L’histoire des OGM
– Durant des millions d’années : la sélection massale
Les mutations, la reproduction et la sélection naturelle des plantes étaient la base du fonctionnement de l’environnement et de son évolution. Au cours des siècles, l’Homme a appris à « domestiquer », c’est-à-dire à modeler les plantes qu’il cultivait et les animaux qu’il élevait. Par des choix raisonnés, il a favorisé la culture des espèces les plus productives, les plus précoces ou les plus résistantes. Cela signifie que les meilleures plantes étaient identifiées et leurs graines utilisées pour la culture suivante : c’est la sélection massale.
– 20ème siècle : Industrialisation agricole
Le 20ème siècle marque un tournant décisif avec l’apparition de la sélection industrielle dans l’agriculture, encouragée par le développement de l’industrie agroalimentaire. Ce type de sélection vise à créer des variétés végétales stables et homogènes, adaptées aux besoins de l’agriculture intensive et à la standardisation des productions alimentaires. Les variétés ainsi créées sont sélectionnées pour pouvoir être cultivées en grande quantité, sur des surfaces agricoles de plus en plus vastes. Cette uniformité permet une commercialisation à large échelle tout en garantissant une homogénéité des produits sur le long terme.
– Années 50 : Découverte de l’ADN double hélice
En 1953, James Watson et Francis Crick ont découvert la structure en double hélice de l’ADN, ce qui a permis d’affiner la compréhension du stockage et de la transmission des informations génétiques.
– Années 60 : Création du certificat d’obtention végétale (COV)Dans les années 1960, les variétés végétales sélectionnées commencent à être protégées par des droits de propriété intellectuelle, notamment à travers l’instauration du Certificat d’Obtention Végétale (COV). Ce certificat accorde aux créateurs de nouvelles variétés un monopole temporaire sur leur utilisation commerciale. Le COV est considéré comme la première étape vers la privatisation du vivant. En effet, les semences, qui avaient toujours fait partie d’un bien commun partagé deviennent désormais des actifs économiques protégés par des droits juridiques.
– Années 70 : Naissance de l’ADN recombinant
La naissance des OGM a vraiment commencé avec le développement de la technologie de l’ADN recombinant. Cette technologie permet de couper et coller des segments d’ADN provenant d’organismes différents, créant ainsi de nouveaux organismes avec des traits modifiés. En 1973, Herbert Boyer et Stanley Cohen ont été les premiers à insérer de l’ADN étranger dans une bactérie, démontrant qu’il était possible de modifier les gènes d’un organisme pour qu’il produise de nouvelles protéines.
– Années 80 : Apparition des plantes transgéniques
En 1983, des chercheurs ont réussi à introduire des gènes étrangers dans une plante pour la rendre résistante aux maladies. Cette étape marquait la naissance des plantes transgéniques, des cultures modifiées pour posséder des traits particuliers (comme la résistance aux herbicides ou aux insectes). Les premières plantes transgéniques, comme le tabac et la tomate, ont été modifiées pour tester la faisabilité de ces techniques sur les cultures alimentaires.
– Années 90 : Rachat des entreprises semencières par des multinationales de pesticides
Les entreprises semencières sont progressivement rachetées par des multinationales productrices de pesticides. Leur objectif, bien que rarement exprimé, est de développer des OGM tolérants à leurs propres herbicides, leur permettant ainsi de prendre le contrôle des filières de production alimentaire. Les entreprises comme Monsanto, Syngenta et Bayer développent ainsi des semences brevetées et tolérantes à leurs propres herbicides que les agriculteurs doivent acheter chaque saison.
– Années 2000 : Directive européenne 2001/18/CE
Un vaste élan citoyen a conduit à l’arrêt des cultures d’OGM en Europe et au boycott des aliments contenant des OGM. Ceci est à l’origine de l’adoption de la directive européenne actuelle relative aux OGM, la 2001/18/CE. Cette réglementation n’interdit pas la culture d’OGM mais prévoit des conditions d’autorisation de mise en culture. Elle impose l’étiquetage des aliments végétaux contenant des OGM afin que chaque citoyen conserve son droit de choisir. Sont aussi requises des analyses de risques sur la santé et l’environnement ainsi que la fourniture obligatoire de méthodes de détection de la présence de chaque OGM dans l’environnement qui rendraient possible la traçabilité de ces nouveaux OGM.
– Années 2010 : Apparition des nouveaux OGM/NGT
À partir des années 2010, les multinationales phytosanitaires se tournent vers la création de «nouveaux OGM», basés sur des techniques de biotechnologie de pointe : les NGT/NTG. Parmi ces nouvelles approches, les généticiens moléculaires ont développé plusieurs méthodes innovantes, notamment celles regroupées sous le terme «édition du génome». Ces techniques permettent de modifier de manière précise et ciblée le matériel génétique des organismes, sans introduire d’ADN étranger.
