Le moins qu’on puisse dire est que, pour beaucoup d’entre nous, la réponse à cette question n’est pas claire. Impossible de trancher entre les risques – avérés ou fantasmés – pour l’individu vacciné et les précautions à adopter, en termes de vie sociale, à la lumière de ce que nous apprend l’épidémiologie. Il semble aujourd’hui très difficile d’associer l’un et l’autre point de vue afin de permettre, à chacun d’entre nous, de trancher en son for intérieur : vaccin (ou pas vaccin) ?
Par Dominique Parizel
Introduction
Difficile d’entrevoir de quoi demain sera fait. A l’heure où nous écrivons ces lignes (en janvier 2021), l’optimisme de rigueur lié au début de la campagne de vaccination est fortement tempéré par l’inquiétude nouvelle due aux « nouveaux variants ». Et quand vous lirez ces lignes, probablement ne saurez-vous toujours pas pour quelles raisons différentes personnes infectées au sein d’un même cluster ne présentent jamais les mêmes symptômes… Voilà bien une chose qui apparemment n’intéresse personne, si l’on excepte bien sûr ce qui ressort de l’évidence : certaines sont plus vieilles, plus malades, plus obèses, plus désespérées… Sans doute péchons-nous gravement en ignorant les capacités notre système immunitaire ? Nous savons pourtant ce qu’il faut faire – et ne pas faire – pour le renforcer. N’oublions donc pas notre vitamine D qui semble de plus en plus plébiscitée… Mais voilà bien une chose que les médias – qui n’ont d’œil que pour l’actualité – et les politiques – perpétuellement en « communication de crise » – n’ont guère le temps, semble-t-il, d’envisager sérieusement. Tant pis ! Reprenons plutôt le fil de notre histoire…
Pas d'autre espoir, à ce qu'on nous dit, que de vacciner !
L’humanité met tous ses œufs dans un même panier. Sa seule stratégie réside dans la vaccination massive et, vu l’urgence, elle ne s’accompagne guère d’effort pédagogique. Les objections que soulèvent les vaccins ne datent pourtant pas d’hier et les « complotistes » de tous poils ont beau jeu d’en faire leurs choux gras. Nous ne nous attarderons pas là-dessus. Il semble évident que, comme pour la grippe saisonnière, des publics dits « à risques » doivent être prioritairement vaccinés et, si le vaccin fonctionne sur leurs individus – comme cela devrait être le cas si le virus n’a pas le mauvais goût de trop se modifier entre-temps -, les courbes d’hospitalisation et de mortalité devraient, nous explique-t-on, s’effondrer rapidement. Et tout le monde, espérons-le, se calmer un peu… Les vaccins – rougeole, tétanos, poliomyélite, etc. -, nous connaissons cela depuis l’enfance : ce n’est généralement que le virus lui-même, rendu inopérant ou très affaibli, ou une protéine qui le compose, qui nous est injecté pour préparer notre système immunitaire à produire les anticorps qui s’opposeront à l’agent infectieux. S’agissant de Sars-COV2, les Chinois ont eu la prudence de recourir à cette ancienne stratégie vaccinale, déjà largement éprouvée. Sachons leur rendre cette justice, même si la fable qu’ils nous racontent encore, de la chauve-souris et du pangolin qui seraient à l’origine de la pandémie, semble de plus en plus remise en question (1).
Ce qui inquiète pourtant, c’est qu’avec les coronavirus apparaît aussi une nouvelle génération de vaccins qui soulèvent des problèmes éthiques et philosophiques auxquels toutes les réponses n’ont sans doute pas été apportées. La caractéristique de ces vaccins est d’injecter dans les cellules humaines une copie du matériel génétique du virus concerné, en l’occurrence une partie de son ARN, les coronavirus dont fait partie Sars-COV2 étant des virus à ARN. Nos cellules décoderont ainsi les « secrets de fabrication » de la protéine qui enclenche le processus immunogène et la fabriqueront elles-mêmes ! Toutefois, pour amener cette information dans nos cellules, un vecteur est nécessaire et les nouveaux vaccins dits « génétiques » sont donc de deux types :
– Pfizer-BioNTech et Moderna utilisent une nanoparticule de graisse où est emprisonné le désormais célèbre « ARN messager », c’est-à-dire une transcription par une polymérase d’une partie de l’ARN du virus ; cet « ARN messager » fusionne avec la cellule humaine pour y apporter ses données, exactement comme le ferait un virus pour l’infecter ;
– AstraZeneca et le russe Spoutnik vont nettement plus loin puisqu’ils utilisent carrément un virus – un adénovirus à ADN – « désarmé » du matériel génétique qui fait sa virulence et qui est alors remplacé par une partie de l’ARN du coronavirus.
