Après avoir été déchue des étals, la « pomme d’or » traditionnelle fait son grand retour. Mais en quête de saveurs perdues et surfant sur la mode des anciennes variétés, l’industrie agro-alimentaire fait la nique aux petits producteurs artisanaux en jouant les faussaires…
Tomate, fruit ou légume ? Voilà le genre de question piège qui torture les élèves. Préparée en salade, à la provençale, à la grecque, cuite ou simplement nature avec une pincée de sel, la tomate se prépare comme un légume… même si botaniquement parlant, pour renfermer les semences, c’est évidemment un fruit. Aujourd’hui, une seconde question piège s’impose devant le rayon « fruits et légumes ». Les variétés de « tomates traditionnelles » proposées sont-elles vraies ou fausses ?
“Si on compulse le catalogue de Vilmorin-Andrieux (1904), on constate que, depuis les années 1950, près de 95% des variétés ont été perdues”, explique Norbert Parreira passionné par le monde de la tomate au point d’avoir déjà testé un bon millier de variétés à lui tout seul : “à l’époque, dans les villages, les gens cultivaient et reproduisaient avec un bon sens inné, des variétés locales adaptées au terroir, et ce, depuis des dizaines d’années. La standardisation, la recherche de rendements, la vente de graines par les multinationales, comme pour bien des variétés de légumes et de fruits, a fait peu à peu basculer la précieuse diversité cultivée dans l’oubli”.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Comme toujours, c’est la grande distribution qui impose ses normes aux chaînes de production. Les producteurs doivent d’abord répondre aux exigences du marché, c’est-à-dire afficher des prix compétitifs en optimisant leurs rendements et répondre à des cahiers de charge exigeants. Or, dans un monde où tout repose sur l’abondance du pétrole, cela se traduit d’abord par une délocalisation en règle des sites de production.