Les « nouveaux » OGM ou OGM/NTG
Définition et technique de production
Les nouvelles techniques de manipulation génétiques, dites d’édition du génome ou de « mutagénèse dirigée » ou « ciblée » peuvent accomplir des modifications génétiques qui vont plus loin que celles de la sélection conventionnelle. Elles sont aussi plus rapides à produire et peu couteuses. Toutefois, elles ouvrent la porte à de nouveaux risques et dangers.
Pour les OGM/NGT, Il existe de nombreuses nouvelles techniques de génie génétique. Les plus connues et utilisées sont les techniques dites « d’édition du génome ». Parmi celles-ci, nous citerons les techniques de « mutagénèse dirigée » par oligonucléotides (ODM), les techniques à nucléases dirigées (ZFN, TALENs, des méganucléases) et CRISPR/Cas, de loin la technique la plus utilisée. Voici les principales étapes de la fabrication des nouveaux OGM à l’aide de CRISPR:
1. Identification du gène cible
Les scientifiques identifient d’abord le gène spécifique qu’ils souhaitent modifier ou éditer directement dans l’ADN de la plante. Ce gène peut être responsable de caractéristiques comme la résistance aux maladies, la taille des fruits, ou la tolérance aux conditions climatiques difficiles.
2. Conception de l’ARN Guide
Une fois le gène cible identifié, un ARN guide est conçu pour diriger le système CRISPR vers la séquence spécifique du génome. L’ARN guide est une séquence complémentaire qui reconnaît précisément l’emplacement de la modification souhaitée dans l’ADN de la plante.
3. Introduction du Complexe CRISPR-Cas9 et coupure de l’ADN au site ciblé
Le complexe CRISPR-Cas9, comprenant l’ARN guide et l’enzyme Cas9, est introduit dans les cellules de la plante. Cas9 agit comme un «ciseau moléculaire» qui va couper l’ADN au niveau du site cible.
4. Réparation et modification de l’ADN
La cellule essaie de réparer la coupure de l’ADN. C’est ici que les modifications génétiques peuvent être introduites de deux façons :
- Mutation par insertion ou délétion : Pendant la réparation, de petites erreurs peuvent être induites (par insertion ou délétion de quelques nucléotides), ce qui peut désactiver le gène ou modifier sa fonction.
- Remplacement ou modification de séquence : Les scientifiques peuvent fournir une séquence modèle pour guider la réparation et obtenir un changement précis dans l’ADN, permettant de remplacer une partie du gène ou de modifier un trait spécifique.
5. Culture et croissance de la plante modifiée
Une fois le gène cible identifié, un ARN guide est conçu pour diriger le système CRISPR vers la séquence spécifique du génome. L’ARN guide est une séquence complémentaire qui reconnaît précisément l’emplacement de la modification souhaitée dans l’ADN de la plante.
Pourquoi les OGM/NTG posent un problème ?
Afin d’asseoir encore plus leur propriété sur le Vivant, les firmes phytosanitaires ont développé des plantes modifiées par de nouvelles techniques, les nouveaux OGM ou OGM/NGT. Le but étant de tenter de contourner la réglementation européenne relative aux OGM et de les mettre ainsi plus facilement sur le marché.
S’ajoutent également de nouveaux arguments ou des arguments identiques présentés différemment en fonction des opportunités du jour :
- Les bienfaits pour l’économie européenne de produire ces nouveaux OGM;
- La lutte contre les effets du changement climatique (sécheresses, inondations) ;
- L’augmentation de la biodiversité agricole et de la biodiversité des écosystèmes;
- La lutte contre les maladies des plantes ;
- Une technologie entièrement maitrisée et le fait que l’industrie ne fait rien d’autre avec les nouvelles technologies que ce qu’a toujours fait la nature grâce à l’insertion précise d’une modification au niveau du génome.
Selon les firmes, ces nouvelles technologies seraient la solution idéale aux principaux problèmes qui rongent notre planète. Pourtant, pendant les 20 dernières années, l’industrie n’a fait que développer des « OGM- Pesticides » tolérants aux herbicides, de quoi vendre des semences OGM et imposer aux agriculteurs d’acheter leurs herbicides.
Citons l’exemple de la tolérance des plantes OGM au Glyphosate qui a provoqué la tolérance progressive des adventices au Glyphosate et la nécessité, après quelques années, d’utiliser d’autres herbicides pour éliminer ces adventices. L’industrie a aussi développé des OGM contenant leur propre insecticide qui a rendu les insectes résistants à cet insecticide et a nécessité le recours à d’autres insecticides.