La tentation de la polémique
Selon Christian Vélot, généticien moléculaire à Paris-Saclay (2), le risque est sérieux, avec les solutions adoptées par AstraZeneca et le Spoutnik, que l’ADN vaccinant s’intègre dans les chromosomes humains or les thérapies géniques, explique-t-il, ont montré que l’endroit où une telle intégration se produit reste mal maîtrisé. On serait donc en présence d’une authentique « mutagénèse insertionnelle », avec un risque de cancer non négligeable, surtout à l’échelle où la vaccination est effectuée… D’autre part, l’adénovirus vecteur pourrait perturber – puisque c’est quand même bien un virus ! – la réponse vaccinale souhaitée ; des cas d’immunotoxicité sont même observés en thérapie génique et en immunothérapie…
Christian Vélot pointe aussi un problème commun à tous ces vaccins : les virus échangeant volontiers du matériel génétique, un risque de recombinaison virale serait toujours possible ; la vaccination ayant déjà introduit du matériel génétique dans nos cellules, une seule infection simultanée pourrait être suffisante, à ses yeux, pour que le risque soit réel, pouvant même être à l’origine d’une nouvelle pandémie ! « N’ajoutons pas à l’incertitude et à l’imprévisibilité d’un virus, l’incertitude et l’imprévisibilité d’une technologie. Ce cumul n’est pas acceptable« , conclut le généticien moléculaire français. Nous lui laisserons, jusqu’à plus ample informé, l’entière responsabilité de cette opinion car il omet malheureusement de rappeler que le corps humain est, en permanence, « inondé » par un flot important de virus en tous genres, parfaitement inoffensifs dans leur très grande majorité. Cela sans que pourtant rien ne semble se recombiner jamais. Le procès des nouveaux vaccins génétiques semble donc, en dépit de ses objections, bien difficile à instruire.
L'épidémiologie, ce monstre sans cœur !
La biosécurité, bien sûr, ne paraît pas compatible avec l’urgence mais il y a bien urgence aux yeux de ceux qui nous gouvernent, n’en déplaise à Christian Vélot. Vingt mille morts déjà, dans la seule petite Belgique, le chiffre est énorme et politiquement insupportable, en tout cas, pour les autorités, tout cela crie leur impuissance à juguler ce qui passa naguère pour une inoffensive « grippette ». Le temps qui passe est la promesse d’une crise socio-économique toujours plus hors de contrôle et surtout l’assurance de problèmes de santé mentale importants, chez les jeunes singulièrement. Il faut donc en finir, et rapidement ! A l’heure où nous écrivons, nous l’avons dit, tous les espoirs reposent sur la vaccination et il est de plus en plus inopportun d’avoir seulement l’air de douter de ses effets, même si la liberté vaccinale reste fort heureusement de mise. Nos médias nous abreuvent de sondages dignes du « café du commerce » – pourtant volets clos depuis début novembre ! – qui ressemblent plus à de la « méthode Coué » qu’à une réelle photographie des convictions d’une population qui – pas plus que nous d’ailleurs – n’a vraiment les moyens d’en avoir… Mais, si l’éventuel effet secondaire du médicament est admis sans trop de peine par le malade, le vaccin lui est administré à des gens bien portants qui ne tolèrent pas le moindre risque. Chacun fait donc rapidement son petit calcul bénéfices / risques, ce qui ne pose évidemment guère de problèmes aux « populations à risques » qui sont en demande de protection. Mais qu’en sera-t-il des autres ? De tous ceux qui n’ont plus la force d’endosser le poids de leurs malheurs, de ceux qui se sentent abandonnés et qui rêvent secrètement de tout voir péter ? Sur tous pèse la pression insoutenable de grands intérêts économiques et de médias moralisateurs qui, faute d’imagination, rêvent juste d’un très hypothétique retour à la normale… Cette pression fera sans doute que la grande majorité de la population belge aura finalement été vaccinée, à la fin de l’année 2021. C’est du moins, à l’heure qu’il est, le pronostic dominant.
