Manger sain, oui, mais quoi et pourquoi ?
Partage d’une expérience enrichissante et conviviale à Ottignies- Louvain-la-Neuve. Message des membres de la locale de Nature & Progrès du Brabant-Ouest
« Notre santé est trop précieuse pour la confier à l’industrie agro-alimentaire dont la préoccupation première n’est certainement pas la santé ni le bien de la planète. Prenons les choses en main nous-mêmes. On peut trouver, autour de nous, des gens et des associations qui nous aident. »
Dans le souci d’adopter une alimentation qui contribue à notre bonne santé, ces membres se sont questionnés : sur leurs habitudes alimentaires, sur la pratique d’un régime strict, sur l’impact de leur consommation… Sommes-nous vraiment maîtres de notre alimentation ou subissons-nous la marchandisation du système agro-alimentaire moderne ?
Par Elise Jacobs
Introduction
Est née alors la volonté d’organiser un « Cycle sur l’Alimentation Saine et Durable » qui a englobé plusieurs conférences participatives. Ce projet s’est développé dans le cadre des activités d’éducation permanente de Nature & Progrès afin d’entamer une réflexion collective sur le sujet mais aussi dans le but de rencontrer des personnes soucieuses de la qualité de leur alimentation.
« Je me sens consomm’actrice car je suis persuadée que c’est une bonne voie vers l’autonomie et la gestion de sa santé mais aussi un bon choix pour notre Terre Mère et les petits producteurs. »
Environ soixante personnes sont venues assister aux conférences. La plupart des participants étaient à la recherche d’une alimentation pouvant améliorer leur santé mais qui soit aussi en accord avec les valeurs que partage Nature & Progrès, comme l’écologie, le respect de la vie et de la terre.
« J’ai apprécié la possibilité de confronter pas mal de points de vue et d’avoir des discussions intéressantes sur des questions que je me pose depuis plus de vingt-cinq ans. »
Le cycle a englobé six conférences-débats et une balade à la découverte des plantes sauvages et comestibles. Elles avaient pour objectifs d’informer, de valider ou de remettre en question les idées préconçues sur le concept de l’alimentation saine et durable mais également de s’informer sur différentes pratiques alimentaires, telles que la naturopathie, l’alimentation ancestrale, le gluten, les légumineuses et le jeûne. Nous avons abordé notamment l’impact de nos habitudes alimentaire sur la santé, l’environnement et le climat.
In fine, tous les conférenciers ont transmis le même message : l’urgence de revenir à une alimentation raisonnée qui soit en accord avec nos besoins morphologiques, notre mode de vie, les aléas de l’existence et le lieu où l’on vit. Une bonne santé est inévitablement liée à une alimentation variée et locale qui passe par des produits frais issus de l’agriculture biologique.
Les six conférences du cycle
– 3 octobre 2019 « Existe-t-il un régime type pour toutes et tous ? », par Régis Close, naturopathe,
– 7 novembre 2019 « Alimentation ancestrale v/s moderne : quel impact sur la santé ? », par Yves Patte, coach en nutrition,
– 5 décembre 2019 « Le gluten, faut-il en avoir peur ? », par Myriam Francotte, naturopathe et thérapeute énergicienne,
– 16 janvier 2020 « L’urgence nutritionnelle en lien avec les enjeux environnementaux », par Lucie Bailleux, diététicienne – micronutritionniste,
– 13 février 2020 « Protéines vertes et légumineuses… Chiche ! », par Françoise Hendrickx, sciences psychopédagogiques et sciences de l’environnement,
– 12 mars 2020 « Le jeûne thérapeutique a-t-il une place dans notre alimentation ? », par Fatiha Aït Saïd, praticienne de santé, naturopathe, formatrice et fondatrice de l’ISNAT.
« Au bout de six conférences, je constate que c’est vraiment à nous de trouver ce qui convient le mieux à notre santé. Végétarisme ou pas ? Légumineuses ou pas ? Toujours en étant vigilants sur la qualité des produits. »
« Ces conférences ont consolidé mes arguments en faveur du temps que je dédie à mon potager ou à aller chez mes voisins producteurs. Aujourd’hui, encore plus qu’hier, je prends plaisir à cuisiner moi-même et à aller vers des nouvelles recettes en intégrant davantage de variétés locales dans mes menus. »
L’alimentation idéale existe-t-elle ?
Nous pouvons retenir qu’il y a une base commune à respecter : manger des fruits et légumes frais, issus de l’agriculture biologique, de saison, de proximité et le moins transformés possible. Manger de la viande, du poisson – pour ceux qui en mangent – issus de pratiques biologiques et si possible de proximité, ce qui, grâce au contact direct avec les producteurs, nous apporte un gage de qualité et de confiance. Il vaut mieux aussi éviter les excès, de sucre et d’alcool, par exemple.
L’alimentation idéale n’existe pas vraiment, pour preuve, on peut observer différentes intolérances liées à certaines pathologies. Les conférences nous ont montré qu’il faut adapter notre régime alimentaire aux spécificités de notre morphologie et de notre routine quotidienne. Et parce que, tout simplement, certaines personnes digèrent mieux certains aliments que d’autres… C’est à chacun, chacune d’entre nous, d’apprendre à se connaître, de faire preuve de bon sens. Voire de se faire accompagner par un nutritionniste et/ou naturopathe pour adapter au mieux son alimentation.
