© Tous droits réservés (les grandes entreprises prennent le contrôle de notre alimentation)
Notre nouvelle note d’information révèle pourquoi les tactiques de lobbying relatives aux nouveaux OGM des grandes entreprises de biotechnologie menacent la biodiversité, l’autonomie des agriculteurs et le choix des consommateurs.
Bruxelles, le 20 décembre. Alors que les ministres de l’environnement des divers Etats membres discuteront pour la première fois de la déréglementation prévue d’une nouvelle génération d’organismes génétiquement modifiés (OGM) lors de leur Conseil Environnement du 20 décembre 2021 [1], Nature & Progrès et les Amis de la Terre Europe présentent une nouvelle enquête montrant le dessous des cartes relatif au plaidoyer des grandes sociétés agroalimentaires en faveur de la déréglementation européenne des nouveaux OGM [2].
Le briefing démonte l’idée selon laquelle la nouvelle génération d’OGM n’est qu’une solution facile et bon marché pour accélérer les progrès des techniques de sélection végétale. En réalité, les nouveaux OGM sont promus par les grandes entreprises agroalimentaires pour accroître leur contrôle sur le secteur alimentaire et agricole. Quelques éléments clés à retenir :
LE POUVOIR DE LOBBYING DES GRANDES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES ET BIOTECHNOLOGIQUES
Les grandes entreprises de l’agroalimentaire et de la biotechnologie font actuellement pression sur la Commission européenne pour qu’elle supprime tout étiquetage et toute analyse de risques pour la santé et l’environnement significative pour les nouvelles techniques génomiques (NGT) et leurs produits. En plus de maintenir les agriculteurs et les consommateurs dans l’ignorance de ce qu’ils cultivent et mangent, cette mesure leur permettrait de minimiser leurs coûts. Depuis le début de leurs efforts de plaidoyer, en 2018, les principales entreprises de l’agroalimentaire et des biotechnologies [3] ont :
- dépensé au moins 36,6 millions d’euros pour faire du lobbying auprès de l’Union européenne,
- eu 182 réunions avec les commissaires européens, leurs cabinets et leurs directeurs généraux. Cela représente plus d’une réunion par semaine.
En conséquence, la Commission européenne semble plus que disposée à intégrer les exigences des lobbies dans une nouvelle législation qui prévoirait des contrôles de sécurité (analyses de risques) affaiblis et ferait l’impasse sur l’étiquetage OGM. Il s’agit d’un exemple frappant de l’influence des grandes entreprises agroalimentaires et biotechnologiques sur nos processus décisionnels.
Selon les Amis de la Terre Europe et de nombreuses autres ONG en Europe dont Nature & Progrès Belgique, les propos des lobbyistes pro-déréglementation des nouveaux OGM sont jalonnés de mensonges. Les nouveaux OGM ne résoudront pas les effets agricoles de la crise climatique et ne nourriront pas le Monde. Mais la bonne nouvelle est que nous avons déjà des solutions : l’agriculture à petite échelle et l’agroécologie. L’acceptation, par les politiques, des stratégies de lobbying des grandes entreprises de biotechnologie ne fera que les aider à leur assurer un contrôle sans précédent sur nos fermes et sur notre alimentation.
LES CARTELS DES BREVETS NOURRISSENT LES GRANDES ENTREPRISES, PAS LE MONDE
Les mêmes grandes entreprises qui produisent des OGM et des pesticides toxiques sont également celles qui font pression pour que les brevets sur les nouveaux OGM incluent toutes les plantes sélectionnées de manière conventionnelle ayant des caractéristiques génétiques similaires, dans le but d’obtenir un contrôle sans précédent sur les plantes et les semences.
Loin de l' »outil de démocratisation » que les lobbies de l’agrobusiness tentent de nous vendre, à nous comme à l’UE, ces nouvelles technologies d’édition de gènes et les plantes produites à l’aide de celles-ci sont en fait brevetées. Depuis que les licences de brevetage pour CRISPR, qui représente 68,5 % des plantes génétiquement modifiées, ont été mises à disposition, une grande entreprise a acheté les droits pour garder cette technologie : c’est Corteva.
Jusqu’à présent, dans l’UE, les variétés végétales disposaient de leurs propres systèmes de droits de propriété intellectuelle, les sélectionneurs détenant les droits d’accès aux différentes variétés et les agriculteurs les droits de conservation de leurs propres semences. Si les brevets sur les semences sont introduits dans l’UE, le pouvoir sur ces semences passera à la poignée de méga-corporations qui les contrôlent.
[1] Ordre du jour du Conseil Environnement du 20 décembre 2021 et note de l’Autriche
[2] Briefing “Le dessous des cartes” https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2021/12/29-FoEE-GMO-Big-business-briefing.pdf
[3] Cogeca, Cibe, Fediol, Fefac, Croplife (Europe), Coceral, EFFAB, European Flour Millers, Europatat, Plants for the Future, FoodDrinkEurope, Fefana, Starch Europe, Euroseeds, Europabio ont signé cette lettre de lobbying