L’épidémiologie, dans ce panorama chaotique, joue un rôle particulièrement ingrat, elle qui étudie la fréquence et la répartition des problèmes de santé dans le temps et dans l’espace, elle qui est autant matheuse et sociologue que médicale à proprement parler, elle qui étudie la possibilité que nos malheurs surviennent ou se prolongent, en fonction de courbes qui soudain font des vagues pour vrais surfeurs, plutôt que de simples vaguelettes invitant aux vacances. Nos responsables politiques n’écoutent plus que les épidémiologistes – ce qui leur donne soudain un niveau de responsabilité auquel ils ne sont pas habitués – et quelques médecins bien sûr, mais pas les généralistes, et juste un peu les pédiatres, mais ni les psychologues, les sociologues ou les historiens… Allez comprendre cela ! Très peu les pédagogues et les agronomes… Un peu les coiffeurs, semble-t-il, mais évidemment pas le monde de la culture. Stimuler l’immunité naturelle des gens ? Personne, dans tout ce beau monde, n’en a apparemment jamais entendu parler… Le colchique dans les prés, quant à lui, par le biais d’un médicament nommé Colchicine connu pour bloquer la réplication cellulaire, semble nourrir quelque espoir de désamorcer les « tempêtes immunitaires » associées au cas les plus graves de Covid-19.
De nouvelles questions sans réponses évidentes…
L’argument qui semble convaincre est celui, charitable, de la protection que nous devons à autrui. Sera-t-il déterminant dans le passage à l’acte de nos concitoyens ? C’est difficile à dire. Les « gestes barrières » semblent de plus en plus ancrés dans nos vies mais combien de temps supporterons-nous ces manières un peu bizarres qui nous sont souvent contre nature ? Et même chez ceux qui font de la vaccination le meilleur gage de « retour à la normale » – ou à quelque chose qui y ressemblerait vaguement -, le questionnement perdure, sans réponses vraiment formelles…
Un vacciné peut-il toujours être porteur du virus ? Personne ne semble avoir de certitude à ce sujet… Combien de temps durera notre immunité, une fois que nous serons vaccinés ? Trop tôt pour la dire. Une étude australienne a bien parlé de huit mois chez les personnes infectées (3)… Pourquoi tient-on à vacciner tout le monde puisque la seule protection des groupes à risque devrait logiquement aplatir les courbes qui posent problèmes : hospitalisations, soins intensifs, décès ? Sans doute parce qu’une circulation trop intense du virus – même s’il cessait d’infecter gravement certaines parties de la population – laisserait trop de latitude à la sélection naturelle pour produire de « nouveaux variants » au potentiel sans doute plus redoutable. Patatras, nous y voilà ! Aujourd’hui, ce sont eux qui nous font trembler et plus encore depuis ce dimanche 17 janvier, où cent trente personnes ont été infectées d’un seul coup par le « variant britannique », autour d’une maison de repos de Flandre Occidentale, faisant d’emblée plusieurs morts ! Nous savions pourtant pertinemment que des virus, ça mute, mais tout semble soudain à nouveau imaginable… Nos universités sont prêtes à séquencer en grand l’ADN des nouveaux intrus qui nous arrivent, tant il est primordial de savoir vite à qui nous avons affaire… Le quotidien Le Monde nous indique, ce 22 janvier, que certains variants – même si ce n’est pas le cas du « variant britannique » – semblent échapper aux anticorps formés contre le virus d’origine par les contaminations et les vaccins. Faudra-t-il craindre, dès lors, une perte d’efficacité des vaccins actuels, voire même imaginer la nécessité de remettre régulièrement à jour, aussi longtemps que la Covid-19 sera parmi nous, le « bouclier vaccinal » sans lequel nous ne pourrons plus vivre ? Cette efficacité en berne bouleversera-t-elle l’actuelle stratégie vaccinale ? Des mutations, toujours plus problématiques, nous forceront-elles, dans un avenir plus ou moins proche, à