêt naturelle pourvoyeuse de bienfaits innombrables.

Il faudrait pour cela interroger d’abord une des manies les plus constantes chez l’être humain contemporain : celle de vouloir absolument se mêler de tout ! Nous ne connaissons pas vraiment de théorie à ce sujet. Mais peut-être n’est-ce là qu’un simple aspect de nos rapports globaux avec la nature qui vont devoir évoluer, quant à eux, de toute urgence, à la suite du grand bouquet de crises auquel nous sommes confrontés : économique, sanitaire, écologique, climatique, etc. ?

Le réchauffement climatique a-t-il un effet sur les insectes ?

L’hiver qui s’installe n’est pas si inerte que cela pour les insectes…
Fini, bien sûr, le vol planant des jolis papillons et des abeilles bourdonnant dans les champs. Fini également le vrombissement des mouches et des moustiques qui nous vampirisent. Que cela nous attriste ou nous enchante, nous avons tous remarqué l’absence des insectes en cette rude saison d’hiver. Mais se sont-ils tous endormis ?

Par Morgane Peyrot

Introduction

L’hiver est arrivé, avec ses soirées brumeuses et ses petit matins gelés. Une sorte de calme plat a envahi les campagnes silencieuses et les forêts. On n’entend guère chanter ni les oiseaux ni les criquets, la faune environnante semble s’être volatilisée, et la vie se fait rare sous la grisaille qui nous atterre. Mais, dans ce paysage aux allures tranquilles, le petit peuple qui nous entoure n’a pas disparu pour autant, et si la plupart d’entre eux restent bien à l’abri dans leur cachette, certains s’aventurent malgré tout de temps à autre à glisser une aile ou une patte au-dehors. Vous avez certainement déjà deviné de qui je parle ? Nos charmants amis les insectes ne sont jamais très loin de nous, et tous ont développé des stratégies aussi efficaces que surprenantes pour résister à ces conditions drastiques. Voici révélés ci-après quelques-uns de leurs étonnants secrets…

Le phénomène de la diapause

Selon les cas, plusieurs options s’offrent aux insectes pour supporter le rafraichissement de l’air ambiant et les intempéries qui vont de pair. Rappelons que ces derniers sont des animaux à sang froid – ectothermes – dont la température interne dépend directement de celle de l’atmosphère. En deçà d’un certain seuil, ils ne peuvent maintenir leurs fonctions biologiques vitales. Il leur faut donc assurément se protéger pour éviter de finir congelés ! L’immense majorité d’entre eux se met alors au ralenti, dans une phase d’hibernation ou de léthargie que l’on nomme la « diapause ». Ce phénomène, consistant en une réduction de l’activité pour limiter les dépenses énergétiques, a lieu dès les débuts de l’hiver : grâce à leur horloge interne, les insectes sont capables de « mesurer » la quantité de froid accumulée, ce qui garantira leur réveil au retour des beaux jours, sans risque d’être surpris en pleine gelée. Cet état de torpeur peut durer allègrement plusieurs années, ce qui permet à certaines espèces d’échelonner l’émergence des individus et d’assurer leur survie en cas d’aléas climatiques ou de maladies. La diapause peut être vécue sous forme adulte – imago – mais c’est biensouvent sous la forme d’œuf ou de larve qu’ils préfèrent se cacher. C’est notamment le cas des coléoptères, dont les grosses larves dodues s’enfoncent à dix centimètres sous la surface du sol afin de profiter de la chaleur de la terre qui leur offre les conditions idéales pour effectuer leur nymphose, c’est-à-dire le dernier stade de développement avant la transformation, comparable à la chrysalide des chenilles. D’autres se logent dans l’écorce des arbres, sous un tas de bois, ou encore dans les interstices des bâtiments. Ainsi donc, la plupart des insectes sont littéralement « endormis » durant tout l’hiver, certains plus que d’autres…

Les aventuriers qui résistent

Il est cependant possible de rencontrer quelques vagabonds virevoltants qui semblent tout à fait insensibles à la rigueur environnante. Plusieurs papillons, par exemple, sont visibles en hiver ; il leur suffit des maigres rayons que prodigue une journée ensoleillée pour qu’ils recommencent à s’agiter. C’est le cas du beau paon de jour (Aglais io), du morio (Nymphalis antiopa) ou encore du citron (Gonepteryx rhamni) qui est, parmi les papillons, notre champion de longévité en Europe. Il est capable de vivre durant plus de douze mois et d’apparaître, même en plein mois de décembre ! Son secret réside dans son hémolymphe – le sang des insectes – où circule une substance comparable à un véritable antigel pour automobile. Elle lui offre une incroyable capacité de résistance au gel : il lui suffit de se blottir sous quelques feuilles mortes et le voilà tranquille…

D’autres encore ont trouvé des astuces intéressantes en se montrant quelque peu « profiteurs ». Ainsi les chenilles des phengaris, un genre de petits papillons bleus, entretiennent-elles une relation particulière avec certaines espèces de fourmis, que l’on qualifie de « myrmécophile ». Lorsque les jours commencent à raccourcir et à se rafraîchir, la chenille se laisse tomber de sa plante et se met à sécréter des phéromones que les ouvrières confondent avec celles d’une jeune reine. La chanceuse se voit ainsi entraînée dans la fourmilière et dorlotée jusqu’au retour du printemps ! Certains autres, comme les insectes du genre Aphidius, des parasites des pucerons, sont capables de manipuler leur hôte pour les forcer à s’installer dans un lieu protégé du froid et propice à leur développement. Enfin, les bourdons et les abeilles domestiques, eux aussi, ne dorment pour ainsi dire que d’un œil. Groupés dans leur abri en un noyau compact, ils s’affairent à maintenir la chaleur de la ruche, tout en guettant l’ombre d’une éclaircie qui leur permet, de temps à autre, une virée à l’extérieur. Il arrive ainsi exceptionnellement de les apercevoir en cette période.