Nous avons aussi compris l’importance de revenir à des habitudes saines, comme de savoir cuisiner des aliments non transformés qui est la garantie de manger des produits non contaminés par des additifs alimentaires. Savoir bien gérer ses stocks permet d’éviter le gaspillage alimentaire.
« Je me considère comme consomm’actrice pour l’alimentation, en veillant à avoir des produits bio, de saison et de proximité, en refusant les produits issus de l’industrie agro-alimentaire. Et pour le reste, en essayant de privilégier le zéro déchet, le seconde-main, le recyclage et la sobriété. »
Des habitudes alimentaires renouvelées
Une autre évidence est mise en lumière : par rapport à notre enfance, nos habitudes alimentaires ont changé. Soit, nous mangeons plus de riz et de pâtes, et moins de viande et de graisses. Soit, après avoir connu des problèmes de santé ou parce que l’on est devenue maman, notre rapport à l’alimentation a changé. Nous comprenons qu’elle joue un rôle fondamental dans notre bonne santé. Nous commençons à lire, à nous renseigner, à nous former et à penser différemment. Nous remettons en question ce qu’on nous vend en promo ou par vague de mode alimentaire car nous comprenons que ce sont des inventions de marketing et de la société de consommation. Le choix va même, pour certaines, de ne plus se fournir en grande surface. Nous ne sommes, de cette manière, plus soumises ni influencées par le marketing.
« Je suis curieuse et j’aime tester ce que je ne connais pas mais cela reste toujours dans les limites de mon alimentation habituelle : bio, de saison et proximité. »
Un message aux jeunes générations
Privilégiez le bio : non seulement parce qu’il réhabilite les sols mais aussi parce que, dans la plupart des cas, ce choix permet aux producteurs de vivre plus décemment de leur labeur. Privilégiez les producteurs locaux car, ce faisant, ils privilégient, dans le même temps, l’emploi et diminuent l’empreinte carbone liée aux transports.
Essayez d’organiser le fait de cuisiner de manière ludique en vous débarrassant des vieux clichés « maman dans la cuisine et papa au salon devant la télé », c’est vraiment has been !
Privilégiez le « fait maison », plutôt que les plats cuisinés du commerce, afin d’améliorer l’équilibre alimentaire et ne pas encourager l’obésité.
Que le moment des repas redevienne un vrai moment privilégié, de partage, de dialogue et pas avec chacun dans sa bulle, prêt à réagir au moindre bip de son smartphone, trop souvent à portée de regard. Faites-en une bulle familiale plutôt que le prolongement de chaque bulle individuelle, individualiste…
Manger bio, local et de saison est-il accessible pour tous ?
Lorsque l’on commence à se questionner sur la manière d’améliorer la qualité de ses aliments, les alternatives surgissent rapidement. On commence à lire les étiquettes et on cherche des points de vente en accord avec ses valeurs. Et, si on continue d’aller en grandes surfaces, on priorise les marques labellisées bio.
Il y a de plus en plus de petits producteurs et de magasins bio partout en Wallonie. Les Groupes d’Achats Communs – GAC, GASAP -, nous donnent accès aux huiles, farines, fruits, etc. qui sont produits en bio et en Europe.
Si nous en avons le temps, la possibilité, la patience et l’envie, avoir son propre potager est un atout supplémentaire car il n’y a pas mieux pour être sûr de la qualité. En plus d’avoir un impact presque zéro en termes de pollution ou de produits nocifs, de déchets, de transports et d’emballages…
Comme nous aimons toutes le café et/ou le chocolat, notre solution est de nous diriger vers des produits du commerce équitable.
« Non, se nourrir en bio ne coûte pas forcément plus cher ! »
Cependant, nous devons reconnaître que ces nouveaux comportements impliquent que toute la famille doive suivre ce changement, ce qui n’est pas évident ! Et qu’il faut faire des efforts pour adapter notre budget ou comment nous choisissons de le dépenser. Des efforts sont aussi demandés pour sélectionner et prioriser nos achats, pour nous déplacer jusqu’à la ferme de notre région, pour prendre le temps de cultiver un potager et, surtout, pour prendre le temps de cuisiner. De beaux défis à relever !
« Ce n’est pas toujours facile. Mais c’est important pour la planète. »
Nous nous laissons évidemment encore tenter par des écarts. Mais lorsque qu’on oriente son engagement vers un autre type d’alimentation, la marche arrière est rare. Et les réflexions pour s’améliorer nombreuses.
« Mon potager contribue beaucoup à mon alimentation saine. Nous privilégions les légumes, les herbes aromatiques, les petits et les grands fruits du jardin. Et aussi les plantes sauvages du fond du jardin, ainsi que les récoltes lors de balades. »
Un message aux politiciens
Renforcez la lutte contre les pesticides et les OGM, écoutez les voix des scientifiques indépendants qui vous alertent sur le déclin de la biodiversité et la pollution émanant des mauvaises pratiques.
Donnez les moyens d’instaurer des vrais contrôles dans les abattoirs, pour le respect des animaux, l’interdiction de l’abattage sans étourdissement et l’obligation de mentionner les pratiques d’abatages sur les emballages de viande afin de rendre le consommateur conscient de son propre choix.
N’importez pas des aliments que l’on a ici !
De grâce, arrêtez de vous laisser mener par le bout du nez par l’industrie agroalimentaire pour des raisons soi-disant économiques ! C’est un leurre. L’économie peut prendre un autre chemin et la tendance s’inverse tout doucement…
Les gens sont de plus en plus conscients que c’est leur demande qui crée l’offre, et pas l’inverse.