vacciner et revacciner, à échéances régulières, les publics à risque en priorité, en espérant que la grande majorité des autres – qui ne serait donc pas « servie » – pourra continuer à opposer une réponse immunitaire naturelle, adéquate et efficace ? Faudra-t-il craindre un Passeport vaccinal digne de Big Brother, un répertoire de tous nos vaccins qui existe d’ailleurs déjà, en Belgique, sans que personne n’y ait pourtant jamais rien trouvé à redire. L’idée de rendre ce sésame obligatoire – et dûment mis à jour – est déjà évoquée pour être admis dans les transports en commun, par exemple. Indispensable même, pour sauver l’aviation commerciale du naufrage qui la guette… Et puis quoi encore ? Pour aller au restaurant ou au cinéma ? Une intrusion aussi intolérable dans notre vie privée pourra-t-elle nous être imposée au nom de la sécurité sanitaire ? La vigilance citoyenne, à n’en pas douter, s’impose : pas de liberté vaccinale sans stricte confidentialité ! Quelles que soient les nécessités sanitaires. Et économiques…
Se respecter collectivement
Mais alors, le grand objectif d’immunité collective que nous promet la vaccination massive, afin de retrouver la vie d’avant, tient-il toujours ? Est-elle seulement pensable à l’échelle du confetti qu’est la Belgique ou devra-t-elle être mondiale ou, à tout le moins, continentale ? L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) nous a déjà charitablement avertis qu’il ne fallait plus y rêver avant 2022 au moins (4). Comment comprendre – bien que cela ait été prudemment « déconseillé » par nos autorités – que cent soixante-cinq mille Belges soient encore partis à l’étranger, à Noël, ramenant dans leurs bagages le « variant britannique » ? Ils auront forcément témoigné un peu plus de solidarité, durant le congé de Carnaval, puisque les voyages non-essentiels sont toujours interdits, mais ont-ils pour autant compris ? Comment admettre, vu la gravité de la situation sanitaire qui sévit depuis un an, que le gouvernement belge table encore sur la seule « bonne volonté » du quidam, alors qu’un pourcent et demi d’inconscients – disons un pourcent, en retranchant les déplacements dits « essentiels » – suffit à compromettre les efforts de tout le reste de la population ? Et à accroître, en sein, dépit et frustration qui ne peuvent qu’inciter à quitter les chemins balisés…
Attention ! Ne confondons pas ici ce qui serait manifestement arbitraire et liberticide avec la mesure collective indispensable pour que soit sauvegardé le sens même de ce qu’on dit être l’intérêt commun. Prendre des mesures, chers amis, suppose aussi – au risque de sombrer, dans le ridicule surtout – qu’on se donne vraiment les moyens d’en garantir le respect. Toujours sous l’indispensable contrôle démocratique, cela va sans dire… Se respecter collectivement, eh oui, c’est d’abord vouloir se conformer individuellement à de telles exigences. Quant à nos médias, ces oiseaux bavards de notre solitude, qui dénombrent avec obstination les gens qui errent encore dans nos aéroports, ils prêtent enfin un peu d’attention à l’état mental des ados inactifs et au désespoir des étudiants claquemurés dans leurs kots. Toute l’attention doit aujourd’hui se concentrer sur l’humain plutôt que sur l’économique, sur ceux qui souffrent vraiment plutôt que sur ceux pour qui rebondir n’est qu’une question de temps… Nous resterons, quant à nous, avec ce questionnement existentiel : alors, vaccin (ou pas vaccin) ?
Notes
(1) Si la responsabilité de la chauve-souris semble sûre, 96% du patrimoine génétique de Sars-COV2 ayant été retrouvés dans un virus dont elle est porteuse, l’entremise du pangolin dont la viande est écoulée illégalement sur certains marchés en Chine semble, quant à elle, de moins en moins probable…
(2) Voir : https://criigen.org/covid-19-les-technologies-vaccinales-a-la-loupe-video/
(4) Voir : https://www.bbc.com/afrique/monde-55631238