Il existe aussi un mystérieux papillon qui n’apparaît qu’en hiver ! Dans le genre marginal, c’est un effronté qui a choisi de tout faire à l’envers. Il s’agit de l’hibernie défoliante (Erranis defoliaria). Cet étrange papillon de nuit tire son nom de son comportement hivernal, d’une part, et des dégâts que peuvent occasionner les chenilles sur leur hôte, d’autre part. La période de vol s’étend, chez lui, de septembre – octobre à décembre – janvier, un fait assez inhabituel chez les insectes qui lui confère un caractère original. Mais ce n’est pas tout ! Le dimorphisme sexuel – la différence morphologique entre les sexes – est très marqué et impressionnant chez cette espèce. En effet, si le mâle a une apparence de papillon tout à fait ordinaire, la femelle est aptère – sans ailes – et possède un corps jaunâtre trapu, qui lui donne plutôt l’apparence d’une grosse larve ! Elle vit ainsi sur les troncs d’arbres et attire les mâles en émettant une phéromone odorante lors de la période nuptiale.

Les grands migrateurs

Migrer est une autre solution qui s’offre aux insectes pour se prémunir des aléas climatiques hivernaux. Le sujet porte à réflexion pour la communauté scientifique qui manque encore parfois de données attestant la véracité de ces comportements chez certaines espèces, notamment chez les libellules, comme le sympétrum rouge-sang (Sympetrum sanguineum), dont les migrations irrégulières seraient surtout dues aux conditions environnementales. Quelques spécimens, en revanche, sont bien connus pour leur spectaculaire migration rassemblant des insectes par milliers. Le meilleur exemple en la matière est probablement celui des splendides papillons monarque (Danaus plexippus) qui ordonnancent, chaque année, un gigantesque cortège de millions d’individus partant du Canada et du nord des États-Unis vers le Mexique. L’Europe compte également son lot de grands voyageurs, comme la belle dame (Vanessa cardui), qui parcourt près de quatre mille kilomètres par an pour rejoindre l’Afrique du Sud depuis les pays scandinaves, ou encore le sphinx de la vigne, un beau papillon de nuit aux ailes rosées, qui migre jusqu’en Afrique du Nord ou de l’Ouest. Certains de nos syrphes – ces petites mouches pollinisatrices « déguisées » en guêpes ou en abeilles – sont aussi capables d’impressionnantes prouesses migratrices, notamment le syrphe porte-plume (Episyrphus balteatus) qui effectue des allers-retours du nord vers le sud, parfois sur de longues distances, en fonction des saisons.

Alors ? L’influence du changement climatique

Diverses activités humaines sont génératrices de pollution et facteurs de dérèglements climatiques, ce qui a tendance à perturber l’équilibre des insectes, comme des oiseaux, en déréglant leur horloge interne. Cela implique, à l’avenir, de nombreuses conséquences sur leur comportement. En outre, plusieurs d’entre eux commencent à modifier leur stratégie d’hibernation. Différentes études ont prouvé qu’une augmentation de la température entraîne un bouleversement de la période d’activité et influence grandement l’avènement de la diapause, qui peut être retardée, ou dont la durée peut même diminuer. Un exemple probant est celui des moustiques Wyeomyia smithii, d’Amérique du Nord, dont l’entrée en diapause a été retardée de plusieurs semaines en moins de trente ans à peine ! Ces changements risquent, à terme, de déstabiliser les écosystèmes en permettant à des espèces d’être actives sur de plus longues durées et à des moments de l’année où elles ne l’étaient pas auparavant, ce qui pourrait, entre autres, conduire à des phénomènes d’invasions biologiques d’insectes facteurs de maladies. C’est déjà le cas, notamment, de moustiques que l’on observe remonter depuis l’Afrique vers le sud du continent européen. Un autre risque important serait le déclin toujours croissant de nombreuses espèces qui, face à l’augmentation rapide de la température, pourraient ne pas avoir le temps de mettre en œuvre les longs processus biologiques d’adaptation nécessaires pour survivre à ces nouvelles conditions. Voici donc une autre bonne raison d’envisager avec la plus grande prudence les changements qui menacent tout un pan de la biodiversité environnantes et, par effet boomerang, notre propre espèce.

Est-ce grave ?

Nous venons de mettre en évidence certaines perturbations de la diapause des insectes qui sont manifestement liées à l’activité humaine et qui bouleversent leur comportement. Dans quelle mesure le réchauffement climatique est-il vraiment le seul responsable, c’est évidemment assez difficile à dire. Mais est-ce vraiment important ? Quel sera, en retour, l’impact du comportement des insectes sur la vie des humains ? C’est tout aussi difficile à dire car cela dépendra largement du comportement des humains eux-mêmes et de l’évolution de leurs rapports avec le milieu naturel. La seule chose qui semble sûre, à leur qu’il est, c’est qu’il existe suffisamment d’indices susceptibles de nous inciter à la plus grande prudence. Homo sapiens en tiendra-t-il compte ? Ses aventures avec un certain virus l’inciteront-elles à reconsidérer son attitude face à la grande crise écologique ? L’avenir nous le dira…