Après 20 ans, les OGM n’ont pas permis de résoudre la faim dans le monde, les problèmes de sécheresse et les augmentations stables des rendements. Rien n’a été apporté à l’agriculture, à l’amélioration qualitative et quantitative de l’alimentation. Le lobby biotechnologique et la Commission affirment que les erreurs génétiques avec les techniques d’édition du génome ne sont pas plus importantes qu’avec la sélection conventionnelle ou dans la nature. C’est avec ces affirmations fallacieuses que ces acteurs se permettent de dire qu’une très forte majorité de ces nouvelles plantes ne sont plus des OGM mais des NGT (acronyme qui désigne indifféremment la technique ou la plante).
Ces nouvelles techniques induisent toutefois des erreurs génétiques ou effets non-intentionnels à chaque étape du protocole de manipulation. Des erreurs génétiques peuvent rendre possible la modification de l’expression d’autres gènes de la plante en les activant, en les désactivant, ou en réglant leur intensité d’expression. Les effets non-intentionnels peuvent aboutir dans les plantes manipulées à la présence de nouvelles toxines, de substances allergisantes, de la valeur nutritionnelle, des altérations du métabolisme et des d’impacts non prédictibles sur les chaines alimentaires et les écosystèmes.
La résilience des cultures non-OGM/NGT face aux stress environnementaux, dont ceux résultant du changement climatique, est une réponse physiologique de l’ensemble de l’organisme. Elle repose sur le fonctionnement équilibré de l’ensemble du patrimoine génétique de la plante. En d’autres termes, les traits/caractéristiques complexes telles que la résistance aux facteurs de stress environnementaux, aux agents pathogènes et aux maladies repose sur la fonction de nombreuses familles de gènes (leurs traits sont polygéniques). Et tous ces gènes fonctionnent dans le contexte du génome entier régulé par des mécanismes génétiques et épigénétiques. C’est pourquoi tenter de transmettre un caractère génétiquement complexe par le biais de l’édition des gènes ou d’une autre approche biotechnologique réductionniste, qui ne peut manipuler qu’un ou que quelques gènes, est vouée à l’échec si l’on veut obtenir un résultat robuste.
Seule la sélection végétale conventionnelle entre différentes variétés permet d’incorporer solidement un caractère complexe dans une nouvelle variété, car elle seule peut rassembler les familles de gènes qui sous-tendent ces caractères complexes.
Jusqu’à présent, on supposait que les mutations se produisaient de manière aléatoire dans le génome et que seule la sélection naturelle déterminait quelles modifications étaient gardées. Cependant des recherches récentes montrent que l’émergence des nouvelles mutations n’est pas complètement aléatoire mais influencée par la régulation et l’organisation du génome.
Une plante naturelle ou issue de la sélection conventionnelle s’adapte à son environnement grâce aux changements génétiques et épigénétiques qui se produisent au cours de ses cycles de reproduction et de propagation. Des chercheurs ont récemment démontré que la variation des gènes qui survient lors des cycles successifs de reproduction naturelle de la plante Arabidopsis n’est pas aléatoire comme on le pensait auparavant mais se produit de manière biaisée. Les auteurs de l’étude publiée dans la prestigieuse revue Nature, arrivent à la conclusion que certaines zones du génome sont relativement protégées des mutations. Cette protection des gènes, cette organisation des gènes serait due à des mécanismes cellulaires visant à maintenir ou à restaurer la fonction des gènes. Il est fort probable qu’il s’agisse de mécanismes évolutifs destinés à « protéger » certaines régions génomiques rassemblant des gènes importants pour la survie des espèces, contre une fréquence élevée de mutations.
Toutefois, les OGM/NGT rendent désormais l’ensemble du génome accessible à toute modification souhaitée par le chercheur. La nouvelle génétique neutralise les mécanismes naturels de protection de régions génomiques importantes, contre de trop nombreuses modifications.
Les mutations « non-aléatoires/ non au hasard » et biaisées, résultant de la reproduction des plantes naturelles ou issues de la sélection conventionnelle, sont un effort de la part de la plante pour s’adapter à son environnement.
Les NGT ne constituent pas une réponse d’adaptation à leur environnement. Elles sont dès lors beaucoup plus susceptibles de générer des résultats négatifs en termes de performance des cultures, d’impact sur l’environnement et de sécurité alimentaire.
La régulation des gènes et l’organisation du génome peuvent accomplir deux fonctions essentielles : d’une part, le changement continu et (si nécessaire) l’adaptation rapide aux nouvelles conditions environnementales, et d’autre part, l’héritage stable qui est une condition préalable à la survie de l’espèce.
Toutefois, le lobby des biotechnologies et la Commission, affirment toujours que, puisque des mutations aléatoires/au hasard se produisent au cours de la reproduction naturelle ou conventionnelle (ce qui est apparemment faux), il ne faudrait pas se préoccuper des mutations aléatoires non-intentionnelles qui s’accumulent dans le cadre du processus d’édition des gènes.
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